Aujourd’hui en France, la civilisation humaine empiète de plus en plus sur la Nature. Parmi les multiples conséquences, il y a ces situations où un animal en détresse est recueilli, avec toutefois l’État qui intervient et affirme que ce n’est pas possible.
C’est la situation qui arrive dans le sud de la France avec un renard. Gardonne est un village de 1500 personnes, en Dordogne, et il y a un an une famille (un couple et deux adolescents) a trouvé un renardeau sur le bord d’une nationale, près du cadavre de sa mère.
Elle s’en est occupée et l’a, depuis, chez elle. Mais l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage s’en mêle (suite à une dénonciation) en mars dernier, car à ses yeux le renard est un animal « sauvage et nuisible. »
La famille ne peut donc pas le garder, et il y a deux jours la famille a dû comparaître à la Maison du Droit et de la Justice à Bergerac, dans le cadre d’une composition pénale.
Le délégué du procureur de la République a proposé que le renard soit envoyé, pour 12-15 mois, à la Dame Blanche, un centre animalier basé dans le Calvados.
La famille a refusé, le père expliquant comme suit leur point de vue :
« On nous propose d’obtenir le certificat de capacité qu’on réclame en vain à la préfecture depuis deux mois pour peu qu’on veuille laisser partir l’animal dans un centre animalier. Nous sommes évidemment contre. Quand nous voudrons récupérer Zouzou, une fois les problèmes de paperasse réglés, il sera déjà retourné à l’état sauvage, faute de caresses. Zouzou, nous le garderons. »
Cela signifie le rapport de force avec l’État, qui en France ne plaisante pas avec la domination de la Nature. La mère constate donc :
« Sitôt la porte passée, on nous a prévenus du fait que nous étions passibles d’une peine de prison d’un an et de 15 000 euros d’amende, vu que nous commettions un délit en gardant Zouzou à la maison. Nous savons les ennuis au-devant desquels nous allons, mais nous ne reculerons pas. »
Tout cela semble très altruiste, mais cela pose énormément de questions.
Déjà parce que la dimension humaniste est à relativiser énormément. En effet, domestiquer un renard n’est pas un acte positif. C’est même quelque chose de très mauvais, et voir un renard en laisse est quelque chose qui doit déranger toute personne refusant l’exploitation animale.
Aucun animal ne devrait vivre en cage… et à l’opposé de ce que dit le père, il faut bien plutôt espérer que le renard devienne sauvage. D’ailleurs, le faire manger avec des poules n’est pas fait pour aider.
Car inévitablement la question se posera, là encore contrairement à ce que dit la famille : inévitablement l’instinct réapparaîtra au bout d’un temps, et il est totalement absurde de s’imaginer que le renard a été « domestiqué. »
La domestication, dans tous les cas, ne peut être que très relative. A la base il y avait en fait coopération. Plus qu’une domestication, il y a eu une alliance.
Mais cela a été, dans le cas du chien notamment, un processus long, étalé sur des centaines, des milliers d’années.
En refusant la Dame blanche, qui est un Centre de sauvegarde de la faune sauvage, la famille fait donc un choix très égoïste.
Ce n’est peut-être pas l’idéal, mais il n’y a pas d’idéal dans cette situation où la civilisation humaine empiète sur la Nature. Justement l’association la dame blanche se consacre aux animaux en détresse qui sont trouvés (la moitié sont replacés dans la nature).
Les réactions épidermiques comme quoi l’État est méchant, de la part de bon nombre de personnes défendant les animaux (on peut trouve une pétition ici et une autre là), passent donc à côté de la question.
Car, que voulons-nous ? Que des gens puissent avoir des renards comme « animal de compagnie » ? Déjà que la Nature est de plus en plus réduite, accepter cela c’est ouvrir la porte à sa destruction complète.
D’ailleurs le père reprend cet argument :
« Je ne comprends pas qu’on m’empêche de garder un renard, alors que des gens ont le droit d’avoir des pythons chez eux. »
Nous, nous ne voulons pas que les gens aient des pythons ni des renards chez eux ! Sauver le renard a été une bonne chose, l’appeler « zouzou » et en faire un animal de compagnie est une mauvaise chose.
Il y a ici une domestication qui doit être refusée (le père est d’ailleurs chasseur et se justifie en disant que « Il y a un temps pour tout »).
C’est justement le sens de la libération de la Terre, qui est ici incompris par trop d’amis et d’amies des animaux. Il ne faut pas considérer les animaux de manière abstraite, ni les considérer concrètement comme la « cible » d’une compassion juste, mais désorganisée.
Les animaux doivent être libres, dans leur élément, et il faut donc défendre leur élément. L’affaire « zouzou » montre à quel point la civilisation humaine empiète sur la Nature.
Faut-il à cette invasion humaine en rajouter une autre, reconnaissant comme légitime l’intégration des animaux sauvages dans la communauté humaine comme « animaux de compagnie » ?
Ce serait là le pire aveu de défaite. Ce serait tenir le même discours que les zoos qui justifient leur existence en disant qu’ils « sauvent » des animaux.
Quel monde horrible sera le monde futur si cette tendance l’emporte, aboutissant à une vie dénaturée, d’une humanité triomphant dans le béton et la domination, jusqu’à l’autodestruction, seule aboutissement de cela !