« La Nature attend également la révolution »

Nous avons déjà parlé de l’association Dämmerung [crépuscule], qui en Allemagne a pris le relais du groupe « tierrechts-aktion-nord », actif pendant 25 ans. Leur manifeste est disponible ici: Théorie sociale, critique de l’idéologie et lutte de classe.

Voici leur initiative ayant lieu à Hambourg, les 8 et 9 novembre 2013, et qui montre une démarche et une approche que nous trouvons, de notre côté, bien entendu intéressantes.

Sur l’affiche, on lit : « La Nature attend également la révolution. »

Les rapports mondiaux sur la faim dans le monde de ces dernières années ou le scandale actuel quant aux œufs, tout cela indique clairement que sont discutés de manière critique dans l’opinion publique les excroissances de la production capitaliste de nourriture, en particulier celle de la viande.

Le véganisme comme « lifestyle » connaît un véritable boom, et les opportunités d’informer avec succès sur la misère du massacre industriel des animaux étaient bien plus faibles par la passé.

C’est, pour le mouvement des droits des animaux et de la libération animale, une situation favorable pour poser, ensemble avec les mouvements écologistes et sociaux, des exigences anticapitalistes radicales.

Mais cela ne se produit pas. Le mouvement des droits des animaux et de la libération animale ne dispose d’aucun concept de théorie politique, d’aucune analyse de la société et n’est pas clair quant au dénominateur commun avec d’autres mouvements de gauche.

Leur critique de la production de masse de la marchandise animal reste bourgeoise et morale et maintient à distance des approches anti-capitalistes – et à cela « l’antispécisme autonome » n’est pas une alternative.

Lorsque le mouvement est actif, il agit dans de nombreux domaines comme directement critique du système – mais il n’en est pas conscient.

D’autre part, les mouvements socialistes traditionnels ont souvent des réserves de principe contre le mouvement des droits des animaux et de la libération animale.

Il y a non seulement le fait qu’il est perçu comme un mouvement « à un seul thème », auquel manque la perspective de surmonter l’ordre social dominant, mais il y a également que la libération des animaux est totalement exclue de l’agenda de gauche.Cette distance mutuelle erronée est ce nous voulons réduire à notre académie.

Nous voulons faire comprendre pourquoi la libération des êtres humains et des animaux ne saurait être obtenue sans critique du capitalisme et pourquoi d’autre part, la critique du capitalisme n’est pas fondamentale si elle ne prend pas en compte le rapport à la nature (et les animaux, en particulier).

Dans les ateliers et les tables rondes avec des représentants des organisations de gauche, nous espérons identifier les dénominateurs communs et ainsi fonder les bases sur lesquelles peut être construite une politique concrète révolutionnaire, pour dépasser les conditions sociales dans lesquelles, depuis longtemps, il n’y a pas que l’être humain qui soit un être abaissé, asservi, abandonné, un être méprisable.

Le premier jour a lieu un débat sur le principe « one struggle one fight », sur le rapport entre la libération animale et l’extrême-gauche.

Samedi matin a lieu un atelier sur l’antispécisme autonome, avec la critique de la négation des rapports sociaux par l’antispécisme, qui se fonde sur un point de vue moraliste individuel et qui méconnaît la réalité des travailleurs de l’industrie de l’exploitation animale, les voyant unilatéralement comme des ennemis.

Ensuite ont eu lieu deux ateliers : un sur la situation de l’industrie de l’exploitation animale en Allemagne, un autre sur la morale révolutionnaire et la politique anticapitaliste.

Le soir a lieu une conférence sur le mouvement pour la libération animale et la gauche, ensuite différents concerts, avec notamment Albino (voir son interview ici).

Action antifasciste et action antispéciste

L’assassinat de Clément Méric a amené une médiatisation certaine du logo « Action antifasciste », alors que de temps en temps le logo « Action antispéciste » apparaît ici ou là.

Le groupe VEAN (Vegan Edge Antifasciste Nord) appartient par exemple au réseau historique Action antifasciste (il existe toutefois d’autres groupes se revendiquant eux aussi « Action Antifasciste ») et utilise à la fois l’un et l’autre des logos.

Les deux logos ont leur origine en Allemagne. L’Action antifasciste est un mouvement né au fur et à mesure des années 1980, comme coordination de structures antifascistes (notamment la fameuse antifa M de la ville de Göttingen).

L’Action antispéciste est née à la fin des années 1990, pas du tout sous la forme d’une organisation par contre, seulement sous la forme d’une « démarche. »

Au tout début des années 1990, la question végane est devenue centrale dans le mouvement des « autonomes. » Dans les années 1980, les deux lignes directrices étaient soit les squatts, soit l’anti-impérialisme (avec des groupes armés comme la Fraction Armée Rouge).

Les rares personnes véganes existant étaient alors dispersées et sans véritable impact. La situation change totalement au tout début des années 1990, où le véganisme devient le thème incontournable et une démarche obligatoire chez les « autonomes. »

Aucun repas collectif ne pouvait alors ne plus être végan, et de fait ne pas aller dans le sens de la libération animale était pratiquement impossible. Il faut bien voir que sont concernées ici plusieurs milliers de personnes ; le congrès berlinois de l’autonomie, à Pâques 1995, rassemblait 3000/4000 personnes, et tous les repas étaient forcément végans.

Ce congrès justement fut un moment décisif pour le véganisme en Allemagne, mais dans le bon sens. En effet, il s’agissait de savoir comment le véganisme pouvait être intégré dans une vision du monde qui soit « révolutionnaire. »

A ce moment-là, les autonomes avaient décidé, dans leur majorité, d’adopter le principe de la « triple oppression » : capitalisme, racisme et sexisme étaient les fondements de la société et étaient la « cible » de la révolution.

Pour cette raison, le congrès berlinois de l’autonomie eut comme thème pratiquement central la question de la « unity of oppression » (« UoO ») : l’exploitation des animaux était ajoutée à la « triple oppression. »

Tout le monde trouva alors cela très bien, sauf qu’il n’y avait pas de bases explicatives ; le champ était laissé totalement libre quant aux interprétations. Il y eut ainsi des frictions importantes à Hambourg lors d’un congrès pour la libération animale, avec un conflit au sujet de la question de la Nature.

