« No Spiritual Surrender »

Nous sommes en 1990 et le groupe Inside Out, qui existe depuis deux ans, sort un mini-album, tiré à 5000 exemplaires, à l’époque en vinyl (4000 en noir comme c’est l’usage, 1000 en bleu). Ce sera la seule réalisation du groupe.

« No spiritual surrender » contient quatre titres et le chanteur a vingt ans : c’est Zack de La Rocha. Deux ans plus tard sortira le premier album de Rage against the machine, son nouveau groupe, dont le nom vient d’une chanson d’Inside out.

Le guitariste, Vic DiCara, âgé de vingt ans lui aussi, a en fait quitté le groupe, pour devenir moine vaishnavite de la mouvance surnommée « Hare Krishna ». Il rejoint le groupe Shelter pour son album Quest of certainty en 1992, pour former ensuite le groupe 108, qui produit immédiatement deux albums célébrant Krishna, Holyname et Songs of separation, en 1994 et 1995.

Le bassiste d’Inside out vient quant à lui de Gorilla Biscuits, le batteur de Chain of Strength, deux groupes connus de hardcore, de philosophie straight edge.

Le mini-album s’intitule « No spirituel surrender » et c’est le titre de la chanson la plus réussie, en qui on a tout l’esprit tant de Rage against the machine que de 108. Il y a cette idée de refuser ce qu’on qualifiera ici Babylone, par facilité et pour l’image d’une société où tout est corrompue, viciée, mais également corrupteur et vicieux.

Voici la chanson, ainsi qu’une version live interprétée par 108, avec des images soulignant le choix des membres de ce groupe de puiser en Krishna l’inspiration pour s’opposer à cette société.

En voici les paroles, l’ensemble étant repris une seconde fois.

Try to make me bow down to you
Try to take my identity
Try to make me just another pebble on the beach

Essaie de me faire plier devant toi
Essaie de prendre mon identité
Essaie de faire de moi juste un autre galet sur la plage

A green mind twists the plan
A cold hand trying to silence me
You try to grasp me, but I’m out of reach

Un esprit immature dresse de manière tordue ce plan
Une main froide en train d’essayer de me rendre silencieux
Tu essaies de m’attraper, mais je suis hors d’atteinte

No Spiritual Surrender
No Spiritual Surrender

Pas de reddition spirituelle
Pas de reddition spirituelle

Cette chanson est une grande source d’inspiration, qu’on apprécie ou pas, de par l’énergie et la perspective tracée. C’est une piqûre de rappel pour toujours avoir à l’esprit qu’aucune paix spirituelle – ou mentale, intellectuelle, sensible, comme on voudra – n’est possible avec la société telle qu’elle existe.

On ne peut pas ne pas chercher à s’opposer. Et cela exige une profonde attention pour rester hors d’atteinte. C’est là tout le noyau de la philosophie vegan straight edge, qui est un désengagement pour vivre, au quotidien, sur la base de valeurs inversement fondamentalement positifs. À la destruction systématique qu’implique la société telle qu’elle existe, l’opposition répond par le refus et l’affirmation de valeurs positives : la célébration de la vie telle qu’elle est en elle-même.

Voici le mini-album en entier.

108 : weapon, solitary, opposition, holyname

Sans que le cœur soit changé
Tu ne feras rien à part ré-arranger
La situation dérangée
De l’exploitation humaine

Quelle horreur que cette course aux identités à laquelle on assiste depuis quelques années et qui démolit même le véganisme à travers « l’antispécisme ». Alors que le véritable but, cela doit être la suppression des egos et la dévotion pour la vie. Qu’est-ce que l’amour authentique d’ailleurs si ce n’est la dévotion?

Le groupe 108, qui vient de faire deux concerts aux Etats-Unis à l’occasion de la célébration du 25e anniversaire de l’album Songs of separation, a écrit à ce sujet de merveilleuses chansons, qui sont une incroyable source d’inspiration. Ceci est l’arme de la réelle révolution, de la rébellion finale…

108 est un groupe majeur du Krishnacore, avec Shelter ; l’album dénonce le job qui paralyse la journée, l’esprit, démolit l’existence et la réduit à un vide. Il puise dans la « séparation de Krishna » une manière de dénoncer la réalité.

« Chaque moment sans toi je meurs, oh Krishna ! »

Qui s’arrête toutefois à la dimension religieuse passe tout à fait à côté de la portée culturelle de la démarche, qui vise une remise en cause de soi complète et non pas superficielle : c’est un appel à une vie naturelle dans une soumission au tout (« La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans coeur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple« ).

