Les chiffres du plastique dans l’océan

Revenons sur le rapport sur la pollution de l’océan par le plastique, ce qui vaut de nombreuses analyses et remarques. Précisons ici tout de suite un point essentiel.

Tout d’abord, la source des médias pour les articles sur la présence du plastique dans l’océan tient en un article publié par le PNAS, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, c’est-à-dire les actes de l’Académie américaine des sciences.

On y retrouve le compte-rendu d’une recherche effectuée par des scientifiques espagnols en 2010, pour un voyage de 61 000 kilomètres de deux bateaux avec 250 scientifiques, récoltant 3000 échantillons sur 141 sites.

Voici un graphique présentant le résultat de ces recherches concernant la concentration en plastique qui a été trouvé. Les zones en gris sont les fameux vortex, ces continents de plastique.

L’article publié hier (venant de RFI) était le plus intéressant, car fait par des gens ayant lu l’article en question, alors que la plupart des autres piochaient, voire prenaient ce qui les arrange… Comme par exemple Le Figaro, dont l’article intitulé « Moins de plastique que prévu dans les océans » est un monument de propagande anti-écologiste.

Le fait principal n’est en effet pas qu’on ait découvert moins de plastique que prévu dans l’océan. Le fait principal est le suivant : où est donc le plastique qui devrait être là ? Car comme on a le même nombre de plastique que dans les années 1980, où est donc le reste produit depuis ?

Le rapport des scientifiques a donc deux aspects : d’un côté, 88 % de l’océan connaît la présence de plastique, de l’autre la concentration en plastique n’a pas changé, ce qui est impossible et ce qui pose la question de savoir où est ce plastique.

Le problème a parfaitement été compris de la manière suivante par Le nouvel observateur, qui présente la chose ainsi:

« Les océans sont une vraie poubelle. Les déchets, principalement ceux en matière plastique, s’y accumulent dans des vortex (ou gyres) au point de former un septième, voire un huitième continents.

Le fait que ces déchets plastiques s’accumulent de manière spectaculaire et captent l’attention des médias et des associations de protection de l’environnement pourrait pourtant masquer une autre réalité, peut-être encore plus inquiétante.

En effet, malgré les quantités hallucinantes qui s’agglomèrent en surface, on est loin du compte si l’on se base sur la quantité produite (et jetée) depuis l’introduction des matières plastiques dans les années cinquante (…).

La principale, étonnante, conclusion est de réaliser que les déchets connus ne représentent « que » quelques dizaines de milliers de tonnes, soit « beaucoup moins qu’on pouvait attendre ».

Vraiment beaucoup moins : dans les années 70, l’académie des Sciences américaines estimait à 45.000 tonnes de plastiques par an le flux de déchets déversés dans les océans du monde, ce qui équivalait à l’époque à 0,1% de la production globale de ces matières.

Depuis, la production a été multipliée par 5. Selon l’équipe espagnole, on devrait aujourd’hui retrouver cent fois plus de déchets qu’il n’y en a. »

La fin de l’article reprend ici directement le document du PNAS. Le rapport des scientifiques est explicite à ce sujet : l’académie américaine des sciences considérait dans les années 1970 que 0,1 % de la production de plastique terminait dans l’océan, soit 45 000 tonnes par an. Or, la production a quintuplé, on en est désormais à 265 millions de tonnes par an environ.

Cependant, il n’est pas simplement dit dans le document que l’équipe considère qu’on devrait en retrouver cent fois plus: il s’agit en fait de l’estimation théorique la plus « conservatrice » qui le dit!

Les faits sont donc absolument dramatiques pour l’océan. On assiste peut-être ici à un moment clef de l’histoire de notre planète: l’océan est en train d’être attaqué à très grande échelle, de manière continue, et on le sait.

A côté du réchauffement climatique, c’est une seconde preuve de la nécessité de la libération de la Terre.

En ce qui concerne le plastique « disparu », il existe trois hypothèses principales :

– le « biofouling », c’est-à-dire que le plastique est arrivé au fond de l’océan et a été recouvert par des animaux ;

– le passage du plastique dans l’alimentation des êtres vivants sous-marins ;

– la décomposition avancée du plastique, formant des particules si petites qu’elles ne sont plus visibles ni analysables pour l’instant.

C’est cette dernière hypothèse qui a en fait provoqué la panique et la publication de tous les articles. La grande peur est que ce plastique décomposé se diffuse dans le monde entier et soit utilisé, en quelque sorte, comme moyen de transport par des microbes, mais avec également un impact sur l’océan en raison du processus de décomposition des additifs, des pigments, etc.

L’humanité s’inquiète donc, encore et toujours, uniquement d’elle-même, sans aucune considération pour la vie comme phénomène planétaire. Sans reconnaissance de Gaïa, la science humaine est condamnée à errer…