Petit retour sur les policiers français en Allemagne lors du passage du CASTOR

Il y a deux jours nous parlions des policiers français en action en Allemagne, dans le cadre de la répression contre les anti-CASTOR.

Voici le communiqué à ce sujet du Réseau Sortir du nucléaire.

Dimanche 7 novembre, lors d’une manifestation antinucléaire le long de la voie ferrée reliant Göhrdre à Karwitz en Allemagne, on a relevé la présence de policiers français aux côtés de leurs homologues allemands.

Etaient-ils là en qualité d’observateurs ? A l’évidence non, puisque certains d’entre eux ont été vus en train de brutaliser des manifestants antinucléaires opposés au stockage de déchets hautement radioactifs sur le site de Gorleben. Ou alors, peut-être ont-ils une bien curieuse interprétation du rôle d’observateurs.

Le Réseau « Sortir du nucléaire » vient de se procurer photos et témoignages de ces brutalités :
http://groupes.sortirdunucleaire.org/blogs/train-d-enfer-transport-la-hague/article/photos-de-martin-burgdorff

Après avoir réprimé violemment différentes manifestations pacifiques tout le long du transport de déchets nucléaires en France, et en particulier à Caen (Calvados), la violence de certains policiers français a donc continué en Allemagne, à plus de 500 kilomètres de nos frontières.

En Allemagne comme en France, l’état policier se fait l’auxiliaire de l’industrie nucléaire, au mépris des populations, de la santé, de l’environnement et des droits fondamentaux.

Au delà de la violence pratiquée qui semble devenir monnaie courante pour les forces de l’ordre, on peut se poser la question de la légitimité et même de la légalité de leur présence.

A quel titre sont-elles là ? Et qui paie la facture ? Le contribuable français ?

Un porte-parole du ministère de l’intérieur allemand interrogé par les journalistes allemands a déclaré :  » Nous n’avons pas demandé de fonctionnaires français donc il n’y avait pas d’intervention de policiers français ». Plus tard, il a relativisé sa déclaration et expliqué qu’il n’était pas au courant d’une telle intervention.

Selon le député allemand Hans-Christian Stroebele, et le journal TAZ (*) : « Les policiers étrangers n’ont pas le droit d’intervenir en Allemagne ». En effet, ils peuvent au plus avoir un rôle d’observateurs. Par contre s’ils sont actifs et utilisent à cette occasion la violence, il s’agit d’une violation de la loi sur les armes.

Le député ajoute que les policiers allemands présents auraient dû empêcher l’intervention de leurs homologues français. (*)

Le Réseau « Sortir du nucléaire » condamne la répression policière et demande au ministre de l’Intérieur que toute la lumière soit faite sur ces événements. Loin de nous faire taire, la violence policière renforce nos convictions : le nucléaire n’a pas sa place dans une démocratie.

(*) http://www.taz.de/1/zukunft/schwerpunkt-anti-akw/artikel/1/illegaler-einsatz-im-wendland/

400 personnes blessées en Allemagne dans la défense d’un parc

Le 30 septembre 2010, la police a attaqué très violemment l’occupation d’un parc afin de protéger les arbres, le parc devant être rasé pour que la ville de Stuttgart ait une nouvelle gare, plus grande.

Matraques, gazeuses : voilà ce qu’ont employé directement les policiers, aidés de gaz lacrymogènes et de camions propulsant de l’eau. Résultat : 400 personnes blessées.

La police elle-même a reconnu que la Croix Rouge s’est occupée de 144 personnes sur place, alors que 16 autres personnes terminaient à l’hôpital. On peut voir une petite vidéo de l’intervention policière ici.

Voici des photos de multiples rassemblements qui ont eu lieu en défense du parc et de ses arbres:

La polémique est générale en Allemagne après cette répression et la destruction du parc, car les opposants à l’extension de la gare ont mené un énorme travail. Un projet alternatif a même été monté : K21.

Voici d’ailleurs l’appel lancé en urgence sur le site des opposants:

« ALARME!

Cela commence! Venez vite dans le parc!

Protégeons les arbres! »

67.000 personnes avaient pourtant signé une pétition montrant leur opposition au projet initial et demandant un référendum local.

Alors qu’il ne fallait que 20.000 signatures… Toutefois cette demande a été saboté par l’intermédiaire de 170 réunions du conseil municipal. En conséquence, à partir de novembre 2009, des milliers de personnes ont manifesté chaque lundi. De très nombreuses initiatives parallèles ont également eu lieu.

On notera que le mouvement a également permis aux Verts d’obtenir pour la première fois la première place aux élections dans une ville de plus de 500.000 habitants (avec 25,3%).

Le 28 août 2010, 30.000 personnes ont manifesté contre le projet. Finalement, en l’absence d’un rapport de force plus conséquent, l’État a donc brisé l’occupation du parc. 253 arbres sont donc en train d’être abattus.

Sur les deux photos suivantes, on voit le campement dans le parc, ainsi que le mur autour de la zone de travaux, mur tapissé d’affiches et de feuilles de protestation.

Voici des photos du parc… et de sa destruction.

On notera qu’à la suite de la destruction du parc, des rassemblements de solidarité ont eu lieu hier dans les villes suivantes en Allemagne: Berlin, Hannovre, Magdebourg, Kiel, Düsseldorf, Mayence, Leipzig, Dresde, Erfurt, Potsdam, Freiberg, Mannheim, Aix la Chapelle, Chemnitz, Augsburg, Iéna, Munich, Lunebourg et Wuppertal.

Cela rappelle à quel point en France l’écologie a un faible écho et un faible niveau par rapport à l’Allemagne, ou d’autres pays… Et à quel point il y a la responsabilité de changer cette situation!