Réactions délirantes face à l’hiver

Voici deux intéressants documents sur l’hiver et les réactions qu’il y a en France. Le second document vient de Sortir du nucléaire: « Hiver, nucléaire et pics de consommation : non, tout n’est pas de la faute des égoïstes Allemands ! » et il présente un aspect intéressant: comment le lobby du nucléaire tente de se présenter comme incontournable, alors que le chauffage électrique est un mauvais choix à la base.

Mais voici tout d’abord un extrait d’une interview donnée au Figaro par Emmanuel Garnier (historien du climat, membre senior de l’Institut universitaire de France à l’université de Caen et professeur invité à l’université de Cambridge).

Ce climatologue sert la soupe, comme on dit, les thèses de l’UMP contre « l’Etat-providence », mais justement dans les réponses que nous citons ici, il constate un phénomène que nous avons tous et toutes pu remarquer: en France, les gens sont totalement déconnectés de la nature, ils ne comprennent même plus qu’il puisse faire froid en hiver!

Le Figaro – Un coup de froid au cœur de l’hiver et cela devient le sujet de conversation numéro un des Français, pendant plus d’une semaine. Sommes-nous une exception?

Emmanuel Garnier – En France, la météo n’existe que par ses manifestations extrêmes. On n’en parle que lors des grosses ruptures. Cela conduit le plus souvent à une sorte de dramatisation. Une forme de catastrophisme qui est typiquement française. Je me souviens l’été dernier d’avoir été sollicité sans cesse sur le manque de pluie. Alors qu’on ne parlait pas encore de sécheresse on projetait déjà l’effondrement des cours des céréales. On pourrait presque dire que nos concitoyens manifestent une «intolérance» à la météorologie non standard.

Qu’est-ce qu’une météorologie standard?

Si l’on caricature un petit peu, les Français considèrent qu’un bon hiver est un hiver sans neige et sans verglas en ville ou sur les routes mais avec un parfait enneigement dans les stations de ski… Globalement, ils ne sont jamais contents du temps qu’il fait. La météo suscite très rarement un discours positif.

Les réactions sont-elles si différentes que cela dans les autres pays?

En Angleterre, par exemple qui subit à peu près les mêmes frimas que nous, l a réaction est effectivement assez différente. Il y a bien sûr des reportages à la télévision et les gens en parlent entre eux mais c’est une situation qui est jugée normale. Ce type de météo est simplement considéré comme faisant partie de l’hiver. C’est la même chose en Espagne où les populations font face sans se poser plus de questions.

Qu’est-ce que cela traduit?

Il y a clairement l’idée en France que l’on ne doit pas être affecté par la nature. Nous restons les héritiers de l’idée de progrès qui ne devrait plus permettre que l’on souffre du froid ou du chaud. Cela traduit en même temps une grande vulnérabilité et une grande attente envers l’Etat.

Voici ici le document de Sortir du nucléaire:

Hiver, nucléaire et pics de consommation

 C’est l’hiver, la saison des frimas, des lumières qui s’allument dès l’après-midi… et des discours alarmistes sur les pénuries d’électricité à venir. Cette année, la tension est encore plus vive… car il paraîtrait qu’à cause des égoïstes Allemands, nous allons tous manquer d’électricité.

 Sous la menace du black-out…

Chaque année, il est question de tensions sur le réseau électrique [1], de black-out en perspective pour la Bretagne ou la Provence et d’une hausse inéluctable de la consommation d’électricité – la faute au couple infernal chauffage électrique/nucléaire, qui solidarise la consommation électrique avec la courbe des températures, mais surtout au recours massif et typiquement français du chauffage électrique, en particulier dans l’habitat locatif. Et les défenseurs du nucléaire de conclure immanquablement : « Dans ces conditions, qui oserait fermer des réacteurs ? Veut-on nous condamner au retour à la bougie ? ».

 Depuis 2011, de nouveaux couplets ont été ajoutés à la complainte. « Comment ferons-nous cet hiver maintenant que les Allemands, ces égoïstes, ont fermé la moitié de leurs centrales nucléaires ? » [2], « Si des centrales sont fermées en France suite à des décisions électorales, comment allons-nous nous chauffer ? ».

… A cause des Allemands ?

La réponse est sans appel : malgré son parc nucléaire et sa pseudo “indépendance énergétique“, la France importe massivement de l’électricité de ses pays voisins. Et, tenez-vous bien, le pays avec lequel la France échange le plus d’électricité est… l’Allemagne. Mais pas pour voler au secours de ces Allemands qui ont dû fermer leurs réacteurs, en leur vendant de notre électricité…

 Non : le dernier relevé mensuel de RTE (Réseau de transport d’électricité), en date de décembre 2011 et arrêté au 6 janvier 2012, était catégorique. En décembre 2011, la France aura vendu 613 GWh à l’Allemagne, mais en aura importé 884 GWh… Soit un solde exportateur déficitaire de -271 GWH, au crédit de l’Allemagne [3].

 Et la situation n’est pas nouvelle : en novembre 2011 la France exportait à l’Allemagne 684 GWh, et en importait 745 GWh ; soit un écart de -61 GWh, toujours au crédit de l’Allemagne [4].

Le constat est donc implacable : pour (mal) chauffer une population française majoritairement équipée de convecteurs électriques, la France doit importer massivement… et ce, même de pays qui sont sortis du nucléaire.

Une consommation française trop importante…

Nos confrères d’Agir Pour l’Environnement sont clairs : en France, la « pointe » de consommation électrique se situe à 96 GW, alors qu’elle n’est que de 80 GW en Allemagne, pour une population forte de 17 millions d’habitants supplémentaires.

Il est stupéfiant de constater comment les défenseurs de l’atome parviennent à présenter les problèmes à l’envers : si nous venons à manquer d’électricité cet hiver, il serait stupide de s’en prendre aux écologistes ou aux Allemands, qui ont bien le droit de prendre des décisions raisonnables en se passant d’une technologie aux risques tant de fois démontrés. Regardons plutôt en face l’absurdité de notre système énergétique nucléarisé.

…A cause du chauffage électrique !

