Quelques bâtiments et monuments symboles du rapport de l’humanité avec la nature

Lorsque l’humanité a prétendu être au-dessus ou « au-delà » de la nature, elle a voulu l’affirmer symboliquement. Encore fallait-il que ce symbole ne soit pas « naturel. »

Voilà pourquoi l’Égypte des pharaons a pris comme symbole la pyramide: on ne trouve pas le triangle dans la nature. La pyramide, oeuvre humaine, représente la capacité de l’esprit humain à être immortel.

On remarquera évidemment que le triangle est devenu le symbole de la « raison » et qu’on le retrouve d’ailleurs comme symbole du « grand architecte » c’est-à-dire de Dieu dans l’esprit des Lumières (que l’on retrouve dans la franc-maçonnerie issue des Lumières en France et en Angleterre, sur les billets de banque aux USA, etc.).

Dans cette logique, Gaïa n’existerait alors pas: il y aurait une « intelligence » (Dieu, ou l’humanité) qui lui donnerait un sens. La nature est en fait niée en même temps qu’elle serait « soumise. » On trouvera à la fin de l’article un extrait du philosophe Hegel expliquant cette démarche égyptienne – et ses contradictions.

Mais si l’on traite la question de la domination de la nature et de ses symboles, il faut surtout parler du château de Versailles et de son parc; leur renommée fut et est mondiale.

On retrouve ici le symbole mondial du jardin à la française, du principe de corriger la nature pour y imposer la symétrie, les figures géométriques, l’alignement des arbres, etc.

Tout y est l’expression de la domination sur la nature. On trouve donc bien évidemment des « jardins à la française » ainsi que des bosquets (sorte de petits jardins séparés par des haies).

Mais il y a aussi un potager établi à la place d’un marécage, et un grand canal a été construit (chaque 5 septembre, jour anniversaire de la naissance de Louis XIV, le Soleil se couche dans l’alignement de ce Grand Canal…).

La Pyramide du Louvre (1988-1989) a la même symbolique que les pyramides égyptiennes: elle représente la domination de la « culture » sur la « nature » (ce n’est pas pour rien qu’elle donne accès au musée du Louvre).

Ses matériaux sont aussi représentatifs du « pouvoir » humain: il s’agit de verre et de métal, c’est-à-dire de substances matérielles raffinées par l’activité humaine.

Enfin pour bien montrer qu’il n’y a rien de naturel, la pyramide est composée de 603 losanges et 70 triangles en verre. Et on remarquera qu’il ne s’agit pas de la seule pyramide au Louvre: il y en a quatre autres.

Une se trouve sous le Carrousel du Louvre, et 3 mini-pyramides entourent la pyramide principale bordée de bassins d’eau… triangulaires.

Un autre excellent exemple est « El Transparente » de la cathédrale de Tolède, en Espagne. Cette oeuvre de 1721-1732 est l’une des plus connues du monde artistique, et est considérée comme un chef d’oeuvre de l’art baroque, voire comme la « huitième merveille du monde. »

Le principe est simple: deux trous ont été fait dans le mur de la cathédrale, puis masqués par des peintures et des anges.

Ces ouvertures permettent à la lumière du soleil de se poser quelques minutes par jour sur le tabernacle, la sainte Cène et l’ascension de la Vierge. Ce qui donne une impression de surnaturel, de victoire religieuse sur le monde matériel, naturel.

Impossible également de ne pas parler de la Tour Eiffel. Personne n’y pense, mais ce monument est l’équivalent laïc du Sacré Coeur (qui lui a été construit pour expier les péchés – donc les crimes « matériels » – de la Commune de Paris).

Le style monumental de la Tour Eiffel est là pour symboliser les grands développement techniques et le savoir-faire français; ce n’est pas un hasard si le restaurant gastronomique s’appelle… « Le Jules-Verne » (le site du restaurant, par sa kitcherie musicale, vaut le détour).

Il va de soi que cet esprit de domination se retrouve ailleurs: aux USA par exemple où l’Empire State Building (381 mètres de haut) représente le triomphe de la ville sur les campagnes.

Ou, plus récemment puisque terminé en janvier 2009, à Dubaï où le délirant Burj Dubaï est un gratte-ciel de 818 mètres de haut, représentant lui-aussi la virtuosité technique permise par la finance, elle-même permise par… le pétrole, c’est-à-dire une richesse naturelle.

A l’inverse de la culture de domination, voici quelques exemples contraires, très utiles pour notre réflexion.

La maison Hundertwasser (1983-1985) est un HLM de cinquante appartement de la ville de Vienne en Autriche, réalisée par l’artiste Friedensreich Hundertwasser.

La façade est colorée, à l’extérieur on retrouve de la végétation, tout l’intérieur a été décoré par l’artiste notamment avec des céramiques, les fenêtres sont de différentes tailles etc.

La ville de Barcelone possède elle de nombreux jardins urbains, un processus commencé dans les années 1980. On en trouve au centre-ville, près du parc Güell, mais même les conducteurs de taxi en ont un à côté de l’aéroport!

Il va de soi que l’existence de ces jardins urbains est toujours remise en question, et nécessite une lutte importante.

A Barcelone on trouve donc également le parc Güell, réalisé entre 1900 et 1914 par Antoni Gaudí. Il s’agit d’un parc où la nature rencontre des bâtiments aux formes hallucinées, dans un mélange très réussi et extrêmement apprécié. En fait, la réussite tient à ce que les oeuvres humaines s’intègrent à la nature; cette dernière n’est pas vraiment modifiée ni aménagée.

On notera aussi l’architecture organique du mexicain Javier Senosiain, une tentative récente de faire en sorte que les bâtiments forment un « tout » cohérent.

L’architecture organique vise en effet à mettre en place des bâtiments « cohérents » et allant avec leur environnement; le principe a été développé par l’architecte Frank Lloyd Wright.

Pour finir, voici la citation de Hegel concernant l’Egypte antique. Là aussi, il y a matière à réflexion sur la question de l’identité de l’humanité.

« C’est ainsi que dans l’art symbolique, l’esprit est submergé par l’étrangeté pour lui du monde matériel, qui lui apparaît alors comme un labyrinthe infini et inextricable, à l’image de la jungle non encore défrichée par la civilisation, arborescence végétale chaotique et illimitée qui semble échapper à toute loi : tel est l’art indien, qui exprime le renoncement de l’esprit dépassé par l’inaliénable étrangeté du monde matériel dans lequel il se trouve plongé.

Ou bien, à l’inverse,  l’esprit nie le monde en son altérité, et soumet la matière à des représentations symboliques qui ne peuvent être enfantées que par la pensée, et non rencontrées dans la nature : tel est l’art égyptien, créateur d’une architecture épurée, se limitant aux formes les plus simples de la géométrie, le cube du mastaba, le parallélépipède du temple ou la pyramide de la tombe pharaonique.

Pourtant, en niant la nature en son immédiate naturalité, l’esprit s’interdit de se connaître lui-même, puisque c’est seulement par l’affrontement du spirituel et du non spirituel que l’esprit peut parvenir à la connaissance de lui-même, c’est-à-dire à sa réalisation effective dans le monde.

Le sphinx égyptien est alors l’image de l’énigme que l’esprit encore abstrait est nécessairement pour lui-même, le mystère d’une infinité subjective qui fait éternellement face au mystère tout aussi impénétrable de l’existence objective du monde matériel. »

[Pour résumer: la culture indienne a inventé le Nirvana pour fuir ce monde où la nature la dépassait. La culture égyptienne a elle prétendu être au-delà de la nature, d’où la symbolique de la pyramide.

Mais les gens en Egypte n’étaient pas au-delà de la nature, étant des êtres vivants. D’où l’image du sphinx égyptien, être mi-homme mi-animal se posant la question de son identité.

L’extrait provient des Leçons d’esthétique.]

Des plantes forcées à « vivre » dans un minuscule tube!

La libération de la Terre signifie comprendre ce que signifie la dignité. A ce niveau, le moindre détail a son importance, car il a un impact culturel.

Rien n’est plus mauvais que le principe de ces « petplant », condensé de « pet » signifiant en anglais « animal familier », et plant, signifiant naturellement « plante. »

La plante est en effet arrachée à la planète terre, pour être placée dans un minuscule tube devant servir comme décoration de téléphone portable ou de porte-clefs. Il existe déjà de nombreux « modèles » qui tous sont censés porter chance.

Pour les besoins de la décoration, la plante est placée dans une sorte de gel « nutritionnel » et une fois par mois il faut enrouler le tube de 17mm sur 40mm dans du sopalin trempé pendant cinq minutes.

Est-ce là quelque chose de digne? Est-ce là une culture qui nous fait vivre de manière correcte, ou s’agit-il d’un acte barbare, cruel pour la vie?

Le principe des « petplant » est une insulte à Gaïa, c’est un affront à la dignité, à l’épanouissement et une insulte à la vie !

Le lamentable fiasco de Copenhague!

Les 15 jours durant lequels eut lieu de sommet de Copenhague furent un véritable gâchis d’argent (imposant dispositif policier, champagne de luxe, foie gras et caviar à volonté etc) et encore une source de pollution pour l’environnement (à cause des déplacements des politiques en avion privé).

Et le sommet qui s’est terminé vendredi nous montre une fois de plus que l’environnement et le réchauffement climatique laissent tout le monde indifférent. Autant d’argent gâché pour rien, tout ça pour ça!

Car les négociations n’ont évidemment abouties à rien de concret.

La déclaration finale prévoierait de limiter le réchauffement planétaire à 2°C d’ici à 2050, ce qui était l’objectif majeur et annoncé du sommet. Mais elle ne fixe pas pas d’objectifs à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et n’envisage pas de sanctions pour les pays qui ne respecteraient pas le protocole.

Quant aux forêts, l’Australie, la France, le Japon, la Norvège, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont annoncé le 16 décembre une aide de 3,5 milliards de dollars sur les trois prochaines années pour lutter contre la déforestation.

Face à cet échec, les politiciens des pays industrialisés, qui se soumettent bien évidement aux capitalistes en quête de profit, se dédouanent en inventant des solutions fictives.

Sarkozy compte ainsi sur les négociations prévues à Bonn en juin, en Allemagne, destinées à préparer la prochaine conférence climat de Mexico fin 2010, pour remettre l’objectif de 50% de réduction des émissions d’ici 2050 en piste…

« Sage décision » de notre président que d’attendre encore plusieurs mois, pour évidemment aucun résultat comme on peut le craindre en étant tout à fait réaliste.

Il n’y a que le monde politique pour se permettre de dire que la crise climatique n’est pas urgente et peut encore bien attendre.

Alors c’était bien la peine que Nicolas Sarkozy perde son temps en nous parlant de « succès » et en évoquant lors de sa conférence de presse un accord « juridiquement contraignant ».

Ce qu’il ne dit pas, c’est que chaque pays décide lui-même de ce qu’il s’impose.

Dans tous les cas donner un accord par écrit, qui sera valable dans 10 ans, est une insulte à la planète! Ces soit-disants accords futurs ne sont qu’un masque donné afin de calmer les esprits, et de faire croire que le réchauffement climatique n’est ni grave, ni important, ni urgent, et que tout sera réglé bien tranquillement.

Dès le début des années 1970, les Etats membres de l’ONU ont prétendu prendre conscience de l’urgence à prendre en charge la préservation de l’environnement au niveau mondial. Nous arrivons en 2010 et pouvons tristement constater que tout cela n’était que balivernes.

Tous les sommets organisés au nom du climat ne sont qu’une honteuse perte d’argent, une cause de pollution et une occasion de « rassurer » la population dans le but de lui faire croire que le sort de la Terre est pris au sérieux.

Pourtant, nous détruisons Gaïa et tous ses habitants. Les conséquences s’en ressentent déjà depuis un moment et bon nombre des pires scénarios émis par des scientifiques pourraient très bien se produire! Car nous ne pouvons pas prévoir la réaction de Gaïa face à sa destruction.

Voici par exemple des scénarios catastrophes publiés sur le site de Géo (on notera bien évidemment au passage que les scénarios partent uniquement du point de vue des humains et de leurs intérêts, l’écosystème n’étant qu’une « ressource »).

