Le naturalisme d’Arkangel dénoncé à la française

Il y a peu nous avons parlé de la revue Arkangel (ici, et encore ), « mythique » pour la libération animale.

Nous allons continuer de-ci de-là un petit panorama des revues ayant existé dans différents pays, mais voici un petit document très intéressant concernant Arkangel.

Il s’agit d’un très « rigolo » extrait d’un article des Cahiers Anti-spécistes, datant de 1998 et écrit par David Olivier, grand pourfendeur de la Nature et grand caricaturiste de la libération animale.

L’article, anti-ALF dans la tradition de ces cahiers, a en effet un long passage sur Arkangel, débordant sur l’ALF (et pour cause, c’est le fondateur de l’ALF qui a lancé cette revue depuis la prison).

De manière vraiment « française », il est reproché à Arkangel et l’ALF de parler… des « espèces menacées, des animaux sauvages » !

Quelle blague !

Et que dire des autres ramassis de mensonges et d’assimilations erronées, par exemple concernant le mouvement hardline, ou encore dans le fait de faire passer les gens d’Arkangel pour des zozos écolos pratiquement fachos !

Arkangel aurait même été une revue dans un esprit d’un « apolitisme réactionnaire »…

Et tout cela pourquoi? Parce que les Britanniques auraient, chose terrible et scandaleuse pour les universitaires français, « mis l’accent sur l’action directe de sabotage et de sauvetage d’animaux, au détriment d’une critique idéologique » ! Houlalalala! Mais quelle horreur!

Franchement, mais quelle honte. Tout cela est tellement pitoyable que cela ne vaut guère plus qu’une anecdote estivale.

Et heureusement qu’il y a LTD pour rompre avec cette conception française anti-Nature, faisant passer les gens qui la reconnaissent pour des Allemands illuminés, des romantiques mystiques ou spiritualistes, pour des Anglo-Saxons puritains semi-fachos, etc. etc.

C’est pourtant simple : la vie est une réalité et sa seule « nature » est justement la Nature ! Il n’y a pas de Dieu ni d’être humain né du hasard qui pourrait piller la planète !

Il est naturel d’aimer la vie et les êtres vivants, et de vouloir défendre la vie des « espèces menacées, des animaux sauvages » !

Et oui, c’est vrai, les mystiques et les délirants ne manquent pas, surtout en période de crise. Mais ce n’est pas pour rien que jamais ils ne sont végans, que jamais ils n’aiment les animaux de manière authentique, que toujours ils rejettent la réalité naturelle au profit des forces « spirituelles » et autres délires.

Et il va de soi qu’Arkangel, comme on le constate aisément en tournant les pages du magazine, avait une critique idéologique très claire de notre société…

Les positions de l’ALF britannique

Arkangel, revue proche de l’ALF, a récemment publié la traduction anglaise du texte de David Olivier sur l’avortement (CA n.9), mais en y apportant deux modifications, assez graves nous dit Vincent Berraud (nous-mêmes n’avons pas vu le texte).

Nous ne savons pas si elles sont volontaires. Arkangel avait déjà censuré un article de Vincent, et a hésité à publier celui de David.

C’est que de nombreux/ses militantEs de libération animale sont pro-life, c’est-à-dire luttent pour le « respect de toute vie », y compris donc celle des fœtus.

Dans ce même numéro d’Arkangel, on trouve aussi un texte pro-life « hardline » (ce courant naturaliste puriste, réactionnaire, partisan d’un ordre mondial fondé sur les prétendues lois naturelles, s’oppose à la fois à la consommation de viande et à l’avortement, à l’homosexualité…) et un article signé du « Parti de la Loi Naturelle ».

Enfin, Arkangel refuse désormais de prendre position sur la présence de l’extrême-droite au sein du mouvement « pour ne pas le diviser »…

Nous pensons au contraire qu’une ligne éthique et politique claire est une nécessité pour l’égalité animale.

Depuis un moment déjà l’ALF britannique, par exemple, parle de moins en moins du massacre des « animaux de boucherie » et de plus en plus des espèces menacées, des animaux sauvages, de la chasse, etc.

Le naturalisme y est peu critiqué, beaucoup de militantEs au contraire s’y vautrant.

Que cet écologisme en fin de compte sert un apolitisme réactionnaire, c’est ce que semblent confirmer les nouvelles ci-dessus.

Les Britanniques ont mis l’accent sur l’action directe de sabotage et de sauvetage d’animaux, au détriment d’une critique idéologique visant un changement profond de nos modèles culturels, impliquant une certaine conscience de ce qu’est le spécisme et de la façon dont nous-mêmes tendons à le reproduire.