Chasseurs : appel à la répression auprès d’Emmanuel Macron

Le Manifeste du Parti Communiste commençait en disant « Un spectre hante l’Europe » : il y a pareillement un spectre qui hante les chasseurs, celui de l’ALF.

Et les responsables des chasseurs ne fantasment pas, car ils savent très bien que l’ALF ce n’est historiquement pas un ou deux sabotages ici ou là, mais un véritable mouvement de masse, ayant entraîné en Angleterre des dizaines et des dizaines de milliers de gens.

C’est le sens de la lettre de Willy Schraen,  président de la Fédération nationale des chasseurs, à Emmanuel Macron.

Il appelle à réprimer illico presto les personnes ayant menacé les chasseurs suite à l’affaire toute récente de la chasse à courre à Picardie.

Il s’agit d’étouffer le plus rapidement possible une vague populaire… De faire vite et bien avant que l’absence de révolte anti-chasse n’apparaisse.

Il appelle également à ce que les « associations » trient le bon grain de l’ivraie et se dissocient de toute opposition radicale. Ici, Willy Schraen sait très bien en arrière-plan que L214 est farouchement anti-ALF, c’est même sa raison d’être historique, pour ainsi dire, les Cahiers antispécistes s’étant chargées de théoriser la dénonciation à l’époque.

Répression et dissociation sont censés faire le grand nettoyage, tous les espaces doivent être encadrés afin d’éviter que la libération animale n’émerge.

Le tout, au nom du « droit à la différence », les chasseurs prétendant qu’ils ne sont pas l’Etat, qu’ils ne pratiquent pas la violence, etc. La lettre en est presque risible tellement Willy Schraen tente de faire passer les chasseurs pour des martyrs.

C’est que Willy Schraen sait très bien, qu’en réalité, les chasseurs sont une partie de l’Etat, de manière non officielle bien entendu, mais ils forment un outil de conservatisme très important, avec un profond respect des « traditions », des hiérarchies locales, avec tous les notables, etc.

Virilisme et intimidation, traditions beaufs et agressivité envers tout ce qui est nouveau, les chasseurs forment un micro-univers on ne peut plus réactionnaire.

Et encore, quand on dit « inofficiel », ce n’est pas tout à fait vrai. Guy Harlé d’Ophove, le fameux président des chasseurs de l’Oise, a organisé un partenariat gendarmes-chasseurs. Des « chasseurs vigilants » épaulent désormais officiellement la gendarmerie dans le maillage du territoire…

Peut-on faire plus pétainiste, sur le plan des idées, des traditions, de la vision du monde?

Tout cela, Willy Schraen le sait très bien. Aussi est-ce non pas une lettre d’un chasseur à son président, mais d’un emmployé à son employeur, tout comme d’ailleurs d’un employeur à son employé.

Rappelons qu’Emmanuel Macron, avant les élections, s’était bien entendu produit devant la direction des chasseurs, expliquant qu’il voulait développer le « tourisme cynégétique », vouloir développer « la viande de gibier », etc.

Tous ces gens marchent main dans la main, pour que rien ne vienne troubler un consensus comme quoi tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes…

Monsieur le Président de la République,

L’actualité récente m’oblige à vous adresser ce courrier pour vous relater certains faits odieux qui se déroulent actuellement dans le département de l’Oise.

Samedi 21 octobre, un cerf a été abattu après une chasse à courre de l’Equipage La Futaie des Amis en forêt de Compiègne à la Croix St Ouen, dans le jardin d’un particulier.  Bien entendu, la chasse avait été stoppée quand l’animal s’est dirigé vers la zone habitée en périphérie de la forêt.

La suite, nous la connaissons tous : l’animal est resté bloqué dans un jardin privatif. L’équipage de vénerie souhaitait le gracier, ainsi que le code déontologique des veneurs le stipule. Le maître d’équipage souhaitait apporter son aide afin de permettre au grand cervidé de regagner la forêt, dans les meilleures conditions possibles.

Malgré de nombreux efforts pour tenter de l’extraire, son caractère agressif n’a pas permis de réaliser cette opération.

A la demande des gendarmes présents sur place, il a été demandé au maître d’équipage de le tuer, l’animal représentant un danger évident pour les personnes nombreuses présentes sur place et les biens. Une histoire banale de la vie rurale se terminait donc.

Malheureusement, des groupuscules extrémistes, prônant la violence verbale et physique pour imposer leurs idées à la société, se sont emparés médiatiquement de cette affaire.

Les insultes raciales et antisémites, les menaces de mort, l’activation de toutes les haines et de toutes les violences, à partir, notamment, des réseaux sociaux, m’oblige aujourd’hui à vous demander d’intervenir dans les plus brefs délais, pour faire cesser ces graves dérives.

En vous écrivant ces lignes, Monsieur le Président, je sais pertinemment que le même sort que les acteurs cynégétiques de l’Oise me sera réservé, à savoir que ma famille et moi-même feront l’objet de pressions et de violences par ces mêmes groupuscules et associations.

Ces gens sont connus dans notre pays depuis de nombreuses années, et sous couvert de défendre la cause animale et le véganisme, veulent imposer leur vision minoritaire à la société actuelle.

Certains sont aussi présents dans d’autres pays, qui les classent terroristes, et où ils  se sont rendus célèbres en assassinant ceux qui ne partageaient pas leur opinion. D’autres structures, n’ayant jamais caché leur opposition à la chasse, viennent de passer à la vitesse supérieure, se croyant certaines de pouvoir dorénavant agir en toute impunité.

Jamais la chasse française n’a appelé à la violence contre les gens qui la rejettent, jamais la chasse française n’a voulu imposer ses idées par les menaces ; jamais la chasse française ne s’est octroyée le droit de se prendre pour l’Etat.

Monsieur le Président, ce courrier ne relève malheureusement d’aucune banalité. Il se fait la synthèse d’une longue dérive de notre société, où les différences de penser et d’agir ne semblent plus supportables par certains.

Je vous demande de mettre un terme à tout ceci. Le racisme et la violence dont nous sommes victimes ne sont plus acceptables, et ne seront plus acceptés.

Dorénavant, les chasseurs et les ruraux ne se tairont plus ! La chasse est un droit fondamental de la République, comme le droit de cultiver ses différences dans le respect des autres.

Je suis fier d’être le président des chasseurs, parce qu’ils portent en eux les valeurs fondamentales de l’espèce humaine, et qu’ils sont, comme bien d’autres, l’avenir de notre pays.

Je vous demande de dissoudre ces réseaux et ces associations, dont font partie ceux qui incident à la haine dans notre pays, dans les plus brefs délais. Pourquoi ces mêmes associations ne condamnent-elles et ne modèrent-elles pas les propos diffusés notamment via leurs propres réseaux sociaux ?

Je vous demande également de faire entendre la voix de la justice en condamnant fermement ces agissements, et parallèlement en garantissant, au nom du droit des citoyens de la République Française, l’intégrité physique et morale des chasseurs et des ruraux à qui l’ont promet, par des centaines de messages, une mort prochaine, douloureuse et lente.

Dans le but d’étayer mes propos, je conserve à votre disposition l’intégralité de ces écrits nominatifs.

Dans l’attente d’une réaction rapide et nécessaire de l’Etat, avant que cette violence n’atteigne son paroxysme, veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma plus haute considération,

Le Président

Willy SCHRAEN