La situation des chats et des chiens en Algérie

La question de la libération animale est universelle et le 21e siècle assumera celle-ci de manière complète: c’est inévitable. Cela se fera malgré toutes les tentatives de freiner cela au moyen du « réformisme » ou bien du racisme. La cause est mondiale et totale!

Voici comme nouvelle illustration un article algérien, qu’on peut certainement qualifier d’historique, puisqu’il formule un point de vue réaliste et incisif, posant un constat cinglant. Cela ne doit être évidemment nullement prétexte au racisme, surtout qu’en France l’hypocrisie règne sur la question animale. Au contraire, il s’agit de voir que la question se pose à l’échelle de l’humanité toute entière!

Voici l’article d’El Watan, qui ne peut que marquer les esprits.

Torturés par les enfants, écrasés par les automobilistes
L’Algérien, le meilleur «ennemi» des animaux !

Maltraités, brutalisés, brûlés et écrasés. Chaque jour, des chiens et des chats sont victimes de comportements monstrueux de la part de certains humains, bipèdes sans état d’âme et sans scrupules envers des créatures sans défense.

Errants ou abandonnés par leurs maîtres, ces animaux font souvent les frais de véritables meutes de gamins qui s’échinent à les martyriser, quand ils ne sont pas carrément damés sur le bitume, broyés sous les pneus des automobiles et des poids lourds dans l’indifférence totale.

Appelons un chat, un chat. Le mal est profond. En Algérie, la cruauté de certains individus est ahurissante.

Tellement ahurissante qu’il est réellement peu fréquent de trouver des personnes soucieuses du bien être des animaux, ces créatures de Dieu, et veillent à leur protection et leur quiétude.

En règle générale, ces animaux sont bastonnés, pourchassés à coups de cailloux, suspendus aux arbres avec des cordes ou brûlés, sans que cela n’émeuve, ni n’alerte une bonne partie de la société, atteinte d’une inertie et d’un renoncement effarants.  La liste des exactions est, hélas, longue et digne des pires tortionnaires.

Au cours du mois de février de l’année en cours, un chien a failli connaitre un sort funeste au niveau de la gare routière d’El Khroub. Il a été torturé par un groupe de jeunes lesquels l’ont, non seulement brûlé, mais ils ont également tenté de l’égorger !

Il a échappé, par miracle, à ses agresseurs et se trouve à l’heure actuelle en convalescence au sein de l’institut des sciences vétérinaires de cette commune. Un autre chien a eu, quant à lui, la queue sectionnée à vif. Des agissements cruels et monstrueux  !

Des cas parmi tant d’autres. Ces faits abominables nous ont été confiés par Mme Haroun Samira, présidente de l’association de protection des animaux de la commune d’El Khroub, fraîchement agréée.

«Nous ne sommes pas des sentimentaux »

Sale temps pour les animaux dans notre pays ! Vivants ou morts, les supplices que leurs font subir certains «humains» dépassent souvent l’entendement.

Que dire justement des chiens et des chats dont les cadavres gisent sur la voie publique sans que les chauffards qui les ont renversés ne soient inquiétés ? N’y a-t-il plus rien à faire pour ces animaux abandonnés sur le bitume?

Personne pour les arracher au trafic ininterrompu des centaines de quatre roues qui passent et repassent sur leur dépouille jusqu’à la putréfaction?

De l’avis du responsable de la commission environnement de l’APC de Constantine, «le citoyen algérien est ainsi fait, il n’est pas sentimental envers les animaux comme les étrangers». Il faut donc croire que nous serions dépourvus du gène de la «h’nana», au grand dam de ces pauvres bêtes !

Une brigade de ramassage des services d’hygiène est certes censée s’occuper des animaux morts sur les routes, mais cette opération reste vraiment rarissime, puisque les dépouilles de chats et de chiens demeurent sur le lieu de la collision… indéfiniment.  Le ramassage et l’enterrement éventuels dont ils sont censés « bénéficier » au niveau de la décharge municipale du 13e kilomètre, relèvent bien entendu de la pure théorie.

Il existe pourtant un numéro de téléphone par le biais duquel il est possible de signaler la dépouille d’un animal sur les axes routiers de la wilaya de Constantine, mais les citoyens ignorent son existence (Téléphone de la brigade de ramassage des services d’hygiène de Constantine :   031 66 39 66).