Condemned cell incarcerates me
No walls, no bars on this cage
It’s just “me”
The penitentiary is my “identity”
In this solitary
I learn what it’s like to be so
Alone

Une cellule condamnée m’incarcère
Pas de murs, pas de barreaux pour cette cage
C’est juste « moi »
Ce pénitencier est mon « identité »
Dans cet isolement
J’apprends ce que c’est d’être tellement
Seul

Crouched in a lonesome corner I shiver
Head faced to the wall my eyes
Glued to the mirror
Masculinity beats the living hell out of me
Vanity is only my reality
My only cold companion
Alone

Accroupi dans un coin solitaire je frissonne
La tête face au mur mes yeux
Collés au miroir
La masculinité fait ressortir l’enfer en moi
La vanité est ma seule réalité
Mon seul froid compagnon

Seul

Each moment without you I die
Each moment without you I die
Each moment without you I die
O, Krishna

Chaque moment sans toi je meurs
Chaque moment sans toi je meurs
Chaque moment sans toi je meurs
Oh, Krishna

This is the weapon of the real revolution
This is the fire of the final rebellion
This is the weapon of the real revolutionary
This is the fire…

Ceci est l’arme de la réelle révolution
Ceci est le feu de la rébellion finale
Ceci est l’arme du réel révolutionnaire
Ceci est le feu…

Politics, that ain’t gonna solve this
Sociologist, your plan is useless
This is the fire of the final rebellion
This is the weapon…

La politique, cela ne résoudra pas cela
Sociologue, ton plan est inutile

Ceci est le feu de la rébellion finale
Ceci est l’arme

Without the heart being changed
You won’t do nothing but re-arrange
The deranged situation
Of human exploitation
And that is why I imply
That is why…

Sans que le cœur soit changé
Tu ne feras rien à part ré-arranger
La situation dérangée
De l’exploitation humaine
Et c’est pourquoi je dis que cela implique

C’est pourquoi...

This is the weapon of the real revolution
Unlock the coils the clamped around you
Around your spiritual frame
By crying out the holyname

Ceci est l’arme de la réelle révolution
Brise les chaînes les fers autour de toi
Autour de ton cadre spirituel
En criant le nom sacré
[Krishna]

Your hypocrisy
Suave brutality
Your empty religion
Your proud hollow philosophy

Ton hypocrisie
Brutalité suave
Ta religion vide
Ta fière philosophie creuse

Consumerism
Thrice daily, cannibalism
Your tv
Your constant sexuality

Consumérisme
Trois fois par jour, cannibalisme
Ta télévision
Ta sexualité constante

I oppose
Vehemently, I vow

Je m’oppose
Avec véhémence, je fais serment

Ces trois chansons sont sur l’album Songs of separation, mais il serait injuste de ne pas conclure sur l’incroyable Holyname, de l’album éponyme sorti un an après, en 1994. Une chanson qui il y a plus d’un quart de siècle dénonçait avec justesse l’absence d’empathie, un mouvement général de notions abstraites vers la promotion de l’ego.

La chanson fait d’ailleirs partie de la brochure Songs of separation fait par 108, avec les textes de l’album et leurs explications, avec des photos

I have no emotion
I have no devotion
It’s empty motion
Oceans of notions
Intent on ego promotion

Je n’ai aucune émotion
Je n’ai aucune dévotion
C’est un mouvement vide
Des océans de notions
Avec l’intention de la promotion de l’ego

No elation
Just devastation
Supplication seems a foreign creation

Pas d’allégresse
Seulement la dévastation
La supplication semble une création étrangère

Battered and beaten and broken and bruised
Is the briar-ridden thorn-land of my heart
My cries are lies from conceitful eyes

Battue et battue et brisée et meurtrie
Est la terre épineuse pleine de bruyères de mon coeur
Mes pleurs sont des mensonges de la part de yeux vaniteux

I’ll cry it out:
The Holyname

Je le crierai :
Le nom sacré [Krishna]

[Reprise des couplets]

I won’t simmer in this complacency
I won’t settle for this false me

Je ne m’apaiserai pas dans cette complaisance
Je ne m’installerai pas dans ce faux moi

108 en 1993  (Photo: Kate Tucker Reddy)

108 : « Killer of the soul »

Voici les paroles de 108, un groupe américain des années 1990 qui a été un des éléments centraux du Krishnacore, ce mouvement combinant hardcore et hindouisme pour tenter de formuler une critique générale du mode de vie dominant.

Cette chanson de 1996 dénonce le fait de tuer des animaux, utilisant toute une poésie religieuse hindouiste pour renforcer le caractère sacrilège sur le plan moral.

1996

Killer of the soul…
satanic ritual set the corpse upon the table,
cosmetic religion, hide your horns, if you are able.
Tueur de l’esprit…
Un rituel satanique poser un cadavre sur la table,
Une religion cosmétique, cache tes cornes, si tu le peux.

Killer of the animal,
only a demon could dine on the flesh of the dead,
each hair on the back of each cow
is birth you’ll spend in hell.
Tueur de l’animal,
seulement un démon peut dîner de la chair d’un mort,
chaque poil du dos de chaque vache
est une naissance que tu passeras en enfer.

The killer of the soul, whomever he may be,
will be forced in the darkest regions,
embrace your decisions,
in the darkest regions of hell.
Le tueur de l’esprit, quel qu’il soit,
sera amené dans les régions les plus noires,
assume tes décisions,
dans les sombres régions de l’enfer.

Self killing ritual,
set the bottle upon the table,
cosmetic ignorance, kill the pain.
Un rituel consistant à se tuer soi-même,
la bouteille est mise sur la table,
une ignorance cosmétique, tuer la souffrance.

Killer of the animal within,
liquid poison to wash your brain,
drown in your misery,
your life becomes a hell.
Tueur de l’animal à l’intérieur,
un poison liquide pour se laver le cerveau,
noyé dans ta misère,
ta vie devient un enfer.

the killer of the soul, whomever he maybe,
will be forced in the darkest regions,
embrace your decisions,
in the darkest regions of hell.
Le tueur de l’esprit, quel qu’il soit,
sera amené dans les régions les plus noires,
assume tes des décisions,
dans les sombres régions de l’enfer.