Un groupe de gens était en effet lié à « Frontline », un mouvement petit mais ayant un grand impact chez les végans et assumant les thèses Hardline, sans le rejet de l’homosexualité et sans être favorable à l’interdiction de l’avortement, et même sans dimension religieuse par ailleurs.

Néanmoins, le groupe Frontline était plus velléitaire qu’autre chose et n’existait déjà plus en 1995 ; inversement le véganisme fut parfaitement intégré culturellement au mouvement autonome, sans pour autant que la libération animale ne soit « combinée » à la question révolutionnaire.

Si on ajoute à cela l’autodissolution de la Fraction Armée Rouge et la grande vague d’extrême-droite, on s’imagine le repli sur plan des idées. Les logos « Action antifasciste » et « Action antispéciste » devinrent alors des symboles de valeurs, mais sans contenu très clair ni précisément défini.

Le logo « Action antispéciste » fut utilisé par les « restes » des autonomes vraiment impliqués dan le mouvement de protection animale. Le magazine « Vegan Info » avait tenté, sans succès, de former une nouvelle culture organisée dans le mouvement autonome, aussi ce sont des gens à Hambourg qui ont en pratique lancé la nouvelle démarche « Action antispéciste. »

Il s’agissait de relancer le mouvement autonome, comme avant, mais avec en plus la libération animale. Il faut bien concevoir ici que la définition du mot « antispécisme » n’a rien à voir avec celles faite en France, comme par exemple celle des « cahiers anti-spécistes », ou d’anarchistes comme lors du « détournement de la « veggie pride » à la fin pour bloquer le McDonald’s.

Il ne s’agit pas d’anarchistes qui sont également végans ou d’universitaires se focalisant sur la question du « spécisme. » Ce sont des gens qui entendent faire la critique générale de la société, du capitalisme, et qui en même temps sont végans et considèrent que c’est un point central.

Il ne s’agit pas de gens rassemblant plusieurs idées, par exemple l’anti-sexisme, l’anti-capitalisme, etc. Il s’agit d’une tentative de combattre le tout comme un ensemble. Cela n’a rien à voir avec l’assemblage hétéroclite pratique par des gens en France se revendiquant « antispéciste. »

L’initiative du groupe « Dämmerung », dont nous avons publié le manifeste (Théorie sociale, critique de l’idéologie et lutte de classe), représente la forme la plus développée de cette démarche anti-spéciste. On retrouve, dans cette même culture « antispé », des gens comme le rappeur Albino ou bien le groupe BerTA, de Berlin.

La mouvance « antispé » combat un système non pas composé de différentes oppressions se combinant, mais formant une seule oppression prenant des formes diverses. Le point central permettant de faire briser tout cela, qui est fondé sur l’exploitation, c’est la compréhension de l’importance du spécisme.

Nous n’avons de notre côté pas de critique à faire d’une telle démarche ; si nous n’utilisons pas le terme de « antispéciste », c’est pour refuser la variante française qui bricole un « spécisme » qui serait une oppression tombée du ciel, hors de toute réalité sociale.

Un tel « spécisme » et un tel « antispécisme » n’ont rien à voir avec la démarche, très élaborée, de la culture version « Action antispéciste. »

Singer, Regan, l’antispécisme métaphysique…

Dans le prolongement des quelques prises de positions publiées ces derniers temps, voici un extrait de réponses données par l’association Dämmerung d’Allemagne au site vegan italien Asinus Novus. On trouve des éléments très intéressants.

Nous ne voulons nullement dire par là qu’il y aurait ici des réponses parfaitement pratiquables, seulement qu’il s’agit d’une démarche ayant le mérite de rejeter tout le baratin moraliste académique de gens bien établis confortablement dans les institutions, afin inversement de souligner l’importance de voir les choses selon une perspective historique.

Il est évident qu’affirmer « l’homme est mauvais » etc. etc. n’aide pas les animaux, alors que comprendre les mécanismes d’exploitation (et d’oppression) est une première tâche inévitable pour faire triompher la libération animale!

Comme dans beaucoup d’autres pays, il existe trois principaux courants dans le mouvement des droits des animaux en Allemagne: le welfarisme animalier, l’activisme des droits des animaux et des approches militantes qui agissent en faveur de la libération animale.

TAN a commencé comme un groupe de défense des animaux, à la fin des années 1980, et s’est transformé en un groupe de libération animale.

Nous avons partagé la plupart des critiques du mouvement de libération animale en ce qui concerne les deux autres courants, pendant des années – que l’on peut à peu près résumer avec l’argument selon lequel les deux restent bourgeois dans la théorie et dans la pratique, c’est-à-dire qu’ils contribuent à améliorer la société capitaliste et ne se rendent pas compte qu’il est la racine de l’oppression et de l’exploitation des animaux aujourd’hui, et qu’il doit donc être supprimé pour libérer les humains et les animaux.

Mais nous avons souffert de l’auto-critique des partisans de la libération animale pendant des années. Les partisanEs de la libération de la gauche autonome surtout, qui dominent la faction de la libération animale en Allemagne, partagent des choses avec l’anti-spécisme métaphysique auquel on peut supposer qu’ils s’opposent, et qui est hégémonique pour l’ensemble du mouvement des droits des animaux, à travers toutes les factions.

En outre, ils ont adopté un type de libéralisme de gauche radicale, avec lequel nous ne sommes pas d’accord. Déjà, nous ne pensons pas que la libération des animaux puisse être réalisée par la « véganisation » des gens individuellement.

Ce n’est pas progressiste de réitérer l’anti-communisme et l’anti-collectivisme, qui ont actuellement ressuscité en Europe.

Nous comprenons la nécessité d’une contre-culture vegan, mais ce n’est pas l’objectif central de notre politique. En Allemagne, l’activisme pour la libération animale est largement devenu une composante d’un style de vie autonome, auto-référentielle et consumériste pour étudiants de la classe moyenne consommant leur rêve de rébellion.

Leur théorie n’est pas adéquate – c’est juste un vulgaire post-structuralisme racontant de vieilles histoires éthiques, en dépit que soient déjà disponibles de bonnes critiques et la riche histoire de la théorie sociale matérialiste commençant avec Marx et Engels, mais incluant aussi Luxembourg, Gramsci ou, surtout, l’École de Francfort avec les magnifiques œuvres de Marcuse, Horkheimer et Adorno.