Cela étant, l’on apprendra qu’une fourrière pour animaux errants et domestiques, située au quartier Emir Abdelkader de Constantine devrait bientôt voir le jour. L’objectif, nous dit-on, est de débarrasser la ville du vieux Rocher des animaux errants d’ici… 2015, pour que «les touristes qui participeront à la manifestation Constantine capitale de la culture arabe en 2015 ne croiseront pas ces bêtes quand ils visiteront la ville». Pour ce faire, une brigade de ramassage spéciale sera mise à contribution.

«Adoptés » par une chatte

La maltraitance des animaux en Algérie fait partie de certaines mœurs malsaines et incompréhensibles, boostées par l’impunité et le laxisme des autorités compétentes.

Fort heureusement, il existe des personnes généreuses et pleines de bienveillance à l’égard des animaux.

C’est le cas de Wahid, 49 ans et père de trois enfants. Il y a trois ans, en rentrant chez lui, par une froide journée d’hiver, il trouve, blottie contre la porte de son appartement, une chatte en gestation, transie de froid et affamée.

Pris de pitié pour cette pauvre créature, Wahid lui aménage un petit nid douillet devant sa porte et l’alimente pendant plusieurs jours. Très vite ses enfants se prirent d’affection pour elle est c’est comme ainsi qu’elle finira par être «adoptée» et devenir un membre à part entière de la famille, elle est ses petits chatons. Ils ont tous été vaccinés et bénéficient d’un suivi régulier par un vétérinaire.

« En se réfugiant devant notre maison, cette chatte nous a tous adoptés », aime à le répéter Wahid à ses proches.

Une association au service des animaux :

L’association de protection des animaux de la commune d’El Khroub a été créée le 28 avril 2014 par des personnes dont le dénominateur commun est leur profonde affection pour les animaux.
Cette association est née sous l’impulsion de sa présidente, Mme Haroun Samira, ingénieur en agro-alimentaire et actuellement responsable du laboratoire de biochimie de l’institut des sciences vétérinaires.

«L’idée de créer une association m’est venue durant l’exercice de mes fonctions et au sein de mon quartier en tant que bienfaitrice envers les chats, les chiens et surtout ceux qui sont en détresse : accidentés de la voie publique, victimes de la maltraitance ou simplement malades. Grâce au bouche à oreille, le hasard des rencontres a permis l’émergence d’un groupe qui partage les mêmes valeurs et la même passion pour les animaux.» Moins d’un mois après sa naissance, cette association ambitionne de promouvoir la culture du respect et la protection des animaux,  d’apporter l’aide nécessaire aux propriétaires d’animaux en matière de conseils vétérinaires relatifs à la vaccination et la stérilisation et, enfin, de créer un refuge animalier conformes aux normes en vigueur,  destiné à l’accueil des animaux domestique abandonnés ou errants.

Le délit de cruauté puni par la loi

En Algérie, le code pénal punit le délit de cruauté envers les animaux par des peines de prisons ou des amendes. Conformément à l’article 449 de la loi 82-04 du 13 février 1982, les personnes qui exercent, publiquement ou non, de mauvais traitements envers un animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité sont passibles de payer une amende ou d’écoper d’une peine d’emprisonnement de 10 jours ou plus.

Pour Mme Haroun, «la responsabilité de ces actes cruels est tout d’abord collective, cela commence au niveau de la cellule familiale avant de s’étendre ensuite au système éducatif». Elle évoque également l’absence de programmes de protection des animaux au niveau de la direction des services agricoles et de la direction de l’éducation et insiste sur le rôle important de l’université à travers l’institut des sciences vétérinaires.

Article « Bêtes » du Dictionnaire philosophique

Voici l’article « Bêtes » écrit par Voltaire pour le Dictionnaire philosophique publié en 1764. S’appuyant sur la critique faite dès le départ de la vision « mécaniste » de Descartes,  Voltaire défend un point de vue radicalement différent des animaux, au nom de l’expérience.

BÊTES.

Quelle pitié, quelle pauvreté, d’avoir dit que les bêtes sont des machines privées de connaissance et de sentiment, qui font toujours leurs opérations de la même manière, qui n’apprennent rien, ne perfectionnent rien, etc. ?

Quoi ! cet oiseau qui fait son nid en demi-cercle quand il l’attache à un mur, qui le bâtit en quart de cercle quand il est dans un angle, et en cercle sur un arbre : cet oiseau fait tout de la même façon.

Ce chien de chasse que tu as discipliné pendant trois mois n’en sait-il pas plus au bout de ce temps qu’il n’en savait avant tes leçons ? Le serin à qui tu apprends un air le répète-t-il dans l’instant ? n’emploies-tu pas un temps considérable à l’enseigner ? n’as-tu pas vu qu’il se méprend et qu’il se corrige ?