I won’t kill my soul
Je ne tuerai pas mon esprit

Pour l’anecdote, le groupe s’est reformé il y a quelques temps pour quelques concerts, et sur l’une des affiches on voit comment la déesse de la mort Kali tient la tête de Donald Trump !

108 : « Solitary » et « Serve and defy »

Le groupe 108 a été l’une des grandes figures du Krsnacore, ce mouvement musical et culturel du début des années 1990. Au-delà de la critique religieuse du monde (avec laquelle on peut évidemment ne pas être d’accord, ce qui est bien sûr notre cas), il y a une démarche de remise en cause de la vie quotidienne égoïste qui est d’une grande efficacité, d’une très grande lucidité paradoxalement.

C’est que le culte à Krishna ne vise pas une satisfaction religieuse de manière abstraite, mais une remise de l’ego, de la vanité.

Voici la traduction de deux chansons, qui sont certainement d’une grande inspiration, et cela d’autant plus aujourd’hui alors que justement les individus cachent leurs faiblesses derrière le masque uniformisé, conforme, toujours « joyeux » des réseaux sociaux.

Être authentique, rester honnête à tout prix, lutter pour rester sincère, s’arracher à une société de fausseté, d’apparence, de quête du profit dans le mépris de la compassion, c’est une grande bataille individuelle, qui s’insère dans une utopie collective !

Condemned cell incarcerates me
No walls, no bars on this cage
It’s just me
Une cellule condamnée m’incarcère
Aucun mur, pas de barreaux à cette cage
C’est juste moi

The penitentiary is my identity
In this solitary
I learn what it’s like to be so
Alone
Ce pénitentiaire est mon identité
Dans cette réclusion
J’apprends ce que c’est d’être tellement
Seul

Crouched in a lonesome corner I shiver
Head faced to the wall my eyes
Glued to the mirror
Accroupi dans un coin isolé je frissonne
La tête faisant face au mur mes yeux
Collés au miroir

Masculinity beats the living hell out of me
Vanity is only my reality
My only cold companion
La masculinité me fait sortir entièrement de mes gonds
La vanité est ma seule réalité
Mon seul froid compagnon

Each moment without you I die
Each moment without you I die
Each moment without you I die
O, Krishna
Chaque moment sans toi je meurs
Chaque moment sans toi je meurs
Chaque moment sans toi je meurs
O, Krishna

Try to give myself in these words,
Try to express self in song,
Try to clarify all the reasons why.
Essayer de donner moi-même dans ces mots,
Essayer d’exprimer le soi en chanson,
Essayer de clarifier toutes les raisons pourquoi.

Try to clarify why
what I said,
why I said, why.
Because I know that I know I am not body.
Essayer de clarifier pourquoi
Ce que j’ai dit
Pourquoi j’ai dit, pourquoi,
Parce que je sais que je sais que je ne suis pas corporel.

Try to give myself in these words,
Will you open up your heart to these words,
Try to clarify, try to amplify,
I got to clarify why what costume.
Essayer de me donner moi-même dans ces mots
Ouvriras-tu ton coeur dans ces mots,
Essayer de clarifier, essayer d’amplifier
Essayer de clarifier pourquoi quel costume.

Externals will suffocate me.
Don’t give me your costume.
I’ll try to reach inside.
I got to clarify, I got to amplify all the reasons
why I choose to serve and defy,
I got to clarify, I got to amplify why
what I said, why I said, why.
Les choses externes me suffoqueront.
Ne me donnez pas votre costume.
J’essaierai d’atteindre l’intérieur.
J’ai à clarifier, j’ai à amplifier toutes les raisons,
Pourquoi je choisis de servir et défier
J’ai à clarifier, j’ai à amplifier pourquoi
Ce que j’ai dit, pourquoi j’ai dit, pourquoi.

Because I know that I know I am not body.
May He Shine through these words
Parce que je sais que je sais que je ne suis pas corporel
Puisse-t-il briller à travers ces mots

Quelques réponses de Sean Muttaqi

Voici la traduction de quelques réponses par faites par Sean Muttaqi, à un magazine américain, au sujet de son groupe, « Vegan Reich », qui a joué un rôle fondamental dans l’émergence de la culture vegan straight edge, par l’intermédiaire du mouvement hardline.

Les réponses sont vraiment limpides: on voit très bien comment il y a une sortie de l’insupportable scène libérale – libertaire se prétendant révolutionnaire, comment le véganisme est assumé de manière totale et toujours avec une grande dimension sociale et par conséquent avec une méfiance vis-à-vis de la scène Krsnacore…

Et comme le mouvement ne trouve pas de voie pour avancer, il y a la retombée dans la religion…

Lorsque les membres de Vegan Reich se sont réunis, vous êtes-vous structuré pour être spécifiquement un groupe vegan straight edge ? Ou c’est venu plus tard?

Non, c’était une pensée réfléchie au préalable – je cherchais des gens pour commencer un groupe de libération animale militant. Tout ce temps, j’étais en interaction avec beaucoup de différentes communautés d’activistes, et de là une communauté soudée.

Nous causions beaucoup de controverse dans la communauté anarchiste, soulignant la contradiction de gens exigeant la liberté pour les êtres humains et opprimant les animaux en même temps.