Il n’y a eu aucun lien entre la libération animale et d’autres luttes sociales, ni dans les droits des animaux, ni dans le mouvement de libération animale, bien que les partisans de la libération animale affirment toujours qu’ils visent la libération des animaux et des humains.

(…)

Nous commençons notre analyse les rapports sociaux et historiques spécifiques entre animaux et humains avec un examen de la pratique économique et politique dans une société donnée, afin d’explorer les raisons pour lesquelles et comment les animaux sont maltraités, réduits en esclavage, torturés et tués.

Et puis nous découvrons par quelles thèses idéologiques ces pratiques sont légitimées, obscurcies et transmises. Enfin, nous recherchons les influences réciproques et les interconnexions.

Peter Singer et Tom Regan ont historiquement certains indéniables mérites, en particulier dans le monde anglophone. Ils ont popularisé la question des droits des animaux dans le discours académique, même si ils l’ont fait d’une manière totalement bourgeoise.

Ils ont doté au mouvement des droits des animaux d’une voix académique et audible dans deux des pays politiquement et économiquement les plus importants (les Etats-Unis et la Grande-Bretagne).

Presque tous les intellectuels de gauche se sont abstenus d’intervenir dans le jeune mouvement, même s’il y avait quelques réflexions importantes dans l’héritage de Rosa Luxemburg, de Herbert Marcuse, les écrits de Theodor W. Adorno, qui auraient pu être un point de départ utile pour le mouvement.

Même dans les œuvres de Karl Marx et Friedrich Engels, qui ont été sévèrement critiqué pour être prométhéen, on trouve des notes très importantes pour conceptualiser une théorie critique qui inclut les rôles des animaux et pour développer des points de vue politiques pour un mouvement encore inexpérimenté politiquement.

Et enfin, Singer – en particulier dans Libération animale et Questions d’éthique pratique – montre les doubles standards de la pensée anthropocentrique et spéciste que répètent beaucoup de gens – même les progressistes – chaque fois qu’ils parlent franchement de droits des animaux.

Ainsi, Singer et Regan étaient importants pour le développement des mouvements des droits des animaux aux États-Unis et en Grande-Bretagne, mais leur influence n’a cessé de diminuer au fil des décennies, lorsque les anarchistes traditionnels, les post-structuralistes et enfin les marxistes ont commencé à gagner de l’espace.

Et aujourd’hui, il y a heureusement certains courants, même dans le mouvement des droits des animaux, qui ne se réfèrent plus aux approches de Singer et Regan.

En Allemagne, Singer et Regan n’étaient pas vraiment importants, car leurs discours étaient trop radicaux pour les welfaristes animaliers et trop bourgeois pour les mouvements des droits des animaux et de libération, même s’il y a eu des philosophes allemands, par exemple Ursula Wolf, qui ont enseigné leurs principes éthiques.

Nous pensons que les travaux de Singer et Regan n’ont jamais été utiles pour fonder une théorie de la libération animale ou pour concevoir une pensée véritablement critique en faveur de la libération animale, parce que ce sont des moralistes bourgeois qui ne comprennent pas les barrières de l’éthique ou de la philosophie morale positive.

Ces approches reposent sur un individualisme méthodologique – une caractéristique essentielle de la pensée bourgeoise -, abstraite, c’est-à-dire des hypothèses non historiques sur les humains et les relations humain-animal, et ils rendent les choses abstraites à partir des structures matérielles sociales concrètes et ainsi de suite.

Ainsi, leurs travaux sont basés sur une sorte de philosophie qui a été radicalement critiquée et réfutée par de nombreux théoriciens de gauche au milieu du 19ème siècle, à commencer par Marx et Engels.

Par exemple, la critique par Marx de Jeremy Bentham dans le Capital est toujours valable pour les philosophies utilitaristes aujourd’hui, quel que soit le courant spécifique auquel ils appartiennent.

Marx polémique contre Bentham en disant que celui-ci est « cet oracle insipide, pédant et verbeux de l’intelligence bourgeoise ordinaire du XIXe siècle » (Capital, tome 1), qui assume « avec naïveté (…) que le petit-bourgeois (…) est l’homme normal » (Capital, tome 1) sur lequel peut reposer sa théorie.< On pourrait en conclure que Singer joue le même rôle dans la période d’après-guerre du 20e siècle.

Il convient, au contraire, de fonder la lutte politique pour la libération animale dans une théorie sociale critique, commençant avec Marx et Engels, et incluant la critique de l’idéologie faite par l’école de Francfort et d’autres apports des penseurs critiques.

La notion d’impérialisme chez Rosa Luxembourg, par exemple, peut être très utile pour comprendre la marchandisation des animaux et le reste de la nature, sous le capitalisme, dans le but d’accumuler du capital et d’élargir les domaines de l’investissement du capital financier.

Et sa merveilleuse compréhension matérialiste de la souffrance qui lie la libération des humains et des animaux non humains, ensemble, est absolument écrasante. Ce sont les sources d’où la pensée radicale et critique se déverse.

(…)

Nous pensons que la réconciliation de la nature et de l’humain n’est faisable que par le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses, c’est-à-dire la formation sociale capitaliste, y compris toutes les instances de la société capitaliste allant de l’économie à l’industrie de la culture.
Et oui, de l’autre côté, il existe un danger qu’un vaste mouvement anti-capitaliste absorbe la question de la libération animale.

Mais d’un autre côté, il y a aussi le danger d’être absorbé par les mouvements bourgeois qui tentent de réformer le capitalisme au nom des animaux exploités et opprimés, sans jamais abolir la violence à leur encontre et en intégrant le prochain mouvement d’opposition au capitalisme – ce qui est comparable à ce qui est arrivé à d’autres mouvements écologistes.

Enfin, ces problèmes ne peuvent être résolus par des luttes politiques contre les deux tendances en appliquant la stratégie de Rosa Luxembourg de realpolitik révolutionnaire à la lutte pour la libération animale et humaine.

« Les animaux ne sont pas des marchandises? »

Voici comme hier des nouvelles d’Allemagne, avec un nouveau site qui a ouvert: tierrechtsbewegung.info. Ce site consacré au mouvement du droit des animaux n’a pas grand chose à voir avec ce que l’on entend par là en France, il s’agit en fait d’un mouvement pour la libération animale comme nous nous l’entendons.