Depuis le début de l’ère industrielle, la température de l’air s’est réchauffée de 0,7°C. Mais l’accélération du phénomène ces dernières décennies va entraîner une augmentation beaucoup plus importante et rapide des températures. « La température moyenne de l’air devrait se réchauffer entre 2 et 7 degrés en 2100 par rapport à la période industrielle », écrit l’Institut de recherche sur les impacts du climat de Potsdam, dans une synthèse publiée fin novembre des différentes études scientifiques parues depuis 2007.

Les scénarios de réchauffement

+1°C : moins de glace, plus de pluie
Un réchauffement de la température de l’air d’au moins 1°C est inévitable à moyen terme. Il se traduit par un dérèglement important du rythme des moussons asiatiques. La fréquence et l’intensité de ces précipitations augmentent le risque d’inondations et de destruction des cultures.

Un degré supplémentaire signifie également la fonte accélérée d’une grande partie des glaces de la calotte Arctique ainsi qu’une panne du système des courants océaniques comme le Gulf Stream, qui contribue à rafraîchir le climat en Europe.

+2°C : mort du corail et érosion des sols
A force d’absorber des quantités toujours plus grandes de CO2, les océans s’acidifient. Un phénomène qui met en péril la survie des récifs coralliens, qui constituent un réservoir de biodiversité exceptionnel. La faune et la flore terrestres ne sont pas épargnées non plus, puisqu’un tiers des espèces vont quitter leur habitat naturel pour tenter de survivre au changement climatique, certains écosystèmes ayant atteint leur point de rupture.

Autre conséquence d’un réchauffement de deux degrés : la sécheresse, qui érode les sols, compromettant la fertilité des terres arables. La production alimentaire pourrait même baisser de près de 40% en Afrique subsaharienne, en Amérique centrale ou en Asie du Sud-Est, entraînant un hausse significative du nombre de personnes souffrant de la faim (plus d’un milliard en 2009).

+3°C : montée des eaux et forêts asséchées
Un réchauffement de 3°C signifie une hausse importante du niveau des océans, notamment sous l’effet de la fonte de la banquise. Des études scientifiques récentes indiquent que cette hausse pourrait atteindre un à deux mètres, des chiffres bien supérieurs aux prévisions initiales du GIEC (de 18 à 59 cm). Le phénomène menace plus de 380 millions de personnes vivant dans des régions côtières situées à moins de 10 mètres d’altitude, notamment dans les mégalopoles d’Asie du Sud-Est.

La hausse des températures augmente le taux d’évaporation de l’air et donc la fréquence de pluies toujours plus acides du fait de la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Maintenu en état par la capacité de la forêt amazonienne à stocker du carbone, le cycle des pluies en Amérique du sud risque d’être complètement bouleversé. Victimes de la sécheresse, les autres forêts tropicales, comme celle du Bassin du Congo, deviennent des puits de carbone de moins en moins efficaces.

+4°C : des catastrophes naturelles au quotidien
La sécheresse augmente la pression déjà importante sur les ressources en eau ainsi que le risque d’incendies, notamment dans les forêts boréales de Russie.

Près de la moitié des marécages et zones humides disparaissent sous l’effet conjugué des vagues de chaleur et de la montée des eaux. Des dizaines de millions de réfugiés climatiques fuient leur pays d’origine, notamment dans les régions les plus exposées au changement climatique (sous-continent indien, îles du Pacifique, Afrique de l’Ouest…).

La pression sur les ressources en eau devient insupportable. Les glaciers himalayens, qui alimentent aujourd’hui 85% des réseaux d’eau douce en Asie du Sud-Est, fondent à cause de la hausse des températures. La destruction des milieux naturels et la crise alimentaire favorisent le développement de maladies mortelles comme la diarrhée, la dengue ou la malaria.

+5° à +7°C : le chaos
L’extinction de la biodiversité mondiale se poursuit, avec la disparition de plus de 40% des espèces animales et végétales recensées à ce jour.

La concentration de CO2 dans l’atmosphère bat des records, notamment sous l’effet de la fonte du permafrost, une couche de glace présente en Sibérie, en Alaska et au Canada, qui stockait jusqu’alors plusieurs dizaines de gigatonnes de CO2 par an. Les phénomènes météorologiques extrêmes (raz-de-marée, cyclones, canicules…) sont de plus en plus violents.

Le coût financier de ces catastrophes devient incontrôlable, représentant 20% à 30% du PIB mondial, conformément aux calculs de l’économiste britannique Nicholas Stern. Surtout, cliniques et hôpitaux ne parviennent plus à faire face à l’afflux de personnes victimes de catastrophes naturelles ou de maladies liées à la dégradation de l’environnement.

Mexique: attaque explosive contre un vendeur de motos et attaques incendiaires contre des véhicules

Ci-dessous un communiqué de l’ELF Mexique, publié sur le nouveau blog même pas peur. L’ELF est très active au Mexique, associant sa démarche à une lutte contre la domination de type « anarchiste insurrectionnaliste » et cela est logiquement très présent dans le communiqué.

A l’aube du mardi 15 décembre, vers 5 heures du matin. Une cellule du front de libération de la terre. Encore une fois, armés de toute notre haine anti- anthropocentriste, nous avons placé un dispositif explosif contre un magasin de motos Harley Davidson, ce qui a éclaté les vitres du dit établissement.

En plus de cela, à l’aide de quelques cocktails molotov nous avons réduit en cendres 9 automobiles de luxe des marques Ford, Crysler et un camion de marchandises qui se trouvait entre elle. Tout cela s’est passé au sud de la ville, dans la délégation Tlalpan.

Nous réalisons cette action par refus total du sommet en cours à Copenhague, étant donné que les « leaders » qui sont présents au dit sommet sont soucieux de leur propre pouvoir, et veulent changer le capitalisme pour le rendre plus malléable, en faire un capitalisme « vert », avec lequel ils continueront d’exploiter la terre pour faire du pognon.

S’ils se souciaient quelque peu du réchauffement climatique, ils commenceraient par détruire les usines et les saloperies que sont les voitures. De plus aujourd’hui le Mexique présenterait ses propositions pour « combattre le changement climatique » …

Nous ne resterons pas passifs en observant comment ils détruisent la planète, nous attaquerons jusqu’à observer les flammes de l’insurrection au-dessus des cendres du capitalisme. Ni ses opérations « anti-anarchistes », ni ses enquêtes et policiers dans chaque coin de rue ne pourront nous arrêter.

Que les flammes insurrectionnelles ne s’éteignent pas !

Frente de Liberación de la Tierra – Célula Contra la Dominación Salvaje-

Sang Vert, de Raid

A côté des Californiens de Vegan Reich, la scène Hardline a eu deux autres groupes de musique principaux: RAID de Memphis aux USA ainsi que Statement, un groupe d’Angleterre. Voici le texte d’une chanson de RAID, intitulée « Blood Green » (Sang Vert), le texte étant également archivé ici.

Pour la petite histoire anecdotique mais marrante au sujet des hardline, le batteur Andy Hurley a joué dans Vegan Reich avant de rejoindre Fall Out Boy. Il est toujours vegan straight edge, mais se dit désormais également « anarcho-primitiviste ». Quand on lui a fait remarqué que, quand même, Fall out boy avait vendu 12 millions de disques et que donc c’était assez éloigné d’une négation de la société, il a répondu qu’il faisait simplement cela pour gagner sa vie.

born into an age of anthropocentricity. where nature is considered an evil, a wild that must be tamed.
Né à un âge d’anthropocentrisme, où la nature est considérée comme le mal, une sauvagerie qui doit être soumise.

humanity is now a plague, a cancer to the ecosystem.stop the machine; society, before we reach total annihilation. BLOOD GREEN. BLOOD GREEN.
L’humanité est maintenant une plaie, un cancer pour l’écosystème. Stoppons la machine, la société, avant d’en arriver à l’anéantissement total. SANG VERT. SANG VERT.

Burn it down. ecotage for self defense, nature is our home that we must defend. man and earth are one. this is the final truth for global salvation.
Mets y le feu. L’écotage pour l’auto-défense, la nature est notre foyer que nous devons défendre. L’homme et la terre ne sont qu’un. C’est la vérité finale pour le sauvetage global.

This is a call to arms for those who put nature above themselves. 4 1/2 billion years of earth is on the verge of extinction. BLOOD GREEN. BLOOD GREEN.
Ceci est un appel aux armes pour ceux qui mettent la nature au-dessus d’eux. 4 milliards et demi d’années de la planète sont à la limite de la destruction. SANG VERT. SANG VERT.

Burn it Down. destroy the poison of technology that is killing the land. this is your ultimatum and you better heed our demand
Mets y le feu. Détruis le poison de la technologie qui tue la campagne. C’est votre ultimatum et il vaut mieux pour vous tenir compte nos exigences.

Frise historique écologie/véganisme

Voici donc une frise présentant les principaux faits marquant dans l’élaboration de la conception écologiste, de la conception végane, les deux étant bien entendu liées. Cette frise est également en ligne ici et sera améliorée au fur et à mesure!

1824: Fondation en Angleterre de la Société pour la Prévention de la Cruauté contre les animaux.

1847: Fondation en Angleterre de la Société Végétarienne, naissance du mot « végétarien. »

1889
: Publication en Angleterre des « Nouvelles de nulle part » de William Morris.

1903-1910: série d’affrontements à Londres opposant médecins et étudiants en médecine d’un côté, syndicalistes, féministes et opposants aux tests sur les animaux de l’autre.

1926: Publication en Union Soviétique de l’ouvrage « Biosphère » de Vladimir Vernadsky.

1944: Fondation en Angleterre de la Vegan Society, naissance du mot « vegan. »

1964: Fondation en Angleterre de l’Association des Saboteurs de la Chasse.

1972: Fondation aux USA de Move, organisation afro-américaine écologiste radicale.

1972: La Chine populaire annonce que les communes populaires doivent pratiquer l’utilisation intégrale des matériaux afin d’éliminer les déchets en les revalorisant.

1974: en Inde, les femmes du mouvement Chipko protègent les arbres pour empêcher leur abattage.

1975: Parution aux USA de « La libération animale » de Peter Singer, ainsi que du roman « La gang de la clef à molette » d’Edward Abbey.

1976: Fondation en Angleterre du Front de Libération des animaux, structure décentralisée pratiquant des actions illégales.

1979: publication aux USA de « The Quest for Gaia » qui résume les thèses de James Lovelock et Lynn Margulis.

1980: Fondation aux USA de PETA (People for the Ethical Treatment of Animals), ainsi que d’Earth First!

1982: Fondation en Angleterre de l’Animal Rights Militia, structure décentralisée pratiquant des actions illégales.

1983: Sortie aux USA du film Koyaanisqatsi.

1988: Sortie de l’album « We’re Not in This Alone » du groupe Youth of Today, avec notamment la chanson « No more. »

1990: Sortie aux USA du maxi 45 tours du groupe punk « Vegan Reich » intitulé « Hardline » ; début du mouvement hardline, prônant un mode de vie vegan straight edge, le respect de toute vie et la violence pour défendre celle-ci.

1990: Fondation en Angleterre d’une section d’Earth First!

1993: Fondation en Angleterre du Justice Department, structure décentralisée pratiquant des actions illégales.

1993: Sortie de l’album « Firestorm » (avec notamment la chanson éponyme) du groupe Earth Crisis, expression de la culture nord-américaine vegan straight edge radical.

1995: Congrès du mouvement autonome allemand à Berlin. Tentative (qui échoue) de faire passer le mouvement du principe de la « triple oppression » (capitalisme, sexisme, racisme) à celui de « Unity of Oppression » (Unité des oppressions, en intégrant l’exploitation animale).

1996: Fondation aux USA du Front de Libération de la Terre, structure décentralisée pratiquant des actions illégales.

1996: aux USA Gary Francione critique Peter Singer, la ligne « welfariste » du mouvement pour les animaux et prône « l’abolitionnisme. »

1997: Sortie de l’album « The Shape of Punk to Come » du groupe Refused, expression de la vague vegan straight edge en Suède à partir de la ville d’Umeå.

