La supercherie du sommet de Cancún

A Cancún, au Mexique, vient donc de se terminer une conférence internationale sur le réchauffement climatique, organisée sous l’égide de l’ONU et avec la participation de presque 200 pays.

Cette conférence a consisté en 12 jours de négociations, et finalement l’adoption d’un texte final, salué comme une « réussite. »

Pour son contenu ? Non ! Simplement… parce qu’il existe. C’est cela les résultats concrets dont parlent les personnes suivantes:

« L’accord obtenu comporte des avancées concrètes notamment en matière de lutte contre la déforestation, de transfert de technologies et de financement. Il lance une vraie dynamique en vue de la conférence de Durban l’année prochaine. »
Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie

« Après l’échec retentissant de Copenhague, les négociations onusiennes ont prouvé qu’elles pouvaient aboutir à des résultats concrets, notamment sur la protection des forêts, l’aide financière aux pays en développement ou la vérification des promesses. »
Yannick Jadot, eurodéputé EELV

« Je crois que c’est une chose positive de voir un accord mondial, incluant toutes les grandes économies. »
Todd Stern, représentant américain au sommet

Prenons par exemple le « Fonds vert. » Il s’agit d’un fonds destiné à aider les pays « en développement » à affronter les changements climatiques et à essayer de les ralentir.

Premier point : il ne s’agit pas de stopper le réchauffement climatique, mais ici de l’accompagner, de le freiner plus ou moins.

Second point : les pays riches ont promis 75 milliards d’euros, mais il n’y a aucun plan de financement.

Troisième point : le système de compensations pour lutter contre la déforestation est purement théorique, il n’y aucun chiffre, rien n’a été décidé.

Quatrième point : ce « Fonds vert » sera mis en place en… 2020.

On peut donc être certain que, d’ici 2020, tout aura été chamboulé…

Prenons un second exemple, avec le protocole de Kyoto, qui doit expirer en 2012. Rappelons juste ici que selon ce protocole, les pays riches doivent réduire leurs émissions de 5,2%.

Rappelons aussi que ce protocole n’a pas été signé par les USA, qui se justifie en disant que la Chine (qui est l’usine des pays riches) ne doit pas réduire ses émissions ; il y a quelques années le Canada avait qualifié les objectifs du protocole de «irréalistes et inaccessibles » ; l’année dernière à Copenhague 85 pays ont promis de réduire ou freiner leurs émissions, mais sans aucun accord contraignant, etc.

Et là, qu’est-ce qui a été décidé à Cancun ? Strictement rien !

Il a simplement… été promis de discuter de cela, lors de la conférence de Durban, en Afrique du Sud, l’année prochaine !

On comprend quand on voit cela que la ministre de l’écologie explique au sujet de ce sommet de Cancun:

« Il confirme l’objectif de limiter l’augmentation de la température de plus de 2 C et va au-delà en ouvrant la perspective d’un objectif mondial et partagé de réduction des émissions à l’horizon 2050. »

Horizon 2050 ! Et oui, voilà comment les gens qui ne respectent pas la planète voient les choses.

Mais cela est logique : pour ces gens, il y a le temps. La destruction des vies animales et de la nature n’est, pour eux, pas un drame auquel il faut mettre fin. Cela ne les marque pas, cela ne les frappe pas.

A peine s’ils peuvent le remarquer, parce que cela menace l’équiblibre du monde, sa gestion. Pour ces gens-là, il s’agit bien seulement de gérer. La nature, en soi, ne les intéresse pas, à part comme paysage, à part en arrière-plan.