 Un petit radiateur de 1kW « tournant » en moyenne 10 h/j, pendant 180 jours consomme 1 800 kWh. A titre de comparaison, un réfrigérateur de 120W fonctionnant en permanence mais “tournant” la moitié du temps consomme l’équivalent de 526 kWh ; un ordinateur d’une puissance de 150W restant allumé en moyenne 5 heures par jour 274 kWh ; une lampe de 60W allumée en moyenne 5 heures par jour 110 kWh ; et un radio réveil ou une veille de lecteur de DVD d’une puissance de 5W consomme 44 kWh [5]. Ainsi, le chauffage électrique coûte très cher aux Français… pour qu’ils aient froids !

 Aujourd’hui, la France est le seul pays en Europe à promouvoir le chauffage électrique : une option aussi chère qu’inefficace, qui prend des millions de Français au piège de la précarité énergétique, et qui n’a été développé que pour écouler la surproduction d’électricité nucléaire. Par ailleurs, le pic de consommation généré par les millions de convecteurs français propulse nos émissions de CO2 vers le haut [6].

 Alors avant d’accuser nos voisins Allemands d’être la source de nos maux, il serait bon de s’interroger sur notre dépendance électrique. Et commencer par investir dans la rénovation des bâtiments, plutôt que d’engloutir des dizaines de milliards d’euros pour rafistoler pour dix ans de plus des centrales largement en âge de partir à la retraite…

Le saviez-vous ?

  • En Autriche, le chauffage électrique est interdit par la Constitution !

  • Les Français paient certes l’électricité 25 % moins cher que leurs voisins allemands (notamment grâce aux subventions cachées dont bénéficie le nucléaire depuis plus de 40 ans)… mais ils en consomment 1,4 fois plus, alors même que l’Allemagne est plus industrialisée !

  • La consommation du chauffage électrique en France représente l’équivalent de 10 réacteurs nucléaires.

  • Le fonctionnement en permanence de panneaux publicitaires vidéos consomment autant que deux à trois foyers français. [7]

  • Selon le cabinet Enertech, il est possible d’économiser immédiatement 30 % d’énergie sur la consommation des bâtiments grâce à des mesures très simples, comme éteindre tous les équipements qui ne devraient pas fonctionner la nuit et le week-end.

  • Malgré la fermeture de 47 réacteurs nucléaires suite à la catastrophe de Fukushima, le Japon n’est pas plongé dans le noir : la mise en œuvre de mesures simples a permis de réduire le pic de consommation d’électricité de 18 % !

Notes

 [1] En période hivernale, chaque degré en-dessous des normales saisonnières nécessite en effet un appel de puissance sur le réseau électrique de 2300 MW, soit deux réacteurs nucléaires !

[2] Il est d’ailleurs amusant de constater que ce sont les mêmes personnes qui affirment haut et fort que nous sommes énergétiquement indépendants grâce au nucléaire !

 [3] RTE, Aperçu sur l’énergie électrique, décembre 2011, http://www.rte-france.com/uploads/Mediatheque_docs/vie_systeme/mensuelles/2011/apercu_energie_elec_2011_12.pdf

[4] RTE, Aperçu sur l’énergie électrique, novembre 2011, http://www.rte-france.com/uploads/Mediatheque_docs/vie_systeme/mensuelles/2011/apercu_energie_elec_2011_11.pdf

 [5] Méthode de calcul sur http://www.voie-militante.com/politique/energie/le-chauffage-electrique-alibi-du-nucleaire/

 [6] Selon les calculs de l’ADEME et de RTE, chaque KWh consacré au chauffage électrique correspond à l’émission de 500 à 600 g de CO2. Brûler directement du gaz pour se chauffer émettrait 2 à 3 fois moins… et isoler correctement les bâtiments encore moins. ADEME & RTE, Le contenu en CO2 du kWh électrique : Avantages comparés du contenu marginal et du contenu par usages sur la base del’historique, octobre 2007

 [7] http://www.antipub.org/

Refused se reforme, pour le pire

Nous avions déjà parlé du groupe suédois Refused, et de manière élogieuse. Ce groupe de musique hardcore du nord de la Suède a non seulement produit des albums de grande qualité durant les années 1990, mais il a été au cœur d’une vague énorme de culture vegan straight edge en Suède, marquant très profondément la jeunesse (nous en parlions dans l’article Umeå et son rôle dans l’émergence de la culture vegan straight edge).

Malheureusement, Refused s’est vendu. A l’époque, les albums faisaient référence à des groupes de contestation, notamment aux États-Unis, à mai 68, le tout se voulait sans compromis.

Le dernier concert avait eu lieu aux États-Unis dans un sous-sol avec une intervention de la police, et à la dissolution du groupe il a été demandé aux journalistes de brûler toutes les photos du groupe, car le passé c’est le passé, ce qui compte c’est le futur, les cocktails molotovs, la révolution !

On pouvait cependant déjà reprocher une certaine « stylisation » très forcée, le chanteur jouant d’ailleurs les rebelles glamour et anarchiste avec le groupe (sympathique tout de même) « the international noise conspiracy. »

Et là la tendance l’a emporté : Refused s’est reformé, 14 ans après avoir annoncé que « refused are fucking dead. »

Pourquoi ? Bien évidemment pour se faire de l’argent sur l’exceptionnel album « The shape of punk to come », ressorti même en coffret deluxe. Les journalistes et les bobos reconnaissant sa valeur, Refused s’est vendu pour une série de concerts, dans de très grands festivals, histoire de faire leur promotion !

Ils ont même une page facebook ! Quand on sait ce que représente Facebook en termes de business et de contrôle, cela veut tout dire. Le pire étant le chanteur demandant leurs avis politiques aux gens sur facebook, histoire de les griller définitivement et d’inclure la « révolution » dans la culture facebook (ou inversement!).

Cette initiative des gens ayant fait partie de Refused doit être boycottée, elle n’a aucun sens car le passé c’est le passé ! Quelle idée d’acheter un t-shirt venant de sortir avec inscrit « Refused are fucking dead » ?

Sans doute même malheureusement que cela va porter un coup fatal à l’identité vegan straight edge de Refused en tant que groupe historique des années 1990, il ne va en rester qu’une aventure « hardcore. » Exactement comme en France la culture alternative des Béruriers Noirs des années 1980 a été saccagée par une reformation réduisant l’histoire des « bérus » à des clowneries punko-contestataires.