1998: Quasi fin du mouvement hardline, les derniers groupes assument un « Islam révolutionnaire. »

1999: Un groupe marxiste (conseilliste) anglais publie « Beasts of Burden: Capitalism, Animals & Communism » et prône l’intégration au marxisme de la libération animale.

1999: Fondation en Angleterre de SHAC (Stop Huntingdon Animal Cruelty), campagne de harcèlement des personnes et sociétés liées au laboratoire Huntingdon Life Sciences.

2000: première publication aux USA de la revue Green Anarchy.

2002: à sa convocation par une commission du Congrès aux USA, Craig Rosebraugh porte-parole de l’office de presse de l’ELF refuse de répondre à 54 questions sur 56 et accuse le gouvernement US d’être « l’une des plus horribles organisations terroristes de l’histoire planétaire. »

2009: aux USA Steven Best critique Francione et prône la ligne de la libération animale et de la libération de la Terre, en alliance avec d’autres forces révolutionnaires.

LTD est une pastèque!

Il y a plus d’une quinzaine d’années, Le Pen avait expliqué au sujet des Verts, apparaissant alors vraiment sur la scène politique, qu’ils étaient comme une pastèque.

Vert à l’intérieur, rouge à l’intérieur.

Quelqu’un sur le livre d’or nous fait ce reproche. Comme c’est étrange! Comment peut-on poser une telle question? N’est-ce pourtant pas évident?

L’écologie, qu’est-ce sinon quelque chose qui appartient justement à la critique sociale? Pour cela, nous publions une grande chronologie des faits marquant aboutissant à l’écologie. Mais également aboutissant au véganisme.

Car la même personne nous dit: « pas de communisme sans veganisme pas de veganisme sans anarchisme. »

C’est un point de vue certainement respectable, et d’ailleurs nous parlons largement de ce qu’on peut appeler l’anarcho-véganisme.

Pour autant, il faut arrêter de rêver. L’anarchisme français a rejeté le véganisme. Durant les années 1990, la Fédération Anarchiste avait même ajouté dans ses statuts que l’antispécisme était interdit en son sein!

Et la situation n’a pas changé: le tout dernier numéro d’ « Offensive – trimestriel d’offensive libertaire et sociale » fait l’apologie de la petite ferme, la gestion artisanale de l’exploitation animale, etc.

Alors critiquer LTD comme étant communiste, cela peut avoir un sens, mais encore faut-il que la critique se fonde sur quelque chose de solide. Et la chronologie des faits est formelle: le véganisme est une conception récente, qui n’est pas née ni au sein de l’anarchisme, ni au sein du communisme.

Et pour cause: le véganisme est né, comme toutes les idées et toutes les pratiques, au sein de la population, des gens, du peuple, des masses, appelons cela comme on le veut.

Et rien n’empêche évidemment de considérer que, partant de là, une telle pratique est à intégrer dans la grande lutte pour la révolution, l’anarchie, le communisme, appelons cela comme on le veut.

Nous avons dit tout récemment d’ailleurs: « à chaque personne de construire son engagement « révolutionnaire » en adéquation avec sa sensibilité. » (L’emprisonnement et les tests sur les animaux: la norme de la société française)

Et il est vrai qu’en France, l’organisation mao (le PCMLM) est très ouverte au véganisme et à l’écologie révolutionnaire, pour deux raisons: la considération que les animaux sont toujours plus exploités en raison de la crise, mais aussi par l’intermédiaire du principe de « biosphère » du soviétique Vernadsky. Tant mieux, et on ne peut d’ailleurs certainement pas en dire autant des organisations anarchistes, comme dit plus haut.

A voir cela, LTD est effectivement une pastèque, car si c’est pour dire comme les « ultras » dans leur version anarchiste que la crise écologique n’existe pas, qu’elle est une invention du capitalisme pour manipuler, merci bien!

Il faut être cohérent d’ailleurs: la même personne qui nous critique signe « un communiste libertaire » et nous reproche également de critiquer Ellul et le primitivisme.

C’est totalement illogique. Le primitivisme récuse toute idéologie, y compris le communisme libertaire (qui est l’anarchisme impliqué « socialement »), et n’adopte comme seul point de vue celui de l’anarchie (et même plus celui de l’anarchisme). On ne peut pas être communiste libertaire et primitiviste!

Comme on ne peut pas être vegan et primitiviste, au sens strict. On peut remarquer d’ailleurs que si des végans se reconnaissent dans le primitivisme, jamais les primitivistes ne sont intéressés par le véganisme…

Quant à Ellul, c’est un théologien, aux thèses éminemment réactionnaires. Quel intérêt y a-t-il à défendre un type pareil, n’ayant rien à voir ni de près ni de loin avec la libération animale et la libération de la Terre?

Il serait temps de considérer que l’idée de la révolution n’est pas née ces dix dernières années! C’est une histoire que nous connaissons, et nous la faisons partager, car nous partageons toutes nos connaissances, notre culture, afin nous-mêmes d’avancer: s’il y a des ajouts à faire à la frise chronologique, faites le nous savoir.

Enfin pour finir, mentionnons tout de même le site la pasteque.org. Ce site de la pastèque est celui des « jeunes vert-rouge juteux, avec plein de pépins noirs dedans. »

Une définition très bien trouvée de personnes écolos, très à gauche mais quand même bien anarchistes, organisées dans Chiche!

Chiche! (qui n’est évidemment pas vegan du tout, ni en faveur de Gaïa) était l’organisation de jeunesse des Verts et celle d’autres groupes, dont l’Alternative rouge et verte (AREV).

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas, l’AREV avait grosso modo le même programme que le NPA, mais il y a plus de 20 ans déjà (il n’y a malheureusement rien en ligne de disponible, nous essaierons de retrouver cela dans nos vieilles archives!).

L’AREV a par la suite donné les Alternatifs, quant à Chiche! la structure continue d’exister, mais indépendamment de toute structure politique.

Fêter Noël au dépens de la planète?

Après le tract Le lait est destiné aux veaux, en voici un second: Fêter Noël au dépens de la planète? Ces tracts au format PDF sont également archivés dans la partie activisme.

Bien entendu, il y aura d’autres tracts, y compris sur Noël, car malheureusement chaque aspect de la vie quotidienne peut être critiqué en de très nombreux points, et il est difficile de faire en sorte qu’un tract aborde tous les aspects. Ce qui est évidemment terrible parce qu’il s’agit d’exploitation et de meurtre, et qu’il ne devrait pas y avoir de hiérarchie aucune dans la lutte pour la libération totale.

Nombreuses sont les questions qui se posent: le choix des mots, le choix des photos… Voilà pourquoi il faut être non seulement ordonnéE dans les principes, mais également parfaitement conscientE de la question culturelle. De la même manière qu’il ne doit pas y avoir de compromis, il ne faut jamais perdre de vue que la libération animale et la libération de la Terre ne vont pas l’une sans l’autre!

Le mouvement Hardline

Nous avions parlé récemment de fachos tentant de s’approprier en France le terme de « hardline » et avions alors présenté de manière sommaire ce qu’était le mouvement hardline. En voici ici une présentation plus complète (également présente dans la catégorie culture de nos archives).

Avec le développement de la scène straight edge durant les années 1980, puis l’intégration du véganisme dans les principes, il y a eu un grand besoin au tout début des années 1990 d’englober tout cela dans un système de pensée cohérent.

L’une de ces tentatives a été la scène « Hardline », qui a en fait surtout consisté en une sensibilité plus qu’un courant organisé, même s’il existe des principes très stricts définissant le mode de vie Hardline. Ces principes ont été la source de très nombreuses polémiques, tant menées correctement que provoquées par des rumeurs sans fin concernant les Hardline.

Les principes Hardline proviennent d’un manifeste, publié parallèlement à un maxi de 4 chansons du groupe Vegan Reich, en 1990. Le choix provocateur du nom a grandement desservi les idées de ce groupe, qui se situe en fait dans la tradition punk provocatrice: il s’agit d’une réponse à l’attitude très négative que recevaient les vegans à ce moment là.

Au tout début des années 1990, les vegans subissaient un grand ostracisme, et cela même au sein d’une scène punk comme en Californie. Le choix du nom est une réponse provocatrice à la manière de les voir, sur un mode punk. Musicalement, il s’agit d’ailleurs de musique punk, influencé grandement toutefois par Iron Maiden et le heavy metal.

Le discours de Vegan Reich se situe donc dans la tradition contestataire et provocatrice de l’anarcho-punk européen, mais toutefois avec une perspective positive, visant la construction, typique de l’esprit straight edge californien. On retrouve ainsi la tentative de construire une ligne révolutionnaire radicale concernant la libération animale.

« La production de viande et de lait torture, tue, pour aucune raison vous répandez leur sang pour votre ego et votre goût.
Belsen, Auschwitz, Dachau, les similitudess sont effrayantes. Une mentalité de race dominante, la liberté pour ceux qui seraient supérieurs.
Votre société morale et civilisée est construite sur la brutalité et la cruauté.

Là où la normalité est folie et le fait d’être sain d’esprit une idéologie extrême,
comme la Résistance à l’Allemagne nazie, nous n’obéirons pas aux lois de la barbarie.

(…) Coupable de meurtre, vous ferez face à la nouvelle loi! »

(Chanson « The way it is« )

Le Hardline considère donc que la lutte armée est justifiée pour la défense des animaux, et même que cette défense doit s’élargir: la lutte est pour « la défense du futur de la terre et toutes les forme de vie, [et] tout est justifié contre tous ceux qui s’y opposent ».

Et cette lutte est vue comme forcément liée à la lutte contre toutes les autres formes d’oppression: Vegan Reich est un groupe d’extrême-gauche, issu de la scène punk californienne (certains membres du groupe « Fall out boy » viennent même de Vegan Reich).

Mais la situation fut vite intenable pour Vegan Reich, en raison des projections faites sur le groupe, dont la réputation traversa vite tous les USA et atteignit également l’Europe, provoquant incompréhension, scandale, annulation de concerts.

A cela s’ajouta trois problèmes essentiels: tout d’abord, au nom de la défense de toute vie, le hardline considérait que l’avortement était à éviter. Dans un pays comme les USA, cela fut vite assimilé à une position « prolife » typique de l’extrême-droite.

Ensuite, la vie étant naturelle, le hardline mit en avant le principe de « l’ordre naturel », et au nom de cela rejetait l’homosexualité. Cette position homophobe et l’ambiguïté concernant le droit à l’avortement fit qu’en Europe des groupes d’extrême-droite commencèrent à s’intéresser à Vegan Reich, qui se saborda alors.

Mais le hardline en tant que principe continua à se développer, avec une tentative d’organisation. Celle-ci se déroula au même moment que le développement de la scène krishnacore, lancée par des groupes comme Shelter et 108. Les personnes se définissant comme Hardline rejetaient foncièrement le krishnacore, en raison de leur végétarisme (au lieu du véganisme) et de leur rejet de la question social-révolutionnaire.

Le principal média des hardline était alors la revue « Vanguard » (Avant-Garde), lancée par le principal activiste et membre de Vegan Reich, Sean Muttaqi. Le slogan sur le numéro 1 de la revue était « On the frontline for Earth liberation » ( « Sur la ligne de front pour la libération de la Terre »).

Pourtant, les hardlines cherchaient eux aussi une manière de résoudre la question sociale, et une division eut alors lieu en leur sein, en 1998.

Après le départ de Sean Muttaqi en 1992, David Agranoff était devenu le principal « dirigeant » du mouvement et avait ancré le hardline dans l’activisme d’extrême-gauche, avec une participation à d’autres structures, comme Earth first, et sa tendance devint « Education For A Sustainable Future » (Education pour un futur durable), définitivement ancrée dans le camp progressiste.

L’autre tendance Hardline, la seule à conserver le nom à côté d’autres petits groupes, suivit Sean Muttaqi, alors de retour, après avoir été influencé par le mystique musulman Bawa Muhaiyaddeen, et s’être davantage tourné vers le Reggae et le Hip Hop.

Une partie de la scène Hardline s’orienta alors de manière idéaliste vers une sorte d’Islam interprété de manière anticapitaliste. Etre Hardline fut alors lié au fait de reconnaître un « ordre naturel » fondé par Allah, Dieu d’un Islam rejetant fondamentalement (selon eux) toute exploitation et toute oppression.