Comme l’a expliqué Yannick Jadot d’Europe écologie avant le sommet, la question centrale n’est pour eux pas la nature, mais la gestion:

« Les négociations risquent d’être difficiles, pourtant l’issue de cette conférence sera déterminante: si nous obtenons un bon résultat sur la déforestation, les transferts de technologie et un fond de soutien aux pays du Sud – même sans accord global – alors cela signifiera que le processus onusien n’est pas complètement vain. Pour cela, il faut que les pays du Nord tiennent leur promesse. »

Processus onusien, « bon résultat »… voilà le discours de la gestion, un discours qui est le contraire de la sensibilité dont on a besoin. Nous avons besoin de gens qui voient le film Green, qui sont meurtris ne serait-ce que par l’idée d’une route dans le parc du Serengeti, qui ressentent des émotions et veulent protéger Gaïa, pas de gens dénaturés pratiquant la « gestion »!

La seule gestion valable, c’est celle qui assume l’appartenance de l’être humain à Gaïa: la planète doit redevenir bleue et verte!

Le film « Green », les forêts primaires et l’huile de palme en Indonésie

Green est le titre du film de Patrick Rouxel, titre donné en la mémoire de cette femelle orang-outan, chassée de son territoire afin de massacrer les arbres qui lui servaient de lieu de vie.

Green est une femelle orang-outan mourante qui a été amené dans un refuge à Bornéo. A travers elle, et ses derniers instants de vie, le réalisateur de Green, Patrick Rouxel, montre les ravages que subit la forêt indonésienne (on peut voir une petite interview ici).

Ce film terriblement bouleversant commence avec violence avec un orang-outan capturé et enfermé dans un sac et ballotant sur le sol de la voiture qui l’emmène loin de sa forêt…. Rien que cette scène nous annonce la couleur dramatique du film !

Ce petit et terrible film nous montre aussi, de manière relativement rapide, les singes esclavagisés dans les zoos ou des éléphants attachés avec des chaînes de quelques dizaines de centimètres aux pieds ou bien encore le commerce d’animaux sauvages sur les marchés.

Green est donc un court métrage de 48 minutes pleines de tristesse et d’impression d’impuissance… On peut le voir et le télécharger sur le site qui lui est consacré: greenthefilm.com (cliquer sur « Watch the movie » pour le voir, et éventuellement sur « Download » pour le télécharger – il n’y a pas de commentaires et le film est ainsi aisément compréhensible pour tout le monde, partout dans le monde).

Pour réaliser ce documentaire, Patrick Rouxel est parti seul pendant plusieurs mois avec une caméra dans la jungle de Bornéo, en Indonésie.

La forêt de l’Indonésie a un taux de déforestation terrifiant : environ 2 millions d’hectares par an. En 1950 la foret occupait environ 160 millions d’hectares, aujourd’hui il en reste moins de 48 millions.

Cette déforestation maladive sert à produire des meubles en bois exotiques, des agro-carburants mais surtout l’huile de palme, qui est utilisée dans de très nombreux produits. On la retrouve partout : industrie alimentaire, industrie des détergents et savons, industrie pharmaceutique, industrie du cuir et du textile, industrie du métal etc etc. Pour des informations précises à ce sujet, on peut se reporter à cette page très instructive.

Le film Green veut donc de nous sensibiliser à ce carnage. L’absence de discours dans le film laisse place aux terrifiantes images qui marquent et imprègnent les esprits. Et sur le site consacré à Green sont également mentionnées des entreprises participant à cette entreprise de destruction.

Parmi les banques et institutions finançant la déforestation, on trouve:

COFACE – France

Vivendi Water – France
Natixis – France
BNP Paribas – France
Credit Agricole – France
AXA – France
Société Générale – France

Parmi les entreprises achetant ou commercialisant du bois d’Indonésie:

Les Mousquetaires (Bricomarché) – France
Leroy Merlin – France
Saint Gobain Group (Point P / Lapeyre / Jewson / Raab Karcher / Dahl) –  France
Maison Coloniale – France
Pier Import – France

Parmi celles achetant ou commercialisant de l’huile de palme:

Carrefour – France
Edouard Leclerc – France
Auchan – France
Pinault Printemps Redoute – France
Danone – France
Gillette – France
SAS Devineau – France
L’Oréal – France

Parmi les entreprises investissant dans le diesel bio à partir d’huile de palme:

ED&F Man Biofuels – France

Le film a gagné 22 prix, et il est aussi possible de l’acheter ici.

