Du Red Bull comme drogue à combattre

Nous avions déjà parlé du Red Bull, et sur le papier, c’est une boisson végétalienne. Cependant, dans une explication un peu alambiquée, nous allons tenter d’expliquer en quoi elle n’est pas straight edge.

Il ne s’agit pas de la question de la chimie en soit. Le Red Bull a un goût chimique très prononcé, mais on peut très bien imaginer une humanité vivant sans aucunement toucher à aucun être vivant, pas même végétal donc (comme le formule avec humour la bande dessinée où deux personnes attendent que de la poussière spatiale arrive dans leur bouche!).

Laissons cela à la science-fiction et voyons où est le problème le plus frappant. En fait, c’est d’ailleurs très simple: une canette de Red Bull coûte 25 cents à la fabrication. Le revendeur empoche 25 cents, mais comme une canette coûte un peu moins de 1,5 euros, cela laisse deviner la marge de bénéfices!

Et c’est là qu’on ne peut que se dire que le Red Bull est une drogue. Pour avoir une marge pareille, il faut un marché vraiment « captif », comme on dit dans le monde de l’entreprise. Il faut une véritable dépendance pour avoir une marge de 75%!

Or, ce n’est pas comme si le Red Bull était si bon, si agréable, qu’on pouvait en boire souvent. Le Red Bull n’est utilisé dans la quasi totalité des cas comme moyen de se « booster » en soirée, avec l’alcool.

C’est la raison du succès, et on doit considérer que le Red Bull, avec sa taurine, sa caféine et ses autres ingrédients, est un excitant relevant des drogues, et c’est quelque chose à rejeter en général.

Il est d’ailleurs très parlant de regarder le marketing de Red Bull. On a droit qu’à des initiatives de type machos – cascades – dépassement de soi-même, c’est-à-dire quelque chose parfaitement dans l’esprit culturel des drogues!

Red Bull injecte ainsi 200 millions d’euros dans la formule 1. A cela s’ajoute 970 millions d’euros – un chiffre énorme – dans la publicité, l’organisation de festivals, comme du motocross devant les pyramides d’Égypte, concours de saut depuis des plate-formes pétrolières dans l’océan, etc.

Beaucoup de personnes sont sponsorisées, comme « Friend of Red Bull », mais plus particulièrement 600 qui sont de véritables partenaires commerciaux. Ce sont des personnes pratiquant des sports le plus souvent liés à la prise de risque, à la « performance », etc., (Mountain Bike, Snowboard, etc.), le tout bien sûr dans une grande « bataille » contre les forces de la Nature.

Le dernier exemple, qui a eu un énorme retentissement médiatique de fait totalement artificiel, est le projet « Red Bull Stratos », avec le sportif de l’extrême faisant un plongeon depuis presque l’espace.

Dans le langage de Red Bull, cette culture est résumée par la formule « Beyond the ordinary » (« au-delà de l’ordinaire »).

N’est-ce pas là exactement l’argumentation en faveur des drogues en général, ou en faveur de l’engagement dans l’armée?

Et dans une société où les drogues sont valorisées comme « fuite » par une population fuyant la crise ou bien tout simplement décadente, cela a un grand impact.

C’est cela permet à Red Bull d’être présent dans 164 pays, vendant pas moins de 4,63 milliards de canettes. Le chiffre d’affaires est passé de 1,15 milliards d’euros en 2002 à 2,15 en 2002, 3,32 en 2008 et 4,25 en 2011…

Red Bull est peut-être vegan, mais pas straight edge. On ne peut pas vouloir un monde plus naturel avec Red Bull, non pas car il s’agit de chimie, mais de par la fonction du Red Bull, de par sa nature.

Et le succès populaire du Red Bull n’est pas quelque chose qui peut non plus être pris à la légère: cela pousse à une culture de la force, du machisme, de « l’aventure », comme si un ajout était nécessaire à la vie humaine, comme s’il fallait quelque chose de plus au corps.

Ce qui revient encore une fois à l’idéologie des drogues. Pour savoir ce qu’est le Red Bull, finalement, cela suffit amplement. Et cela prouve l’absurdité de l’Etat français qui s’est cru plus intelligent que tout le monde et qui pour cela a torturé des animaux pour des « tests » quant à la nocivité du Red Bull, alors que des centaines de millions de canettes étaient déjà en circulation dans le monde… et sans voir l’aspect relevant de la drogue!

Bien entendu, le Red Bull n’est pas une drogue « dure » et relève des excitants, comme le café ou le thé, ou dans un autre registre le cacao. Avec parcimonie, il n’y a pas de dépendance véritable, ni de nocivité

Mais avec ce que véhicule le Red Bull, en boire publiquement revient à cautionner une démarche qui fait que cela revient au même que de boire de l’alcool. C’est une indication culturelle que la Nature ne suffit pas, qu’il faut chercher l’ivresse, qu’il faut se précipiter dans la fuite en avant.

Le Red Bull doit être critiqué, ce n’est pas un phénomène positif, c’est un produit commercial inventé jouant sur la dépendance, tout comme les cigarettes ou, comme modèle précèdent dans le même genre, le Coca Cola.