La revue « Vanguard » cessa alors d’exister, au profit d’Ahl-i Allah (« Le peuple d’Allah ») puis de Taliyah al-Mahdi. L’objectif était la pratique d’une sorte d’Islam vegan influencé par la culture rastafari. La scène Hardline explosa alors de nouveau, entre les partisans de l’affirmation uniquement de l’Islam, et des groupes éparpillés tentant de maintenir une identité Hardline (les Hardline chapters – chapitres hardline).

Le label Path of Perfection (voir leur interview ici) ne se définit plus que comme musulman, avec une grande influence de Malcolm X, tout en affirmant des valeurs d’extrême-gauche (lutte contre le racisme, l’impérialisme, l’oppression des femmes, l’exploitation des animaux, etc.).

Sean Muttaqi ne se définit pareillement plus que comme musulman, tout en étant en pratique toujours vegan et straight edge. S’il prône toujours la spiritualité musulmane, il est en accord avec la violence en faveur des animaux et ici aussi des valeurs progressistes (le refus de toute oppression et exploitation, et on notera qu’il réfute l’antisémitisme, prône la légalisation de la Marijuana, etc.).

Comme on le voit, la scène Hardline a toujours été un microcosme, et il y a eu énormément de fantasmes à son sujet. La méconnaissance au sujet de ses options politiques a longtemps permis à des gens de la scène straight edge de rejeter les vegans straight edge, comme quoi cela reviendrait au « Hardline », etc.

Être hardline serait ici être intolérant, brutal, sectaire, bizarre, dangereux, etc.

Alors qu’en réalité, la scène hardline est une particularité nord-américaine, et consiste en des vegan straight edge cherchant une option révolutionnaire, et qui ont été influencés par les mouvements sociaux-révolutionnaires afro-américains marqués par la spiritualité: Malcolm X, mais aussi MOVE (dont a fait partie Mumia Abu-Jamal).

Ceux et celles qui ont refusé cette option religieuse, ou plutôt mystique, faisant référence quant à eux / elles au Weather Underground, la guérilla anti-impérialiste des USA des années 1970.

Ellul et la critique chrétienne conservatrice et romantique de la technique

Voici un article sur Jacques Ellul, article également présent dans nos archives culturelles. Au sens strict, Jacques Ellul n’a aucun rapport avec l’écologie radicale ni le véganisme, il n’a aucun lien avec la libération animale ni la libération de la Terre.

Mais, pour diverses raisons, ce théologien est présenté comme une figure de l’écologie politique!

Une chose absolument intolérable, qu’il fallait donc critiquer, au prix du terrible ennui qu’a été d’affronter cet austère religieux expert en droit, qui fait l’apologie du passé notamment le Moyen Âge et son culte de la tradition, dans une sorte de grand élan romantique…

Pour voir à quoi ressemble le personnage et son univers (jusqu’à l’insupportable musique), il y a également une longue interview vidéo en ligne ici.

C’est dommage de consacrer du temps à cela, mais il faut bien se confronter à cela alors que l’écologie devient une sorte de mode, une sorte de fourre-tout prétexte à tout et n’importe quoi, au détriment évidemment des animaux et de Gaïa.

Dans les années 1930, le fascisme s’est beaucoup développé sur le plan des idées, et en France il y a eu tout un courant plus ou moins chrétien qui a tenté de développer de la même manière des « idées nouvelles », une « troisième voie » entre capitalisme et communisme.

On a qualifié les théoriciens de ce courant les « non conformistes », Jacques Ellul (1912-1994) était de ceux-là. On retrouve donc chez Ellul des préoccupations philosophiques du même type (et ce sont celles du pétainisme): la question de la ruralité faisant face au développement des villes et des techniques, avec l’apologie de petits groupes autogérés liés à la terre.

Tout comme beaucoup de non conformistes, Ellul finira par participer à la résistance gaulliste. Si la page wikipédia en anglais qui lui est consacré le présente comme ayant été un de ses « leaders », une biographie plus sérieuse dit : « c’est dans le petit village de Martres (Gironde) qu’il participe à la Résistance où il se livre à l’agriculture pour nourrir sa famille. Il avouera avoir tiré autant de fierté d’avoir récolté sa première tonne de pommes de terre que d’avoir obtenu son agrégation de droit romain (1943). »

C’est alors au lendemain de la guerre que ce chrétien, qui va jusqu’à des prises de position de type théologique, publie « La technique ou l’enjeu du siècle. »

Ellul a alors passé sa vie à être enseignant à la faculté de Bordeaux et Sciences-Po Bordeaux, critiquant la technique et faisant l’apologie du christianisme, considéré comme authentiquement subversif.

Jacques Ellul est parfois présenté comme un théoricien de l’écologie, ce qu’il n’est absolument pas. Ellul est un théologien qui ne fait que mettre en avant les mêmes thèmes réactionnaires que l’extrême-droite des années 1930, il n’a rien voir ni de près ni de loin avec le véganisme, la libération animale, la libération de la Terre.

Les thèses d’Ellul sont l’équivalent français des thèses faites par Heidegger en Allemagne. La société est « technicienne et technicisée », la technique est partout et s’impose toujours plus rapidement, et les êtres humains ne peuvent plus vivre sans « prothèses techniques. »

Ces positions d’Ellul des années 1950-1960 existaient déjà dans l’extrême-droite des années 1930, et lui-même n’a absolument jamais fait partie du Parti Communiste (contrairement à ce que disent certaines biographies, qui se fondent sur des articles erronés publiés à sa mort). Ellul avait justement été membre, au coté de Bernard Charbonneau, d’un groupe proche de la revue Esprit et le groupe Ordre nouveau (c’est la mouvance « personnaliste » qui refuse « le désordre capitaliste et l’oppression communiste », considéré par l’historien Zeev Sternhell comme étant donc lié au fascisme).

Ellul met en avant la vieille rengaine ultra-réactionnaire: avant, c’était différent, c’était mieux, les humains étaient plus humains, la technique était sous contrôle, elle était quelque chose de « relativement stable, qui ne changeait pas beaucoup », la tradition prédominait, etc.

Sur le plan culturel, Ellul est donc totalement réactionnaire; dans le « Le bluff technologique » il explique que « chaque culture est rendue seulement obsolète. Elle subsiste en dessous de l’Universel technicien, sans avoir plus ni utilité ni sens. Vous pouvez continuer à parler français. Vous pouvez relire les poètes et les grands auteurs… Mais cela n’est plus qu’un aimable dilettantisme. »

La technique devient selon lui de plus en plus dominante, parce que plus elle se développe, plus elle se développe dans de nouveaux domaines; ce n’est plus l’humain qui utilise la technique, mais le contraire.

Ellul a donc critiqué très largement l’informatique, après avoir « espéré » qu’elle aide l’humanité à se libérer. Car Ellul croit en l’humanité… comme un chrétien: « c’est la mission prophétique du chrétien d’essayer de penser avant que l’événement ne soit devenu fatalité. Il y a des moments où l’histoire est souple, c’est alors qu’il faut s’insérer à l’intérieur pour faire jouer les rouages. »

La vérité est donc… ailleurs: « Ceux qui n’acceptent pas le Transcendant comme réalité dernière au-delà de notre connaissance et de notre expérience, doivent admettre qu’il n’y a aucun autre avenir que la fin technicienne, dans tous les sens de ce terme, et la fin de l’humain, dans le seul sens de l’élimination. »

On notera également que ce « spiritualisme » datant des années 1930 est également violemment pro « occidental. » Ellul explique que « La technique est essentiellement orientale: c’est dans le Proche-Orient principalement que la technique se développe. Et elle ne comporte presque pas de fondements scientifiques. »

Dans « La subversion du christianisme », il considère que tout ce que le christianisme a fait de mal (croisade, colonialisme, etc.) provient en fait… de l’Islam. Quant à l’inquisition et le procès de Galilée, on s’en ferait une fausse idée…

Ellul considère évidemment que tout le monde doit devenir chrétien, et même que c’est révolutionnaire: « Nous devons mainenir cette claire certitude que la Bible nous apporte une Parole antipouvoir, anti-étatique et antipolitique. »

Quel est le rapport avec la libération de la planète, et bien entendu la libération animale? Absolument aucun! Les thèses d’Ellul sont de vieilles thèses nauséabondes des années 1930 remis au goût du jour, afin de promouvoir le pessimisme et de nier la possibilité de changer le monde.

Car il s’agit justement, aujourd’hui, d’utiliser les techniques non pas pour détruire, mais pour produire, sur les fondements d’une éthique en accord avec Gaïa.

Ellul est un réactionnaire, un romantique voulant retourner dans un passé totalement idéalisé, aux valeurs forcément traditionnelles, religieuses et rurales, le tout formant une sorte de douce anarchie.

Son écologie, c’est la même que Pétain, cela n’a rien à voir avec une écologie radicale: Ellul ne parle jamais ni des animaux, ni de Gaïa.

Il nie le progrès ayant permis l’avènement de l’éthique vegan et d’une humanité pouvant enfin avoir les moyens non plus seulement de survivre, mais de vivre, en harmonie avec Gaïa et tous ses habitants, sans exploitation ni oppression!

F.L.A. – el DVD

« F.L.A. – el DVD » est un DVD mis à disposition en ligne par Accion Vegana. On y retrouve sept vidéos présentant le Front de Libération des Animaux et surtout montrant ses actions (notamment aux USA, en Hollande, en Espagne).

La liste des vidéos faisant partie du CD se trouve ici; pour les personnes ne parlant pas l’espagnol, on comprend aisément de quoi il en retourne vues les images, et l’espagnol sert surtout de sous-titres aux vidéos en anglais.

Le DVD est téléchargeable ici; il faut télécharger les 40 parties, utiliser un logiciel pour les dézipper puis graver le fichier image (celui en .nrg). Si vous ne savez pas quoi offrir comme cadeau de Noël, c’est déjà une idée!

Critique de Gary Francione par Steven Best (et proposition d’un abolitionnisme radical pratiquant les alliances à l’extrême-gauche)

Nous n’aimons pas les discours universitaires, élitistes, le plus souvent juridiques ou philosophiques de type incompréhensible, illisibles, etc. Le droit et la philosophie sont des formes de pensée typiquement « bourges » et nous ne voyons aucun intérêt à perdre son temps à cela, à moins bien sûr de vouloir faire carrière…

Ce n’est pas propre à la France, aux USA on a le même phénomène, dont voici un exemple assez « bizarre »: Steven Best est un activiste américain, qui tente de mettre en avant ses idées de manière « formelle », par exemple avec un site où il se présente comme un universitaire, un philosophe, raconte qu’il a écrit des bouquins, met sa photo, etc.

Il utilise également des termes universitaires comme par exemple « post-modernisme » bref sa démarche est tout le contraire de la nôtre, qui considérons qu’il faut mettre en avant Gaïa et les animaux.

Mais, et c’est un phénomène propre aux USA, Steven Best met en avant des positions « radicales. »

Son dernier document a un titre assez éloquent: « Manifesto for Radical Abolitionism: Total Liberation By Any Means Necessary » (Manifeste pour un abolitionnisme radical: la libération totale par tous les moyens nécessaires).

Le document est disponible en anglais notamment ici. Pour les non anglophones, voici un petit résumé de sa critique, qui est un texte à charge contre le philosophe Gary Francione, qu’il accuse d’être devenu la principale figure du réformisme pour les animaux, ayant en quelque sorte pris la place qu’avait PeTA auparavant.

Pour les personnes intéressées par Francione, il y a ici une interview que nous avons fait de lui en août 2005. Et en France, la pensée de Francione est mise en avant par l’association Vegan.fr.

L’idée de base de Best est la suivante:

« Nous ne pouvons stopper la guerre spéciste et des entreprises contre les animaux non humains et la planète avec seulement des blogs, des tracts, des tables de presse et des livres de recette de cuisine.