Malgré cette impression d’impuissance ressenti pendant le film, les images cauchemardesques de la sur-production de produits de notre quotidien nous font bien comprendre, au final, que nous pouvons ET devons agir.

L’huile de palme se retrouve dans un nombre impressionnant de produits alimentaires industriels.

Que l’affichage soit clair ou non à ce propos, nous devons nous renseigner avant d’acheter mais surtout refuser cette huile industrielle qui tue la forêt et ses habitantEs.

La mention « huile végétale » ne veut strictement rien dire et cache bien souvent la présence de cette huile assassine.

Même dans les produits alimentaires bio, on retrouve cette huile utilisée de manière outrancière ! Voici la position de la marque bio trouvable en supermarchés Bjorg à ce sujet :

Et l’écologie dans tout ça ?

La demande d’huile de palme est aujourd’hui de plus en plus importante. Et pour cause : c’est une huile qui se prête à de nombreux usages. La production se développe donc, parfois au détriment de la biodiversité. En effet, dans certains cas une déforestation intensive est pratiquée pour laisser place à des plantations de palmiers. Une des conséquences est par exemple la menace pour la survie des orangs-outans, dont le milieu naturel est détruit.

Il est donc important d’encourager la transition vers des systèmes de production d’huile de palme durable minimisant les impacts négatifs sur l’environnement et les personnes.

Chez BJORG, nous nous inscrivons dans cette démarche. En effet, notre huile de palme bio provient principalement de la Colombie, où l’expansion de la culture de palmiers à huile est possible sans déforestation et en respectant les conditions de travail des agriculteurs locaux. Pour aller plus loin, certains de nos produits contiennent de l’huile de palme bio et certifiée Proforest*. Notre objectif actuel est d’utiliser une huile de palme bio et certifiée durable pour tous nos produits.

Le saviez-vous ?

* La certification Proforest vérifie la conformité de la plantation avec la vie sauvage (WWF) et le respect des arbres d’origine. D’autre part, deux ONG locales colombiennes qui veillent au respect des conditions de travail dans les plantations, sont au contact direct des travailleurs.

Voici une position « claire » pour le consommateur lambda qui n’ira pas chercher plus loin.

En effet, cette huile de palme bio maintenant produite aussi en Colombie… ça fait loin quand même pour un produit qui se veut respectueux de l’environnement!

Et qu’est-ce que que ce groupe Daabon? C’est là qu’on voit que les positions des marques (de buisiness) bio ne sont pas très claires à ce sujet, et que la loi du profit ne les épargne pas plus que les marques industrielles traditionnelles.

Voir ici un très intéressant article sur la Colombie pour comprendre cette absence de clarté de la part des industries de l’agriculture biologique, où on peut lire notamment:

Ce que l’on sait moins c’est que la Colombie marche vaillamment sur les traces de l’Indonésie et est maintenant le premier producteur d’huile de palme d’Amérique du Sud. Certes, comparé à l’Indonésie la production peut sembler bien modeste, mais petite particularité, l’Europe est largement compromise dans ce massacre là.

Les conséquences environnementales et sociales sont exactement les mêmes que partout ailleurs dans le monde : expulsion des communautés paysannes par un régime de terreur, enrôlement quasi-forcé des survivants dans de pseudo-coopératives, destruction de forêts primaires, etc.

Et ce que l’on sait moins encore c’est que l’huile de palme colombienne a colonisé la plupart des rayons de nos supérettes bio : plats cuisinés, céréales grillées, huiles et margarines de cuisson, pâtisseries, cosmétique, entretien, etc. l’huile de palme dont le nom se résume le plus souvent à “huile ou graisse végétale” (à croire que les fabricants en sont peu fiers) est partout.