Cela est bien triste, mais logique dès le moment où l’on abandonne les exigences alternatives !

Voici une traduction (sans prétention) du communiqué (plein de mauvaise foi) de reformation du groupe:

Nous avons eu un groupe, il y a un temps, à Umeå. Nous nous empilions dans une camionnette, comme tous les autres groupe punks, et partions en vrombissant à la poursuite d’amis et de gloire dans des sous-sols devant 20 personnes, 50 personnes, dans des villes à 4-5 heures de route.

Parfois, il y aurait plus d’une centaine de personnes et plus tard dans la semaine nous penserions à cela comme un « grand show.

Nous étions ambitieux, mais nous n’avions pas considérer comme une carrière. Nous n’avons jamais eu aucun sens financier que ce soit pendant 7 années de tournées. Comme la plupart des groupes punks, il n’a jamais été question même d’essayer. Nous avons eu une scène, nous avons eu un peu de politique et nous avons eu juste un soupçon d’ambition artistique.

Fidèles à nos racines suédoises nous sommes devenus très vite très sérieux. Et puis tout à coup nous avons eu ma bonne. C’est un chemin délicat que de marcher pour de jeunes précoces d’une vingtaine d’années partout sur la planète, mais ce regroupement là ne l’a pas fait. Et c’était bien. La plupart des entreprises dans la vie ne sont pas liés à la musique rock d’une violence inouïe.

Cela fait quelques 14 ans depuis que c’en est fini de notre groupe. Nous avons tous été bien occupés dans nos efforts respectifs, mais nous sommes tous restés amis et en contact. Il y a eu des offres, et beaucoup de blagues au sujet de ces offres. Nous avons regardé vers le bas depuis nos grands chevaux et on s’est moqué des gens qui ont juste voulu faire partager l’intensité psychopathe que nous offririons sur une base quotidienne dans notre époque post-pubère. Une réunion nous semblait juste illogique. Trop d’autres conneries à faire.

Puis, alors, Kristofer a obtenu son diplôme de l’Académie suédoise d’opéra, les études médicales de Jon se terminaient et Dennis et David ont commencé ensemble un nouveau groupe de hardcore. Enfin, après une décennie et demi de hiatus [pause dans le groupe], Kristofer a repris la guitare. Ce qui a fait que David a voulu jouer de la batterie à nouveau. Ce qui à son tour nous a tous les quatre conduit a soudainement faire de la nouvelle musique dans des constellations assortis.

Comme tout cela se préparait, Coachella est entré en contact. Il y a eu quelques coups de téléphone, beaucoup de scepticisme, un certain enthousiasme hésitant avant qu’un de nous a dit basiquement: « -C’est ridicule. Il y a des amis à nous qui tueraient des proches juste pour aller voir des groupes là-bas. Faisons le, simplement, une dernière fois. » Et avec ça, les salauds de pédés socialistes adeptes du politiquement correct étaient à nouveau sur la route.

 Nous n’avons jamais rendu justice à « The shape of punk to come » quand il est sorti, nous étions trop empêtrés dans des querelles intestines pour vraiment se concentrer sur le travail. Et soudainement, il y a cette possibilité de le faire comme il a été prévu. Nous voulons le faire, bien faire les choses. Pour les gens qui ont gardé la musique vivante à travers les années, mais aussi pour nous-mêmes.
Nous pensons que vous le méritez et nous espérons que le sentiment est mutuel.

Rendez-vous dans le pit.

//Refused

Quelques uns de nos amis les arbres, parmi les plus âgés

Les arbres, nos amis, peuvent vivre très longtemps… à condition qu’on ne les coupe pas pour rien. Peut-être viendra un jour, dans un lointain futur, où on pourra se passer de les couper tout court !

L’humanité a bien du chemin à parcourir pour arriver à cela moralement, intellectuellement et matériellement. Comme petite contribution à cela, voici une petite présentation de quelques arbres, qui sont parmi les plus anciens… Nous ferons plusieurs séries avec ces amis du troisième âge !

L’arbre qu’on pense être le plus ancien s’appelle Mathusalem, en référence au personnage biblique censé avoir vécu très longtemps. C’est un pin Bristlecone âgé de 4 789 années en 1957… qui vit dans la forêt nationale d’Inyo en Californie.

Voici à quoi il pourrait ressembler. Car son emplacement reste secret, pour le protéger. D’ailleurs, en 1964, un étudiant barbare avait assassiné Prometheus, âgé de 4844 ans…

Le second arbre le plus vieux est un cyprès âgé d’environ 4500 ans et vivant à Abarkuh en Iran, où la légende veut qu’il ait été planté par Zoroastre, qui a rénové la religion iranienne appelé le mazdéisme. On notera que dans la culture iranienne, le caractère vivant voire personnel des arbres est très marqué.

On trouve également un if, appelé « yew » en anglais, et appelé le Llangernyw Yew, Llangernyw étant un village du pays de Galles. Il a peu près 4000 ans.

On a également les Fitzroya cupressoides, dans les montagnes andines du Chili et des régions voisines d’Argentine. Ils se sont faits massacrés par la coupe de bois aux 19ème et 20ème siècles, impossible de savoir quel âge avaient les plus vieux (et donc les plus grands et les plus ciblés). Mais le plus vieux arbre qu’on connaisse de la région est âgé de 3640 années.

Ici, on a un Fitzroya âgé de 2600 ans ; il fait presque 60 mètres de haut et vit au Parc national Los Alerces du Chubut, en Argentine.

« The Senator » est un cyprès des marais, qui vivait en Floride…. Il est mort il y a un peu plus de 3 semaines, le 12 janvier 2012 ! En 1925 un ouragan l’avait fait passé de 50 à 36 mètres… et là c’est sans doute la foudre, qui a provoqué un incendie, et les pompiers n’ont pas réussi à le sauver. Il était âgé de 3400-3600 ans.

Le Jōmon Sugi vit sur l’île japonaise de Yakushima. C’est un cyprès (ou cèdre) du Japon, qui a entre 2170 et 7200 ans. Il est connu et protégé au Japon, malgré tout des vandales l’ont mutilé, prenant 10 centimètres d’écorce de chaque côté…

Le Tāne Mahuta – le maître de la forêt en langue maori – vit en Nouvelle Zélande. Âgé d’entre 1250 et 2500 ans, il est considéré par la légende comme le fils du ciel-père et de la terre-mère…

Kongeegen signifie le « roi-chêne » en danois. Il a 1500-2000 ans et vit sur l’île de Sjælland.