Le capitalisme est destructeur de manière inhérente, et le changement ne viendra jamais seulement par l’éducation et la persuasion, ni sans un mouvement plus puissant que les agents et les institutions d’une destruction omnicide [génocide, écocide…]. »

Ce qui signifie en clair que Best reproche à Francione son pacifisme et son refus d’assumer la libération de la Terre; la figure de Francione lui est insupportable en raison du refus catégorique et absolu de celui-ci de reconnaître la moindre valeur aux actions violentes.

Poussant le raisonnement jusqu’au bout, Best va jusqu’à accuser Francione d’être une sorte de nouveau gourou (pour les personnes lisant directement en anglais, il est à remarquer qu’il utilise le terme de « Franciombes » pour désigner ceux voyant justement Francione comme une sorte de « gourou »), gourou promettant des résultats fabuleux pour le véganisme, sans avoir aucune preuve pour cela.

La ligne de Francione se résume, selon Best, à un simple « go vegan » qui n’aurait finalement de la valeur que pour les bourgeois blancs des USA, au lieu de focaliser son attention sur les « peuples de couleur, les familles ouvrières, les pauvres, ou la Chine et l’Inde. »

Best explique ainsi:

« Francione renforce par là les lamentables stigmates élitistes, de classes sociales et racistes allant avec les activistes pour les animaux non humains depuis le début de la « protection des animaux » au début du 19ème siècle, et il maintient l’isolement du véganisme et des droits des animaux des mouvements progressistes et du courant social principal.

Incapable d’articuler une théorie structurelle de l’oppression, de l’exploitation, et de l’hégémonie idéologique, et empêtré dans les dualismes occidentaux et la construction de fausses oppositions comme entre production et consommation, individu et société, et psychologie et institutions, Francione disculpe la machinerie globale et logique du capitalisme, faisant en sorte que le poids entier du blâme et de la responsabilité repose sur les consommateurs individuels. »

Best voit donc Francione comme une sorte de libéral, un libéral progressiste, mais un libéral quand même. Les partisans de Francione sont considérés comme déconnectés de la réalité sociale, au point de ne pas voir qu’avec l’évolution actuelle, pour une personne devenant vegan, des milliers d’autres découvrent la viande dans les pays comme l’Inde ou l’Afrique du Sud.

Best propose donc la ligne suivante pour les personnes véganes:

« Nous appuyons la forme d’abolition qui:

(1) défend l’utilisation de tactiques d’action direct de grande pression, notamment les raids illégaux, les sauvetages et les attaques dans des buts de sabotage;

(2) voit le capitalisme comme étant de manière inhérente un système irrationnel, exploiteur et destructeur, et qui voit l’Etat comme un outil corrompu dont la fonction est de promouvoir les intérêts économiques et militaires du système de domination des grandes entreprises et qui fait de son agenda la répression de l’opposition;

(3) qui a une compréhension large et critique de comment les différentes formes d’oppression sont reliées entre elles, voyant comme des projets inséparables la libération de l’animal humain, la libération de l’animal non humain et la libération de la Terre;

et ainsi

(4) qui fait la promotion de politiques d’alliance anti-capitaliste avec d’autres mouvements de droits, pour la justice et la libération, qui partagent le même but de démanteler tous les systèmes de domination hiérarchique et de reconstruction des sociétés par des processus décentralisés et démocratiques. »

C’est très certainement une proposition intéressante, et la seule praticable, car la seule réaliste. Il en va de la construction d’une nouvelle identité, d’une nouvelle culture, rien à voir avec les projets réformistes comme ceux en France de PeTA et de Droits Des Animaux.

Communiqué de l’ALF Chili

Voici la version française d’un communiqué de l’ALF du Chili, que nous publions car il est assez représentatif des idées de l’important mouvement dans ce pays, qui associe donc évidemment libération animale et de libération de la Terre comme c’est désormais la règle, mais également primitivisme et anarchisme (de type insurrectionaliste).

La version originale en espagnol est disponible ici (avec également une traduction en anglais). On notera également et par contre qu’au niveau de la syntaxe, comme sur LTD, tout au long du texte chilien le masculin ne l’emporte jamais sur le féminin.

Pour ajouter une remarque tout de même, on pourra aisément voir que, si La Terre d’abord met l’accent sur l’exploitation (l’oppression en étant selon nous issue), l’ALF du Chili part elle du point de vue inverse (et voit l’exploitation comme découlant de l’oppression).

« Dans la nuit du 22 décembre, nous avons décidé de rompre avec la réalité imposée et nous sommes allés à l’un des endroits les plus fréquentés de la capitale, Vitacura, se situe là-bas l’un des nombreux business existant par la souffrance et la mort de milliers d’animaux.

Cette fois nous avons rendu visite à une cible situé au numéro 1146 de l’avenue Americo Vespucio [NDLR: à Santiago], MaxMara, un centre d’extermination multinational dédié à la vente de corps morts comme vêtement, utilisant les peaux comme une ressource pour faire des profits par millions.

En tant qu’opposantEs à toute forme de domination, l’idée de les attaquer nous a complètement captivé; notre conviction n’a pas laissé de place au doute; nous ne voulons pas que la vie passe par le profit; nous saboterons leurs vies et leur manière de se soutenir eux-mêmes.

Les animaux ont toujours été considérés comme des marchandises utilisées pour le profit des gens; les industries alimentaires, les laboratoires expérimentaux, les entreprises du textile et l’industrie du loisir sont la preuve de cela.

Nous haïssons ces sentiments de supériorité et c’est pourquoi c’est avec rage et plein de peinture rouge que nous avons recouvert de peinture la façade de MaxMara; la peinture représentait l’énorme masse de sang qui a été fait coulé par ce meurtrier motivé par la mode, l’avidité et l’opulence, se moquant que derrière cela il y a des milliers d’animaux qui passent leurs vies entières dans des cages, avec des lésions ouvertes, dormant dans leurs propres excréments, et tués dans des chambres à gaz, électrocutés ou battus à mort lorsqu’ils ont atteint un âge déterminé.

C’est quelque chose de bien connu de la part de ceux qui soutiennent cette chaîne de la mort, qu’ils soient vendeurs ou consommateurs.

Il y a quelques jours, nous avons également de nouveau rendu visite à l’entreprise CueroBat, qui était toujours recouvert de peinture, mais le slogan « fourrure = meurtre » avait été enlevé donc nous  y sommes retournés pour l’écrire de nouveau, mais cette fois en plus grand et à un endroit plus visible.

La passivité transforme les critiques dures en complices du génocide qui est vécu chaque jour, qui est présent où que nous soyons. Mettre des œillères et ne pas participer à des actions est une partie du problème. Avoir un certain type de diète et accepter certaines idées bornées, fait que les gens deviennent de simples consommateurs.

Il y a des centaines de manière d’agir et il y a des centaines de cibles auxquelles se confronter et malgré cela il y en a qui ne font que se réjouir lorsque d’autres font des actions, en purs spectateurs de la lutte.

Nous avons pensé chacune de nos actions à partir du principe qu’elles reflètent notre opposition au pouvoir, et nous avons trouvé que ces actions correspondent à nos sentiments, comme le résultat de la voie visant à directement se confronter à tout ce qui nous oppresse, la voie que nous avons décidé de suivre, conscientEs de combien nous avons à perdre mais aussi de combien peut être réalisé, mais seulement si nous agissons.

Nous sommes heureux et heureuses de voir que la tranquillité de leur vie a été ébranlée, comme cela vient d’arriver et comme cela continuera à arriver, en se moquant de leur sécurité et de leur pathétique bien-être qui sera constamment attaqué. Il est temps de réaliser qu’ils ne peuvent plus se reposer tranquillement et qu’il y en a prêt à menacer l’autorité où que celle-ci se trouve.

La nuit n’a pas été choisie au hasard: le 22 septembre nous nous souvenons du compagnon Mauricio Morales, qui est mort il y a seulement six mois alors qu’il menait une action, une attaque qui défiait le pouvoir. Mauricio a transformé chacune de ses idées en attaques concrètes et bien ciblées, rejetant le mode de vie imposé et choisissant sa propre voie.

L’action a été également menée en tant que composante de la semaine internationale d’agitation et de pression en solidarité avec les prisonniers gardés en otages par l’Etat chilien, parce que nous comprenons que le spécisme est une des nombreuses conséquences du pouvoir, et que nous désirons tout autant l’abolition de toutes les prisons qui enferment tous ceux et toutes celles qui osent rompre le moule et mener des actions contre tout ce qui reflète la domination. Solidarité avec tous ceux et toutes celles qui sont enferméEs par l’autorité.

Contre toutes les formes de domination!
Pour la libération humaine, animale et de la Terre, maintenant!
Front de Libération Animale »

Des questions, des réponses

Qu’est-ce que La Terre d’abord?

LTD est un journal en ligne qui relève et critique les info du quotidien, mais qui compose également des articles en faveur de la libération animale et de la libération de la Terre. Le but étant de faire changer les mentalités afin de libérer Gaïa et tous les animaux.

Qu’entendez-vous par Gaïa?

Par Gaïa, nous voulons dire la Terre, ou plutôt notre « mère » la Terre. Les minéraux, les végétaux, les animaux, toutes les formes de vie sont reliées, et ne peuvent pas exister les unes sans les autres. Quand nous disons que Gaïa doit être libérée, nous voulons dire que l’existence des minéraux, des végétaux et des animaux a une valeur en soi; il n’y a pas de place pour la destruction.

Pourquoi avez-vous fait LTD?

LTD se veut être un site novateur qui associe logiquement la libération de la Terre et celle des animaux. Il s’agit de mettre des points de vue en avant, de produire de la culture, de donner naissance à des initiatives.

Il s’agit également de redéfinir la notion de véganisme qui est de plus plus bâclée par des individus opportunistes, qui profitent des progrès de la barbarie pour justifier des attitudes libérales.

Nous revendiquons une vie au service des animaux (comme l’adoption d’animaux en refuge), car nous estimons qu’être végan c’est bien plus qu’appliquer certains principes de base. Nous sommes pour un véganisme radical, cohérent, sans compromis.

Par ailleurs, il est primordial de comprendre que l’écologie radicale et le véganisme radical vont de paire et prétendre ou ignorer le contraire est sans valeur et inutile, voilà pourquoi nous informons sur la vie sensible du monde végétal.

Par écologie radicale nous entendons ainsi la prise de conscience de l’existence de Gaïa en tant que biosphère, c’est-à-dire en tant qu’espace où se déroule la vie, en tant que planète abritant la vie.

Il va de soi, donc, qu’une telle perspective s’oppose radicalement à l’écologie-bobo-à la mode : nous voulons la libération de la Terre et non pas une « réduction » des nuisances que nous lui infligeons.

Vous mettez en avant le mode de vie straight edge. Pouvez-vous préciser votre pensée?

On ne peut pas saluer l’existence de Gaïa et chercher en même temps la fuite dans les drogues, la destruction de soi-même. Notre démarche est positive, productrice et productive; elle va à l’encontre du mythe du poète maudit du 19ème siècle, qui serait drogué et tourmenté et donc créatif.

Il faut également remarquer que les drogues sont une composante essentielle de la société, tant dans la production (liées aux mafias, aux Etats, etc.) que par la consommation (volonté de se rendre « plus fort » ou au contraire de se défoncer, etc.). Et ile ne faut pas oublier que l’on ne peut pas être végan et consommer des produits issus de la vivisection tels que les cigarettes et l’alcool.

Être straight edge, c’est refuser les vains échappatoires, c’est refuser les illusions, les fuites en avant, c’est être réaliste et comprendre le sens de la vie, par rapport à Gaïa.

De quelle manière voulez-vous que les gens changent en France?

Disons tout de suite que si nous luttons pour un changement de mentalité, un changement culturel, nous n’adoptons pas pour autant une attitude passive attendant que « les gens changent d’eux même » et où le site nous servirait juste à nous donner bonne conscience…

Nous pensons que La Terre D’abord doit être un média utilisé au maximum pour diffuser des points de vue et des compte-rendus de pratiques, qui ont aujourd’hui un sens éminemment révolutionnaires.

On dit beaucoup que le mot « révolution » n’a plus de sens, qu’il est galvaudé. Pourtant, il est évident qu’assumer la libération animale et la libération de la Terre, c’est immédiatement avoir une démarche révolutionnaire dans notre société.