L’excuse ? Cette huile de palme est produite par le groupe Daabon, dont les produit sont certifiés bio voire équitable par toute une ribambellle de professionnels de la certification : Rainforest (une ONG américaine versée dans le greenwashing), FLO (dont le représentant français est Max Havelaar), etc. sans oublier Ecocert, notre champion national de la certification, à la tête d’un petit empire international.

En effet, en France, tous, du transformateur au distributeur s’abritent derrière les sacro-saintes certifications d’Ecocert. Que cette certification soit remise en cause et c’est tout l’édifice qui s’écroule, de l’importateur aux distributeurs en passant par les transformateurs.

Alors aussi longtemps que possible il faut continuer de nier les expulsions de paysans, écarter tout lien possible avec la mafia narco-paramilitaire responsable de massacres indescriptibles, sans oublier les destructions environnementales qu’il faudrait accepter comme des dommages collatéraux d’un développement salvateur.

En l’absence de toute précision quant à la provenance de cette huile sur les emballages, ce qui est à faire est de se renseigner avant d’acheter, ou mieux, de refuser toute consommation d’huile de palme, qu’elle soit bio ou pas… C’est encore le plus sûr!

Et on peut mettre le film « Green » en avant. Il s’agit d’un  film poignant, qui marque les esprits. Son téléchargement est gratuit, ce qui permet une large diffusion, pour n’importe quelle occasion militante. A travers la souffrance de Green la femelle orang-outan, on comprend que ce sont des millions d’animaux qui sont exploités et tués. A travers Green la femelle orang-outan, on comprend que c’est toute la Nature qui est exploitée et tuée ! Et ce que raconte « Green » est est très clair et montre quelle doit être notre lutte : libération animale et la libération de la Terre.

Loving hut… ou bien plus logiquement: les Food not Bombs!

L’idée de proposer de la nourriture végane à très bas prix ou gratuitement existe depuis longtemps. Le camion végétarien dont nous parlions hier est en fait une initiative parmi de nombreuses autres.

La plus connue est bien entendu le « Food Not Bombs », qui se relance sur Paris après une petite période de sommeil. Dans un genre similaire mais éloigné sur le plan qualitatif, on a « loving hut », une chaîne de restaurant vegan mis en avant par une sorte de secte.

Parlons d’abord de Food Not Bombs, bien plus intéressant. Né au début des années 1980 aux USA, il s’agit de proposer gratuitement de la nourriture végane, afin à la fois de servir les personnes défavorisées et de promouvoir le véganisme, tout en critiquant le capitalisme car la nourriture est constituée de récupération d’invendus.

Le nom est bien entendu un appel à une alimentation pacifique, à l’opposé de la fabrication de bombes. A chaque distribution de nourriture, le collectif FNB doit faire une table de presse et avoir une banderole.

On notera que tout comme Earth First ! (ou bien l’ALF, l’ELF), la structure est décentralisée : n’importe qui pouvant former son groupe Food Not Bombs.

Aux USA, Food not bombs a été un élément important de la contestation à la guerre contre l’Irak au début des années 1990, et il s’en est suivi une criminalisation par le FBI.

Ce qui n’a pas empêché son succès grâce à la pugnacité des activistes. Il existe aujourd’hui à peu près 200 collectifs FNB aux USA, et autant dans le reste du monde. Une pensée spéciale va ici à Timur, activiste vegan des FNB assassiné par les nazis en Russie.

Nous avons mis dans notre section activisme un document consistant en un ouvrage consacré au FNB (l’histoire, le principe, les recettes, les conseils, etc.).

Voici l’appel du collectif FNB de Paris :

Réunion de rentrée le 10/09/10

La réunion de rentrée du Food Not Bombs Paris aura lieu le Vendredi 10 Septembre à 18h30 à l’Ecobox, 37 rue Pajol dans le 18é.

On vous attend nombreux pour débattre des projets à venir et nous organiser pour l’année qui arrive !

La réunion débutera par une présentation du Food Not Bombs en général et du FNB Paris en particulier, c’est donc le bon moment pour franchir le pas et venir nous rencontrer.