Est-ce parce que je te parle que tu juges que j’ai du sentiment, de la mémoire, des idées ?

Eh bien ! je ne te parle pas ; tu me vois entrer chez moi l’air affligé, chercher un papier avec inquiétude, ouvrir le bureau où je me souviens de l’avoir enfermé, le trouver, le lire avec joie. Tu juges que j’ai éprouvé le sentiment de l’affliction et celui du plaisir, que j’ai de la mémoire et de la connaissance.

Porte donc le même jugement sur ce chien qui a perdu son maître, qui l’a cherché dans tous les chemins avec des cris douloureux, qui entre dans la maison, agité, inquiet, qui descend, qui monte, qui va de chambre en chambre, qui trouve enfin dans son cabinet le maître qu’il aime, et qui lui témoigne sa joie par la douceur de ses cris, par ses sauts, par ses caresses.

Des barbares saisissent ce chien, qui l’emporte si prodigieusement sur l’homme en amitié ; ils le clouent sur une table, et ils le dissèquent vivant pour te montrer les veines mésaraïques.

Tu découvres dans lui tous les mêmes organes de sentiment qui sont dans toi. Réponds-moi, machiniste, la nature a-t-elle arrangé tous les ressorts du sentiment dans cet animal afin qu’il ne sente pas ? a-t-il des nerfs pour être impassible ? Ne suppose point cette impertinente contradiction dans la nature.

Mais les maîtres de l’école demandent ce que c’est que l’âme des bêtes. Je n’entends pas cette question.

Un arbre a la faculté de recevoir dans ses fibres sa sève qui circule, de déployer les boutons de ses feuilles et de ses fruits ; me demanderez-vous ce que c’est que l’âme de cet arbre ? Il a reçu ces dons ; l’animal a reçu ceux du sentiment, de la mémoire, d’un certain nombre d’idées.

Qui a fait tous ces dons ? qui a donné toutes ces facultés ? celui qui a fait croître l’herbe des champs, et qui fait graviter la terre vers le soleil.

Les âmes des bêtes sont des formes substantielles, a dit Aristote ; et après Aristote, l’école arabe ; et après l’école arabe, l’école angélique ; et après l’école angélique, la Sorbonne ; et après la Sorbonne, personne au monde.

Les âmes des bêtes sont matérielles, crient d’autres philosophes. Ceux-là n’ont pas fait plus de fortune que les autres.

On leur a en vain demandé ce que c’est qu’une âme matérielle : il faut qu’ils conviennent que c’est de la matière qui a sensation ; mais qui lui a donné cette sensation ? c’est une âme matérielle, c’est-à-dire que c’est de la matière qui donne de la sensation à la matière ; ils ne sortent pas de ce cercle.

Écoutez d’autres bêtes raisonnant sur les bêtes : leur âme est un être spirituel qui meurt avec le corps ; mais quelle preuve en avez-vous ? quelle idée avez-vous de cet être spirituel, qui, à la vérité, a du sentiment, de la mémoire, et sa mesure d’idées et de combinaisons, mais qui ne pourra jamais savoir ce que sait un enfant de six ans ?

Sur quel fondement imaginez-vous que cet être, qui n’est pas corps, périt avec le corps ? Les plus grandes bêtes sont ceux qui ont avancé que cette âme n’est ni corps ni esprit.

Voilà un beau système. Nous ne pouvons entendre par esprit que quelque chose d’inconnu qui n’est pas corps : ainsi le système de ces messieurs revient à ceci, que l’âme des bêtes est une substance qui n’est ni corps ni quelque chose qui n’est point corps.

D’où peuvent procéder tant d’erreurs contradictoires ? de l’habitude où les hommes ont toujours été d’examiner ce qu’est une chose, avant de savoir si elle existe.

On appelle la languette, la soupape d’un soufflet, l’âme du soufflet. Qu’est-ce que cette âme ? c’est un nom que j’ai donné à cette soupape, qui baisse, laisse entrer l’air, se relève et le pousse par un tuyau, quand je fais mouvoir le soufflet.

Il n’y a point là une âme distincte de la machine. Mais qui fait mouvoir le soufflet des animaux ? Je vous l’ai déjà dit, celui qui fait mouvoir les astres. Le philosophe qui a dit : Deus est anima brutorum, avait raison ; mais il devait aller plus loin.