L’olivier de Vouves vit en Crète. Il a entre 2000 et 4000 ans, et ses olives sont toujours localement appréciés…

Pour finir cette première série, voici le vieux Tjikko, un épicéa commun vieux de 9 550 ans et qui vit tout seul dans une montagne au centre de la Suède.

Des nouvelles de Victor et Kellie

Voici des nouvelles de Kellie et Victor VanOrden, deux personnes arrêtées aux Etats-Unis alors qu’elles étaient en noir et avaient pénétré dans une ferme de visons. Nous avions parlé également de l’initiative de production de t-shirts de soutien.

Victor a finalement été condamné à 5 années de prison pour tentative de libération d’un animal d’un bâtiment pour animaux et cambriolage. Il devra de plus payer 8757 dollars à la ferme de visons.

Cette condamnation a été choisie par un seul juge, dans le cadre d’un accord à l’amiable à l’américaine : Victor « reconnaît » ses torts, en échange il n’y a pas de procès où il risquait automatiquement la condamnation maximale s’il était reconnu coupable.

5 années de prison pour avoir voulu libérer des animaux, cela peut donc paraître beaucoup, et ça l’est bien entendu, mais aux États-Unis la répression est très grande, et c’est 13 années que Victor VanOrden risquait de prendre comme sentence.

Rappelons ici la situation d’Eric McDavid, également aux États-Unis. Une informatrice du FBI, payée 65 000 dollars pour son travail, a monté un attentat en se procurant du matériel et en embarquant Eric McDavid dans cette histoire. Aucun attentat n’a été commis, mais Eric McDavid a été condamné à la prison pour 19 ans et 7 mois (http://www.supporteric.org)!

Pour avoir refusé de témoigner devant un « grand jury », Jordan Halliday a pris 10 mois de prison… Steve Murphy a pris 5 années de prison pour avoir saboté un tracteur et placé un engin incendiaire (http://supportsteve.org)…

Cependant, la compagne d’Eric, arrêtée avec lui, Kellie, a changé de ligne de défense : elle a annulé in extremis le même accord et elle passera donc en procès le 6 mars 2012.

Cela montre la complexité d’établir une ligne de défense, les frais que cela coûte, et surtout le fait que seule la solidarité permet d’établir un rapport de force favorable face à la répression. De la même manière que l’État condamne davantage dès qu’il s’agit d’une certaine rébellion sociale, il est obligé de reculer (tactiquement) si vraiment la pression populaire devient trop grande.

Voici l’adresse Victor, mais nous préciserons les modalités d’envoi, car l’adresse de l’envoyeur doit être complète, il faut passer par la poste américaine, etc. bref des complications que nous expliquerons.

Victor VanOrden
Woodbury County Jail
P.O. Box 3083
Sioux City, IA 51102
USA

Et jusque début mars, il faut parler de la situation de Kellie, afin que l’Etat américain ne puisse pas faire d’elle ce qu’il veut!

7 février 2012 : Verdict du procès du 31 janvier et audience pour 4 autres prévenu-e-s

Voici un important appel à la solidarité, qui souligne en passant la répression éhontée de l’Etat qui n’hésite pas à « construire » ses accusations!

7 février 2012 : Verdict du procès du 31 janvier Audience pour 4 autres prévenu-e-s.

http://valognesstopcastor.noblogs.org/977

Après le rendez-vous du 31 janvier, retrouvons-nous à nouveau le mardi 7 février 2012 à 9h à Cherbourg pour soutenir les personnes poursuivies.

Le 23 novembre dernier, une action massive contre le train de déchets nucléaires “CASTOR” a permis d’imposer ce qu’on peut appeler pudiquement des “interférences” dans les plans bien huilés d’Areva, et la communication lénifiante de l’Etat. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu des centaines de personnes s’attaquer directement à l’un des maillons de l’industrie nucléaire, usant pour cela de tous les moyens nécessaires.

L’affront ne pouvait rester impuni malgré des flics trop débordés ce jour-là pour pouvoir identifier l’auteur de quoi que ce soit.

Nous connaîtrons ce 7 février la capacité (ou l’incapacité) de la justice à résister à cette volonté de répression du parquet dont les réquisitions contre des délits fumeux sont insensées au regard du dossier vide, tout comme l’amende de 300 € réclamée pour le vol de 9 canettes de soda restituées en l’état est ridicule.

Suivront les audiences concernant les quatres autres militant-e-s poursuivies, dont trois n’ont même pas participé à la manifaction du 23 novembre 2011, ayant été arrêtés pour détentions d’armes de 6ème catégorie (un opinel tout de même!) dans des voitures avant même d’être arrivés au rassemblement. Quant à la vague intrusion sur les voies de la quatrième prévenue, elle ne serait jamais advenue si les gendarmes mobiles n’y avaient pas détenu la camarade pendant des heures.

Les lourdes réquisitions du parquet lors du premier procès tendent à transformer l’éclat de rire suscité par le ridicule des poursuites, en une grimace de colère face à la volonté affichée de réprimer des boucs émissaires de l’incompétence des forces de l’ordre dans la brume et le bocage.

Nous qui étions à Valognes le 23 novembre savons bien que ce que nous avons fait ce jour-là est en fait le minimum de ce que nous devons à Areva et aux nucléocrates, et que ce n’est que le début du règlement des comptes. Il importe au plus haut point, dans le souci des développements futurs, de ne laisser personne sur le bord du chemin. Il est crucial de continuer à soutenir les 6 personnes inculpées.

Nous vous invitons donc à revenir devant le tribunal de grande instance de Cherbourg (15, rue des Tribunaux) ce mardi matin 7 février à partir de 9h.

Comme ce fut le cas mardi dernier à Bordeaux, Limoges et Rouen (et peut-être ailleurs encore), si vous ne pouvez pas venir ce jour-là, placez des banderoles sur les gares, devant les tribunaux ou chez les nucléaristes de chez vous, faites des inscriptions, marquez votre solidarité.

