Tentative de meurtre politique : l’État réclame 55 000 euros à AVA en plein été

Dans la tradition politique et juridique, on appelle cela quelque chose de « scélérat ». Il y a en effet une vieille tradition politique française visant à faire passer les lois juste avant l’été ou en profitant d’une heure avancée pour « forcer » la décision.

Et c’est donc une mesure politique scélérate à laquelle doit faire face AVA, une mesure immanquablement avalisée par le chef de l’État lui-même.

L’idée est la suivante : faire un exemple en torpillant financièrement les gens d’AVA en leur réclamant plus de 50 000 euros par l’intermédiaire de l’Office National des Forêts, afin de masquer la nature politique de l’opération.

Et afin que tout se déroule au mieux, lancer l’opération… le 27 juillet, juste avant la période la plus creuse de l’été, pour empêcher la diffusion de l’information, l’organisation d’une opposition…

Sans compter que la plainte étant devant le Tribunal de Grande Instance, il y a 15 jours pour trouver un avocat, sans quoi tous les arguments de la plainte sont considérés comme admis !

Heureusement, AVA a pu faire face à cette attaque et s’organiser juridiquement conséquemment.

Mais que dire !

C’est ni plus ni moins qu’une tentative de meurtre politique. C’est là une opération dont le seul mot qui peut la caractériser est « dégueulasse ». C’est une véritable crapulerie, une manière mesquine et sordide de poser les problèmes.

Bref, c’est totalement conforme à l’esprit des chasseurs, qui savent qu’ils sont dépassés historiquement et utilisent tous les leviers anti-démocratiques possibles.

Une véritable magouille, qui en dit long sur Emmanuel Macron. Il prétendait représenter une sorte de modernité politique : on est là pourtant dans un machiavélisme politique le plus traditionnel.

Surtout que les 18 page de l’assignation faite par l’Office National des Forêts devant le Tribunal de Grande Instance est une blague juridique d’un amateurisme pratiquement surprenant.

Le principe est le suivant : l’ONF dit qu’AVA empêche l’actualisation de contrats entre l’ONF et les chasses à courre, qui « louent » les forêts. Qui est AVA ? L’ONF choisit trois personnes, d’elle-même.

Qu’ont-elles fait : y a-t-il des arrestations, des condamnations, des faits juridiquement établis ? Comme il n’y a rien, l’ONF présente les faits à sa façon.

Tout le reste est à l’avenant et la plainte prend vraiment d’ailleurs le Tribunal de Grande Instance pour des idiots et des serviteurs zélés, car jamais il ne pourra pas s’appuyer sur de telles allégations sans preuves, sans faire sauter tant la séparation de pouvoirs que la valeur légale même d’une preuve, bref sans dynamiter tout l’édifice juridique.

L’ONF a posé sa plainte en s’imaginant qu’en France le régime juridique tourne comme sous Mussolini, Franco ou Hitler, qu’il suffirait qu’un organe d’État dise une chose pour que ce soit vrai !

Les rédacteurs de la plainte fournissent d’ailleurs eux-mêmes l’argument faisant tomber celle-ci, en présentant la chose comme suit :

« Au regard des actions menées par le collectif AVA, l’ONF est fondé à poursuivre les membres connus de cette organisations en sa qualité de bailleur, d’une part, pour le trouble de jouissance causé aux preneurs, et en sa qualité de gestionnaire des forêts domaniales, d’autre part, pour l’atteinte portée au droit de propriété de l’État dont l’ONF est le représentant légal en vertu du code forestier (art. D221-2CD). »

En reconnaissant s’occuper des intérêts de l’État, l’ONF montre qu’il agit en tant qu’État et que sa plainte au TGI est donc une plainte de l’État envers lui-même, ce qui ne tiendrait pas une seconde devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

L’ONF a fait deux stupidités éhontées : affirmer sans aucune preuve des choses sur AVA, qui par ailleurs pourraient amener des plaintes pour diffamation mais surtout amènerait le TGI à juger sur de simples affirmations… et s’adresser au TGI comme si l’État se parlait à lui-même, ce qui ferait de l’État à la fois juge et partie, ce qui est impossible à part, comme dit plus haut, sous Mussolini, Franco, Hitler, etc.

Juridiquement parlant, il aurait fallu que les « équipages » des chasses à courre portent plainte, que leurs plaintes aboutissent à des condamnations… Que sur la base de ces condamnations et seulement de celles-ci, l’ONF se retourne contre les personnes condamnées pour, en quelque sorte, des frais de dommages et intérêts…

Mais il est vrai qu’Emmanuel Macron veut faire vite et il espère qu’il parviendra à forcer autant que possible l’écrasement de la lutte contre la chasse à courre. On est là dans une situation résolument politique.

C’est l’expression de la valeur ô combien significative de la chasse à courre dans la société française, pour les plus riches, pour les plus réactionnaires. C’est une citadelle, un verrou…

En triompher passe par là pour la libération animale !

ASSIGNATION ONF AVA