La grande actualité
écologiste, cela a été les deux manifestations pour le climat :
celle des lycéens le vendredi 15 mars 2019, celle appelée « marche
du siècle » le lendemain. Il s’agit là de deux événements
d’importance, parce que c’est la première fois que, au sens
strict, la question de la « catastrophe » est posée par
un mouvement d’en bas, du moins en apparence.
En théorie en
effet, ce sont les lycéens eux-mêmes qui se sont lancés dans
l’initiative, à l’appel de la jeune suédoise Greta Thunberg, et
la manifestation du samedi a été portée par la « société
civile ». En pratique, évidemment, les choses sont bien
différentes, et c’est pour cela que le terme à employer pour
parler de cela est aisément trouvé : c’est celui de vanité.
Vanité, car Greta
Thunberg est une construction médiatique lancée par des businessmen
faisant de la protestation un commerce en ligne, vanité car la
société civile n’a consisté qu’en les réseaux des ONG et des
milieux bobos. Le terme de vanité est important, car il ne s’agit
pas ici de critiquer la sincérité des gens présents. C’est
justement bien le problème, que cette sincérité.
Pourquoi ? Parce que cette sincérité est totalement en décalage avec la réalité. C’est de la mise en scène conforme à la domination de Facebook, d’Instagram et de Snapshat, cela n’a aucune incidence sur rien et cela ne porte strictement rien. C’est l’achat de la bonne conscience à bas prix, c’est digne de l’achat d’indulgences auprès du pape à la fin du moyen-âge
Les gens présents
ont comme mot d’ordre, pour résumer : nous avons péché,
mais nous ne le ferons plus. Et une fois cela fait, ils continuent.
Et ils n’échappent même pas à la vanité.
Prenons le terme de
« marche du siècle ». C’est une expression qui a un
sens et celui-ci est lourd ; elle veut dire par là que c’est
sensé être la plus grande marche du siècle, avec le plus de gens,
d’engagements, etc. On s’attend donc à quelque chose de fort, de
grandiose, en tout cas de très parlant.
Las ! Elle n’a
concerné à Paris, selon la police, que 45 000 personnes, et cela
alors que 140 ONG y appelaient. Prenons simplement une calculatrice
et faisons la division de 45 000 par 140 : cela fait un peu plus
de 321. Cela veut dire que chaque association n’a été en mesure
d’amener qu’un peu plus de 300 personnes pour une initiative se
voulant totale…
Même si on prend le
chiffre des organisateurs, soit 105 000, cela fait 750 personnes.
Cela reste infime si l’on part du principe que que les médias en
ont parlé de manière récurrente. Il ne faut donc pas se voiler la
face : on est ici dans un petit milieu, celui des associations,
des ONG, du mode de vie bobo, des gens liés à EELV.
Il y a bien plus à
attendre des efforts faits dans les 220 autres villes dans tout le
pays, où selon les organisateurs 250 000 personnes étaient
mobilisées. Mais cela sera sur le long terme, car dans le fond c’est
le style parisien qui prédomine, et c’est totalement vain.
Critique facile, critique tout aussi vaniteuse ? L’avenir
le dira, puisque si la marche du siècle a vraiment été ce qu’elle
prétendait être, alors son impact va être énorme. Sinon, cela
n’aura été qu’une anecdote de plus, tout comme les
mobilisations au moment de la COP21. Et on pourra dire que le slogan
« Macron t’es foutu, les pandas sont dans la rue » aura
été d’une profonde ironie criminelle à une époque d’écocide
généralisé.
Notons au passage d’autres vanités du même niveau de mauvais
goût, d’inconscience et de décalage avec la réalité. La fin du
cortège parisien parlait de tout sauf le climat (le logement,
Emmanuel Macron, les étudiants étrangers, etc.). Il y avait un bus
du mouvement GAF (give a fuck) avec de la musique pour une rave party
pour le climat avec comme mot d’ordre « Parce que danser,
c’est aussi militer ». Mais bien sûr !
Et L214 était avec le parti animaliste, entonnant « Lâche
ton couteau pour les animaux. Lâche ton steak, pour la
planète. » Faut-il également mentionner la présence de
Cécile Duflot, ex-ministre de l’écologie dont on ne rappellera
jamais assez le coup de Copenhague, qui était ravie de la marche et
parlait « d’énergie du désespoir » ?
Il y a évidemment
plus d’espoir chez les jeunes, qui eux ont bien compris que les
choses allaient mal tourner. Ils ne sont pas dupes et c’est pour
cela qu’ils ont manifesté en masse. Il y a ainsi eu 40 000
personnes à Paris, 15 000 à Lyon, plusieurs milliers à
Montpellier, Strasbourg, Rennes, Bordeaux, plusieurs centaines à
Lille, Clermon-Ferrand, etc.
Le problème, c’est
que si les jeunes savent, ils restent consommateurs. Tout le contenu
leur a été fourni par des ONG internationales qui en profitent pour
s’installer. Rappelons que cette marche des lycéens a eu lieu
d’ailleurs dans 123 pays, avec l’appui ouvert des médias, voire
des institutions elles-mêmes…
De plus, l’horizon
ne va pas plus loin que le tri sélectif et la moindre utilisation de
plastique, avec l’inévitable rhétorique sur le fait que
l’humanité va vivre moins bien en raison du réchauffement
climatique, et que les jeunes sont les premiers concernés.
Si l’on est
bienveillant ou naïf, on dira : c’est élémentaire, mais un
début. Si l’on est objectif ou circonspect, on dira : ces
jeunes ne comprennent rien à rien et ont 10, 20 ou 30 ans de retard.
Dans tous les cas, impossible de nier que toute l’approche reste
fondamentalement anthropocentriste, malgré de beaux slogans pour la
Nature ici ou là, ainsi que des mots d’ordre en faveur de la
planète en général. Cela ne dépasse le plus souvent pas le cadre
de la poésie ou de la sensibilité, ce qui n’est déjà pas si
mal, mais cela n’apporte rien.
Disons les choses franchement, ou plutôt posons la question. Même en admettant que toutes ces critiques soient erronées et que, donc, ces deux marches étaient de très bons signes, tout au moins des signes allant dans le bon sens… Comment va-t-on aller à un changement total de perspective d’ici 20 ans
Car le temps passe.
Chaque jour qui passe, ce qui est à faire s’avère encore plus
immense. La consommation de la viande est en train de doubler de
volume, la déforestation de l’Amazonie c’est grosso modo un
terrain de football en superficie toutes les secondes. A cela
s’ajoute la pollution toujours plus grande, dans tous les domaines,
le réchauffement climatique, l’écocide généralisé.
Tout cela doit être
résolu dans les 20 ans, sans quoi il va y en avoir pour au minimum
30-40 ans de profonds tourments à l’échelle planétaire, et cela
dans le meilleur des cas. Ainsi, même avec la meilleure volonté du
monde, il faut oser le dire : tout cela est de la vanité, de
l’achat de bonne conscience comme hier on achetait des indulgences.
Tout cela n’est pas à la hauteur de ce qu’exige la planète à notre époque !