Nous voulons que s’ouvre cette voie, et que tout soit bouleversé dans un sens positif.

Quelle est votre opinion au sujet de la situation des animaux aujourd’hui?

Les animaux sont toujours aussi exploités, martyrisés et considérés comme des marchandises, et donc jetables. Les crises économique et climatique actuelles n’arrangent rien à la situation car les animaux sont d’autant plus abandonnés et maltraités, devenant des souffre-douleur ou bien des moyens de locomotion vantés dans les magasines « écolo » en remplacement des engins consommateurs de pétrole.

La situation de notre planète n’est pas vraiment plus enviable, l’existence de Gaïa étant littéralement ignorée et la vie sensible des végétaux étant d’autant plus ridiculisée, même chez les végans.

Notre responsabilité est donc très grande.

Que pensez-vous des théoriciens du droit d’un côté, de l’ALF et de l’ELF de l’autre?

Nous ne nous intéressons pas aux théoriciens du droit, même si certains (comme Francione) mettent en avant des choses intéressantes. Nous ne pensons pas qu’ils soient réalistes. Ils sont totalement liés aux institutions, en l’occurrence universitaires. Ils espèrent que les choses changeront d’elles-mêmes, ils pensent comme Gandhi que les gens exploitant les animaux vont devenir « raisonnables. »

Nous parlons par contre de l’ALF et de l’ELF, déjà parce que leurs documents sont bien plu compréhensibles et lisibles, et que leur démarche n’est pas élitiste. Il n’y a pas de mise en avant de personnalités, d’egos, etc. Il y a une sensibilité qui nous parle, contrairement aux textes juridiques abstraits et aux associations où un individu se met en avant, que ce soit comme théoricien ou porte-parole. C’est une question de culture et de mentalité. Après, il s’agit de mouvements clandestins pratiquant des actes illégaux, et en tant que journal légal nous ne pouvons avoir de point de vue à ce sujet.

Comment imaginez-vous le monde du futur ?

Pour en parler, il faut forcément penser à deux œuvres de littérature du 19ème siècle qui ont abordé cette question: Cent ans après ou L’an 2000 d’Edward Bellamy, et Les nouvelles de nulle part, de William Morris.
Ces livres sont liés au mouvement ouvrier du 19ème siècle, dont l’objectif était notamment que les villes et les campagnes cessent de se confronter de manière destructrice.

Nous pensons pareillement que dans le futur, l’architecture ne sera pas « urbaine » mais à la croisée des chemins entre les villes et les campagnes, permettant à la nature d’être présente partout. La vie sauvage occupera la planète, les humains occupant des îlots civilisés vivant en harmonie.

Les êtres humains planifieront leurs activités selon leurs besoins, mais aussi selon ceux de Gaïa, car toute l’humanité se verra comme une composante de celle-ci. Sans doute même que l’humanité devra assumer des responsabilités par rapport à Gaïa, non seulement pour réparer ses lourdes erreurs (ayant causé destruction et pollution), mais également par rapport à la sauvegarde de l’existence de Gaïa dans l’univers (menace de météorites, etc.).

Primitivisme, ou bien libération animale et libération de la Terre?

Un bon ami vegan (et straight edge) nous a demandé ce que nous pensions des posts de « blanc marron » que l’on peut retrouver sur le livre d’or. A vrai dire, nous pensons que ses questions et remarques sont très intéressantes, et se fondent sur une expérience certaine.

Après, nous ne sommes pas des primitivistes, et justement, voici quelques remarques de « blanc marron » qui montrent parfaitement que nous avons raison de critiquer les primitivistes.

Nous avions par exemple fait la critique comme quoi les primitivistes n’assumaient pas le veganisme. Eh bien justement, si « blanc marron » parle « d’antispécisme », il n’est pas vegan… Ni même végétarien d’ailleurs… Voici ce qu’il raconte en commentaire sur un site anarchiste:

Takpi, antispéciste donc ne faisant pas comme les racistes des différences entre végétaux et animaux, et donc mangeant de tout. Mais boycottant tout ce qui vient des camps de concentration de l’agriculture industrielle, qu’il s’agisse des immenses monocultures ou des hangars des élevages modernes.

« Blanc Marron » est-il cannibale pour autant? En tout cas il n’aime pas les vegans, même s’il se la joue sympathique et ouvert sur le livre d’or. Voici d’ailleurs la suite de son commentaire:

Manger est d’abord un acte social , prendre plaisir à être avec des gens pour partager un repas. Pour moi, plus important de savoir avec qui je mange que de savoir « diététiquement » ce qui est au fond de l’assiette. Donc invité quelque part, j’accepterai d’emblée tout ce qui m’est offert, et ne choquerai jamais cette bienveillante hospitalité par un « Oh! désolé ! je suis XXX (au choix n’importe quel nom d’une secte alimentaire), et je ne mange JAMAIS de ceci ou de cela »

Il faut faire bombance, bien ripailler, être paillard à l’occasion et bien boire ! Surtout s’adonner à tous les plaisirs.

Les pisse-froids ne sont pas des révolutionnaires. Ceux qui suivent religieusement des préceptes n’ont rien à voir avec notre impolitesse effrontée défiant toutes les autorités : Ni dieu ni maîtres !

On retrouve ici une mentalité bien française, bien libérale, et bien une preuve que les principes anarchistes sont individualistes sont on ne peut plus éloignés des responsabilités que supposent la libération animale et la libération de la Terre.

On trouve bien entendu d’autres posts de cette personne, car primitiviste peut-être, mais internet bien sûr, et ce qu’on peut lire sur La Terre d’abord est édifiant d’incohérences, d’erreurs, de prétention et d’arrogance.  En voici un, consistant encore en un commentaire d’article sur un site anarchiste:

sous le titre

peste noire

tout un ensemble de textes liés aux anarchistes insurrectionalistes et primitivistes du Chili, parus suite au décès accidentel de Mauri, en allant poser la bombe contre une école de matons :

voir

http://infokiosques.net/spip.php?article723

les meilleurs textes sont signés « Libération totale par la destruction de la civilisation », tous traduits en français !

voir le site http://laterredabord.fr qui semble beaucoup apprécier leur radicalisme explosif : plus de 90 attentats depuis 2004.

Ce site n’est pas la traduction des Earth First des USA mais un site de vegan liés à la musique straight edge, des post punks anti drogue et alcool qui admirent l’activisme des militants de ALF, et, « dans une moindre mesure »(sic) de ELF …

Ils se pensent révolutionnaires mais limitent leurs actions à la « libération animale », oubliant totalement les végétaux !

Sans jamais signer, ils se permettent des critiques bizarres d’Arne Naess, de Ted Kaczinsky et des primitivistes…français, seulement parce qu’ils ont lu un article sur Non Fides !

Ces remarques sont du même acabit que celle sur le livre d’or où il explique que nous nous affirmons « liés à l’ALF ». C’est non seulement faux – l’ALF n’étant relié à rien ni personne, et étant une structure illégale pratiquant des actions clandestines, de manière centralisée. Personne ne peut s’approprier l’ALF.

Mais c’est dangereux et irresponsable.

Le reste est à l’avenant: il relève du n’importe quoi. Affirmer que nous n’avons rien à voir avec Earth First des USA et que nous oublions les végétaux… Là on voit parfaitement que cette personne est larguée et prend ses rêves pour des réalités.

Elle ne peut pas admettre un fait clair: aujourd’hui, dans les années 2000, aux USA (voire dans toute l’Amérique), la libération animale va de pair avec la libération de la Terre.

Etant opposé au véganisme, cette personne invente donc que nous ne serions pas pour la libération de la Terre, mais simplement des « posts punks » faisant des critiques « bizarres ». Alors que nos critiques sont très claires, et nos projets très différents du sien.

Voici justement le sien de projet, comme on peut le lire ici:

Bon, si Sarkozy passe, on prend le maquis, on se barre en Guyane, pour créer des milieux libres, anars, cachés dans les coins sans chercheurs d’or, sans pollution !

Apparemment cela n’est pas encore fait, quoique nous ne doutons absolument pas de sa capacité à le faire (puisqu’il l’a déjà fait), tout comme sa vaste connaissance de ces questions ne saurait être remis en cause (voir ici). Mais est-ce un projet de société sérieux?

Non ce n’est pas un projet sérieux, c’est un projet romantique, anti-social, individualiste, qui ne s’accorde aucune responsabilité.

Pour conclure, pour faire honneur au caractère anarchiste de sa critique, faisons ici une citation de Karl Marx. Cette citation (tirée de l’Introduction à la critique de l’économie politique) est longue et compliquée il est vrai, mais est une critique certainement juste du fondement des robinsonnades.

Les robinsonnades s’imaginent en effet que les individus étaient libres dans le passé, ce qui est faux: l’individu n’existe que depuis récemment, depuis l’avènement du capitalisme et de son idéologie qu’est le libéralisme.

Mais le capitalisme victorieux s’imagine rétablir l’ordre normal des choses: il idéalise alors le passé. Les robinsonnades sont donc aujourd’hui une sorte de rêve de petit capitaliste voulant pouvoir avoir la chance de tout recommencer à zéro (donc sans avoir à affronter dès le départ la concurrence des grosses boîtes du type Microsoft Coca Cola Orange Lafarge etc.)

« L’objet de cette étude est tout d’abord la production matérielle. Des individus produi­sant en société – donc une production d’individus socialement déterminée, tel est naturelle­ment le point de départ. Le chasseur et le pêcheur individuels et isolés, par lesquels commen­cent Smith et Ricardo, font partie des plates fictions du XVIII° siècle. Robinsonades qui n’expriment nullement, comme se l’imaginent certains historiens de la civilisation, une simple réaction contre des excès de raffinement et un retour à un état de nature mal compris. De même, le contrat social de Rousseau qui, entre des sujets indépendants par nature, établit des relations et des liens au moyen d’un pacte, ne repose pas davantage sur un tel naturalisme.

Ce n’est qu’apparence, apparence d’ordre purement esthétique dans les petites et grandes robinso­nades. Il s’agit, en réalité, d’une anticipation de la « société bourgeoise » qui se préparait depuis le XVI° siècle et qui, au XVIII° marchait à pas de géant vers sa maturité. Dans cette société où règne la libre concurrence, l’individu apparaît détaché des liens naturels, etc., qui font de lui à des époques historiques antérieures un élément d’un conglomérat humain déterminé et délimité.

Pour les prophètes du XVIII° siècle, – Smith et Ricardo se situent encore complètement sur leurs positions, – cet individu du XVIII° siècle –  produit, d’une part, de la décomposition des formes de société féodales, d’autre part, des forces de production nouvelles qui se sont développées depuis le XVI° siècle – apparaît comme un idéal qui aurait existé dans le passé. Ils voient en lui non un aboutissement historique, mais le point de départ de l’histoire, parce qu’ils considèrent cet individu comme quelque chose de naturel, conforme à leur conception de la nature humaine, non comme un produit de l’histoire, mais comme une donnée de la nature. Cette illusion a été jusqu’à maintenant partagée par toute époque nou­velle.

Plus on remonte dans le cours de l’histoire, plus l’individu – et par suite l’individu produc­teur, lui aussi, – apparaît dans un état de dépendance, membre d’un ensemble plus grand : cet état se manifeste tout d’abord de façon tout à fait naturelle dans la famille et dans la famille élargie jusqu’à former la tribu; puis dans les différentes formes de communautés, issues de l’opposition et de la fusion des tribus. Ce n’est qu’au XVIII° siècle, dans la « société bourgeoise », que les différentes formes de l’ensemble social se présentent à l’individu com­me un simple moyen de réaliser ses buts particuliers, comme une nécessité extérieure. »

Mother Sarah et Mother Earth

Mother Sarah est un manga, paru en français chez Delcourt en 11 épisodes entre 1996 et 2004, dont le scénario est d’un intérêt certain pour nous qui sommes pour la libération de la Terre. Il faut d’ailleurs noter au passage que ce scénario a été élaboré par Katsuhiro Otomo, qui est également à l’origine du très grand classique manga qu’est Akira.