Taïwan : des pigeons lâchés au beau milieu de l’océan

Les pigeons sont des êtres malaimés, maltraités, exploités. Dans les villes ils sont affamés, écrasés par les voitures, chassés de leur lieu de nidification, malades, blessés, empoisonnés, le tout dans une indifférence absolument terrifiante.

Et des personnes qui prétendent « aimer » les pigeons les exploitent pour en faire des pigeons de course. La colombophilie n’est rien d’autre que l’utilisation d’un être vivant à des fins utilitaristes. Les pigeons « de course » sont élevés afin de remporter des concours, ils sont affamés avant chaque course, séparés de leur partenaire.

Un véritable entraînement forcé qui débute dès le plus jeune âge et qui ne laisse aucune chance au pigeon perdu ou au pigeon qui n’est pas assez rapide… Ce phénomène n’a pas de frontières, et voici un exemple terrifiant qui se déroule à Taïwan.

Chaque année, plus d’un million de pigeons meurt là-bas pendant les courses saisonnières, qui consistent à lâcher les pigeons en pleine mer. La première étape se trouve à 150 km des côtes, puis les pigeons sont lâchés 30 km plus loin pour finir la septième étape à 320 km des côtes!

Que ces pigeons soient lâchés en plein milieu de l’océan est complètement inouï, ils sont happés par les vents forts, ils ne peuvent se sortir de l’eau si ils tombent (et meurent donc noyés), ne peuvent pas se poser pour se reposer. Le plus souvent, moins de 1% des pigeons sort vivant de chaque étape et au vue de ces épreuves peu dépasse leur première année…

De juin à octobre 2013, les enquêteurs de l’association Peta ont infiltré le plus grand club de pigeons « de course » de Taiwan. Ils ont même pu filmer le lâcher des oiseaux en pleine mer, oiseaux qui arrivent par caisses entières de fret par dizaine de milliers ! Cette vidéo (en anglais) est visible sur cette page de Peta. On peut y voir les pigeons qui tombent dans l’eau, sans point d’appui pour re-décoller ils sont condamnés…

Les conditions de vie entre chaque course pour les pigeons font froid dans le dos : des blessures non soignées, manque de repos, lâchés en pleine mer peu importe les conditions climatiques (forte pluie, fort vent).

Seul un nombre infime de pigeons reviendra au pigeonnier, mais si un pigeon aura été jugé trop lent pour la prochaine course, il sera euthanasié pour son absence de rentabilité, les courses de colombophile peuvent rapporter une fortune : un « bon pigeon de course » peut se monnayer 100 000 dollars afin de devenir reproducteur…

Quant aux sommes mises en jeu dans les paris, cela donne un total de deux milliards de dollars…

Les pigeons qui reviennent donc vivants sont loin d’être bien lotis, reproductions à tout va, ils sont drogués afin d’être toujours de plus en plus compétitifs, certains se font enlever contre une rançon.

Pour essayer de calmer ces ardeurs, des systèmes rigoureux anti-triche, des tampons d’identité sur les ailes des oiseaux, des bagues d’identification, des photographies des plumes des oiseaux ont été mis en place. Mais tout ceci n’est que de la poudre aux yeux, des pseudo méthodes légales afin de donner bonne conscience, afin de faire croire que tout est fait dans les règles, pour le bien des pigeons.

Mais cela reste une véritable mafia, une course à l’argent, au prestige, sur le dos des animaux qui doivent satisfaire les lubies des humains sans quoi c’est la mort assurée. C’est le reflet de l’anthropocentrisme, dans toute sa dimension morbide, criminelle, mortelle!

Dialogue du chapon et de la poularde

Voici un texte qui intéressera beaucoup de gens et qui a une dimension fascinante. Écrit par Voltaire, ce tout petit conte reflète la remise en cause de l’anthropocentrisme, et notamment de sa forme religieuse, qui est née avec les Lumières,

Le combat contre les religions a alors été porté par les athées d’un côté (avec Diderot par exemple), les déistes de l’autre.

Voltaire appartenait à ces derniers. S’il ne parvenait pas comme les athées à saisir la Nature comme « grand tout », il a pu aborder cette question sous l’angle de l’empirisme, c’est-à-dire la connaissance issue de l’expérience. Et il a regardé les animaux de manière réaliste…

Pour cette raison, le « Dialogue du chapon et de la poularde », écrit en 1763, est une oeuvre qui mérite d’être connue… Ce petit conte a une approche qui va dans le bon sens, on devine qu’il faut en prolonger la logique…

Précisons ici ce que sont un chapon et une poularde, avec une définition de wikipédia (qui fait frémir d’horreur):

Un chapon est un coq de l’espèce Gallus gallus domesticus qui a été castré afin d’atteindre une plus grande tendreté et une plus grande masse. Ses pattes sont bleues, sa peau fine et nacrée.

