L’importance de la fin des quotas laitiers

Le 31 mars 2015 sera une date très importante pour l’exploitation animale. En effet, depuis 1984, il existe des quotas laitiers dans l’Union Européenne. A partir d’avril, ils disparaissent.

Or, dans l’Union Européenne on produit déjà le tiers du lait dans le monde, soit 149 millions de tonnes chaque année. L’exploitation animale compte donc mettre le paquet : les Pas-Bas pensent que leur production de lait va augmenter de 20 %, pareil pour l’Allemagne, celle de l’Irlande quant à elle de 50% , quant à la France la croissance de la production sera de 12 %.

Cela va être la bataille générale, avec des prix qui ne sont plus contrôlés et une concurrence toujours plus rude, naturellement aux dépens des animaux.

Par ailleurs, et c’est d’autant plus grave : c’est le modèle de l’exploitation animale qui est exporté. D’ici 2022 la consommation de lait devrait augmenter de 50 % en Chine, pays où traditionnellement le lait n’a pas été consommé.

L’exploitation animale s’attend ainsi à une augmentation de la consommation de lait de 15 milliards de litre par an entre 2010 et 2020.

Alors qu’il y a peu la Fondation 30 millions d’amis se réjouissait d’un changement cosmétique sur la définition des animaux dans le droit, en pratique la Bourse Euronext s’organise pour des contrats à terme, c’est-à-dire la possibilité d’acheter à l’avance, à prix fixe, la poudre de lait et le beurre, comme c’est le cas pour le blé, l’or, etc.

Les petits producteurs vont par conséquent s’effondrer, car la bataille des prix leur sera fatale. Le secteur va devenir de plus en plus industriel – c’est cela qui explique le projet de ferme « aux mille vaches ». Le prix des terrains va également exploser.

Les prix à la consommation baisseront également : il y a déjà du lait dans un très grand nombre d’aliments, cela sera encore plus le cas. L’augmentation de la consommation amènera celle de la production, puis logiquement les prix tomberont encore, etc.

Peut-on penser que cela ne se fera pas aux dépens des animaux ? Non, bien sûr. Car la concurrence va être terrible au sein d’un Etat selon les régions, entre les Etats eux-mêmes. Et tout le monde devra s’aligner sur les prix les moins chers.

A un moment donné, la seule donnée sur laquelle on peut travailler pour abaisser les prix, ce sont les animaux. Leur exploitation s’intensifiera, et si cette intensification finit par coûter trop cher, on utilisera davantage d’animaux.

Déjà dans l’Union Européenne, de 2012 à 2013, le « cheptel » a augmenté de 1,2 %, soit 282 000 vaches en plus, pour un total de 23,5 millions.

Rien qu’en France, entre 2001 et 2010, le nombre de « vaches laitières » par exploitation est passée de 34,6 à 49,5 millions…

Toujours en France, l’intervalle de vêlage moyen des vaches Holstein est passé en dix ans de 390,2 jours à 404,6 jours…. La pression est toujours plus grande, plus longue, il faut toujours plus de lactation…

Rappelons ici qu’en France, on s’est surtout basé sur le principe de l’extensif : le « rendement » est de 4000 litres par hectare, le chiffre étant de 8800 litres au Danemark et de 11500 litres aux Pays-Bas.

Des chiffres qui montrent l’intensification possible… Un rêve pour les entreprises dans le « top 20 » mondial : Lactalis, Danone, Sodiaal, Bongrain, Bel.

Elles savent d’ailleurs que la bataille va être difficile, les places étant chères il y aura peu d’élu sur le marché. Pour prendre deux exemples avec les pays mentionnés, 80 % de la production de lait est livré à Friesland Campina aux Pays Bas et 90 % à Arla Foods au Danemark.

Sur le plan de l’écologie, cela sera la catastrophe aussi. En effet, les industriels auront intérêt à ce que la production soit regroupée, pour faciliter les transports, ou bien parce que la production est moins chère dans une région précise. Cela va accentuer la pression sur l’environnement, tout comme avec les cochons en Bretagne.

Bien entendu, tout cela dépend également de la concurrence. Cela signifie qu’il y aura surproduction : le lait en trop sera détruit. Il y aura sous-production, et les vaches seront assassinées, renforçant l’industrie de la « viande »…

L’agriculture elle-même sera encore plus liée à l’exploitation animale, puisque cette dernière consomme ici des pâturages, du maïs, du colza, du foin, du blé, etc.

Ainsi, ce qui se passe, c’est le tout pour le tout. Ou ce modèle qu’est l’exploitation animale triomphe, pour s’effondrer de manière dramatique et destructrice, ou bien on le stoppe et on change tout. Les faits sont là : contrairement à ce que racontent la Fondation 30 millions d’amis ou L214, l’exploitation animale n’est pas en recul : elle est en expansion accélérée.

Ne pas le dire, c’est se voiler la face et aider l’exploitation animale. Ce dont on a besoin, c’est d’une affirmation ouverte, franche, décidée et décisive du véganisme, de la libération animale, et non pas dans une optique individualiste, mais avec des valeurs, des projets, une utopie très concrète.