N’hésitez surtout pas à faire savoir autour de vous que, nos caisses n’étant pas bien pleines, il nous reste à trouver de l’argent pour couvrir toutes les suites judiciaires de Valognes, ou contribuez directement par chèque à l’ordre de :

APSAJ-Valognes

Association Pour la Solidarité et l’Aide Juridique

6 cours des Alliés, 35000 Rennes

IBAN : FR76 4255 9000 5541 0200 1473 207

CODE BIC : CCOPFRPPXXX

A tout de suite, une fois encore,

Le collectif Valognes Stop Castor

http://valognesstopcastor.noblogs.org/

valognesstopcastor@riseup.net

Le Roman de la rose

Le « Roman de la rose » est le plus important ouvrage en langue française du Moyen-Âge ; son influence est énorme sur la culture française mais aussi en Europe, et notamment en Angleterre.

Ce pavé de 22 000 vers octosyllabiques, reproduit manuellement à des centaines d’exemplaires (il date du 13ème siècle), est une expression majeure de l’assimilation de la rose à la femme, avec en arrière-plan la figure du « jardin secret », que le héros tente d’atteindre et qui est symbole de l’érotisme, de la Vierge Marie, de la religion et du paradis.

L’ouvrage a été composé en deux parties, avec au départ un peu plus de 4000 vers écrit par Guillaume de Lorris en 1237 et expliquant ce principe de la Rose, de la quête de la femme, de l’esprit sentimental et au service de l’amour.

Le héros de l’histoire parvient en effet à un jardin secret où l’amour participe à une fête, il découvre la rose qui le fascine, et frappé par l’amour on lui enseigne les devoirs de l’amoureux. Il apprend qu’il est aidé de Bel-Accueil alors que Raison lui donne des conseils de prudence.

Mais il doit affronter Malebouche (mauvaise réputation), Peur, Honte et surtout Dangier, qui représente le pouvoir au sens du puissant qui menace les amoureux. A la fin de l’histoire, le héros parvient à embrasser la rose, mais Jalousie intervient et construit une forteresse autour de celle-ci, Bel-Accueil étant enfermé dans le donjon !

La seconde partie, bien plus longue (18000 vers), a été écrite par Jean de Meung une quarantaine d’années après la première partie, et est plus prétexte à des réflexions, des spéculations théologiques.

Il est intéressant de voir que le Roman de la rose soit à la fois si connu et si peu connu, alors que c’est l’oeuvre majeure du Moyen-Âge de ce qui deviendra la France. Il y a en effet beaucoup de réflexions à tirer de cette œuvre, qui pose le rapport à la nature, à l’amour sous sa forme « naturelle. » Avec le Roman de la rose, on est très loin de la démarche cartésienne, rationnelle, qui prédominera par la suite !

Voici un extrait.

XXIX

Comment Vénus l’ardente dame, 3605
Plus que nul aida de sa flamme
L’Amant, tant qu’il alla baiser
La Rose et ses maux apaiser.

Bel-Accueil, quand il sentit prendre
En lui le feu, sans plus attendre,
D’un baiser m’octroya le don.
Tant fit Vénus et son brandon
Qu’il n’osa faire résistance.
Lors vers la Rose je m’élance
Cueillir le savoureux baiser.
Quel bonheur, vous devez penser!
Soudain un doux parfum m’inonde
Dissipant ma douleur profonde,
Et adoucit le mal d’aimer
Qui tant me soulait être amer.
Onques tant ne me sentis d’aise,
Moult guérit qui telle fleur baise
Si suave et qui si bon sent.
Je ne serai plus si dolent,
Il suffira qu’il m’en souvienne
Et de joie aurai l’âme pleine!
Et pourtant j’ai bien des ennuis
Soufferts et de bien tristes nuits
Depuis que j’ai baisé la Rose!
Jamais tant la mer ne repose
Que ne la trouble un peu de vent.
Amour aussi change souvent;
Il blesse et guérit en une heure,
En un point guère ne demeure.

Voici le texte dans sa version originale.

XXIX

Comment l’ardent brandon Venus 3597
Aida à l’Amant plus que nus,
Tant que la Rose ala baiser,
Por mieulx son amours apaiser.

Bel-Acueil, qui sentit l’aïer
Du brandon, sans plus delaier
M’otroia ung baisier en dons,
Tant fist Venus et ses brandons:
Onques n’i ot plus demoré.
Ung baisier dous et savoré
Ai pris de la Rose erraument;
Se j’oi joie nus nel’ dement:
Car une odor m’entra où cors,
Qui en a trait la dolor fors,
Et adoucit les maus d’amer
Qui me soloient estre amer.
Onques mès ne fu si aése,
Moult est garis qui tel flor bese,
Qui est si sade et bien olent.
Ge ne serai jà si dolent,
S’il m’en sovient, que ge ne soie
Tous plains de solas et de joie;
Et neporquant j’ai mains anuis
Soffers et maintes males nuis,
Puis que j’oi la Rose baisie:
La mer n’iert jà si apaisie,
Qu’el ne soit troble à poi de vent;
Amors si se change sovent.
Il oint une hore, et autre point,
Amors n’est gaires en ung point.

Exemple d’aide médiatique à l’exploitation animale

On sait à quel point l’écologie est devenue un thème « à la mode » repris n’importe comment par n’importe qui; en voici un exemple concret. Sur Le Monde, on peut lire un article intitulé « Insectes, algues et viande artificielle vont-ils nourrir la planète ? ».

En commentaire, on peut lire cela (avec la réponse de l’auteur):

ça me rappelle cet excellent papier publié la semaine dernière ;)

http://www.zegreenweb.com/sinformer/des-algues-aux-insectes-plusieurs-solutions-ecologiques-pour-nourrir-la-planete,47007

Et oui sur Zegreenweb, il y a un article intitulé « Des algues aux insectes, plusieurs solutions écologiques pour nourrir la planète », et les deux articles sont en fait pompés sur un article du journal anglais the Guardian. C’est très naïf de l’avoir avoué en réponse à un commentaire, et cela en dit long: à l’heure de l’internet massif, les pseudos idées écolos sont lancées et récupérées n’importe comment, et ce à l’échelle internationale.