N’hésitez pas à ramener de bonnes choses à boire et à manger (véganes bien sûr) :D

Dans un genre totalement différent, on a « loving hut. » Là aussi, la nourriture végétalienne est mise en avant.

Mais là il ne s’agit pas d’un projet sans hiérarchie et ne visant pas le profit. Il s’agit d’une chaîne de restaurants dépendant d’une religion ou plus exactement d’une secte vénérant une femme née en 1950 et appelée « Supreme Master Ching Hai. »

Ching Hai signifie « pur océan » en mandarin, la femme en question étant originaire du Vietnam mais ayant vécu à Taiwan.

Chaque loving hut a donc un écran diffusant la chaîne de télévision « Supreme Master TV », parlant de protéger les animaux et les planètes, avec un texte écrit en plusieurs langues. Les restaurants servent de moyen de diffusion du matériel de la secte, dont le mot d’ordre est « Be Green, Go Veg, Save the Planet. »

Le site de la secte est ici (il s’appelle « contact direct avec Dieu »), le site de la télévision sur satellite est , et le « magasin céleste » avec les produits de la « supreme master » est (avec notamment des chapeaux… pour chiens).

D’où vient l’argent de tout ce système restaurants – multiples entreprises – chaînes de télévision ? Mystère et boule de gomme.

Et nous n’avons pas besoin de préciser ce que nous pensons d’une personne s’affirmant moine bouddhiste et s’imaginant que Dieu lui ordonne de s’habiller avec des robes royales, alors que ses partisans l’appellent « Sa majesté royale. »

LTD ne s’intéresse pas à la religion, sauf comme témoignage d’une certaine pensée écologiste… dans les temps anciens. Le culte du « Supreme Master » est une caricature de culte de la déesse mère (voir notre article Pachamama, Kali, la Vierge Marie: les figures des fausses déesses-mères).

Quand nous parlons de Gaïa, il n’y a rien de religieux : Gaïa est un terme qui symbolise pour nous notre planète en tant que lieu de la vie, des volcans aux oiseaux dans le ciel. Gaïa est un terme parlant, qui montre bien que la Terre n’est pas la lune ou Mars !

Et nous n’avons pas besoin de méditation, mais de la libération animale, de la libération de la Terre ! Rien à voir avec les restaurants loving hut, qui sont bien placés et vont dans une perspective de promotion du culte de Ching Hai.

L’emplacement des deux restaurants français sont éloquents : un est à Menton, une station sur la côte d’azur ultra célèbre dans le genre situé juste à côté de Monaco. Le restaurant est bien entendu sur la « promenade du soleil. »

L’autre restaurant, situé sur un grand boulevard parisien, a des prix allant avec la capitale : 10,50 euros la part de quiche, 5 euros la part de gâteau, 2 euros le supplément de chantilly… De quoi faire le bonheur des dandys végétaliens de la capitale, qui en font l’apologie, expliquant même que c’est pas cher !

Heureusement donc qu’à Paris il y a le Food Not Bombs : démocratique pour les gens pauvres, et pas des bourgeois se pavanant dans un restaurant totalement bobo tenu par une secte!

Le film Soylent Green (Soleil vert)

Le film Soylent Green (Soleil Vert dans sa version française) est un « classique » des films d’anticipation; sorti en 1973, il a bien entendu largement vieilli dans la forme mais sa problématique fait qu’il reste extrêmement intéressant, en plus d’avoir largement marqué les esprits.

Le scénario du film s’appuie sur un roman, intitulé en anglais « Make Room! Make Room! », de Harry Harrisson, qui imagine un futur marqué par une surpopulation massive. Mais il y ajoute différents éléments: l’utilisation massive du soja tout d’abord, et l’utilisation des cadavres humains comme source de protéïnes complémentaires.

L’influence culturelle sur le film de l’utilisation massive du soja aux USA, à partir de la première guerre mondiale et jusque les usines des voitures de Ford, mérite un article à part.

