Super-production de la BBC, « Planète Terre » a nécessité 5 ans de tournage dans 62 pays différents. Cette incroyable série de documentaires contient les chapitres suivants :
1 * D’un pôle à l’autre
2 * Les montagnes
3 * Les eaux vives
4 * Les mondes souterrains
5 * Les déserts
6 * Les régions glacières
7 * Les grandes plaines
8 * La jungle
9 * A la surface des mers
10 * Les saisons en forêt
11 * Les fonds marins
Contrairement à ce qu’annonce le verso de la jaquette « Un magnifique voyage autour de la planète qui met l’accent sur la menace environnementale, avec en exemple la situation critique des ours polaires (…) », la critique de la destruction actuelle de la planète reste très discrète et bien superficielle.
En effet l’épisode « Les régions glacières » souligne le sort dramatique des ours qui n’arrivent plus à se nourrir à cause du réchauffement climatique, mais c’est bien le seul passage où le réchauffement climatique est mis en avant, mais certainement pas critiqué !
« Planète Terre » est bien justement un des rares documentaires environnementaux/animaliers à ne pas mettre en avant le réchauffement climatique et à ne pas dire et redire qu’il est dû aux activités humaines.
Bien que ces reportages soient de véritables odes à notre planète et à ses habitantEs – et ce avec l’aide des technologies les plus modernes, les images sont époustouflantes et les techniques récentes utilisées pour ces reportages nous montrent régulièrement une accélèration du cycle des saisons, voyant ainsi, des fleuraisons entières se produire en quelques secondes – ils ne restent que des portraits fort intéressants et instructifs de notre planète et non pas un manifeste pour sauver notre planète !
Le but est l’émerveillement d’un côté et non pas une dénonciation de la planète terre qui se meurt par notre faute. D’ailleurs certains propos sont parfois malvenus : il est par exemple parlé de « précieux fardeau » en parlant des poussins qui sont couvés et portés par les pères manchots jusqu’à l’éclosion.
Ou bien certains pillages ne sont pas critiqués, comme le pillage des nids des oiseaux swiflet de Bornéo. Ces oiseaux mettent 30 minutes à construire un nid avec leur salive et le narrateur, décrivant comment ces nids sont volés, montre même à demi-mot sa fascination pour les gens qui prélèvent ces nids dans des conditions relativement périlleuses.
Cependant, cette série de documentaires nous fait découvrir des êtres extrêmement rares comme le léopard de l’Amour (reste seulement 40 individus dans le monde !), le guépard des neiges, le pika, le lémurien volant ou des êtres méconnus vivants dans les eaux des grottes comme les salamandres du Texas. Certains comportements rares sont aussi illustrés, comme une scène de cannibalisme chez des chimpanzés ou bien encore des otaries à fourrure chassant des manchots.
De l’autre côté, ces reportages nous permettent aisément de comprendre le cycle de la vie sur la Terre, indispensable grâce au soleil et à l’eau. Ainsi, l’herbe éléphant (aussi haute qu’un éléphant) prospère si bien grâce à ces 2 éléments réunis et associés.
Dans les forêts tropicales, dès qu’un arbre meurt (et tombe), il laisse place au sol au soleil favorisant donc une végétation luxuriante. Grâce au soleil qui nourrit ainsi le sol, les graines tombées depuis plusieurs jours peuvent alors éclore.
Autre exemple, dans les déserts, même une infime quantité d’eau permet le développement d’herbes en une semaine et l’éclosion de graines enfouies dans le sable depuis des dizaines d’années. L’eau source de vie est nettement mis en avant.
Par ailleurs « Planète Terre » nous instruit aussi sur le fait que l’évolution n’a rien laissé au hasard et que tout a été « calculé », que ce soit pour les animaux mais aussi pour les végétaux. Pour illustrer ce point important, indispensable pour comprendre la nature de Gaïa, l’évolution a doté les (oiseaux) paradisiers mâles d’une robe aux couleurs très vives et leurs parades de séduction sont très élaborées afin de satisfaire les femelles qui sont extrêmement exigeantes.
Autre exemple avec les kangourous, qui, se mettant à l’ombre pour supporter les températures brûlantes d’Australie, s’enduisent les avant-bras de salive pour créer une évaporation rafraîchissante. Enfin, dans l’endroit le plus sec au monde, le désert d’Atacama au Chili où selon certains endroits il n’a pas plu depuis environ 50 ans, la vie animale et végétale ont leur place dans ce lieu inhospitalier grâce à un courant marin froid parallèle à la terre. Ainsi l’eau froide rafraîchit l’air créant des nappes de brouillard, le vent apporte le brouillard dans les terres ce qui permet donc aux cactus, aux guanaco et autres êtres vivants de trouver l’eau nécessaire à leur survie.
Comme quoi, même dans des lieux où la vie semble impossible, la Nature a tout prévu pour que la biodiversité y trouve un moyen de vie. Et les reportages mettent de manière très intéressante ce point important en avant.
Face à des images si époustouflantes, on pourrait s’attendre à un discours qui soit à la hauteur de la beauté de la Nature. Malheureusement le texte manque cruellement de poésie. C’est donc très différent du lyrisme incroyable de Pierre Arditi quand il narre « Chroniques de l’Afrique sauvage », « Chroniques de la jungle perdue », « Chroniques du dernier continent », « Chroniques de l’Amérique sauvage » et « Chroniques de l’Amazonie sauvage ».
Ici a droit à un discours souvent plat et décevant (bien que hautement instructif) mais ce qui déçoit le plus dans cette série de reportages consacrés à Gaïa, c’est le manque total et honteux de critique face à la destruction de celle-ci. C’est dommage qu’en voyant d’aussi incroyables images, le discours soit autant décalé et ne prône pas un engagement immédiat pour sauver notre Terre et les tous êtres qui y vivent.