Les gens ont commencé en plaisantant à se référer à nous comme fascistes vegans, voilà où est venu le nom |du groupe « vegan reich »]. L’idée était ; si vous allez nous appeler des fascistes vegans, alors nous allons nous appeler Vegan Reich.

Votre premier enregistrement, Hardline, allait avec un manifeste qui appelle aux gens à vivre en conformité avec « les lois de la nature », et d’éviter sciemment « les actes sexuels déviants et/ou l’avortement ». Cela a choqué – et énervé – beaucoup de gens.

Pour nous, en tant que militants de la libération animale, la qiestion de l’avortement était une question de cohérence.

Notre point de vue n’était pas le même que la vision de la droite chrétienne sur l’avortement; officiellement, le hardline ne disait pas que si une femme a été violée, elle ne pouvait pas obtenir un avortement.

Nous disions que vous devez reconnaître que la vie est la vie. C’était plus orienté vers le groupe des gens de libération animale: si vous dites que la crevette est une vie, et que vous ne devriez pas la tuer, sauf si vous avez absolument besoin de manger, au moins voyez l’avortement de la même façon.

Cela ne peut pas être utilisé comme contrôle des naissances – c’était cela la position hardline.

La question de l’homosexualité était liée à des influences différentes à l’époque. D’un côté, sortant de ce truc punk-rocker anarchiste, plein de fois l’homosexualité était une chose hédoniste pour certaines personnes.

Rétrospectivement, ces aspects ont été influencés par la morale, pas nécessairement la politique. Il y avait un moralisme conservateur, la notion que le sexe était pour la famille.

Évidemment, le groupe a utilisé des images provocatrices – comme le fameux logo avec les deux mitraillettes se croisant – et amené beaucoup de controverse. Comment étaient les concerts ?

Eh bien, nous avons eu beaucoup d’amis dans notre scène locale, et ce que nous disions n’avait pas vraiment d’importance. Mais je pense que dans différentes parties du pays que vous aviez certainement des gens choqués, comme ayant une image violente..
.
Les gens de, disons dans le Midwest, seraient comme « Ces gars-là ont des armes! ». Mais en Californie, nous connaissions des punks pacifistes qui avaient des AK-47 dans leurs maillots. Ils avaient affaire à des skinheads et toutes sortes d’autres choses.

À la fin des années 1980 et au début des années 1990, certains jeunes de la scène hardcore de New York se sont alliés avec le mouvement Hare Krishna, qui a également favorisé un mode de vie straight edge végétarien. Avez-vous été intrigué par la scène dite Krishnacore?

C’est arrivé à peu près au même temps que le hardline.

Eh bien, nous avons déjà eu ce truc de libération animale radicale, ce qui était en conflit avec leur dépendance par rapport aux produits laitiers.

Mais je pense que le fond du souci tenait à leur notion de réincarnation, et comment c’est attaché à l’injustice sociale et à la souffrance. Dans mon esprit, c’est cela qui at vraiment créé un conflit entre nous et eux. Nous ne gobons pas cela.

Nous ne gobons pas que les gens ou les animaux souffrent à cause de quelque chose qu’ils ont fait avant.

La plupart des gens pensaient que c’était une chose très positive, parce qu’ils étaient végétariens et ont fait toutes ces choses cool. Mais cela ne semblait pas si positif pour nous.

Quelques amis proches, qui ont été marginalement associés au hardline, ont fini par y entrer, et ils en ont en quelque sorte fait leur vie, vous savez, retourner en Inde chaque année, de la même manière qu’être musulman est une partie importante de ma vie, maintenant.

J’ai une une meilleure vision de la chose Krishna qu’alors. Je reste en désaccord avec elle, théologiquement, en tant que musulman, mais j’en ai une compréhension positive comme chemin spirituel.

Interview de Vic DiCara, du groupe 108

Suite à notre article sur le Krishnacore, voici une interview de Vic DiCara, membre du groupe 108.

« Je n’ai pas d’émotion, je n’ai pas de dévotion, c’est un mouvement vide, des océans de notion dans le but de la promotion de l’égo » : ce sont des paroles de la chanson « Holyname » (nom sacré) ; dans un enregistrement live, vous expliquez aussi que Prabhupada (fondateur de l’association internationale pour la conscience de Krishna) est un vrai révolutionnaire parce qu’il a aidé les gens à dépasser leur ego. Pouvez-vous nous dire comment vous comprenez cela ?

La communication s’appuie sur les mots, et les mots sont une partie du langage. Comme nous sommes originaires de deux langues différentes, il peut y avoir des difficultés à se comprendre mutuellement les uns les autres. Essayons de notre mieux.

Il semble que ce que vous demandez, c’est que les paroles mentionnent le terme « ego. » Et sur un enregistrement live, nous avons parlé d’aller au-delà de « l’ego. » Donc, vous voudriez que j’explique davantage sur comment nous comprenons l’ensemble du sujet de « l’ego. » J’espère que c’est proche de ce vous vouliez vraiment demander?

L’ego est le sens de soi. Il est toujours un sentiment de soi, ou bien autrement dit il n’y a même personne pour concevoir son absence. Il n’y a pas de possibilité de ne pas avoir l’ego. Le problème, c’est qu’il y a un ego sain et un ego malsain.

