Ségolène Royal à la tête d’un « grand ministère de l’écologie »

L’écologie n’existe pas en France en tant culture, par conséquent, même si les dominants reconnaissent qu’il faut tout de même « faire semblant », au final il ne se passe rien. D’ailleurs il suffit de voir le site d’Europe Ecologie – les Verts de manière régulière et on peut voir que l’écologie est très loin d’être le thème dominant.

C’est à ce titre justement qu’EELV a refusé quelque chose qui aurait pu être historique : la formation d’un « grand » ministère de l’écologie, avec une personne d’EELV qui en soit responsable.

On imagine l’impact culturel que cela aurait pu avoir. Mais justement les gens d’EELV savent bien qu’ils n’ont rien à proposer sur ce plan. Ils ont donc refusé… trop risqué pour eux !

C’est donc une catastrophe de plus, après toute une série ; rappelons ici quelques articles : Nicole Bricq, débarquée du ministère de l’écologie par les industrielsDelphine Batho, une politicienne qui utilise l’écologieLe ministère de l’écologie s’installera dans… une tour de la Défense!.

Il faut en effet se souvenir que depuis l’élection de François Hollande, les ministres de l’écologie défilent… Nicole Bricq n’a été ministre qu’un mois, virée sous la pression des industriels comme l’explique notre article. Puis il y a eu Delphine Batho, de juin 2012 à juillet 2013, qui a été amenée à partir en raison de la question du budget.

Puis, enfin, il y a eu Philippe Martin, de juillet 2013 à mars 2014, qui exprime dans la presse sa déception de s’être fait débarquer.

Pour finir, on peut toujours courir pour une existence de l’écologie en France, car le nouveau ministre est… Ségolène Royal.

Tout le monde savait depuis longtemps qu’elle bataillait ferme pour être ministre. Elle considérait même devoir être premier ministre, ce qui serait selon elle impossible en raison du fait qu’elle a été la compagne de François Hollande.

Elle reçoit donc l’écologie, sans que cela soit son domaine de prédilection, même si elle a été brièvement ministre de l’Environnement du 3 avril 1992 au 29 mars 1993. D’ailleurs, elle ne compte pas s’y impliquer à fond puisqu’elle compte rester à la présidence de la région Poitou-Charentes.

L’écologie est un moyen d’être « présente », en tant que numéro trois du gouvernement, au titre d’ailleurs d’un ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Voilà pourquoi elle a expliqué suite à sa nomination :

« J’en suis très honorée et en même temps je connais l’exigence que cela appelle dans un ministère majeur pour le redressement du pays et les créations d’emplois qui vont avec. »

Il y a quelques semaines, elle disait également :

« Les Français ne demandent qu’à être écologistes. Pourquoi ? Parce que ça coûte moins cher. Mais il faut d’abord la mutation économique : réaliser les travaux d’isolation, faire monter en puissance les énergies renouvelables, faire baisser le prix des voitures électriques : à ce moment-là, on pourra verdir la fiscalité. »

Ici, l’écologie, c’est la modernisation du capitalisme, c’est tout. La Nature n’existe même pas. C’est à comparer avec ce que Ségolène Royal avait pu dire par le passé. Ainsi, en 1992, alors qu’elle était ministre de l’écologie, on avait eu un lyrique :

« Le réchauffement climatique est un vrai problème de civilisation. Il faut revoir nos modes de civilisation, nos modes de vie, remettre en cause cette fuite en avant du toujours plus de consommation, du toujours plus d’air à polluer. »

On ne peut pas dire que Ségolène Royal ait fait quoi que ce soit en ce sens… Ce qui n’empêche pas le lyrisme. Voici ce qu’elle osait dire en 2010 :

« Je conteste l’efficacité écologique de la taxe carbone face à l’enjeu du réchauffement climatique. Qu’est-ce qui est en jeu ? Ni plus ni moins que la survie de l’espèce. Nous sommes à la croisée des chemins. Soit nous poursuivons sur la voie d’un mode de vie insoutenable, dont nous savons tous qu’il provoquera à brève échéance un véritable « écocide ». Soit nous changeons radicalement de comportement. »

Voilà des mots forts… Mais Ségolène Royal n’a pas rejoint pour autant la cause de la Libération de la Terre…

De la même manière, elle expliquait également qu’en Poitou-Charente, sa présidence était exemplaire, avec des phrases comme :

« La région Poitou-Charentes est devenue la première région écologique d’Europe avec un plan sur l’énergie solaire et les énergies renouvelables unique dans son ampleur. »

En 2011, le quotidien Libération était allé vérifier, et non seulement il n’y a pas de classement de ce type, mais même s’il y en avait un la région serait derrière d’autres régions d’Allemagne et d’Autriche, et même de France d’ailleurs !

Tout cela est ô combien révélateur : l’écologie sert de faire-valoir, d’exigences pour la modernisation. Mais la Nature ? Elle n’existe même pas pour ces gens.