Il existe une série de « points de non-retour », ou points de rupture

« A côté de ces impacts attendus et pour la plupart modélisés du changement climatique, il existe la possibilité que certaines modifications du climat entraînent des perturbations majeures, brutales et irréversibles à la surface de la Terre.

En d’autres termes, nous savons qu’il existe une série de « points de non-retour », ou points de rupture, au-delà desquels le climat bascule vers un état qui entraînerait des changements abrupts et irréversibles sur les écosystèmes.

Le problème, c’est que nous ne savons pas exactement où se situent ces points de rupture, et certains scientifiques éminents, comme James Hansen, affirment même que nous les avons sans doute déjà dépassés.

Alors que nous pouvons prévoir et anticiper les impacts progressifs du changement climatique, ces transformations brutales auraient des conséquences catastrophiques et largement imprévisibles.

Les principaux points de rupture identifiés sont très divers.

Le plus connu et le plus redouté d’entre eux est la fonte de la calotte glaciaire du Groenland. A partir du moment où la fonte de cette masse glaciaire commencera, elle sera largement irréversible (…).

Ces points de rupture toucheraient également les forêts : la forêt boréale, ou taïga, pourrait ainsi disparaître, de même que l’Amazonie pourrait irréversiblement dépérir, avec les conséquences catastrophiques que l’on imagine, notamment en termes de biodiversité.

Les courants marins pourraient aussi être perturbés si la température de l’eau augmente, ou si les quantités d’eau douce qui s’y déversent sont modifiées.

Ainsi, la circulation thermohaline de l’Atlantique, dont dépend le Gulf Stream, pourrait être perturbée, de même que le courant El Nino.

Enfin, les précipitations pourraient devenir imprévisibles en divers endroits du monde : la mousson indienne estivale pourrait ainsi devenir chaotique, tandis que la mousson d’Afrique occidentale pourrait s’arrêter, ouvrant la voie à un assèchement du Sahara, ou au contraire, selon un scénario opposé, à de plus importantes précipitations qui signifieraient la fin du désert et le retour de la végétation. » (François Gemenne, Géopolitique du changement climatique)