Un ego malsain est celui qui se considère lui-même comme la plus importante personne dans le monde, et voit toutes les autres personnes selon comment elles se rapportent à cela. Un ego sain est celui qui se considère soi-même comme également important que les autres et voit tout le monde, et toutes les autres personnes selon comment elles se rapportent à l’identité universelle centrale, la « divinité. »

Dis-nous comment cela a amené à l’existence de 108.

108 est venu à exister parce que plusieurs musiciens ont été plusieurs à pratiquer la bhakti (le yoga de l’amour divin). Un musicien doit toujours exprimer ce qui est profondément important pour lui ou pour elle. Donc, naturellement, comme la bhakti est devenue plus importante pour ces musiciens en particulier, c’est de plus en plus devenu une expression dans leur musique. Finalement, ils ont été réunis pour former un groupe dont le principal objectif était de mettre l’accent sur l’expression de la bhakti: 108.

Et qu’est-ce que le « krishnacore » pour toi ?

Pour moi, le « Krishnacore » est une expression intéressante que quelqu’un quelque part a inventé de telle manière à se référer à des groupes de hardcore qui avaient une certaine connexion importante à l’expression de la Krishna bhakti, comme 108.

Les groupes liés au « krishnacore » ont souvent un son particulier, vraiment dissonant, telle une expression de la vie dissonante dans les sociétés. C’est très personnel, cela pourrait être quelque chose comme un expressionnisme moderne, ne trouves-tu pas ?

Je pense que c’est une description très artistique.

Il y a un spectre infini d’émotions et de sujets, etc pouvant être exprimés dans le cadre de la bhakti.

Le hardcore, d’autre part, n’est pas très bien adapté à la cueillette des fleurs, en sautant dans les prés, et en regardant l’arc-en-ciel, pas vrai? Il s’agit d’une éraflure sonique très intense, sombre et profonde, non?

Bien sûr, il y a des versions plus pop du hardcore, mais cela n’était pas ce qui m’intéressait en tant que musicien jouant du hardcore. Alors, naturellement, si je combine la bhakti avec le hardcore, cela va se concentrer sur les aspects de la bhakti qui ont quelque chose en commun avec l’ambiance et l’humeur et l’énergie de la musique hardcore – ce qui est véritablement très profond, douloureux, solitaire, avec le blues la plupart du temps, ou bien dégoûté et antagoniste envers ce qui est l’antithèse de la bhakti. Je pense que c’est pourquoi la musique de 108 a produit le son qu’est le sien.

Concernant les autres groupes « Krishnacore » et leurs sons, je ne sais même pas comment ils sonnent. Je sais que Shelter sonne très pop, relativement parlant, alors je ne pense pas que nous ayons à dire que chaque groupe « Krishnacore » a un son dissonant. Probablement seulement 108 et les groupes qui sont inspiré par 108 sur le plan sonore.

Quelles sont les influences musicales de 108 ?

Pour ma part, les influences musicales que j’ai apporté à 108 proviennent principalement de Led Zeppelin, les Doors, Metallica, Slayer et les Bad Brains. D’autres personnes dans le groupe ont amené d’autres influences dans le mix.

La question doit être posée : pourquoi ne crois-tu pas, par exemple comme Jean-Jacques Rousseau, que les problèmes viennent du fait que la société corrompt les gens? Pourquoi choisir « l’esprit » et pas la « Nature »?

Qu’est-ce que la « corruption »? C’est la pollution, et la distorsion de la pureté originelle. S’il n’y a pas de pureté originelle, alors il n’y a rien à corrompre.
Oui, la société moderne tend à corrompre les gens. Je suis d’accord avec cela. Mais ce en quoi je suis vraiment intéressé est de savoir comment « dé-corrompre », comment me transformer à partir d’un état corrompu à un état de pureté et de bonté inhérentes.

Cela exige une connaissance intime de ce que mon « état naturel » est réellement. Le terme « esprit » n’est qu’un mot pour l’état inhérent. La « nature » est un autre mot avec la même signification. La différence entre les deux mots est que les gens font la corrélation du mot « esprit » avec divers groupes religieux comme le christianisme et ainsi de suite, alors qu’ils ne font pas les mêmes connotations pour le mot «nature». Les deux mots me vont.

La bhakti est la partie essentielle du « yoga » de l’Inde. Les « yogas » sont des méthodes pour réintégrer la nature originelle de qui et de ce que vous êtes.

Ainsi, que penses-tu du Straight Edge et du véganisme ?

Je ne pense pas avoir aucun droit à juger quoi que ce soit au sujet du Straight Edge ou du véganisme. Je ne suis pas un juge universel. Je pense que le Straight Edge et le véganisme sont quelques unes des bonnes causes dans le monde aujourd’hui et que les personnes qui y sont dédiées sont en général assez bonnes.

Es-tu ou as-tu été Straight Edge, vegan ?

Vers 1988, j’ai décidé d’adopter un régime végétarien et de ne pas boire l’alcool. Cela a été le résultat de Youth of Today, et leur influence sur mes amis, en particulier Tom Capone.

108 a une signification importante dans l’hindouisme, et toi-même tu as étudié l’astrologie védique. Tu ne crois pas que le mouvement des planètes influence les gens, mais que « notre mère compatissante, l’univers, veut communiquer à ses enfants et nous guider à travers les mouvements de son corps, les étoiles et les planètes ». Peux-tu nous en parler?