Ce site d’informations publie ainsi de multiples prises de position très constructives, et en voici une de présentée ici. On notera la référence à l’association Dämmerung d’Allemagne, dont nous avions traduit le manifeste: Théorie sociale, critique de l’idéologie et lutte de classe.

Les animaux ne sont pas des marchandises?

Théorie anti-capitaliste et pratique des droits des animaux et le mouvement de libération animale

L’exploitation animale dans le capitalisme

Dans notre société, les animaux sont presque exclusivement considérés selon l’utilité qu’ils ont pour les gens.

La détention massive d’animaux, l’exploitation impitoyable et l’abattage à la chaîne ne sont cependant pas seulement la conséquence d’un manque de conscience morale de la majorité de la population.

L’utilisation et la mise à mort des animaux ont bien entendu à voir avec un système économique qui se concentre uniquement sur la valorisation et la maximisation du profit. Parce que dans la production capitaliste, les besoins et les intérêts des humains et des animaux sont placés derrière leur valeur.

Les discussions sur les droits des animaux et le mouvement de libération animale se tournent donc depuis un certain temps également autour de la question de savoir dans quelle mesure il y a besoin de surmonter les rapports de production capitalistes, pour arriver réellement aux conditions de la libération des animaux.

Discussions sur la théorie et la pratique anticapitaliste

Il est clair qu’un grand nombre de groupes des droits des animaux et de la libération animale se positionnent contre les rapports sociaux d’oppression. Lors de récentes discussions au sein du mouvement, il y a pourtant deux choses qui sont apparues comme claires.

D’une part, il y a la nécessité d’efforts redoublés sur le plan théorique.

Il est dit, par exemple, en regardant en arrière les Journées de libération animale de 2012: « Il est vrai qu’il y a des tentatives de se présenter comme étant engagéE « contre le capitalisme » ou bien « pour une critique de la domination », cela appartient au « bon ton » en ce moment.

Cependant, un travail théorique intensif sur la signification par exemple de la production capitaliste et de ses conséquences pour la relation homme-animal, cela reste étranger encore, à quelques exceptions près, au mouvement de libération animale. »

Et d’autre part il y a le problème qu’à l’heure actuelle il y a un manque tout simplement d’expériences concrètes sur la manière de transposer des positions de critique sociale dans la pratique politique et de mettre en pratique les revendications pour un travail en commun plus fort avec d’autres mouvements politiques.

En conséquence, les discussions au sujet d’une pratique politique de critique sociale ou anticapitaliste ont souvent été abstraites de par le passé.

Les points de contact jusque-là

Le groupe Association Dämmerung (crépuscule) de Hambourg (anciennement Tierrechts-Aktion-Nord – TAN) est l’un des rares groupes qui ne se contente pas de se décrire comme des anti-capitalistes, mais traduit aussi cela dans le travail politique, pratique. Ce sont avant tout leurs contributions théoriques qui sont d’une importance particulière.

Ainsi, la TAN a été pionnière dans le traitement de la critique de Max Horkheimer et Theodor W. Adorno de la domination de la nature, qui inclut également une critique de l’exploitation des animaux.

De cette confrontation [intellectuelle] ont suivi certaines publications, comme la documentation de deux ateliers avec Moshe Zuckermann ou l’ouvrage «  Das steinerne Herz der Unendlichkeit erweichen » [Ramollir le cœur de pierre de l’infini] produit par des membres de l’ex-TAN.

Au centre des travaux de l’association Dämmerung se trouvent depuis un certain temps les écrits de Karl Marx et d’autres parties de la théorie communiste.

En plus de l’association Dämmerung, les Antispe Tübingen, le groupe des droits des animaux de Zurich et les groupes de libération animale de Hambourg ont donné leurs propres contributions sur la relation entre le capital et l’exploitation animale, c’est-à-dire sur la critique du capitalisme et la libération animale.
Une tentative de trouver des liens vers d’autres mouvements politiques a été l’implication de militantEs des droits des animaux lors des journées anticapitalistes Blockupy à Francfort en mai 2012.
Il a été tenté là-bas d’établir la question de la libération animale comme une question importante et nécessaire d’un mouvement anti-capitaliste, international.

tierrechtsbewegung.info informera de ces développements et de ces débats

Congrès pour la libération animale 2013 en Allemagne

Du 31 juillet au 4 août 2013 aura lieu un congrès pour la libération animale à Potsdam (au centre culturel freiLand).

Nous publions ici l’appel à ce congrès, qui bien entendu s’inscrit dans une option militante. Il s’agit d’un lieu d’échange activiste, pas d’une réunion d’autosatisfaction sur le mode hipster, à la « Paris Vegan Day » (qui d’ailleurs se tiendra à la mi-octobre 2013, pas moins que dans les Docks-Cité de la Mode et du Design – hipsters de tous les pays, unissez-vous !).

Bien entendu, peu de monde de France pourra y aller, d’autant plus que Potsdam se situe près de Berlin, donc assez loin.

Néanmoins, à nos yeux le véganisme est une cause universelle et il y a lieu de faire des échanges, et cela d’autant plus si cela contribue de part et d’autre à l’éclosion d’une véritable ligne, sans compromis, pour la libération animale.

On notera que les personnes organisant ce congrès ont une démarche impeccablement démocratique, et considèrent faire partie d’un mouvement social comme un autre. C’est exemplaire, au moins sur ce plan.

Depuis l’automne dernier, l’association die tierbefreier [les libérateurs / libératrices d’animaux] et des activistes de Nandu et GetUp ont considéré indépendamment les unEs des autres tout d’abord, puis vite ensemble, comment un congrès pour la libération animale pourrait être réalisé en 2013.

Entre-temps, il y a eu une première réunion productive et prometteuse d’une dizaine de militantEs qui se sentent responsables de la TBK 2013. La date et l’endroit sont déjà prêts.

Sur le plan du contenu, trois ébauches de thèmes sont prévus:
1. Les fondations et les connexions
2. Les formes d’action et le partage des compétences,
3. l’état du mouvement et de la réflexion.

La conférence s’adresse à tous les militantEs des droits des animaux abolitionnistes et aux libérateurs et libératrices d’animaux, aux nouveaux et aux personnes intéressées (également d’autres mouvements sociaux), ainsi qu’aux personnes actives depuis longtemps.