On retrouve d’ailleurs la même dimension apocalyptique, et on devine aisément à quel point les explosions nucléaires de Nagazaki et Hiroshima ont traumatisé les gens au Japon, et amené l’affirmation du besoin d’un monde sans destruction.

Mother Sarah est l’histoire d’une mère à la recherche de ses enfants qu’elle a perdu. Cette quête se déroule sur la planète Terre, qui a été martyrisé par un conflit nucléaire. Les humains ont été pour cette raison obligé de se réfugier dans des bâtiments spatiaux et au début du manga, les terriens ne sont installés que depuis assez récemment.

Là où le scénario prend une première tournure incroyable, c’est avec les deux factions se faisant la guerre sur Terre, une guerre déjà commencée dans les bases spatiales.

En effet, un scientifique avait, au bout de sept ans dans l’espace, proposé de jeter une nouvelle bombe nucléaire sur la Terre, dans le but de modifier l’axe terrestre. L’hémisphère nord, qui est irradié, serait alors pris dans les glaces, tandis que les déserts de l’hémisphère sud deviendraient habitables.

Deux factions se font alors la guerre: « Epoque » et « Mother Earth ». Les partisans d’Epoque ont pris ce nom car ils sont favorables à la bombe, et espérent ainsi rentrer dans une nouvelle ére. A l’opposé, les partisans de la Terre-Mère (Mother Earth) refusent catégoriquement cette nouvelle attaque contre la Terre.

Au bout de trois ans de conflit marqué par l’envoi de la bombe nucléaire, la grande majorité des terriens des bases spatiales reviennent sur Terre, où la guerre reprend entre les factions.

Le scénario se concentre alors sur une présentation des hommes comme barbares et guerriers, alors que les femmes sont elles orientées vers le pacifisme, tout en étant continuellement victimes des hommes. Les soldats sont présentés comme brutaux et systématiquement violeurs, tentant d’assassiner des innocents dès qu’ils le peuvent.

Mother Sarah est la seule femme combattante, et malheureusement la très grande majorité du manga consiste en des scènes de bataille où Sarah affronte des ennemis, retrouvant par moments ses enfants. Elle se voit ainsi confrontée surtout aux partisans d’Epoque, mais aussi parfois à ceux de Mother Earth, cette faction ayant décadé et s’étant transformée en une armée équivalente à l’autre sur le plan moral. Les deux armées finissent d’ailleurs par projeter de s’allier.

Le scénario fait alors intervenir une nouvelle faction, venue de l’espace à partir des bases spatiales restantes. Cette faction consiste en la Mother Earth originelle. On a ainsi un parallèle entre la quête de Sarah en tant que mère avec la quête pour notre mère la Terre. Tout le scénario se fonde sur cette double quête.

Les terriens venus de l’espace interviennent car ils ont réussi à recréer une semence devant permettre à l’humanité de survivre de nouveau. Ils ont mis toute leur énergie non pas dans la guerre, mais dans la science et la culture, dans la célébration des végétaux. Ils sont d’ailleurs dirigés par des sortes de « sages », qui tentent de guider les derniers habitants des bases vers un horizon nouveau, ce qui n’est pas sans erreurs non démocratiques qui sont clairement montrées: encore une fois les hommes pêchent par orgueil et autorité.

Les semences ayant besoin de beaucoup d’apport nutritionnel, les terriens des bases spatiales ont décidé de les implanter, se sacrifiant pour que les semences puissent réussir à être fertilisé sur la Terre. La quête de la Terre-Mère signifie donc un sacrifice, une identité totalement tournée vers elle, sur la base d’un altruisme absolu.

L’oeuvre finit sur la destruction du vaisseau de la Mother Earth originelle par des soldats d’Epoque, la Mother Earth militaire étant elle plus ou moins paralysée par le poids de la valeur morale de la Mother Earth originelle. Mais la fertilisation a réussi, et l’une des dernières images consiste en une famille unie, et on notera qu’il s’agit d’une famille musulmane, l’oeuvre assumant souvent d’ailleurs une orientation humaniste et universaliste.

Mother Sarah n’est pas forcément un excellent manga sur le plan de l’action, qui est uniquement tournée vers Sarah et très décalée par rapport à l’énorme questionnement qui se profile derrière. Et absolument jamais la question des animaux n’est abordée; il n’y a sur Terre que des êtres humains, voire que des hommes d’ailleurs, tellement les femmes sont présentées comme passives ou seulement capables d’initiatives pacifistes de type religieuse – mystique.

On ne voit pas non plus très bien si le manga est une dénonciation pessimiste d’une catastrophe inévitable, ou bien un appel à saisir le rapport essentiel à la Terre-mère. C’est donc à nous de faire notre choix, de prendre nos responsabilités!

A propos de quelques commentaires

De multiples questions nous ont été posé sur le Livre d’or. Encore une fois, tout cela demande du temps car nous voulons mettre à disposition de nos lecteurs et lectrices le maximum d’articles et d’explications claires, afin que chacunE puisse se faire son opinion. Bien entendu, un article sur le roman du « Gang de la Clé à mollette » (un grand classique américain de l’écologie radicale) est en préparation, comme bien d’autres. Ce n’est qu’un début! Mais on peut déjà répondre ici à quelques points soulignés.

Une première personne nous demande:

Bonjour,
j’aimerais savoir quelles sont vos positions par rapport à l’avortement s’il vous plait, en effet, je suis curieuse de savoir ce que les grands défenseurs de TOUTES les vies pensent de ça…

Le ton de la question est révélateur: la personne s’imagine nous « piéger. » La question est tournée pour que soit nous disions que nous sommes favorables à l’avortement et alors nous serions (soi-disant) en contradiction avec la défense de toute vie, soit que nous affirmions être contre, et alors nous serions des réactionnaires.

C’est évidemment une incompréhension totale de la réalité. Déjà, parce que bien entendu que nous sommes favorables au droit à l’avortement, la question ne se pose même pas, le féminisme est une composante essentielle du véganisme. On peut même dire que le véganisme est lui-même une composante essentielle du féminisme.

Ensuite, parce que l’avortement n’est pas un acte « banal » comme le sous-entend la question. Dans un monde idéal, il n’y a pas besoin d’avorter, et comme nous ne vivons pas dans un monde idéal, rien n’est plus absurde que d’opposer la défense de toute vie avec le fait que les femmes ont à mener de grandes batailles pour leurs droits.

Pourquoi? Parce que rien n’est plus absurde que d’opposer féminisme et véganisme! L’un ne va pas sans l’autre!

Une autre personne fait la remarque suivante:

Bonjour,

Je viens de découvrir votre site dans une discussion sur un site anar. Il y a des choses intéressantes et pas mal de liens à explorer. Ca fait toujours plaisir de découvrir d’autres « guerriers de l’arc-en-ciel ».

Autrement je partage tout à fait les questionnements de blanc marron (ce n’est pas un hasard, nous sommes assez proches idéologiquement) et je suis plutôt déçu par votre réponse concernant l’incompatibilité en gaïa et la civilisation. L’argumentation « vous utilisez un ordinateur pour critiquer la civilisation » n’est pas digne de la qualité générale du site. Certains ont essayé de lutter contre la civilisation avec des massues, ça ne marche pas.

Je crois que vous devriez un peu plus étudier la problématique de la technologie.

Salutations

Il est vrai que c’est facile, toutefois cela n’en est pas moins vrai: rien n’est plus moderne et plus civilisé que la critique anti-civilisation. Nous profitons des ordinateurs, mais aussi des hôpitaux, des écoles, des bibliothèques, de la musique, etc.

Alors évidemment beaucoup de choses sont à faire et à refaire. Mais balancer tout par dessus bord, cela n’a pas de sens, à moins de faire comme comme Theodore Kaczynski et d’aller habiter dans une hutte dans la forêt.

De plus, ce pessimisme mène à des chemins douteux. Sur le site mis en lien de la part de l’auteur de la critique – http://anarchieverte.ch40s.net/ – on retrouve justement comme lecture le document de Theodore Kaczynski, dont nous avons parlé ici (avec une critique bien entendue). Problème: Theodore Kaczynski est contre le progrès, contre le féminisme, d’ailleurs contre le véganisme, etc. Le mettre en avant sans critique est étrange.

Pire, et même très grave, inacceptable même, le site présente un manifeste qui a été écrit par « Hans Cany », un nazi se présentant comme un « national-anarchiste » et se mettant en scène comme un punk batcave.

La revue antifasciste Réflexes fait sa bio de la manière suivante:

Ancien militant de la Jeunesse Communiste passé à l’Alliance Ouvrière Anarchiste (1990-1994). Ce petit groupe anarchiste individualiste affichait un soutien très clair au courant négationniste et à Robert Faurisson au nom de l’athéisme, l’extermination des juifs d’Europe étant assimilée à une nouvelle religion. Par la suite H. Cany rejoindra la mouvance NR et écologiste radicale en 1994, Nouvelle Résistance défendant alors une politique de « front uni contre le système ».

Il restera proche d’Unité Radicale en signant en 1997 le Manifeste des 31 pour exiger l’unité des nationalistes-révolutionnaires [« Jeune Résistance » n°6, mai 1997] puis l’Appel de la Coordination de janvier 2001 pour l’unité du mouvement national. La fin d’Unité Radicale en 2002 le verra se réorienter sur la promotion du « national-anarchisme » ou « nationalisme libertaire » qu’il définit dans Rébellion n°6 (mai-juin 2004). Il prend alors la défense du régime communiste vietnamien. Il est également l’animateur du forum WARDANCE et collaborateur occasionel de la revue néo-païenne Message du Groupe Druidique des Gaules.

Bref, critiquer la civilisation peut être intéressant, mais si c’est pour se retrouver avec des pessimistes, des misanthropes, des nazis, dont le « quasi vegan » Hans Cany qui veut que tous les Français aient les yeux bleus… bonjour l’angoisse.

Nous sommes pour la libération animale et la libération de la Terre, certainement pas pour « une redécouverte de nos véritables racines spirituelles ancestrales » (sic)!

Il y a en fait même franchement lieu de douter de la sincérité de ce site « anarchie vert », dont ni le style ni le contenu ne correspondent aux vrais anarchistes verts dont nous parlions tout récemment avec le site chilien Liberacion Total (rappelons que le style insurrectionnel est proche de celui mis en avant en France par Non Fides).

Cela ressemble donc bien plus à un entrisme de ce Hans Cany pour faire passer son « national-anarchisme » maquillé en « anarchie verte ».

[AJOUT: ce qui semble bien le cas, puisque sur ce site, on trouve le « manifeste » signé… « Hans Cany / Anarchie verte »! Ce qui confirme bien que ce site « anarchie verte » n’a rien d’anarchiste, et qu’il s’agit en réalité d’une opération fasciste d’infiltration – manipulation. Le site « anarchie verte » semble en effet en apparence ne pas connaître Hans Cany, et seul un commentaire anonyme et élogieux le présente comme un grand activiste…]

Enfin, un dernier commentaire nous dit (entre autres):

Les autochtones amazoniens m’ont appris une chose : tout est admirable dans la nature, les plantes comme les animaux. Ils disent toujours « nos soeurs les plantes, et nos frères les animaux », mais dans votre site, on parle toujours de libération animale, jamais de libération végétale ! Comme si vous faisiez de la discrimination au sein du Vivant ! Mais tout est respectable dans le Vivant. Il ne faut pas être raciste (certains disent « spécistes »)et mépriser nos soeurs les plantes !
Qu’en pensez-vous ?

Nous sommes bien entendu d’accord pour considérer que les végétaux doivent se voir reconnaître des droits, mais c’est ce que nous voulons dire quand nous parlons de la libération de la Terre.

C’est un problème important d’ailleurs: aujourd’hui la majorité des vegans se cantonne dans les « droits des animaux », sans voir que les végétaux en ont aussi, et d’ailleurs que sans les végétaux, il n’y a plus de vie animale.

Il y a un énorme mépris envers les végétaux. Cela aussi il faut le changer!

Isaac Asimov: Gaïa et Galaxia

Rien ne serait plus faux de penser que les utopies appartiennent au passé. Bien au contraire, elles se développent selon les besoins de l’humanité, car l’imagination ne tombe pas du ciel, mais reflète les possibilités.