Fondamentalement, l’astrologie est de savoir comment les êtres humains disent le temps. Une journée est un certain mouvement du Soleil à travers un lever du soleil et un coucher du soleil. Un mois, c’est une certaine période de temps déterminée par la longueur nécessaire à la lune pour devenir pleine. Une année est une année parce qu’il apparaît que pendant ce temps le Soleil se déplace à travers les étoiles et revient au même point de nouveau. Etc etc. Ainsi, en connaissant profondément l’astrologie vous gagnez une fenêtre sur le passé, le présent et le futur.

L’Inde a une forme très ancienne de l’astrologie, mais elle n’est plus pratiquée. Elle est maintenant dominée par une forme qu’ils ont importé des Perses et des Grecs et adaptée à leur propre science. Elle est, néanmoins, tout à fait étonnante et utile.

Chacun a la liberté, mais avec la liberté vient la responsabilité. Ainsi, lorsque nous faisons quelque chose, nous générons une réaction par cela. Ainsi, la liberté utilisée dans le présent génère l’avenir qui ne peut pas être évité.

L’univers doit juger le destin de tout le monde, et il fait donc passer mon temps causé (de sorte qu’une infinité de situations différentes peut se produire). Si vous pouvez lire l’heure de manière très experte, vous pouvez comprendre quels destins sont à venir. C’est l’idée fondamentale de l’astrologie comme je la comprends en ce moment.

Comment vois-tu le futur de ce monde ?

« Si le sida ne t’a pas, ce seront les ogives » – Cro Mags

Ha ha.

Je vois le monde de deux façons – en interne et en externe. J’ai une vision optimiste de l’avenir subjective / interne du monde et des gens en lui. Mais une vision pessimiste de l’avenir objectif / externe.

Je pense que les machines sont horribles. La révolution industrielle a été le premier pas de la chute dans les escaliers dans une fosse de chaos et la misère.

Je vois le monde devenir de plus en plus pollué et pavé, et mécanique – et les gens porter des
écouteurs, des lunettes de soleil sombres avec des écrans vidéo à l’intérieur, et un jour ne sortant même plus vraiment de leurs foyers ou interagir avec quelqu’un d’autre dans la chair.

Chaque chose que nous obtenons au nom du « progrès » et de « l’amélioration » est tout simplement la vie plus solitaire et compliquée – et c’est ce que je considère comme l’avenir incontournable pour l’humanité dans cette époque sombre de l’histoire, le Kali-Yuga – l’âge de la querelle.

J’ai une vision optimiste, cependant, que des individus au sein de cet avenir sombre quant au reste peuvent faire des tâches lumineuses pour eux et pour d’autres comme un résultat de se tourner sincèrement vers l’intérieur en direction du vrai soi vivant, loin de la non-réalité externe, électrifiée, mise en publicité, et télévisée.

Le krsnacore : en célébration d’autrui

Nous avons à de nombreuses reprises parlé de la culture hardline, mais nous regrettons beaucoup de ne pas avoir parlé du Krishnacore (ou krsnacore). C’était un mouvement très particulier mais avec des facettes très intéressantes malgré les multiples contradictions en son sein.

Tout part avec l’hindouisme, qui a plusieurs dieux et dont chaque courant en vénère un plus particulièrement. Le mouvement des « vaishnavites » vénèrent ainsi Vishnou, divinité hindou dont un « avatar » est Krishna, un jeune bouvier tout bleu et symbole de l’amour universel.

Le mouvement connu sous le nom de « Hare Krsna » a été initié par un indien parti aux États-Unis dans les années 1960. Le véritable nom est « Association internationale pour la conscience de Krishna » (dont l’acronyme anglais est ISKCON), qui a eu un succès important dans les pays occidentaux, notamment dans les milieux artistiques (les Beatles par exemple), hippie, etc.

Cependant, il ne s’agit pas exactement d’hindouisme, car le culte de krishna (krishnaisme, krsnaisme) est en fait ici un véritable monothéisme. La démarche consiste surtout en une critique complète du monde moderne et il y a un repli intellectuel complet sur soi-même (symbolisé par un « mantra » quasi lavage de cerveau : Hare Kŗşņa Hare Kŗşņa, Kŗşņa Kŗşņa Hare Hare, Hare Rāma Hare Rāma, Rāma Rāma Hare Hare).

C’est en fait l’éthique de vie des non-moines qui a eu un succès : les drogues sont rejetées, le végétarisme et la compassion sont mis en avant, la violence est rejetée, etc.

C’est là que justement que commence l’histoire du Krsnacore. Tout part en fait de New York, où une personne du nom de Larry Pugliese, avait fondé une communauté Hare Krsna dans le New Jersey qui distribuait gratuitement de la nourriture et était lié à la scène punk et skinhead de New York.

Il faut voir un contraste saisissant entre une scène new yorkaise ultra-violente et des hare krsna pacifistes. Paradoxalement d’ailleurs, c’est le groupe « Cro Mags » qui sera immédiatement influencé ; John « Bloodclot » Joseph, à l’origine du groupe, voulait rejoindre les commandos dans l’armée, mais assister à un concert des Bad Brains l’amena indirectement à rejoindre les Hare Krsna !

Le premier album des Cro Mags s’appelle ainsi symboliquement « Age of Quarrel » (1986), une allusion au Kali Yuga, le dernier « cycle temporel » hindou caractérisé par la destruction, le chaos, la violence, la guerre, etc.