Au lieu de frais de participation, nous essayons de financer le congrès par des dons.

Nous offrons un programme supplémentaire pour les enfants et une personne de référence pour s’occuper des chiens, ainsi qu’un soutien pour les personnes ayant des difficultés ou des limitations, les personnes âgées, etc.

De la même manière, nous allons essayer de rendre le site et la participation le plus accessible possible.

S’il vous plaît vous inscrivez-vous à l’avance à anmeldung-tbk[at]riseup.net (PGP), pour le cas où vous voulez profiter des offres de soutien ou du programme pour les enfants ou les chiens, afin que nous puissions ajuster cela en conséquence.

Bientôt suivront davantage d’informations et d’appels à la participation (ateliers, conférences et des programmes du soir).

Dates clefs

31 juillet – 4 août 2013

freiLand Potsdam

La participation, l’hébergement et les repas sont gratuits. Les dons peuvent être faits à l’avance et sur place.

Si vous voulez proposer un événement au congrès, s’il vous plaît remplir notre formulaire et envoyez-le à tb-kongress[at]riseup.net (PGP).

Il est possible de télécharger le formulaire hier en plusieurs formats. Pour le cas où aucun format ne fonctionne sur ton ordinateur, envoie-nous un email à l’adresse donnée et nous essaierons de trouver une solution.

Si ton groupe, ton association ou ton organisation souhaite soutenir le congrès avec un stand d’informations ou de vente de soutien, alors s’il te plaît écris également à l’adresse donnée.

Interview de Vegan Pays Basque

Après le groupe Vean né récemment, voici Vegan Pays Basque qui apparaît. Là encore on a quelque chose de très moderne et de vivant, et on est libre de penser qu’il y a au fond une véritable nouvelle culture vegan qui est en train d’émerger, sur une base démocratique à la base et dans le le refus de toutes les oppressions.

On est aussi libre de penser qu’il y aura davantage d’échanges, de critiques, de radicalité… Notre époque en a bien besoin!

Voici donc quelques questions posées à Vegan Pays Basque.

Quel est l’objectif de votre groupe, quelle est votre démarche ?

Vegan Pays basque est un collectif qui fait la promotion du veganisme, de l’antispécisme et de l’antifascisme par le biais de stands et d’happenings. Nous menons une lutte contre toutes formes de domination sur les animaux humains et non humains.

Nous agissons principalement en Pays Basque nord et à proximité. Nous nous inscrivons dans un principe de lutte locale qui nous permet d’avoir une très bonne connaissance des enjeux et des préoccupations de notre lieu de vie.

Vous avez organisé un atelier BD, à la mi-juillet. Pouvez-vous nous parler de cette super idée, et de comment cela s’est passé ?

Nous avons organisé cet atelier BD le samedi 14 juillet et nous espérons qu’il s’agissait du premier d’une longue série. Nous avons passé un excellent moment. Plusieurs enfants et adultes y ont participé, le thème était « les animaux libres ».

Ça a été un moment simple, convivial, et tout le monde c’est bien prêté au jeu. Nous avons préparé lors de cet atelier des gaufres végétaliennes, qui ont permis aux personnes présentes de voir que l’on peut cuisiner facilement sans cautionner l’exploitation des animaux non humains.

Nous organisons ces ateliers avec la volonté d’aller au-devant des gens, de partager des savoirs, de montrer que l’on peut également militer dans la joie, de façon positive et cela, tout en faisant passer un message.

Nous allons renouveler souvent l’expérience, sur d’autres sujets (concevoir ses produits d’entretien, apprendre à cuisiner végétalien, apprendre le jeu d’échecs etc).

Quelle est la situation du véganisme dans votre région géographique ? Vousavez également fait le choix de la référence au pays basque, soutenez-vouspar là la réunification du pays basque / Euskal Herria ?

Pour ce qui est du veganisme, il y a, comme pour trop souvent ailleurs, tout à construire en Pays Basque nord. Mais le Pays Basque est un formidable vivier militant, les gens ici ont une habitude de la lutte et ça se ressent dans tous les milieux, il y a une véritable solidarité.

Lorsque que nous organisons des évènements les gens sont intéressés, nous soutiennent, viennent et partagent avec nous alors que ces personnes ne connaissaient pas, pour la plupart, les mots vegan et antispéciste.

Nous avons donc un véritable espoir que dans le futur les choses changent et que les gens se rendent compte que pour vivre dans un monde juste nous devons reconsidérer notre relation avec les autres espèces.

Concernant notre position vis-à-vis d’Euskal Herri, nous sommes pour l’autodétermination des peuples, donc nous considérons que c’est au peuple Basque de choisir son futur et que la question doit lui être posée, ce qui n’a pas été fait jusqu’à maintenant.

Au contraire il y a une énorme répression envers les militants Basques. Nous soutenons le combat pour que les droits fondamentaux du peuplesoient respectés : rapprochement des prisonniers de leurs familles (comme l’impose la loi), possibilité d’exercer une activité politique sans risquer la prison (12 ans sont souvent requis en Espagne pour de simples meetings ou conférences de presse, etc). Cette situation est honteuse et doit cesser.

Vous expliquez que « Vegan Pays Basque est ouvert à toute personne -mêmenon vegan- souhaitant partager notre combat pour mettre fin àl’exploitation et la souffrance animale. » N’y a-t-il pas une contradiction ? Ou alors voulez-vous par là parler de gens en transitionvers le véganisme ?

Notre collectif militepour mettre un terme aux discriminations et mettre fin à l’exploitation des animaux. Donc nous prônons le veganisme qui est la seule manière de vivre sans utiliser et faire souffrir les animaux non humains et nous ne ferons aucun compromis.

Ce que nous entendions par cette phrase c’est qu’il ne faut pas forcément être vegan pour nous rejoindre mais qu’il faut avoir la volonté de se remettre en question et de devenir cohérent avec ce combat. La seule possibilité pour cela est d’être en marche vers le véganisme.

Vous faites une très intéressante présentation de comment on peut faire soi-même ses produits d’entretien. Vous pouvez nous en parler ?

Malgré qu’il existe plusieurs marques de produits d’entretiens qui ne testent pas sur les animaux, cela ne signifie malheureusement pas forcément qu’il s’agit de marques éthiques.

