Loving hut… ou bien plus logiquement: les Food not Bombs!

L’idée de proposer de la nourriture végane à très bas prix ou gratuitement existe depuis longtemps. Le camion végétarien dont nous parlions hier est en fait une initiative parmi de nombreuses autres.

La plus connue est bien entendu le « Food Not Bombs », qui se relance sur Paris après une petite période de sommeil. Dans un genre similaire mais éloigné sur le plan qualitatif, on a « loving hut », une chaîne de restaurant vegan mis en avant par une sorte de secte.

Parlons d’abord de Food Not Bombs, bien plus intéressant. Né au début des années 1980 aux USA, il s’agit de proposer gratuitement de la nourriture végane, afin à la fois de servir les personnes défavorisées et de promouvoir le véganisme, tout en critiquant le capitalisme car la nourriture est constituée de récupération d’invendus.

Le nom est bien entendu un appel à une alimentation pacifique, à l’opposé de la fabrication de bombes. A chaque distribution de nourriture, le collectif FNB doit faire une table de presse et avoir une banderole.

On notera que tout comme Earth First ! (ou bien l’ALF, l’ELF), la structure est décentralisée : n’importe qui pouvant former son groupe Food Not Bombs.

Aux USA, Food not bombs a été un élément important de la contestation à la guerre contre l’Irak au début des années 1990, et il s’en est suivi une criminalisation par le FBI.

Ce qui n’a pas empêché son succès grâce à la pugnacité des activistes. Il existe aujourd’hui à peu près 200 collectifs FNB aux USA, et autant dans le reste du monde. Une pensée spéciale va ici à Timur, activiste vegan des FNB assassiné par les nazis en Russie.

Nous avons mis dans notre section activisme un document consistant en un ouvrage consacré au FNB (l’histoire, le principe, les recettes, les conseils, etc.).

Voici l’appel du collectif FNB de Paris :

Réunion de rentrée le 10/09/10

La réunion de rentrée du Food Not Bombs Paris aura lieu le Vendredi 10 Septembre à 18h30 à l’Ecobox, 37 rue Pajol dans le 18é.

On vous attend nombreux pour débattre des projets à venir et nous organiser pour l’année qui arrive !

La réunion débutera par une présentation du Food Not Bombs en général et du FNB Paris en particulier, c’est donc le bon moment pour franchir le pas et venir nous rencontrer.

N’hésitez pas à ramener de bonnes choses à boire et à manger (véganes bien sûr) :D

Dans un genre totalement différent, on a « loving hut. » Là aussi, la nourriture végétalienne est mise en avant.

Mais là il ne s’agit pas d’un projet sans hiérarchie et ne visant pas le profit. Il s’agit d’une chaîne de restaurants dépendant d’une religion ou plus exactement d’une secte vénérant une femme née en 1950 et appelée « Supreme Master Ching Hai. »

Ching Hai signifie « pur océan » en mandarin, la femme en question étant originaire du Vietnam mais ayant vécu à Taiwan.

Chaque loving hut a donc un écran diffusant la chaîne de télévision « Supreme Master TV », parlant de protéger les animaux et les planètes, avec un texte écrit en plusieurs langues. Les restaurants servent de moyen de diffusion du matériel de la secte, dont le mot d’ordre est « Be Green, Go Veg, Save the Planet. »

Le site de la secte est ici (il s’appelle « contact direct avec Dieu »), le site de la télévision sur satellite est , et le « magasin céleste » avec les produits de la « supreme master » est (avec notamment des chapeaux… pour chiens).

D’où vient l’argent de tout ce système restaurants – multiples entreprises – chaînes de télévision ? Mystère et boule de gomme.

Et nous n’avons pas besoin de préciser ce que nous pensons d’une personne s’affirmant moine bouddhiste et s’imaginant que Dieu lui ordonne de s’habiller avec des robes royales, alors que ses partisans l’appellent « Sa majesté royale. »

LTD ne s’intéresse pas à la religion, sauf comme témoignage d’une certaine pensée écologiste… dans les temps anciens. Le culte du « Supreme Master » est une caricature de culte de la déesse mère (voir notre article Pachamama, Kali, la Vierge Marie: les figures des fausses déesses-mères).

Quand nous parlons de Gaïa, il n’y a rien de religieux : Gaïa est un terme qui symbolise pour nous notre planète en tant que lieu de la vie, des volcans aux oiseaux dans le ciel. Gaïa est un terme parlant, qui montre bien que la Terre n’est pas la lune ou Mars !

Et nous n’avons pas besoin de méditation, mais de la libération animale, de la libération de la Terre ! Rien à voir avec les restaurants loving hut, qui sont bien placés et vont dans une perspective de promotion du culte de Ching Hai.

L’emplacement des deux restaurants français sont éloquents : un est à Menton, une station sur la côte d’azur ultra célèbre dans le genre situé juste à côté de Monaco. Le restaurant est bien entendu sur la « promenade du soleil. »

L’autre restaurant, situé sur un grand boulevard parisien, a des prix allant avec la capitale : 10,50 euros la part de quiche, 5 euros la part de gâteau, 2 euros le supplément de chantilly… De quoi faire le bonheur des dandys végétaliens de la capitale, qui en font l’apologie, expliquant même que c’est pas cher !