Elles ont toutes en commun le principe de vouloir trouver une solution pour que « tout continue comme avant ». Il s’agit d’une idéologie, portée par une machine de guerre médiatique. Elle vise à pérenniser l’exploitation animale pour un prochain cycle de destruction, pour détruire la planète vraiment jusqu’au bout…

Et cela en faisant semblant de se préoccuper du sort de l’humanité! Alors que c’est pour le profit, en profitant de l’exploitation!

Voici l’article du monde:

Insectes, algues et viande artificielle vont-ils nourrir la planète ?

La Terre pourra-t-elle nourrir 9 milliards d’êtres humains en 2050 ? Alors que la démographie ne cesse d’augmenter, cette question taraude tant les scientifiques que les économistes et hommes politiques. Selon l’ONU, nous devrons presque doubler notre production alimentaire, adopter de nouvelles technologies et éviter le gaspillage.

Malgré tout, la tâche semble malaisée : un milliard de personnes souffrent déjà de faim chronique, il reste peu de terres vierges à découvrir, les océans sont déjà surexploités, la planète fait face à une pénurie croissante d’eau et le changement climatique rendra l’agriculture plus difficile. Mais utiliser les terres et l’eau autrement reste possible. Voici un tour d’horizon de la nourriture que nous pourrions trouver dans nos assiettes dans quarante ans.

Les algues. Comment libérer d’énormes quantités de terres agricoles pour produire davantage de nourriture ? La réponse passe d’abord par des fermes d’algues. Ces organismes unicellulaires simples peuvent en effet se développer très rapidement et en grande quantité à la fois en mer mais aussi dans des eaux polluées ou dans des endroits dans lesquels ne survivrait aucune culture classique.

Surtout, les algues peuvent être utilisées pour l’alimentation humaine — très courant au Japon et en Chine —, pour l’alimentation animale, comme engrais ou surtout comme biocarburant. Selon les scientifiques, que citent le Guardian, les algues peuvent produire 15 à 30 fois plus d’huile que le maïs et le soja. Elles permettraient donc d’économiser des millions d’hectares de terres (et des milliards de litres d’eau d’irrigation) qui seraient destinés à l’alimentation humaine et non plus à faire rouler nos voitures.

Les insectes. Criquets, sauterelles, araignées, guêpes, vers, fourmis et autres coléoptères ne sont pas encore rentrés dans les menus européens ou américains, mais près de 1 400 de ces espèces sont consommées à travers l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie. Avec la hausse des prix alimentaires et la pénurie de terres dans le monde entier, il ne s’agit peut-être que d’une question de temps avant que les fermes d’insectes essaiment en Europe, estiment des chercheurs dans le Guardian.

Car les insectes sont non seulement bons pour la santé — riches en protéines, en calcium et en fer et faibles en graisses — mais aussi ils requièrent peu d’espace. Sans oublier que les petites bêtes émettent nettement moins de gaz à effet de serre que les grosses.

« Malgré tout, on aura une très forte résistance culturelle en Occident. Les habitudes alimentaires se modifient très lentement », prévient Catherine Esnouf, directrice scientifique adjointe alimentation à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et coordinatrice de l’ouvrage Pour une alimentation durable. C’est pourquoi une équipe de chercheurs hollandais travaille à la constitution de plats réalisés à partir de protéines d’insectes mais sans en prendre la forme. L’Union européenne va par ailleurs débloquer un financement de 2,4 millions d’euros en 2012 pour promouvoir l’utilisation d’insectes dans les cuisines, et a demandé aux agences de sécurité alimentaire d’enquêter sur leur potentiel nourrissant.

La viande artificielle. Elle ressemblerait à de la viande, sentirait comme de la viande et serait de la viande, sans toutefois provenir d’un animal vivant. La viande artificielle, qui fait l’objet de recherche depuis une dizaine d’années, pourrait être issue du développement en laboratoire de cellules souches de poulet, bœuf ou porc, comme on le fait déjà pour fabriquer de la bière ou des yaourts.

Selon une étude des universités d’Oxford et d’Amsterdam, la viande in vitro réduirait de 96 % les émissions de gaz à effet de serre entraînées par l’élevage. Sa production exigerait par ailleurs entre 7 et 45 % moins d’énergie que celle de la viande produite de manière conventionnelle. Enfin, la viande en boîte n’aurait besoin que d’1 % des terres et de 4 % de l’eau actuellement dévolues au bétail. Car aujourd’hui, 70 % des terres agricoles sont consacrées à l’élevage du bétail et la culture de sa nourriture. Or, la consommation de viande ne cesse d’augmenter. En vingt-cinq ans, elle est ainsi passée de 30 kg à 41,2 kg par habitant, selon la FAO. Et la production va continuer de grimper, tirée par la consommation des pays émergents comme la Chine et l’Inde.

Certains scientifiques restent toutefois sceptiques. Selon eux, arriver à une production massive de viande par ce procédé entraînerait des coûts exorbitants et nécessiterait d’énormes quantités d’hormones pour favoriser la croissance et d’antibiotiques pour éviter les contaminations.

Les nouvelles cultures. Au-delà de ces nouveaux aliments, les pays vont surtout devoir adopter un meilleur équilibre entre protéines animales et végétales. « La consommation de viande pratiquée actuellement par les pays développés n’est pas soutenable au niveau de la planète. Elle doit être diminuée de moitié pour que les pays en développement disposent des ressources nécessaires », estime Catherine Esnouf.

Légumes secs, céréales, lentilles — riches en fibres, minéraux, protéines et vitamines — devraient donc prendre plus de place dans notre assiette. « La sélection génétique nous permettra d’améliorer le goût et la digestion de ces aliments, pour concurrencer les produits animaux. On trouve par ailleurs déjà des préparations variées à base de végétaux, qui pourraient permettre d’attirer les consommateurs », ajoute Catherine Esnouf.

Voici l’article de zegreenweb:

Des algues aux insectes, plusieurs solutions écologiques pour nourrir la planète

Alors que la planète a officiellement atteint les 7 milliards d’habitants en octobre dernier, une question se fait de plus en plus pressante : comment peut-on répondre aux besoins alimentaires d’une population grandissante ? Comment nourrir 2,5 milliards de bouches supplémentaires à l’horizon 2050, sachant que déjà plus d’un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde ?

