Oscar, le chat victime de torture à La Maurelette

C’est la très grande actualité de la question animale, bien entendu, avec beaucoup de questions, parfois des réponses. De très nombreuses réactions se sont en plus exprimées, en raison de différents aspects parfois compliqués, voire carrément étranges ou même absurdes.

Essayons donc d’y voir clair.

Tout commence avec la vidéo de « Farid de la Morlette », c’est-à-dire de La Maurelette, dans le 15ème arrondissement de Marseille.

Mise en ligne sur le net (sur Facebook) le 22 janvier 2014, on voit cet  homme de 24 ans jeter un chat dans les airs le plus haut possible, puis contre un mur, puis encore une fois. Trois jets dans une vidéo terriblement choquante.

Terriblement choquante, mais il faut le souligner, n’ayant malheureusement absolument rien d’exceptionnel. La situation des animaux de compagnie est tellement terrible que les actes de torture sont courants. Il n’y a ici aucunement une exception ou un fait exceptionnel, malheureusement.

Pour plus de précisions, voici comment le quotidien Le Figaro présente la vidéo :

« L’animal est d’abord projeté dans un jardin puis contre un immeuble en béton. On voit le chat percuter la surface et tomber lourdement sur le sol, incapable de prendre la fuite quand le jeune homme de 25 ans revient le chercher et s’apprête à le lancer dans un bosquet. »

Ensuite, il y a eu des gens repérant cette vidéo, tant en France qu’à l’étranger. Deux choses se passent alors : d’un côté des pétitions rassemblant 200 000 personnes et demandant que la personne soit poursuivie. Parallèlement à cela, de très nombreuses et inévitables menaces de mort ont été diffusées contre elle, au grand regret de la SPA locale par ailleurs.

De l’autre, des gens tentant d’identifier l’auteur et donnant les informations obtenus à la gendarmerie nationale, qui d’ailleurs remerciera par la suite sur son compte twitter.

L’enquête a en effet réussi de manière très rapide une fois que la campagne internet a pris, et l’auteur est arrêté : nous sommes alors le vendredi 31 janvier 2014.

C’est là que cela se corse. En effet, plusieurs versions ont été diffusées par les médias et sur le net, finissant par se combiner et par donner la chose suivante : une personne a vu l’acte de torture et a attendu que le Farid en question soit parti pour récupérer le chat (soit dans une poubelle, soit dans un buisson, selon les versions).

Il l’a alors gardé un certain temps, pour ensuite considérer qu’il avait besoin de soin, et aurait pu alors finalement enfin le remettre à son propriétaire, qui l’aurait remis alors à la SPA locale qui s’occupe des soins. On apprenait alors que le chat devait passer des radios hier.

Dans un article, on peut lire ce que dit quelqu’un de la SPA locale :

« Il semble avoir des factures au niveau d’une patte et présente un état de choc psychologique et refuse de s’alimenter. Son propriétaire nous l’a confié pour soins et probablement une chirurgie. »

Or, il y a naturellement quelque chose qui ne tourne pas rond dans toutes ces explications. Déjà la vidéo est extrêmement violente et on voit mal le chat s’en tirer vivant – c’est cependant possible et qu’il ait pu peut-être s’en sortir serait fantastique.

Seulement là où cela ne colle pas du tout, c’est qu’il est dit par exemple que le chat refuse de s’alimenter : si tout cela avait deux jours, cela serait possible, mais la vidéo date du 22 janvier.

Ce qu’il semble donc, c’est que le chat récupéré, s’il l’a été, serait resté dix jours sans vétérinaire, voire même sans manger ?!

De plus, pourquoi les radios ont-elles été faites le lundi seulement vue l’urgence de la situation ? Là c’est totalement impossible, la visite d’un cabinet ouvert en urgence était inévitable et surtout logique (même si c’est cher, on se doute qu’une mobilisation aurait amené beaucoup de gens à payer au cas où).

Attendre que le week-end passe pour faire des radios, alors que la vidéo est terrible, cela ne colle pas, surtout quand on sait que tout cela a dix jours déjà…

On comprend donc que très nombreuses ont été les réactions affirmant que le chat présenté par le SPA locale n’était pas le bon chat.

Celle-ci a été obligée de présenter des contre-arguments, par ailleurs sans intérêt quand on sait que ces marquages mis en avant se retrouvent souvent, ou bien encore qu’il peut y avoir des jumeaux dans les portées, etc.

Il y a donc beaucoup d’incohérences dans toute cette histoire. Surtout si on ajoute qu’il y a des vidéos du « propriétaire » du chat, qui n’a pas l’air si choqué que cela et qui raconte qu’il a eu des coups de fil du monde entier (comment les gens ont-ils eu son numéro?).

Regardons maintenant le volet judiciaire de l’affaire. Car la personne ayant torturé le chat et se montrant tout fier dans la vidéo a été jugée hier en comparution immédiate au tribunal correctionnel de la cité phocéenne.

Le fait d’avoir accepté cette comparution immédiate était purement suicidaire juridiquement pour elle, vue l’opinion publique. Elle a de ce fait été condamnée à un an de prison ferme, après avoir risqué sur le papier jusqu’à deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.

C’est quelque chose de nouveau : normalement dans ces cas-là, cela se finit sur un non-lieu, ou une simple amende. Sur ce plan, c’est historiquement nouveau, et il est évident que l’arrière-plan médiatique a beaucoup joué.

Le procureur n’a d’ailleurs pas hésité à affirmer :

« Il a agi avec une perversité particulière et un sadisme marqué qui a révulsé la planète entière (…) avec une absence de toute barrière morale et d’un sadisme froid. »

Une accusation ici très hypocrite, bien sûr, quand on voit la situation des animaux dans le monde en général, et l’exploitation animale en France en particulier…

Pour le reste, la justice française interdit formellement de commenter ses décisions, et à vrai dire il n’y a pas grand chose à dire si ce n’est que dans une autre société il y aurait bien plus d’exigence.

Ce qui ne veut pas dire faire comme l’extrême-droite, qui a littéralement surfé sur cette vidéo. Ainsi, le candidat du Front National à Marseille n’a pas hésité à y aller franco dans la démagogie, expliquant au passage même dans son message « « Farid de la Morlette » ou la cruauté d’une racaille » :

« Maire de Marseille, il supprimera toute allocation municipale aux individus reconnus coupables de tels actes et soutiendra les associations protectrices du monde animal. »

D’autres ont mis des photos de soldats nazis caressant un chat et l’opposant à l’exemple de « Farid la morlette », etc.

C’est assez pathétique (en plus d’être horrible), alors que justement l’universalité de la question animale exige une réponse complète, claire et nette.

Si au final le petit chat, qui s’appelle Oscar et qui par ailleurs était perdu!, est vraiment celui qui a été torturé, alors en quelque sorte tout est bien qui finit bien, et qui plus est il y a une avancée dans la conscience sociale.

Sans doute faut-il être toutefois sceptique ici, car on ne voit rien comme projet dans les positions des multiples associations qui se sont mises en avant à cette occasion (Animalter, Fondation Brigitte Bardot, SPA etc.), ou encore les personnalités interviewées ici et là (Burgat, etc.).

C’est à juger dans plusieurs mois, mais cela risque vite d’être réduit à un « fait divers » lié à la culture Facebook et impliquant une personne définie démagogiquement de manière raciste.

On peut penser le contraire et espérer que cela soit un marqueur historique pour avancer. Peut-être est-ce un point de départ d’une réflexion de la société.