Les testicules des volailles étant à l’intérieur du corps, il faut deux incisions pour enfoncer les doigts et arriver à les arracher avec des pinces à castrer (technique du chaponnage).

Une poularde est une jeune femelle de l’espèce Gallus gallus domesticus, c’est-à-dire une poule domestique qui n’a pas encore pondu. Elle est destinée à l’engraissement. Elle a la chair blanche et tendre au goût très fin.

Voici le conte de Voltaire.

LE CHAPON.

Eh, mon Dieu! ma poule, te voilà bien triste, qu’as-tu?

LA POULARDE.

Mon cher ami, demande-moi plutôt ce que je n’ai plus. Une maudite servante m’a prise sur ses genoux, m’a plongé une longue aiguille dans le cul, a saisi ma matrice, l’a roulée autour de l’aiguille, l’a arrachée et l’a donnée à manger à son chat. Me voilà incapable de recevoir les faveurs du chantre du jour, et de pondre.

LE CHAPON.

Hélas! ma bonne, j’ai perdu plus que vous; ils m’ont fait une opération doublement cruelle: ni vous ni moi n’aurons plus de consolation dans ce monde; ils vous ont fait poularde, et moi chapon.

La seule idée qui adoucit mon état déplorable, c’est que j’entendis ces jours passés, près de mon poulailler, raisonner deux abbés italiens à qui on avait fait le même outrage afin qu’ils pussent chanter devant le pape avec une voix plus claire. Ils disaient que les hommes avaient commencé par circoncire leurs semblables, et qu’ils finissaient par les châtrer: ils maudissaient la destinée et le genre humain.

LA POULARDE.

Quoi! c’est donc pour que nous ayons une voix plus claire qu’on nous a privés de la plus belle partie de nous-mêmes?

LE CHAPON.

Hélas! ma pauvre poularde, C’est pour nous engraisser, et pour nous rendre la chair plus délicate.

LA POULARDE.

Eh bien! quand nous serons plus gras, le seront-ils davantage?

LE CHAPON.

Oui, car ils prétendent nous manger.

LA POULARDE.

Nous manger! ah, les monstres!

LE CHAPON.

C’est leur coutume; ils nous mettent en prison pendant quelques jours, nous font avaler une pâtée dont ils ont le secret, nous crèvent les yeux pour que nous n’ayons point de distraction; enfin, le jour de la fête étant venu, ils nous arrachent les plumes, nous coupent la gorge, et nous font rôtir.

On nous apporte devant eux dans une large pièce d’argent; chacun dit de nous ce qu’il pense; on fait notre oraison funèbre: l’un dit que nous sentons la noisette; l’autre vante notre chair succulente; on loue nos cuisses, nos bras, notre croupion; et voilà notre histoire dans ce bas monde finie pour jamais.

LA POULARDE.

Quels abominables coquins! je suis prête à m’évanouir. Quoi! on m’arrachera les yeux! on me coupera le cou! je serai rôtie et mangée! Ces scélérats n’ont donc point de remords?

LE CHAPON.

Non, m’amie; les deux abbés dont je vous ai parlé disaient que les hommes n’ont jamais de remords des choses qu’ils sont dans l’usage de faire.

LA POULARDE.

La détestable engeance! Je parie qu’en nous dévorant ils se mettent encore à rire et à faire des contes plaisants, comme si de rien n’était.

LE CHAPON.

Vous l’avez deviné; mais sachez pour votre consolation (si c’en est une) que ces animaux, qui sont bipèdes comme nous, et qui sont fort au-dessous de nous, puisqu’ils n’ont point de plumes, en ont usé ainsi fort souvent avec leurs semblables.

J’ai entendu dire à mes deux abbés que tous les empereurs chrétiens et grecs ne manquaient jamais de crever les deux yeux à leurs cousins et à leurs frères; que même, dans le pays où nous sommes, il y avait eu un nommé Débonnaire qui fit arracher les yeux à son neveu Bernard.

Mais pour ce qui est de rôtir des hommes, rien n’a été plus commun parmi cette espèce. Mes deux abbés disaient qu’on en avait rôti plus de vingt mille pour de certaines opinions qu’il serait difficile à un chapon d’expliquer, et qui ne m’importent guère.