Une grande partie de la solution résiderait dans les algues, qui ont le triple avantage de pousser facilement, vite et en grandes quantités, en plus d’offrir plusieurs possibilités d’exploitation. Elles peuvent ainsi servir de fertilisant, de nourriture pour animaux et, on l’a évoqué, sont de plus en plus utilisées dans la production de biocarburants.

Selon les scientifiques, les algues peuvent produire 15 à 30 fois plus d’essence que le maïs et le soja. Il serait donc judicieux de cesser de « gâcher » les cultures agricoles dans la production de bioéthanol et de privilégier la production d’essences alternatives à base d’algues… Pareil basculement permettrait de surcroît d’économiser des milliards de litres d’eau chaque année. Rappelons en outre que les algues sont également répandues dans la gastronomie, en salade et dans les fameux makis notamment. Dès lors, pourquoi ne pas les envisager comme variantes à la frisée ou à la mâche ?

Ensuite, et même si cette idée a beau en révulser plus d’un, envisager une alimentation à base d’insectes s’avèrera sans doute nécessaire au fil des années. S’ils ne sont guère appréciés des Occidentaux, de nombreuses populations en Afrique, en Asie et en Amérique Latine se nourrissent toutefois – et ce depuis toujours – d’au moins 1 400 espèces d’insectes différentes, souligne M. Vidal. En plus d’être bons pour la santé, car riches en protéines, en calcium, en fer et faibles en matières grasses et en cholestérol, les insectes ont l’atout pratique de ne requérir que peu d’espace. Sans oublier que les petites bêtes émettent nettement moins de gaz à effet de serre (GES) que les grosses.

De son côté, le dénommé Zhikang Li a développé un « super riz vert », une nouvelle variété obtenue non pas par modification génétique mais en croisant pas moins de 250 variétés différentes. Celle-ci produit beaucoup plus de graines tout en étant plus résistante à la sécheresse, aux inondations, aux insectes nuisibles et aux maladies. A condition bien sûr d’être autorisé à la commercialisation, ce « super riz vert » pourrait nourrir jusqu’à 100 millions de personnes supplémentaires en Asie. De quoi inciter à étudier de nouvelles techniques de croisement génétique sur d’autres cultures.

S’il est une expérience scientifique dont on a beaucoup plus parlé ces dernières années, c’est bien celle de la viande artificielle. Si on est encore loin de voir des filets de bœuf ou des escalopes de poulet conçus en laboratoire surgir dans nos assiettes, le fait est que la recherche avance, petit à petit. Les premiers morceaux de viande « cultivés » à partir de cellules souches pourraient même faire leur apparition l’an prochain. Bien qu’ils devraient, dans un premier temps en tout cas, n’avoir aucun goût.

Enfin, en termes de surface exploitable, diverses technologies sont actuellement à l’étude afin de développer un moyen de cultiver de la nourriture dans les contrées les plus arides. Un inventeur britannique a notamment mis au point une vaste serre pour permettre un déploiement de l’agriculture dans les déserts. De même, une « Grande Muraille Verte » est en train de s’ériger en Afrique  afin de lutter contre la désertification.

Au vu de l’augmentation perpétuelle de la population mondiale, du réchauffement climatique et des conséquences attendues de la hausse des températures globales sur l’agriculture ainsi que sur les réserves en eau, au vu de l’appauvrissement des réserves halieutiques mondiales, il est grand temps d’envisager des solutions durables pour l’alimentation de demain. Il est donc encourageant de voir de telles alternatives étudiées ici et là, en espérant bien sûr qu’elles seront rapidement mises en pratique une fois leur faisabilité avérée…

Quand la Nature prend l’escalier

Quand nous disons que la Terre doit redevenir bleue et verte, nous ne voulons pas simplement dire que l’humanité doit reculer et vivre dans une zone à l’écart. Cela n’aurait pas de sens car l’humanité serait alors encore en conflit avec la Nature et vivrait en dehors de Gaïa.

Ce qu’il faut, c’est que les villes disparaissent, pas forcément en éparpillant des maisons individuelles (ce qui n’aurait rien d’écologique notamment), mais en aménageant totalement différemment les endroits où vivent les humains. Cela demande bien sûr d’avoir des idées !

En voici une très simple, mais à laquelle il fallait penser : mettre un petit jardin dans un escalier. Quand on pense à un escalier, on pense immédiatement à quelque chose de forcément symétrique, sans place pour la nature. Les photos ici montrent qu’on peut dépasser cela. Ce jardin a malheureusement été temporaire, il n’est resté que peu de temps à Bilbao en 2009, lors d’un projet réalisé par les architectes Balmori.

Bien sûr, le principe de mettre un jardin en parallèle à un escalier n’est pas quelque chose de nouveau. On a notamment la Scalinata de la place d’Espagne à Rome.

Mais ce qui semble ici plus intéressant, c’est que le jardin à Bilbao n’est pas là que pour agrémenter : il est une présence de la Nature aussi. En tout cas, il y a une réflexion à faire ici !

La propagande anti-animaux de « VDM »

Viedemerde.fr consiste en un assemblage de courtes histoires, censées être vraies et témoignant du caractère « merdique » de la vie quotidienne. Voici des exemples tirés du top du classement (et même des premières places) :

Aujourd’hui, je suis dans ma 45e année et je suis toujours puceau. VDM

Aujourd’hui, après une longue série d’examens, j’apprends que je suis stérile. Ma femme est enceinte de notre deuxième enfant. Je pense que je vais avoir des questions à lui poser… VDM

Aujourd’hui, l’agent immobilier est venu pour faire visiter ma maison. Il a ouvert ma chambre et j’étais en train de me branler. VDM

On voit tout de suite le niveau. Et cette dynamique de « microblog » populiste et mensongère a un grand succès : c’est l’un des sites les plus visités en France, notamment avec une application pour téléphones portables ; il y a désormais des versions en anglais, en espagnol, etc.

Mais si malheureusement cela doit nous intéresser, au-delà de la dimension anecdotique, c’est qu’il y a peu de catégories, et que pourtant il y en a une appelée « Animaux. »

Et elle pose un véritable problème, de par ce qu’elle véhicule.

C’est en effet sordide, infâme, anti-animaux. Les animaux – le plus souvent « de compagnie » bien entendu – sont présentés comme source d’ennui, cause à problèmes, etc.