Car justement les Cro-Mags c’est une ouverture revendiquée au trash metal, à la danse violente, à l’attitude viriliste, etc., dans l’esprit (insupportable) du « New York hardcore. »

A côté de cela, on a néanmoins un groupe plus connu pour relever directement de ce qu’on appelé le Krsnacore : Shelter. C’est ce groupe qui a d’ailleurs donné une « légitimité » au krsnacore.

La raison en est Ray Cappo. C’était le chanteur de Youth of Today, principal groupe donnant naissance (ou renaissance plutôt) à la culture straight edge, mettant le désengagement au cœur du principe.

Ray Cappo, qui prit le nom de «  Raghunatha Das », fonda par la suite le groupe (très intéressant par ailleurs) de hardcore « Better than a thousand », mais aussi Shelter. Dans ce projet il fut aidé par un autre membre de Youth of Today, John ‘Porcell’ Porcelly.

Avec Shelter, on est là dans une perspective missionnaire : Shelter signifie « refuge » en anglais, c’est un terme du vocabulaire utilisé par les Hare Krsna pour mettre en avant leur culte comme un « abri. »

Les albums sont lents, c’est une sorte de hardcore mélodique underground, avec des textes appelant à rejeter la superficialité (comme Youth of Today) mais aussi à trouver la solution dans le mouvement Hare Krsna.

Après ces premiers albums – Perfection Of Desire en 1990, Quest For Certainty en 1992, Attaining The Supreme en 1993 – suivit une compilation de chants dévotionnels.

Par la renommée de Youth of Today, ce qui devait s’appeler le « krnsacore » attira l’attention, avec notamment une interview de Ray Cappo en 1992 dans le journal américain Maximum Rock’n’Roll, interview marquée par une tonalité très critique par rapport aux Hare Krsna.

Arriva alors en 1995 un album très tourné pop : Mantra, très réussi et qui a eu un grand succès commercial ; c’est lui qui a vraiment rendu célèbre le Krsnacore.

Shelter tenta de prolonger le mouvement avec un autre album encore plus pop (Beyond Planet Earth en 1997) puis une série d’albums outrageusement pops et mauvais. L’échec complet aboutira à ce que Ray Cappo devienne professeur de Yoga et… refonde Youth of Today.

Ce fut la fin du Krsnacore, en apparence seulement. Car d’autres groupes ont existé et continuent d’exister, dans une démarche critique de la société et sans volonté commerciale ou « missionnaire » à la Shelter.

C’est là un aspect très intéressant du Krsnacore qui s’est perpétué, bien qu’en fait de hardcore cela est plus tourné soit vers le punk hardcore, soit le métal. Car le style Krsnacore est incompatible avec la logique Hare Krsna, qui rejette le monde moderne comme « décadent », dans une approche ultra-réactionnaire.

Le style Krsnacore est ainsi une démarche à la fois délirante et esthétique pour critiquer le monde, un peu comme le hardline a pu l’être. Le titre de zines est souvent révélateur de cette quête utopiste, avec le meilleur et le pire se côtoyant, comme Krishna Grrrl (allusion au mouvement féministe des riot grrrl), Anti-Matter (anti-matière) War on Illusion (Guerre à l’illusion).

L’esprit est néanmoins toujours à l’engagement, c’est toujours offensif dans le… désengagement, comme le montre le texte de l’excellent groupe polonais (de Varsovie) Agni Hotra :

Le couteau du boucher

Quand je regarde fermes et boucheries

où les animaux sont alignés pour être massacrés où les corps

des victimes tourmentées qui sont amenées passent les foules

qui ne montrent pas de honte ou de dégoût face aux transports

des vaches hurlantes

je regrette que nous soyons si peu dans le monde à vouloir changer cela

Qu’aucun carnivore ne compte sur mon acceptation

Manger des aliments en viande, je considère cela comme une erreur

C’est difficile pour moi de trouver de la tolérance dans mon cœur

Quand il y a la vie et la souffrance des animaux en jeu

Jusqu’à présent ce n’est que du boycott, pas encore la révolution

Mais nous ferons tout ce qui est notre pouvoir pour que les couteaux des bouchers

soient laissés à la rouille

Liberté pour les animaux !

Comme on le voit facilement ici, on a un esprit très proche de la culture vegan straight edge ; le mouvement du krsnacore ne se considère d’ailleurs nullement comme concurrent ou ennemi de celle-ci. John « Bloodclot » Joseph, des Cro Mags, est par exemple vegan.

Et le krsnacore, la tentative commerciale de Shelter mise à part, est devenu un mouvement underground de critique radicale de la société, notamment dans les pays de l’Est de l’Europe.

Cela ne veut pas dire que la force des premiers albums de Shelter ne reposait pas sur le même principe, comme en témoignent les paroles d’une chanson connue, Civilized Man :

« Ici il y a une guerre dans la journée et pas de paix la nuit
Il y a du sang sur les mains de l’homme et pourtant nous n’avons pas de compassion pour lui
Les mangeurs de viande tuent les vaches qu’ils dépersonnalisent pour justifier
Leur propre convoitise alors que le sans défense meurt
Et il est ironique de constater la façon avec laquelle nous pleurons pour la paix dans le monde
Alors que la violence ne diminuera pas à moins que ne cessent nos meurtres
Donc, comprends dans l’abattoir qui est la bête
Et je demande que l’innocent soit libéré
Eh bien, j’ai essayé de mon mieux
J’ai essayé de comprendre
L’homme civilisé, le prétendu homme civilisé
Oui j’ai essayé de mon mieux
Mais qui peut comprendre
L’homme civilisé ? »

Le reste de la chanson critique les grands groupes agro-alimentaires, la destruction de la Nature et le rôle des médias.

