LTD : revendiquer le sens de l’urgence, au nom de l’avenir!

Sommes-nous sectaires ou bien simplement désireux et désireuses que la cohérence soit présente au maximum ?

C’est vrai que notre démarche n’est pas polie parfois. Ainsi, vraiment très souvent, nous recevons des mails pour des interviews (sur le nucléaire, les zoos, les abattoirs, etc.), de la part d’étudiants en divers domaines ou bien de journalistes, et c’est vrai : nous ne prenons même pas le temps de répondre.

Non pas par snobisme ou mépris, finalement, mais parce que pour nous il n’y a que deux camps, et nous ne savons pas quoi dire à des gens qui se posent en « observateurs. » Humainement, nous ne comprenons pas, et nous ne voulons pas comprendre.

Nous voulons garder notre candeur et penser qu’une seule attitude est normale : celle qui fait qu’on mette son abnégation au service de Gaïa.

Non seulement pour vivre de manière heureuse, sur le plan individuel, avec la Nature. Mais aussi en raison de l’urgence. Le monde où nous vivons est terrible. Chaque jour qui passe, la nature sauvage perd du terrain, de l’Amazonie à la Malaisie, et chaque jour, l’industrie de l’exploitation animale grandit dans des proportions énormes.

Les deux vont de pair le plus souvent : 70% de la forêt amazonienne a déjà été remplacé par des zones pour le « bétail. » La production de « viande » à l’échelle mondiale est déjà six fois plus grande qu’au début des années 1960. Et le processus ne cesse de se renforcer, dans une orgie de destruction et de mort.

Alors, que faut-il faire ? Critiquer et lutter. Critiquer tout et lutter partout. Individuellement, on ne peut pas tout faire, alors il faut raisonner en mouvement.

Et rester strict.

Et tant pis pour ceux qui veulent des compromis. Par exemple, une personne qui se veut « alternative » (elle écoute du punk, du grindcore, etc.) a envoyé un mail d’insultes car nous avons osé critiquer un groupe punk pour l’utilisation des mots « porc » et « clébard ». Nous n’aurions vu le texte que d’une chanson, prétend-il.

Il dit cela, car le groupe en question a par exemple critiqué la corrida et se revendique, comme tout groupe anarcho-punk, en faveur de la libération animale. Seulement, comme bon nombre d’anarcho-punks, les membres du groupe ne sont pas végans…

Ce n’est pas cohérent, et ce n’est donc pas acceptable. C’est tout simplement de la « pose », et la planète en a assez de la pose.

La planète en a assez de l’hypocrisie des humains et de leur mentalité, qui est de croire que la vie est une sorte de « self-service » où l’on peut piller comme on veut. Où l’individu peut faire ce qu’il veut, se définir comme il veut, ou plutôt surtout ne pas se définir, même plus comme humain si cela le chante, et sans comptes à rendre à personne.

Voilà pourquoi nous sommes aussi straight edge : nous en avons assez des attitudes spontanées destructrices et consommatrices, cela est vrai pour les rapports sentimentaux comme pour les rapports avec les êtres vivants en général (et donc aussi avec soi-même, notamment par rapport aux drogues).

Donc, effectivement nous critiquons, et nous critiquerons tant que les animaux et la Terre se feront torturer, tant que ces personnes qui nous critiquent ne parlent finalement que pour ne rien dire, parce qu’elles ne sont pas végans (alors que c’est le point de départ minimum et non négociable), ou parce qu’en fin de compte ils ne sont pas pour assumer la revendication qui doit être la nôtre : ce système doit s’effondrer et la planète reprendre ses droits, il faut établir un rapport positif à la Nature, et il y a urgence!

Cela peut apparaître comme sectaire, bien entendu. Mais c’est le prix à payer quand on veut quelque chose de nouveau. Et il n’y a que trois alternatives : soit nous nous trompons et le progrès passe par un autre mouvement. Nous dirons alors : tant mieux, au moins nous avons contribué un peu et poussé à l’émulation dans un certain sens; en tout cas, les choses changent, c’est bien.

Soit nous réussissons à contribuer à ce qu’un mouvement nouveau naisse, faisant se stopper la destruction de la planète au niveau mondial. Rude ambition, d’une énorme dimension, mais une urgence qui saute aux yeux !

Soit nous échouons, comme tant d’autres. Mais au moins aurons-nous la dignité d’avoir essayé de rompre avec une pure folie.

Mais de toutes manières, nous ne pensons pas qu’il faut voir les choses ainsi, si l’on est réaliste. Ce qui va se passer est simple, et a été entrevu par exemple dans la bande dessinée Mother Sarah (voir notre article Mother Sarah et Mother Earth).

Les vieilles générations sont pétries d’habitude, elles n’arrivent pas à concevoir le changement, ou bien si elles l’entrevoient, elles se considèrent comme trop faibles. Combien de fois chez des gens sympathisant avec le véganisme, on constate qu’arrêter le fromage semble mystérieusement quelque chose de quasi impossible à réaliser…

Mais, et c’est cela qui change tout, demain, plus personne ne pourra vivre « comme avant. » Les jeunes générations ne seront pas corrompues, et ne pourront que constater la destruction de la planète qui, espérons le, n’aura pas atteint son terme.

Et là, même la critique de LTD paraîtra comme une critique sucrée, sympathique et divertissante. Les anciennes générations seront jugées, et condamnées, justement comme dans la bande dessinée Mother Sarah. Et comme les anciennes générations ne seront plus là finalement, la jeunesse se révoltera massivement contre ce qu’elle trouvera comme responsables: les générations l’ayant précédé.

Les futures générations ne pardonneront jamais les crimes commis à l’encontre de notre mère la Terre.

Elles condamneront et considéreront les humains du passé comme des barbares et des primitifs – exactement comme nous, aujourd’hui, nous voyons comme barbares et primitifs les humains d’il y a ne serait-ce que 200-300 ans.

C’est cela qu’il faut avoir en tête : à l’avenir, soit l’humanité se plie à l’existence de Gaïa, soit c’est la destruction totale. Il n’y a pas de demi-mesure, il faut avoir le sens de l’urgence. Rien ne peut continuer comme avant, et nous sommes à l’aube d’une prise de conscience mondiale.