LA POULARDE.

C’était apparemment pour les manger qu’on les rôtissait.

LE CHAPON.

Je n’oserais pas l’assurer; mais je me souviens bien d’avoir entendu clairement qu’il y a bien des pays, et entre autres celui des Juifs, où les hommes se sont quelquefois mangés les uns les autres.

LA POULARDE.

Passe pour cela. Il est juste qu’une espèce si perverse se dévore elle-même, et que la terre soit purgée de cette race. Mais moi qui suis paisible, moi qui n’ai jamais fait de mal, moi qui ai même nourri ces monstres en leur donnant mes oeufs, être châtrée, aveuglée, décollée, et rôtie! Nous traite-t-on ainsi dans le reste du monde?

LE CHAPON.

Les deux abbés disent que non. Ils assurent que dans un pays nommé l’Inde, beaucoup plus grand, plus beau, plus fertile que le nôtre, les hommes ont une loi sainte qui depuis des milliers de siècles leur défend de nous manger; que même un nommé Pythagore, ayant voyagé chez ces peuples justes, avait rapporté en Europe cette loi humaine, qui fut suivie par tous ses disciples.

Ces bons abbés lisaient Porphyre le Pythagoricien, qui a écrit un beau livre contre les broches.

O le grand homme! le divin homme que ce Porphyre!

Avec quelle sagesse, quelle force, quel respect tendre pour la Divinité il prouve que nous sommes les alliés et les parents des hommes; que Dieu nous donna les mêmes organes, les mêmes sentiments, la même mémoire, le même germe inconnu d’entendement qui se développe dans nous jusqu’au point déterminé par les lois éternelles, et que ni les hommes ni nous ne passons jamais!

En effet, ma chère poularde, ne serait-ce pas un outrage à la Divinité de dire que nous avons des sens pour ne point sentir, une cervelle pour ne point penser? Cette imagination digne, à ce qu’ils disaient, d’un fou nommé Descartes, ne serait-elle pas le comble du ridicule et la vaine excuse de la barbarie?

Aussi les plus grands philosophes de l’antiquité ne nous mettaient jamais à la broche. Ils s’occupaient à tâcher d’apprendre notre langage, et de découvrir nos propriétés si supérieures à celles de l’espèce humaine.

Nous étions en sûreté avec eux comme dans l’âge d’or. Les sages ne tuent point les animaux, dit Porphyre; il n’y a que les barbares et les prêtres qui les tuent et les mangent. Il fit cet admirable livre pour convertir un de ses disciples qui s’était fait chrétien par gourmandise.

LA POULARDE.

Eh bien! dressa-t-on des autels à ce grand homme qui enseignait la vertu au genre humain, et qui sauvait la vie au genre animal?

LE CHAPON.

Non, il fut en horreur aux chrétiens qui nous mangent, et qui détestent encore aujourd’hui sa mémoire; ils disent qu’il était impie, et que ses vertus étaient fausses, attendu qu’il était païen.

LA POULARDE.

Que la gourmandise a d’affreux préjugés! J’entendais l’autre jour, dans cette espèce de grange qui est près de notre poulailler, un homme qui parlait seul devant d’autres hommes qui ne parlaient point; Il s’écriait que « Dieu avait fait un pacte avec nous et avec ces autres animaux appelés hommes; que Dieu leur avait défendu de se nourrir de notre sang et de notre chair ».

Comment peuvent-ils ajouter à cette défense positive la permission de dévorer nos membres bouillis ou rôtis? Il est impossible, quand ils nous ont coupé le cou, qu’il ne reste beaucoup de sang dans nos veines; ce sang se mêle nécessairement à notre chair; ils désobéissent donc visiblement à Dieu en nous mangeant.

De plus, n’est-ce pas un sacrilège de tuer et de dévorer des gens avec qui Dieu a fait un pacte? Ce serait un étrange traité que celui dont la seule clause serait de nous livrer à la mort. Ou notre créateur n’a point fait de pacte avec nous, ou c’est un crime de nous tuer et de nous faire cuire il n’y a pas de milieu.

LE CHAPON.

Ce n’est pas la seule contradiction qui règne chez ces monstres, nos éternels ennemis. Il y a longtemps qu’on leur reproche qu’ils ne sont d’accord en rien. Ils ne font des lois que pour les violer; et, ce qu’il y a de pis, c’est qu’ils les violent en conscience. Ils ont inventé cent subterfuges, cent sophismes pour justifier leurs transgressions.