Disons simplement que la situation dans le film est la suivante: l’humanité a totalement saccagé la planète. Ceci nous est présenté au début du film, dans une succession d’images où l’on voit la « conquête de l’ouest » (américain) puis la construction des villes, des autoroutes avec des voitures partout, les usines et la pollution, etc.

Dans ce contexte, il y a surpopulation et la ville de New York a 40 millions de personnes s’y entassant comme elles peuvent. Seule une petite élite s’en sort (en ayant l’eau courante, des biens de consommation courants, des appartements, de la nourriture comme « avant », etc.), en étant protégée par une police à son service et qui forme une sorte de classe moyenne.

Le film tourne autour d’un policier « intègre » justement, qui va découvrir comment est fabriqué le « Soylent Green. » Car les masses qui ne connaissent ni « viande » ni légumes se nourrisent d’aliments produits par la compagnie « Soylent ». « Soylent » est la contraction de « soybean-lentil » (« Soja – Lentilles »).

Théoriquement le Soylent Green est produit à partir de soja et de plancton, mais en réalité les océans ont été assassinés. C’est ce que le policier découvre lors de son enquête. Ce qui fait qu’il y a en fait récupération des cadavres, tant des gens morts que des gens allant dans des centres spéciaux pour se suicider, ou encore des gens ramassés par de véritables bulldozers lors des émeutes de la faim.

L’univers de Soylent Green est ultra violent et ne montre aucune perspective pour s’en sortir, les êtres humains ayant anéanti la planète. La génération « Soleil Vert » ne connaît qu’une bataille pour la survie, et seuls s’en sortent les riches et le personnel à leur service (tant les policiers que les « femmes-mobiliers » servant de faire-valoir et de prostituées).

Le film oscille entre deux perspectives: d’un côté, une critique sociale, et de l’autre une nostalgie pure et simple. On voit ainsi le policier voler des aliments lors de son enquête, et son ami plus âgé lui cuisine la viande de boeuf volée, qu’ils consomment en buvant de l’alcool également volé. Cet ami plus âgé est ici une figure réactionnaire, qui cultive le passé, qui a la nostalgie d’avant.

Il y a une tonalité fataliste dans le film: avant on pouvait vivre, mais l’humain est ainsi fait qu’il détruit. La morale du film pourrait se résumer à « Dieu crée, l’homme détruit. » Le prêtre a une grande importance culturelle dans le film: il est terriblement choqué par la découverte de ce qu’est le Soylent Green, alors que son église est déjà pleine de personnes sans abri.

Dans la même idée, mais de manière plus critique, on voit que l’ami du policier décide de se suicider quand il apprend la vérité. Il veut rejoindre Dieu qui l’a créé (quitte à se suicider, ce à quoi en tant que juif il n’a pas le droit), mais c’est également une critique de l’humanité elle-même.

D’ailleurs lorsque ce vieux bibliothécaire juif va dans le centre consacré au suicide, il est montré comme une sorte de Socrate buvant un poison. On le voit ainsi pleurer le temps que le poison agisse, alors qu’il est dans une salle diffusant sur tous les murs un film montrant la nature telle qu’elle était avant: les oiseaux, les forêts, les cascades, les océans…

On remarque d’ailleurs que les seules autres personnes critiques sont des vieilles femmes dans des bibliothèques, ce qui donne une tonalité assez féministe dans un film malheureusement tournant sinon toujours autour du personnage principal, joué par Charlton Heston.

La fin est justement marquée par la figure de Charlton Heston, dont le personnage très grièvement blessé explique en quelque sorte avant de mourir que le Soylent Green consiste en des cadavres (« Soylent green is people »), et qu’il y a le risque que les humains soient élevés comme du bétail.

Il apparaît ainsi comme le « seul humain » se rebellant alors que les gens seraient une sorte de brute collective, sans mémoire ni conscience, sans volonté ni morale. Il n’est donc pas étonnant que la question animale ne soit pas posée, alors qu’en fait elle se pose dans tout le film!

Un remake de ce film est en cours et devrait sortir en 2012.