Systématiquement les points de vue sont masculins ; quand des femmes s’expriment, cela ne va souvent pas contre les animaux (sauf en ce qui concerne les insectes, notamment). Voici deux exemples :

Aujourd’hui, avec ma copine, on a dormi par terre à côté du lit. Effectivement, elle refusait de réveiller son chien qui était « trooooop mignooooooon » à dormir sur le lit en prenant toute la place. VDM

Aujourd’hui, j’ai voulu faire plaisir à mon chat en lui achetant une souris en peluche. Le problème, c’est la réaction de mon mari quand il l’a vue. Il a passé cinq minutes à taper sur le pauvre jouet qu’il pensait vivant en hurlant : « Meurs, sale bête, meurs ! » VDM

Les hommes expriment ici une énorme brutalité, une capacité à ne pas réfléchir qui est bluffante. Bien entendu, le patriarcat n’est pas la seule source de l’exploitation animale. Et cela n’empêche pas bien sûr que des femmes assument cette même démarche. Mais il est facile de voir que les hommes considèrent que s’occuper des animaux est une sorte de corvée, que la compassion est une perte de temps, une « faiblesse. »

Aimer les animaux est inconcevable, car c’est ici s’attarder sur le faible : c’est la logique du social-darwinisme.

Voici quelques exemples, qui traitent de la mort d’un animal, mort tournée en dérision, présentée comme un « emmerdement » :

Aujourd’hui, au moment où j’ouvre mes volets, je suis témoin d’un accident : un chat se fait écraser. Le conducteur ouvre sa fenêtre et me lance en redémarrant : « Je vous laisse vous en occuper ! » VDM

Aujourd’hui, mon chat est mort dans un accident de la route. Le chauffard ? Arthur, mon petit frère, sur son tricycle. VDM

Aujourd’hui, je me suis fait opérer des dents de sagesse et mon hamster est mort. Mes joues ont naturellement beaucoup gonflé et, pour ma petite sœur, je suis donc sa réincarnation. VDM

Même pour la vie quotidienne, les animaux sont présentés comme cause d’ennui ; leur réalité est niée, leur souffrance n’est pas prise en considération, etc. :

Aujourd’hui, vous connaissez « Paf le chien » ? Maintenant, il y a son concurrent « Plouf le chat », qui a voulu tester la température de l’eau de mon bain pendant que j’étais dedans. Apparemment, c’était trop chaud pour lui. J’ai mal. VDM

Aujourd’hui, ma fille me crie que notre chien a fait la grosse commission sur le canapé. Étant donné qu’elle m’a déjà fait trois fois le coup de la crotte en plastique, je décide de ramasser la chose à pleine main. C’était une vraie. VDM

Aujourd’hui, j’ai fait ma valise et je suis parti à l’aéroport. En passant mon bagage au scanner, j’ai appris que mon chat était là, lui aussi. VDM

D’ailleurs, même quand ils ne font rien, ils seraient un « problème », la preuve d’un « échec » :

Aujourd’hui, nous sommes le 31 décembre et il est 22 h 20. Je fais la bise à mon chat et vais me coucher. J’ai loupé l’avion pour faire la fête avec mes amis en Angleterre. Mon chat est content. VDM

Aujourd’hui, je rentre d’Angleterre pour Noël. Je dois alors prendre le bus, puis le train, puis le taxi, puis le bateau pendant huit heures, puis le train, puis le métro, puis le train, puis le bus. Pourquoi ? Je voyage avec ma lapine, qui n’est pas acceptée dans l’Eurostar et est trop fragile pour prendre l’avion. VDM

Toute compassion est proscrite :

Aujourd’hui, il fait très beau mais, alors que je double un camion en moto, je sens des gouttes dans mon cou et je les vois sur ma visière. Non, ce n’est pas du produit lave-glace, ça vient du camion de transport de bétail et c’est bien une vache qui se soulage… VDM

Aujourd’hui, dans le bus, une femme âgée avec un grand sac poubelle s’assied à côté de moi. Dans le sac, Chabi, son caniche, mort, qu’elle emmène se faire incinérer. J’ai dû passer quinze minutes à écouter la vie de Chabi. Au bout d’un moment, elle ouvre le sac pour me montrer l’animal. Chabi pue. VDM

Aujourd’hui, je vis en Guadeloupe et j’ai découvert un tout nouveau concept de ventilateur doté d’une lumière qui attire les moustiques pour qu’ils finissent broyés par les pales. Très efficace contre les moustiques, en effet. Le problème : c’est aussi très efficace contre les chauves-souris. VDM

Aujourd’hui, chargée de garder le vieux chien de ma voisine, je le retrouve mort dans le salon. Paniquée, j’appelle la voisine pour savoir quoi faire. Le chien est donc emballé au fond du congélateur dans un sac Décathlon sur lequel est marqué : « À fond la forme ! » VDM

Aujourd’hui, alors que mon chat hurlait à la mort dans le train, j’ai décidé d’ouvrir sa cage pour qu’il vienne sur mes genoux. Et effectivement, il s’est précipité sur moi. Pour lâcher une diarrhée aussi explosive que malodorante. VDM

Ces exemples minables sont suffisants, mais prenons en un dernier pour montrer le fond du problème :

Aujourd’hui, je surprends mon chat dans l’évier. Pour lui passer l’envie de recommencer, j’ouvre le robinet. Me voilà maintenant avec un chat dans l’évier, qui en plus tente d’ouvrir l’arrivée d’eau. VDM

Bien souvent, les chats refusent l’eau dans un bol : ils se méfient de l’eau stagnante, qui croupit donc et est impropre à la consommation. Deux solutions existent ici : ouvrir le robinet quand il en a envie, installer une fontaine à chat.

Dans le dernier exemple, on voit bien que la personne est horrible et nie l’existence du chat, censé être un simple « jouet. » Le pauvre chat a soif, mais la personne fait des manières dignes de l’ancienne aristocratie ou de la bourgeoisie, et refuse qu’un chat aille sur l’évier ! Et en plus elle s’étonne que le chat veut que l’eau coule…

La négation de la réalité, des êtres vivants en ce qu’ils existent : voilà bien qui témoigne de l’idéologie de domination!