D’autant plus que dans un souci d’écologie, nous avons la volonté de montrer que nous pouvons nous passer au maximum des produits industriels. C’est pourquoi même si nous parlons des marques qui ne testent pas sur les animaux, nous insistons surtout sur le fait qu’il n’y a pas mieux que « faire les choses

soi-même ». Ces produits sont très faciles à faire, écologique, moins onéreux que les produits industriels et au moins nous savons ce qu’il y a dedans. Nous allons également faire prochainement la même chose pour les cosmétiques et les produits d’hygiène.

Qu’entendez-vous par « antispécisme » ? A LTD, nous n’utilisons parexemple pas ce terme, mais c’est souvent une simple question dedéfinition ; ce que nous reprochons, c’est l’attitude d’être « contre » et de ne pas aimer les animaux. Soutenez-vous par exemple les adoptions ?

Le spécisme est une discrimination basée sur l’espèce, comme l’est par exemple le sexisme par rapport au sexe ou la xénophobie par rapport aux origines.

Les spécistes considèrent que, comme les animaux non humains ne font pas partie de notre espèce, cela nous donne des droits illimités sur eux. Nous sommes radicalement opposés à ce totalitarisme humain et nous disons qu’il est indispensable de prendre en considération toutes les espèces sur le même pied d’égalité.

L’antispécisme et le véganisme, sont les seules éthiques qui permettent de respecter totalement les animaux non humains. Celles-ci sont donc incompatibles avec des personnes n’ayant pas de considération pour les animaux.

Nous sommes bien sûr pour l’adoption qui est une mesure de sauvetage et de compassion qui est adaptée aujourd’hui aux animaux non humains en détresse.

Mais pour nous ce n’est pas une fin en soi, nous pensons qu’il est important de remettre en cause le fait que les humain-e-s créent des espèces animales esclavesà partir de croisements. Combien de fois avons-nous entendus ce type d’argument : « si je relâche mon chien dans la nature il n’a aucune chance de survivre ! »

L’argument est ridicule mais il a le mérite de soulever des questions. La libération animale ne pourra pas se fairesi les humains continuent à créer des animaux n’ayant pas leur place dans l’écosystème.

Vous faites référence à l’antifascisme. Dans quelle mesure cela vous semble-t-il important aujourd’hui ?

Il est important de rappeler qu’il faut se battre pour tous les animaux qu’ils soient humains ou non humains, donc il est évident que ces luttes sont liées.

Le fascisme se nourrit de la frustration et essaie de se positionner comme une alternative révolutionnaire. Cela s’est passé et se passe encore dans les ex pays communistes mais également dans tous les états capitalistes qui connaissent une énorme poussée de l’extrême droite, et qui par conséquent, deviennent des états ultra sécurisés et totalitaires. Nous ne sommes pas dupes, nous savons que cela montre un système en fin de vie.

Nous pensons qu’il est très important de greffer ces notions égalitaires dans la promotion du véganisme à l’heure où se battre pour les animaux est souvent synonyme de l’association PETA et de certaines de ses campagnes sexistes et racoleuses, ainsi que de la fondation Brigitte Bardot et de sa représentante déjà condamnée 5 fois pour incitation à la haine raciale, etc.

Il est donc d’autant plus important d’opposer cet argument aux militants qui affirment : « les animaux avant tout ». Toutes les discriminations/dominations sont liées et s’articulent autour d’un système qui ne fait que pousser dans ce sens.

C’est pour ces raisons que ces luttes doivent être menées ensembles pour arriver à une libération totale.

Vous voulez mettre en avant l’écologie, mais il y a encore peu de textes àce sujet. A quoi cela ressemblera-t-il ? L’huile de palme est-elle unsujet important à vos yeux ?

L’huile de palme est en effet une de nos préoccupations, car elle est responsable de déforestations massives et entraînera dans les 15 prochaines années la disparition de 98% des forêts tropicales

d’Indonésie et de la Malaisie. Elle est également responsable de l’assassinat et de la destruction de l’habitat de très nombreuses espèces animales.

Le nucléaire est aussi un sujet très important car en plus d’être déjà très implanté dans les pays occidentaux il commence à s’enraciner dans les pays à fort développement industriel comme l’Inde ou la Chine.

Ces sujets sont des questions majeures que nous traiterons ainsi que de nombreuses autres.

Nous voulons en effet mettre en avant l’écologie car c’est pour nous une part importante du veganisme. La planète, au même régime que les espèces y vivant, n’a pas à subir la mainmise des humain-e-s. Comment pourrait-on protéger les espèces qui y vivent sans protéger la planète ?

Ça serait en effet un non-sens.

Nous rejetons le capitalisme vert et son développement durable qui pour nous est une simple façon pour les systèmes capitalistes de marchander la nature, de se donner bonne conscience et de récupérer un marché comme un autre.

Nous irons donc dans ce sens en essayant de montrer des alternatives et l’importance de faire les choses soi-même pour sortir de cette dépendance crééepar nos états et industries.

Vous dites : « Plus nous serons nombreux à dénoncer l’injustice envers leshumains et les animaux, plus vite elle deviendra un débat de société. » A votre avis, comment cette perspective pourra-t-elle devenir réalité ?

Certain-e-s croient que c’est en forçant les gens, en créant des lois que nous ferons avancer les choses. Pour nous cela s’apparente à du fascisme et ne changera pas durablement les choses.

Il faut être ferme, sans compromis et ne pas brader nosidées, mais il est surtout important de le faire de manière positive. Nous nous battons pour faire germer dans nos sociétés des idées égalitaires pour qu’il n’existe plus aucune domination et discrimination.

Et même si notre génération ne connaitra peut-être pas la fin de l’exploitation animale, nous contribuons dès aujourd’hui à un véritable changement de sociétés.

Un jour viendra où le monde sera libre, mais en attendant nous combattrons le meurtre, qu’il soit de masse ou pas, ainsi que lesdominations/discriminations à l’encontre de tous les animaux qu’ils soient humains et non humains.

Merci et longue vie à « La terre d’abord » pour tout ce qu’elle apporte à la cause.

Compte-rendu d’une manifestation à Francfort

Le 8 avril avait lieu en Allemagne une manifestation contre la fourrure, à Francfort, et il y avait eu un appel à un cortège « libération totale » (l’appel avait été traduit et publié ici).