Heureusement donc qu’à Paris il y a le Food Not Bombs : démocratique pour les gens pauvres, et pas des bourgeois se pavanant dans un restaurant totalement bobo tenu par une secte!

Quelle association aider quand on peut?

Sur le livre d’or une personne nous demande ce que l’on ferait d’une somme d’argent reçue, à quelle(s) association(s) cet argent pourrait bénéficier.

Nous avons pris du temps pour répondre à cette très intéressante question, mais bien difficile !

En effet, il faut être très réaliste en ce qui concerne la question de l’argent. A moins d’avoir un haut niveau d’engagement et une éthique parfaitement rodée, la corruption est un phénomène qui existe.

Il suffit de penser au récent scandale de la SPA (parisienne) avec notamment ses placements immobiliers.

De plus, à notre sens, il y a un autre point très important: la question de la médiatisation. Nous ne pensons pas qu’il soit correct que des gens se mettent en avant sur le plan individuel et en tirent un profit en terme « d’image de marque. »

Nous pensons ici par exemple à la Fondation Brigitte Bardot, ou bien encore à l’Association (du policier) Stéphane Lamart.

Est-il normal d’avoir le nom de quelqu’un de vivant dans le nom de l’association, de faire de cette personne la figure centrale, avec moult photos etc.? Tel n’est pas notre point de vue: ce sont les animaux qui doivent être au centre de notre démarche.

Il y a souvent dans les associations un culte du « président fondateur », et ce n’est pas correct. Sans parler de l’absence de véganisme de toutes ces personnes présidentes en quelque sorte à vie…

Alors pour répondre à la question, nous dirons qu’il faut privilégier les petites structures. Ce sont elles qui font un énorme travail de fond, avec une grande générosité.

Bien entendu (et c’est étrange) le véganisme n’est pas présent, ni même parfois connu! Mais ces associations travaillent « avec les moyens du bord », avec une démarche populaire sincère.

Nous pensons ici bien sûr surtout aux associations qui se « cantonnent » à sauver/protéger que certains animaux (chats, rongeurs,oiseaux etc). Ce qui n’est certes pas un mal en soi, car ces associations qui se consacrent à une seule espèce animale ont souvent un refuge et une compétence à ce niveau.

Reste la douloureuse question du financement.

Un bon exemple dans ce domaine est la SPOV : la Société Protectrice des Oiseaux des Villes qui se trouve à Châtillon, en banlieue parisienne.

Créée en 1989 par Nadia Fontenaille (décédée en automne 2009), la SPOV agit pour sauver et soigner des oiseaux blessés, quel que soit l’espèce. La SPOV oeuvre pour la mise en place de pigeonniers contraceptifs. En 2009, l’association a pris en charge 4387 oiseaux de 44 espèces différentes, venant de 15 départements différents.

Et cela dans des conditions héroïques, quand on voit le matériel et les locaux. Et les mots ne sont pas trop forts.

Et il faut savoir que la SPOV peut donc se déplacer pour récupérer un oiseau (les coordonnées de la SPOV: 68, rue Gabriel Péri, 92320 Châtillon, 01.42.53.27.22).

Il faut également noter l’existence des associations qui ont une démarche correcte envers les chatTE, telle L’école du chat libre.

Créée en 1978 par Michel Cambazard, le but de cette association est de protéger et d’intégrer les chats errants dans leur cadre de vie, en les stérilisant, tatouant et puceant.

Les matous les plus sauvages sont remis en liberté, ainsi ils ne croupissent pas dans une cage-prison de refuge jusqu’à ce qu’une personne généreuse vienne l’adopter.

On peut également penser au refuge FREE consacré aux rongeurs, qui a pour mission d’informer les futurs adoptantEs sur le comportement, les besoins et les soins à prodiguer à leurs animaux. Mais aussi d’accueillir au refuge les animaux abandonnés, trouvés, maltraités.

Après les soins nécessaires les animaux sont proposés à l’adoption. Les rongeurs ne pouvant être adoptés restent alors au refuge dans une « maison de retraite. »

On peut aussi citer l’association ADAF, dont l’objectif est de s’occuper de la protection, de la stérilisation, du suivi sanitaire et alimentaire des colonies de chats libres, des chats abandonnés, maltraités et/ou errants sur de l’Ile de Ré. En raison de la récente tempête, cette association a vu son refuge inondé.

Voilà quelques associations, mais bien entendu il y en a beaucoup d’autres. Le meilleur dans tous les cas étant de prendre contact, de passer, de voir sur le terrain. Rien ne peut être fait les yeux fermés, malheureusement. La compassion demande que l’on soit ferme et exigeant, et toute notre attention.

Enfin et juste pour finir: il ne faut pas oublier qu’affirmer la nécessité de la libération animale est une lutte juste, mais pas aux yeux de l’État. Les personnes victimes de répression (présente ou future!) ne sont pas à oublier.