Il y a ainsi vraiment lieu de s’intéresser à Isaac Asimov et à son utopie qu’est Gaïa / Galaxia. Cette utopie est le point culminant de l’ensemble des romans de science-fiction d’Asimov, ce dernier gagnant en 1966 le prix Hugo de « la meilleure série de tous les temps » (Hugo Gernsback étant le rédacteur de la première revue consacrée à la science-fiction.

En France, Isaac Asimov est surtout connu pour son travail d’anticipation sur ce que pourraient être les robots dans le futur, et quel rapport les humains auraient avec eux (les fameuses « lois de la robotique »), surtout que ceux-ci s’humanisent.

Isaac Asimov a cherché à comprendre quelle évolution aurait l’humanité. Il a ainsi imaginé le futur, et au bout de cette évolution, après que le grand Empire regroupant toutes les planètes se soit effondré, il y a plusieurs options possibles. Mais celle qui apparaît comme la meilleure est Gaïa.

Sur la planète en question, tout est relié. Voici un extrait, au moment où le principe est expliqué pour la première fois. La personne répond à la question de savoir qui est Gaïa:

« Il dit enfin: « Vous?

-Oui, moi. Et le sol. Et les arbres. Et ce lapin là-bas, dans l’herbe. Et l’homme que vous apercevez à travers les arbres. Toute la planète et tout ce qu’elle abrite est Gaïa. Nous sommes tous des individus – des organismes séparés – mais nous partageons tous une même conscience globale.

La planète inanimée y contribue pour la plus faible part, les différentes formes de vie à des degrés divers, et les êtres humaisn pour la plus grande proportion – mais nous la partageons tous.

-Je crois », nota Pelorat à l’adresse de Trevize, « qu’elle veut dire que Gaïa est une sorte de conscience de groupe. »

Trevize opina. « Je me doutais de quelque chose comme cela… Dans ce cas, Joie, qui dirige ce monde?

-Il se dirige tout seul. Ces arbres poussent en rangs bien alignés de leur propre initiative. Ils se multiplient juste assez pour assurer le renouvellement de ceux qui pour quelques raisons meurent. Les êtres humains récoltent les pommes dont ils ont besoin; les autres animaux, y compris les insectes, mangent leur part – et seulement leur part.

-Les insectes savent quelle est leur juste part, c’est ça? dit Trevize.

-Oui… en un sens. Il pleut quand c’est nécessaire et il arrive même qu’il pleuve à verse quand c’est une averse qui est nécessaire – tout comme il peut y avoir aussi une période de sécheresse, si c’est de la sécheresse qu’il faut…

-Et la pluie sait ce qu’elle a à faire, pas vrai?
-Oui, absolument », fit Joie, imperturbable. »

Bien entendu, il y a une part de naïveté, toutefois une telle démarche même littéraire ne tombe pas du ciel. Elle est le fruit d’un questionnement, non pas seulement d’Asimov, mais de l’humanité entière.

Ce qu’il y a derrière l’art, c’est la découverte pour ainsi dire de notre planète, du fait qu’elle existe à part entière, qu’elle a une identité. Plus l’humanité à conscience de la Terre, plus cela se reflète dans les idées et dans l’art.

De manière très intéressante pour nous également, la question du véganisme est posée. La réponse est différente de dans « Demain les chiens », où tous les animaux deviennent vegans. Mais elle est très intéressante de par son questionnement.

Voici un extrait concernant cet aspect:

« Puisque toute chose sur Gaïa participe de la même conscience de ce groupe, comment se fait-il que vous, un élément de ce groupe, puissiez manger ceci, qui en est manifestement un autre élément?

-C’est vrai! Mais toute chose se recycle. Il faut bien se nourrir, et tout ce qu’on peut manger, plante ou animal, et même les sels minéraux, fait partie de Gaïa. Mais là, voyez-vous, on ne tue jamais par plaisir ou par sport, et on ne tue jamais en infligeant des souffrances inutiles. »

De manière très intéressante également, on découvre que les Gaïens acceptent la mort. La mort fait partie de la vie, et la vie continue justement. Quand on meurt, le corps en décomposition est récupéré par la planète. Voici ici l’extrait en question:

« Et puis, d’ailleurs, ce qui est mangé continue malgré tout à faire partie de la conscience planétaire: à partir du moment où tous ces éléments sont incorporés dans notre organisme, ils participent dans une plus large mesure à la conscience totale. Quand je mourrai, moi aussi je serai dévoré – ne serait-ce que par les bactéries – et je participerai, pour une part bien plus réduite, à ce tout. Mais un jour viendra où des fragments de moi deviendront des fragments d’autres êtres humains. De quantité d’autres humains. (…)

-Mais, dit Trevize, votre conscience individuelle – ce je ne sais quoi qui fait que vous êtes Dom – cette conscience ne sera plus jamais réassemblée?

-Non, bien sûr que non. Mais quelle importance? Je serai toujours partie intégrante de Gaïa et c’est cela seul qui compte. »

L’oeuvre d’Isaac Asimov est donc riche en questionnement. Surtout, la colonisation d’autres planètes permet de remettre en avant la Terre elle-même. Dans les romans d’Asimov (qui forment des cycles unis) celle-ci est la planète d’origine, elle est devenue un mythe, elle a de nouveau de la valeur. Inversement, la planète appelée Gaïa est une sorte d’utopie, ce que la Terre aurait dû être si elle n’avait pas été massacrée par les technologies.

Asimov pousse même l’utopie à expliquer que Gaïa deviendra Galaxia, c’est là par contre un prolongement créatif et imaginaire. Mais la question de Gaïa est posée. Et désormais, elle ne cessera plus de l’être.

Détruis les machines qui tuent les forêts, qui défigurent la Terre

Paroles de la chanson « Destroy the machines », du groupe Earth Crisis.

Détruis les machines qui tuent les forêts, qui défigurent la Terre
L’écotage quand les efforts pour raisonner
échouent et n’ont plus droit de citer.

L’action directe est le seul choix quand les terres sauvages font face à la destruction.
Maintenant il est temps pour la contre-agression.
Chaque jour qui passe l’assaut contre la nature s’accélère.

Ce monde ils détruisent pour les voies excessives des nations industrielles.
Chaque biome [=écorégion] sur chaque continent subit l’attaque de l’homme.
Avec tout à perdre nous avons tracé la ligne pour les bloquer.

De nouveaux ponts, de nouvelles routes et de nouveaux barrages
pavent la voie pour le développement contre ce qui reste de la nature sauvage.
Tout cela doit être empêché à l’avance ou bien détruit pour que durent les terres sauvages.

Luttant pour sauver les animaux. Leur liberté est notre paix.
Pour la préservation de leurs habitats, pour que cesse la violence contre eux.
La libération de la Terre par l’écodéfense.
Stopper cette folie consistant en l’avancée des machines de mort jaunes [=bulldozers…]

Le film Avatar: l’armée terrienne contre une civilisation de la forêt

A la mi-décembre sortira une ultra grande production cinématographique: Avatar. « Ultra grande » parce que son réalisateur est James Cameron (Terminator 1 et 2, Aliens, Abyss, Titanic…). Il y a évidemment une version en jeu vidéo.

Le scénario est très intéressant, car il est hautement représentatif du questionnement de notre époque. Pour faire court: l’armée terrienne ultra sophistiquée décide d’anéantir une peuplade martienne, vivant dans un paradis forestier, afin de récupérer les ressources minérales.

Évidemment, la culture hollywood viendra massacrer le contenu (aventure individualiste, prépondérance des effets spéciaux sur le contenu, etc.). Les indigènes seront caricaturaux, et la nature ne sera belle que parce qu’imposante (grandes montagnes etc.), et rien qu’à voir la bande-annonce on peut craindre le pire pour l’image donnée aux animaux!

Mais jamais Hollywood ne sortirait un tel film s’il n’était certain d’avoir un écho chez les gens… La Terre, et le respect qu’elle mérite, est un sujet d’actualité! Et encore un fois, comme dit sur LTD à de nombreuses reprises, on voit que les extra-terrestres servent à la mise en avant de questionnements écologiques…

Silent Running / Et la terre survivra

(article également disponible dans les pages culture)

« Silent Running » (« Course silencieuse ») est un film en passe de devenir absolument mythique: dès 1972 il aborde l’ensemble des thèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, et il le fait à partir du point de vue de la libération de la Terre, voire même de la libération animale!

Un film incroyable, encore très largement inconnu mais qui fait son chemin et qui sera sans aucun doute considéré bientôt comme une oeuvre humaniste d’une valeur inestimable.

Le titre canadien du film est « Et la terre survivra » ou « Et la Terre survivra » (avec un T majuscule), et il est également plutôt connu sous ce nom en France.

« Silent Running » se déroule dans le futur: la planète terre a été dévastée par une guerre nucléaire. Un énorme vaisseau spatial, le « Valley Forge », transporte plusieurs serres géantes abritant des forêts ainsi que des animaux non humains. Ces serres en forme de domes sont inspirées du Climatron greenhouse des Jardins botaniques du Missouri.

Mais les quatre astronautes présents à bord reçoivent l’ordre de tout détruire des serres et de ramener le vaisseau, celui-ci devant servir pour des opérations commerciales. L’astrobotaniste se rebelle alors, tue les autres astronautes et prend le contrôle du vaisseau afin de sauver la dernière serre.

Rattrapé pourtant par les vaisseaux terriens qui pensaient que le vaisseau a eu un problème et qu’il était en détresse, il programme un robot pour s’occuper de la forêt et lance la serre dans l’espace. Puis il fait sauter le vaisseau afin que les autres vaisseaux croient que tout a bien été anéanti.

Le film est une véritable ode à la Terre. L’astrobotaniste critique les autres astronautes qui ne s’intéressent pas à la forêt et n’ont ensuite pas d’état d’âme pour la détruire. Il intervient donc: le film est un appel à l’intervention, à l’action, dans le but de préserver la vie végétale et ses habitantEs. L’astrobotaniste aime la forêt et ses habitantEs.

Il y a également une allusion très importante à Smokey l’ours. Si en France on le connaît pas du tout, il est connu de la quasi totalité des Américains. Figure populaire, il est le symbole de la préservation des forêts, utilisé par les services américains s’occupant des forêts.

Dans le film, on peut voir l’astrobotaniste caresser de la main une feuille au mur: le serment de la conservation de Smokey l’ours!

« I give my pledge as an American to save and faithfully to defend from waste the natural resources of my country -its soil and minerals, its forests, waters and wildlife. »

C’est-à-dire en français: « Je fais le serment en tant qu’Américain de servir et de défendre fidèlement les ressources naturelles de mon pays de la destruction – ses terres et ses minéraux, ses forêts, ses eaux et sa vie sauvage ».

La bande originale contient deux chansons de Joan Baez, qui interviennent à des moments clefs pour renforcer la dimension écologiste du film.

« Des champs d’enfants courant, sauvages – dans le soleil
Comme une forêt est ton enfant, grandissant de manière sauvage, dans le soleil
Condamné dans son innocence – dans le soleil
Rassemble les enfants à tes côtés,
dans le soleil
Dis leur que tout ce qu’ils aiment va mourir,
Dis leur pourquoi,
dans le soleil
Dis leur qu’il n’est pas trop tard,
Cultive, un par un;
Dis leur de récolter et de se réjouir du soleil »

« Silent Running » n’a eu aucun succès. Le circuit hollywoodien avait accepté de le produire grâce à sa marge de manoeuvre obtenue grâce au succès d’Easy Rider, mais le film avait tout de même un petit budget et ne fut pas réellement soutenu à sa sortie. Son réalisateur était pourtant Douglas Trumbull, aujourd’hui considéré comme une figure des effets spéciaux au cinéma (il a notamment participé à 2001 l’Odyssée de l’espace, Rencontres du troisième type et Blade Runner).

Mais le principal défaut du film à court terme est sa qualité à long terme: sa lenteur, son humanisme, sa démonstration de force de la compassion (les robots eux-mêmes acquérant une dimension émotionnelle), son appel à sauver la Terre et ses habitantEs!