Voici un compte-rendu de personnes organisatrices.

Le 8 avril 2012 ont manifesté, lors de la manifestation « Francfort sans fourrure », comme les journaux l’écrivent, entre 600 et 1000 personnes, contre le commerce de la fourrure en particulier et l’industrie de l’exploitation animale en général.

Le groupe vegan antifa sud avait appelé, ensemble avec ATIKO (collectif antifasciste de libération animale d’Aix-la-Chapelle), à la formation d’un black block Total Liberation, qui sous le mot d’ordre « Contre le commerce de la fourrure, la domination et l’exploitation » se dirigeait contre les structures de domination du capitalisme et plaçait la lutte pour la libération des animaux non humains dans le contexte général de la lutte pour la libération en tant que tel (« Libération Totale »).

La critique de l’industrie de l’exploitation animale qui n’est pas reliée au contexte de l’oppression par les rapports capitalistes dans le capitalisme est condamnée à l’échec, car elle ne présente qu’un symptôme de l’ordre social, ordre social qui se fonde sur l’exploitation et la maximisation du profit. Ce n’est que le combat contre ce système comme tout que l’on peut arriver, en dernier ressort, à la libération.

Malheureusement, la mobilisation de cette année n’a pas été aussi réussie que l’année dernière, et ce n’est que la pointe de la manifestation que l’on peut en fait compter comme faisant partie du bloc.

La police avait néanmoins, tablant sur beaucoup plus de personnes participantes, mis en place un immense dispositif et des points névralgiques étaient bloqués avec des grilles ou bien par des policierEs munis de boucliers.

Les conditions selon lesquelles les bannières latérales devaient se tenir à une distance de 1,50 mètres les unes des autres ont rendu plus difficile la formation du bloc. [Le non-respect de ce type d’exigence amène l’intervention immédiate de la police, en nombre massif – NDLR]

Néanmoins, en particulier grâce à l’intervention de la direction de la manifestation, il a été possible de se protéger avec succès contre les répressions, comme l’arrestation d’une personne membre du service d’ordre, ou bien face aux policiers en civil.

En raison du dispositif de police relativement sur-dimensionné et d’autre part, du petit nombre de personnes participant au black block Total Liberation, il n’a pas été possible de mettre en œuvre de manière adéquate l’exigence militante de l’appel.

En gros, la démonstration a été relativement calme et il n’y a eu pratiquement pas de confrontation. Cependant, on peut considérer comme un succès positif l’influence du contenu de la manifestation par la formation du black block Total Liberation.

 Les slogans de la manifestation comme « Alerta, Alerta, Alerta Antifascista » et « A, Anti, Anticapitalista » ont été soutenus par une grande partie de la manifestation et les drapeaux antifascistes montrent cela aussi. Des slogans comme « No Border, No Nation, Total Liberation » ont souligné les positions du black block Total Liberation.

Les discours ont été tenus en général dans la tonalité d’une critique à la base des rapports sociaux dans le capitalisme et ont été bien accueillis par les personnes participant. En comparaison aux autres manifestations pour les droits des animaux, cette manifestation à Francfort avait un contenu émancipateur et critique de manière convaincante, rempli de l’esprit de l’antifascisme.

La propagande sexiste et méprisante pour les êtres humains, telle qu’utilisée par des organisations comme PETA, n’avaient pas droit de cité dans la manifestation. En ce sens, la préparation de la manifestation a été un succès, dans la mesure où dès le départ il avait été décidé d’une ligne émancipatrice bien définie, le fait d’assumer ce concept est resté par contre en retrait du côté des activistes.

Les raisons pour cela, ainsi que celles pour lesquelles il y a eu moins de monde au black block Total Liberation cette année, sont les suivantes selon nous:

1) En raison de la manifestation une semaine auparavant (M31), qui avait également lieu à Francfort et pour qui il avait été appelé à grande échelle, avec 6000 personnes participant environ et qui a été marqué par de nombreuses arrestation tout comme de violents affrontements qui ont attiré l’attention, beaucoup d’activistes ne voulaient pas refaire ce qui est pour beaucoup une longue route jusqu’à Francfort, une semaine après.

2) En plus de cela, les fêtes de Pâques et le mauvais temps annoncé n’ont pas contribué au succès de la manifestation.

3) Enfin, il faut également mentionner la contre-mobilisation contre le black block Total Liberation, qui malgré son unilatéralité prévisible et sa non-considération des vrais arguments a eu un certain succès. L’intention principale du black block Total Liberation était, comme nous l’avons présenté dans plusieurs textes, de réaliser une liaison entre les scènes antifasciste et antispéciste, dans la mesure où la forme d’action classique des manifestations antifascistes, le black block, était assumée, et ansi la manifestation devait être attractive pour d’autres activistes de l’extrême-gauche.

Le black block devait permettre un anonymat, où pouvait se développer une critique de la société radicale, antifasciste, sans que les organes de répression ou les nazis ne puissent profiter pour voir les visages.

L’anti-répression et la force de frappe de la manifestation n’avaient par contre qu’un ordre secondaire par rapport à cela. Malgré tout, la critique du concept de black block Total Liberation ne se concentrait que sur ce dernier point.

Ce qui est caractéristique d’une critique de personnes pour les droits des animaux à l’encontre du black block Total Liberation est qu’elle consiste en un schéma prétendant ne pas critiquer le concept de black block en général, pour finalement le critiquer quand même en général. Ce fut également le cas d’un « petit groupe émancipateur » anti-deutsch [groupe anti-national anti-allemand], comme il se définit, et qui a également mobilisé avant la manifestation contre le black block Total Liberation.

Ce groupe écrit dans un tract : « Nous ne considérons pas fondamentalement la formations de black block dans une manifestation comme erronée », critiquant par la suite tout de même que le black block « reproduit des images virilistes de type patriarcale », que la construction d’un contre-pouvoir par rapport au pouvoir d’État en général serait « un moyen d’expression dominé par les hommes » et serait ainsi « une manière inappropriée si on y pense. »

 D’autres points de critiques étaient que le fait de devoir s’habiller de manière uniforme dans le bloc serait normatif et finalement « établissant des frontières [par rapport à d’autres] », comme par exemple que les personnes avec un handicap ne seraient pas en mesure de participer au black block Total Liberation.