Un autre groupe, peut-être le plus connu du krsnacore est « 108. » Ce groupe a été fondé sur les ruines du groupe straight edge « Inside out » (dont était membre celui qui sera juste après le chanteur des excellents Rage Against the Machine), par l’intermédiaire du guitariste Vic De Cara (passé lui-même par Shelter, comme beaucoup d’autres, par exemple des ex Youth of Today, des Cro Mags, etc.).

Une multitude d’autres groupes, plus éphémères, existèrent, avec toujours la contradiction culture punk straight edge engagé / engagement religieux sectaire sur une base conservatrice. Parmi ces groupes qui n’ont pas duré, Baby Gopal est un de ceux qui ont marqué.

D’autres eurent une activité plus prolongée, comme le groupe suédois Abhinanda, le groupe argentin Sudarshana, le groupe tchèque Kashmir ou bien en Italie le Govinda Hardcore Project. Le groupe hongrois Tisztán a cél felé a pratiqué durant toutes les années 2000 un punk hardcore vraiment très efficace également.

Dans tous les cas, on retrouve toujours de larges ponts à la culture vegan straight edge, du positive hardcore.

Bien entendu, tout cela est critiquable : pourquoi mettre en avant les Hare Krsna et leur religiosité sectaire ? Eh bien, la réponse est simple : parce que le krsnacore n’est pas individualiste.

Le krsnacore et le hardline rejettent la mise en avant démesurée de l’ego pratiqué par le nihilisme punk ou l’anarcho-punk. Ils mettent en avant l’ensemble plutôt que l’individu, ils refusent l’égocentrisme et veulent souligner qu’il faut dire que quelque chose est bien.

A ce niveau, le krsnacore est vraiment quelque chose d’intéressant, et voici pour finir les paroles de la chanson de Shelter « In praise of others », qui retranscrit cela :

Well, it’s hard to glorify others due to my
Intense pride

Eh bien, il est difficile de célébrer les autres à cause de mon
intense fierté

Even amongst friends you’ll find I sit and criticize
That’s what I do best, it’s how I forget my actual size

Même entre amis, vous verrez je suis assis et je critique
C’est ce que je fais de mieux, c’est la façon dont j’ai oublié ma taille réelle

A leash that ties me to this world
Yeah, a wicked mind brought me to this world, Lord, please help me move forward
I’ve been guilty so long, I know that I’m wrong, please
help me sing this song in praise of others
in praise of others
in praise of others
in praise of others

Une laisse qui me lie à ce monde
Ouais, un esprit méchant m’a amené à ce monde, Seigneur, s’il te plaît aide-moi à aller de l’avant
J’ai été coupable si longtemps, je sais que je me trompe, s’il te plaît
Aide moi à chanter cette chanson en célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration d’autrui

Can I glorify others, my sisters or my brothers or anyone else?
Each fault that I find in you I find tenfold in myself

Puis-je glorifier les autres, mes sœurs ou mes frères ou toute autre personne?
Chaque défaut que je trouve en toi je le trouve décuplé en moi-même

Envy, a disease, it’s inside of me
But I’m the loser in the end

La jalousie, une maladie, c’est à l’intérieur de moi
Mais je suis le grand perdant de la fin

Yeah, a wicked mind brought me to this world, Lord, please help me move forward
I’ve been guilty so long, I know that I’m wrong, please help me sing this song in praise of others
In praise of others
In praise of others
In praise

Ouais, un esprit méchant m’a amené à ce monde, Seigneur, s’il te plaît aide-moi à aller de l’avant
J’ai été coupable si longtemps, je sais que je me trompe, s’il te plaît
Aide moi à chanter cette chanson en célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration

Hey
I should have blamed myself
Instead of everyone else


J’aurais dû me blâmer
Au lieu de tous les autres

But God forbid they find fault with me, we’re instant enemies
How dare I see myself honestly as others may see

Mais Dieu ne plaise, s’ils trouvent à redire avec moi, nous sommes des ennemis instantanés
Comment oserais-je me voir honnêtement comme d’autres peuvent le voir

A proud fool, I turn away, won’t hear what they say, it might benefit me
But I remain tied in this net of pride but I wanna be free

Un imbécile fier, je me détourne, ne veut pas entendre ce qu’ils disent, cela pourrait m’être utile
Mais je reste attaché à ce filet de fierté, mais je veux être libre

Yeah, a wicked mind brought me to this world, Lord, please help me move forward
I’ve been guilty so long, I know that I’m wrong, please help me sing this song in praise of others
In praise of others
In praise of others
In praise
Praise of others

Ouais, un esprit méchant m’a amené à ce monde, Seigneur, s’il te plaît aide-moi à aller de l’avant
J’ai été coupable si longtemps, je sais que je me trompe, s’il te plaît
Aide moi à chanter cette chanson en célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration
Célébration d’autrui