Ils ne se servent de la pensée que pour autoriser leurs injustices, et n’emploient les paroles que pour déguiser leurs pensées.

Figure-toi que, dans le petit pays où nous vivons, il est défendu de nous manger deux jours de la semaine: ils trouvent bien moyen d’éluder la loi; d’ailleurs cette loi, qui te paraît favorable, est très barbare; elle ordonne que ces jours-là on mangera les habitants des eaux ils vont chercher des victimes au fond des mers et des rivières.

Ils dévorent des créatures dont une seule coûte souvent plus de la valeur de cent chapons: ils appellent cela jeûner, se mortifier. Enfin je ne crois pas qu’il soit possible d’imaginer une espèce plus ridicule à la fois et plus abominable, plus extravagante et plus sanguinaire.

LA POULARDE.

Eh, mon Dieu! ne vois-je pas venir ce vilain marmiton de cuisine avec son grand couteau?

LE CHAPON.

C’en est fait, m’amie, notre dernière heure est venue; recommandons notre âme à Dieu.

LA POULARDE.

Que ne puis-je donner au scélérat qui me mangera une indigestion qui le fasse crever! Mais les petits se vengent des puissants par de vains souhaits, et les puissants s’en moquent.

LE CHAPON.

Aïe! on me prend par le cou. Pardonnons à nos ennemis.

LA POULARDE.

Je ne puis; on me serre, on m’emporte. Adieu, mon cher chapon.

LE CHAPON.

Adieu, pour toute l’éternité, ma chère poularde.

Les deux « cadeaux » de Bardot

Brigitte Bardot a eu 80 ans et différents journaux en ont profité pour parler d’elle, notamment Nice Matin qui a publié une interview. Madame Figaro résume ici un point qui a son importance pour comprendre la démarche de Brigitte Bardot :

Si elle ne veut pas d’un anniversaire fastueux, Brigitte Bardot espère tout de même recevoir deux cadeaux d’une valeur inestimable. « Il s’agit de promulguer une loi excluant totalement les abattages rituels » et « de faire passer le cheval d’animal de rente à animal de compagnie ». Et d’ajouter : « Si jamais je n’ai pas réussi ces deux choses avant de tirer ma révérence, j’estime que j’aurai raté mon existence ».

Le problème de ces deux « cadeaux » est très facile à comprendre et il reflète toutes les contradictions de la protection animale qui n’assume pas le véganisme. En effet, séparer la condition de certains animaux de la condition animale en général n’a pas de sens.

La loi, qui témoigne des rapports de propriété, ne peut pas être découpée comme on le veut. Il y a une société qui a des traditions, certaines bonnes, d’autres mauvaises, et à côté de cela il y a des rapports économiques.

Brigitte Bardot a capitulé et ne compte pas tout changer, comme les réformistes en général, qui prétendent vouloir tout changer mais en fait tablent sur une évolution sur des siècles, ce qui n’a aucun sens alors que l’exploitation animale grandit chaque jour sur la planète.

Alors, elle prend deux « causes » qu’elle considère comme « réalisables », mais son choix est arbitraire, totalement arbitraire.

Demander par exemple que le cheval rejoigne les chats et les chiens ne se fonde sur aucune tradition culturelle ; des millions de gens vivent en France avec des chats et des chiens, mais pratiquement personne n’a un cheval comme « animal de compagnie ». Ici, Bardot nie tout simplement la réalité culturelle.

Ensuite, il y a cette fameuse demande d’interdiction de l’abattage rituel, argument cheval de Troie de l’extrême-droite pour refuser la libération animale, mais apparaître « progressiste » dans la question animale.

Ici, cela n’a pas de sens car Bardot « oublie » l’économie. Les entreprises de l’exploitation animale sont… des entreprises de l’exploitation animale, les règlements leur importent peu, ce qu’ils veulent c’est tuer et vendre.

L’interdiction de l’abattage rituel n’aura donc aucun impact sur l’abattage en général. L’exploitation animale peut avoir une multitude de formes. Ainsi, en Inde, les Hindous ne tuent pas « leurs » vaches ; ils la revendent à des musulmans qui les tueront. C’est totalement hypocrite et il en va exactement de même avec cette histoire d’abattage rituel.

D’ailleurs, cela fait perdre du temps avec des questions religieuses là où justement il faut parler de l’abattage en général, dans un esprit universaliste qui seul peut changer le monde (et il faut se dépêcher!).

