Emission de radio sur la ZAD et l’aile ou la cuisse

Voici une émission de radio faite sur la ZAD et consacrée à la libération animale (dans un esprit antispéciste et anarchiste), à écouter en podcast (http://archive.org/details/RadioKlaxonEmissionneSurLaLiberationAnimale).

 

Nous trouvons bien entendu très courageuses les personnes véganes qui sont sur la ZAD, pas seulement parce que toutes les personnes sur la ZAD sont courageuses, mais également qu’être vegan sur la ZAD…

Les personnes dans l’émission de radio sont obligées de l’admettre : depuis la répression, l’esprit a changé et déjà que nous trouvions la lutte sur la ZAD ambiguë, à nos yeux désormais c’est vraiment intenable.

Une preuve de cela est que Coreff, une marque de bière bretonne, lance une bière spéciale « non a l’aéroport », à la demande de la confédération paysanne… 5000 bouteilles de bière vont être vendues, 1 euro par bouteille revenant au collectif carhaisien d’opposants à Notre-Dame-des-Landes.

C’est tout un symbole de ce qu’est devenue la lutte à Notre-Dame-des-Landes. Au départ, ce n’était pas très net, mais cela portait à l’universel, il n’y avait pas le travers de la lutte locale ou identitaire. Là c’est fini, tout est évident : la lutte est devenue celle du petit capitalisme contre le gros capitalisme, des petits capitalistes et de leur bocage contre les gros capitalistes qui ont besoin d’un aéroport.

Les revendications dans la lutte contre l’aéroport sont désormais totalement focalisées sur « l’indépendance alimentaire » et le refus de l’État, sur l’autonomie locale et la petite production.

Le combat contre le réchauffement climatique à l’échelle mondiale n’apparaît même plus, par contre le foklore « contre l’ayraut-porc », on y a droit ! On en est revenu à une dimension bien franchouillarde, très 19ème siècle – mon pavillon mon lopin de terre.

Et les gens qui veulent cela se sentent proches de l’anarchisme, ce qui est vrai, mais encore faut-il préciser qu’il s’agit de l’anarchisme individualiste, celui de Max Stirner ou de Proudhon.

Tout cela n’a rien à voir avec l’esprit collectif des anarchistes, des socialistes, des communistes qui entendaient établir un projet collectif. Les revendications sont d’un individualisme exacerbé qui est absolument odieux.

Et justement comme la lutte à Notre-Dame-des-Landes est individualiste, elle va échouer, en étant incapable de se relier à un projet global, donc de mobiliser à grande échelle les gens « normaux » et donc en étant isolés…

Et en sombrant dans une sorte d’apologie de la petite propriété qui va amener tous ces gens dans les eaux les plus troubles, que remarquent déjà de plus en plus de personnes observatrices : si les fachos n’ont pas le droit de citer, de part les thématiques, il y a des lieux de passage assez effarants.

On pourra arguer que nous exagérons et que nous reprenons notre critique d’un certain pétainisme ambiant qu’on trouve à la ZAD (« La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. »), mais on ne peut qu’être vite fixé et les faits parleront vite d’eux-mêmes !

En attendant, on peut légitimement penser que l’esprit de la lutte sur la ZAD, c’est désormais l’aile ou la cuisse, comme le fameux film de Claude Zidi sorti en 1976.

Dans ce film, on a un critique gastronomique, Charles Duchemin, qui parcoure les restaurants en France en étant déguisé, et va se retrouver confronter à la « bouffe » industrielle de Jacques Tricatel, symbole du « mal absolu », de l’absence de goût, de nourriture industrielle, etc. Louis de Funès a immortalisé le personnage de Duchemin, appuyé par Coluche dans sa bataille contre la « malbouffe. »

Le projet de la ZAD est dans cet esprit, ou encore dans l’esprit du programme télévision du dimanche 9 décembre 2012. Sur TF1, Robin des bois, avec des gens heureux de vivre en communauté en pleine forêt, l’image finale étant des gens marchant derrière Robin des Bois, portant une biche assassinée ou des poissons au bout d’un fil ! Sur France 2, Le seigneur des anneaux : la communauté de l’anneau, avec encore une petite communauté repliée sur elle-même, auto-suffisante, etc. !

Et dans les deux scénarios, une puissance obscure venue de l’extérieur empêchant la communauté de pouvoir vivre de manière auto-suffisante !

La lutte sur la ZAD a été contaminée par l’esprit français de repli individualiste, le rêve censé être américain du pavillon individuel, mais qui est en réalité bien français. En France, il y a le culte de l’indépendance, avec le petit pavillon et son « bout de terrain. »

Un pavillon qui coûte une fortune en entretien, qui sur le plan de l’énergie est une catastrophe écologique, qui amène un isolement social et qui étale la ville aux dépens de la Nature… Qui empêche l’émergence d’un rapport humain authentique à la Nature.

Il semble encore une fois que les Français refusent l’universalisme, et cherchent une voie à travers leur « terroir » : c’est cela finalement ce qui va ressortir de la ZAD. C’est triste, mais quand on ne veut pas l’universel, on ne peut que retomber dans le restreint, les raccourcis, le mesquin !