« Disparition » de l’oeuvre commémorative en l’honneur de Rémi Fraisse

A l’occasion du triste premier anniversaire de la mort de Rémi Fraisse, un collectif « La Pelle Masquée » avait installé à Sivens – à la barbe des forces de l’ordre – une oeuvre commémorative dans la zone humide du Testet, dans la forêt de Sivens.

Voici comment le quotidien Le Monde la décrit:

« Le monument de 1,8 tonne et de plus de 2 mètres de haut représente une main en pierre de Castries sur laquelle est posée la planète Terre en roues de charrette de bois cerclées d’acier. »


Le collectif résuma son initiative ainsi:

« Dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 octobre 2015, le groupe « La Pelle Masquée » a érigé clandestinement une sculpture en pierre de Castries et roues de charrette en bois cerclées d’acier de 1,8 tonne et plus de 2m de haut.

Ce monument rend hommage à la mémoire de Rémi Fraisse, tombé sous les tirs des gendarmes il y a un an, et à toutes celles et ceux qui continuent à lutter pour l’environnement et l’humanité. »

Le choix des matériaux relève-t-il d’un choix? C’est possible : on sait comment les charrettes sont appréciées des zadistes et de leur romantisme médiéval. De la même manière, la pierre de Castries dont il est parlé dans le communiqué ne doit peut-être rien au hasard. En effet, cette pierre vient de cette petite commune située dans l’Hérault et Wikipédia nous dit à ce sujet qu’elle est particulièrement liée à la vie de la Terre:

« Les environs de Castries sont parsemés de carrières. La roche extraite est un calcaire de 20 millions d’années (datant du Miocène) d’une belle couleur jaune pâle. Cette pierre est utilisée à de nombreux endroits du département : au Peyrou à Montpellier, ou encore à la cathédrale de Maguelone… C’est une pierre riche en fossiles (coquillages, dents de requins, etc.).

Au Miocène, le littoral languedocien était sous l’eau, ce qui englobe les régions actuelles de Narbonne, Béziers, Montpellier et Nîmes. La sédimentation des squelettes et coquilles de cette mer donnera cette roche tendre, utilisée comme matériau de construction. »

Tout cela n’est qu’hypothèse et de manière plus pertinente en tout cas, on pouvait également lire sur la stèle la phrase suivante :

« Nous humains, enfants de la terre, continuons le combat pour la vie »

L’oubli de la majuscule à « Terre » est regrettable : s’agit-il de la planète ou du sol, dans la logique zadiste? Sans doute bien de la planète, vue l’oeuvre, mais c’est ambigu.


Il y a quelques jours, cette oeuvre a « disparu ». La gendarmerie s’est empressée d’expliquer qu’il n’y avait là aucun acte illégal, car « la seule infraction est le fait que la stèle ait été installée sur une propriété privée ».

Le terrain pour le barrage appartient en effet aux yeux de la loi à Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne qui est le maître d’ouvrage délégué du projet. Partant de là, la mort de Rémi Fraisse n’est qu’un épisode « administratif », n’ayant pas de signification.

On peut se douter par conséquent que ce ne sont pas tant les pro-barrages que des forces appartenant à l’Etat qui ont mené cette opération de « nettoyage ». La zone étant surveillée, une éventuelle action des pro-barrages n’a de toutes manières pas pu être menée sans l’accord de l’Etat…

Cela en dit long sur l’absence de morale, sur le cynisme de l’Etat, alors que nous sommes à trente jours de la COP21!

Ce qu’on lisait sur la stèle était juste: nous sommes les enfants de la Terre, il faut défendre la vie… Mais ce n’est pas la justice qui intéresse l’Etat ni les entreprises qu’il sert et l’écologie qu’il met en scène n’est que poudre aux yeux et tentative de gestion du désastre.