Brigitte Bardot a raté cela, représentant une époque passée très étriquée et où la France était coupée pour ainsi dire du monde sur le plan de la question animale. Elle a contribué à mettre celle-ci en avant, mais en même temps elle a bloqué les possibilités de développement de la cause animale, en réduisant celle-ci à une posture, alors qu’il doit s’agir d’un projet de société.

C’est là le problème fondamental. Pour changer le rapport des humains aux animaux, il faut changer la société. C’est une évidence : on ne peut rien faire dans une société où les entreprises profitant de l’exploitation animale sont extrêmement puissantes et où les traditions conservatrices sont fortes et brutales.

D’une certaine manière, Brigitte Bardot a vu cela et s’est réfugiée dans une sorte de « tour d’ivoire ». Voici comment madame Figaro se moque de cela :

« J’ai fait du cinéma pour m’acheter une ferme et y mettre des animaux », tente de convaincre Brigitte. On doute qu’à la belle époque, celle où elle crevait l’écran dans Le Mépris, La Vérité ou Viva Maria !, BB rêvait déjà de couler des jours paisibles dans la campagne tropézienne entourée de félins et de canidés abandonnés.

La sincérité de Brigitte Bardot est ici remise en cause, ce qui est inévitable, car la logique de Bardot est trop contradictoire. Elle n’expose les faits que partiellement, par une lettre ouverte par-ci, une gueulante par là, et jamais sans assumer jusqu’au bout. Est-elle végétarienne ? Végétalienne ? Vegan ? Le flou prédomine. Et cela, ce n’est jamais une bonne chose.

Sarolta Ban : aider les chiens des refuges avec des images numérisées

Il est indispensable de rappeler constamment l’importance d’aider les animaux des refuges.

Aider est facile et à la portée de tout le monde, rappelons une fois de plus les diverses aides possibles : adoptions, dons financiers (même une petite somme a son importance), dons de matériel, dons de nourriture, se proposer comme famille d’accueil, aller chercher un animal en danger, faire du transport jusqu’au refuge ou jusque chez la famille d’adoption, parrainer un animal, donner un peu de son temps dans un refuge (que se soit pour laver, nourrir, sortir les animaux, ou bien s’occuper de tout ce qui est administratif ou encore faire un site web pour le refuge).

Les solutions sont là et ne manquent pas !

Si l’on a la fibre artistique et que l’on veut mettre son talent au service des animaux, des solutions existent aussi ! Tout comme l’excellente initiative américaine an Act of dog, qui peint les portraits des chiens euthanasiés dans les refuges et reverse les fonds aux refuges. Un projet merveilleux qu’il faut diffuser, soutenir et aller dans la même direction !

C’est dans cette même branche que l’artiste Sarolta Ban (Facebook) œuvre pour les chiens des refuges, avec un projet nommé Help Dogs with Images (aider les chiens avec des images). Le principe est simple : Sarolta Ban travaille à partir de véritables photos et les retouche avec Photoshop. Pour voir le travail avant/après ainsi que l’histoire de chaque chien à adopter c’est ici.

Patti

Sur chaque toile vendue, 50 $ (soit environ 37 euros) seront reversés au refuge qui abritent le chien représenté sur l’image. La plus petite impression rendue sur châssis coûte 179 euros. Pour acheter une impression, voir sur cette page.

Certes, avec environ 1/5 reversé du prix total, on pourrait se dire que c’est peu, surtout que cette initiative a une durée (très) limitée dans le temps (du 07 mars au 30 juin 2014), mais c’est une question de principe. Le tout étant de faire quelque chose pour les animaux des refuges, de s’investir pour eux.

Si les artistes pouvaient s’engager ainsi au nom des animaux, une nouvelle culture pour la libération animale pourrait se développer très facilement, mais surtout très vite, car les animaux ne peuvent plus attendre…

Jasmine

Et ce projet artistique a un minimum d’impact car Jasmine, par exemple, a trouvé un foyer suite à cette réalisation. Jasmine avait passé 4 terribles années dans un refuge de Hongrie, sans que personne ne veuille l’adopter (c’est elle qu’on voit sur la photo juste au-dessus).

Zé et Phébo

On peut apprécier ou non le travail de Sarolta Ban, mais l’idée est là : aider les animaux des refuges en les mettant en avant. Même si ce travail est de courte durée, l’on peut bien espérer que cette initiative se reproduira, que ce soit par Sarolta Ban ou bien par d’autres personnes de France, du monde entier. Que l’on se prétende artiste ou non, les animaux ont besoin de notre voix, de notre soutien, de notre aide, de notre combat.

Jober