 Parle cependant pour soi le fait que beaucoup de personnes socialisées comme femmes ont participé au bloc, malgré la diffusion du tract. La critique citée plus haut absolutise des moments particuliers en discute de manière coupée du contexte : on ne peut prendre au sérieux cette critique, car elle passe à côté de la réalité et ses intentions ne sont pas difficiles à deviner.

Elle part du principe, en un certain sens, que nous chercherions à empêcher que d’autres formes de protestation se forment, ce qui n’est pas pas du tout vrai, bien sûr. Le black block Total Liberation était à Francfort une partie d’une grande manifestation, qui a connu et autorisé beaucoup de formes d’expression différentes, et pourtant a refusé toute attitude anti-émancipatrice.

Même s’il y a clairement certains points positifs dans le black block Total Liberation de cette année, évidemment la participation plus faible que l’année dernière fait que le concept doit être mis en question.

Même si les critiques du concept sont faibles, elles semblent pourtant parvenir à empêcher une plus grosse mobilisation. Notre point d’accroche principal, relier les structures antifasciste et antispéciste, n’a pas été au premier plan de manière visible. Apparemment, il n’y a dans la scène pour les droits des animaux qu’un faible intérêt pour une telle liaison.

Nous considérons cependant encore comme important que de renforcer la perspective de prendre en compte l’ensemble de la société dans la critique de l’industrie de l’exploitation animale et la lutte pour la libération.

En ce sens, nous remercions l’organisation de la manifestation pour leur travail modèle dans la préparation, comme toutes les personnes activistes qui nous ont soutenu nous et le concept.

La lutte continue: contre le commerce de la fourrure, la domination et l’exploitation!

Black Block Total Liberation lors de la manifestation Francfort sans fourrure en avril 2012

Voici un appel circulant chez les AntiSpe d’Allemagne, en prévision d’une manifestation en avril 2012. C’est dans longtemps, c’est vrai, mais en Allemagne il existe une forte tradition d’organisation: il y aura une campagne, un avocat de prévu, de multiples initiatives de débat, etc.

Cela se laisse d’ailleurs deviner facilement avec l’appel, qui est très carré et même relativement compliqué, puisqu’il contient une grosse « économie politique » où l’on sent un digestion avancée du Capital de Marx, dans l’esprit des AntiSpe d’Allemagne de ces dernières années.

Appel à un Black Block Total Liberation lors de la manifestation Francfort sans fourrure en 2012 !

Nous vivons dans un système de domination – un système où l’oppression et l’exploitation sont une partie du caractère normal de cette société, et qui n’apparaissent pas comme remis en question dans le quotidien.

Derrière les vitrines, il y a les chers manteaux des boutiques, le filet chez le boucher, le chocolat emballé dans un délicat papier alu, qui font scintiller devant nous un monde coloré de marchandises, afin de masquer que derrière cette apparence il y a quelque chose de totalement différent qui se cache.

Ouvrier à l’usine, lycéenNe au lycée, étudiantE à l’université ou employé au bureau – tous et toutes partagent le fait que ce n’est ni eux ni elles qui sont au centre de leur activité, dont les facultés peuvent se déployer de manière libre et créative.

Au lieu de cela, il en va uniquement pour les uns de la mise en valeur pour la maximisation du profit, pour les autres de la mise en valeur comme utilité pour le marché du travail.

Naturellement, les humains ne sont le plus souvent ici pas dans la misère : ils roulent en voiture, boivent un vin lors d’une soirée, ils prennent des vacances, passent un week-end quelque part, ils ont une télévision, un portable, la radio et un ordinateur, plus qu’ailleurs, c’est mieux qu’avant, et pourtant tous et toutes sont obligéEs de fonctionner comme un rouage de la machine de mise en valeur.

A côté du travail et du repos après cela, il n’y a de fait plus de temps pour se déployer soi-même, pour être davantage qu’un simple rouage de la machine, qui tourne toute une vie.

C’est le principe de la société capitaliste et cela nous semble en apparence également pacifique, lorsqu’on voit son résultat, le monde scintillant de la marchandise des centres commerciaux.

Néanmoins ce principe, où tout, tous et toutes doivent être utiliséEs pour le profit, est destructeur et hostile à la vie, et conduit à tous les niveaux à des expressions de crise : la crise économique, la crise de l’environnement, la crise de l’énergie et la guerre, qui sont tous des conséquences de la même logique bornée.

Cependant, là où c’est le plus clair, c’est peut-être dans l’industrie de l’exploitation animale, où les corps des animaux sont transformés en chose au maximal, soumis à la logique de la mise en valeur, où le maximum doit être retiré d’eux – et toute souffrance, tout meurtre d’un être avec des sens semble permis avec n’importe quelle justification.

De la même manière que les animaux sont censés avoir eu une « bonne vie » avec beaucoup d’aliments, les ouvrierEs reçoivent pareillement un salaire, de par leur soumission au travail salarié.

Mais peu importe si les travailleurs et travailleuses dans le capitalisme ont réussi à un endroit d’avoir plus de part dans le profit, et de l’autre n’ont que le minimum pour vivre : de la même manière contre l’industrie de l’exploitation animale, il ne s’agit pas d’avoir de plus grandes cages ou de plus grandes maisons, une meilleure alimentation ou un meilleur salaire, plus de place ou plus de vacances.

Il en va de tout le principe de domination, la mise en valeur de tout et de chacun pour la maximisation du profit, c’est cela qu’il faut remettre en question et combattre !

Quel principe est plus haut dans l’échelle, celui de la vie et de son déploiement, ou bien celui du profit et de sa maximisation ? En relation avec la Nature, cette question touche une dimension existentielle, la destruction de l’environnement menaçant la vie sur la Terre elle-même, et cela pour satisfaire le profit.

Que ce principe est le fondement de notre société, que c’est le problème et non pas un symptôme fondé sur la société, fait que la seule solution est : abolir l’exploitation animale et le capitalisme ! Pour une société libre !

Nous ne voulons pas établir une philosophie morale et dire aux gens ce qu’ils doivent faire ou laisser faire, mais construire des possibilités individuelles et sociales afin de se confronter aux rapports de domination et à l’obligation de la mise en valeur, de développer les luttes de classe, afin finalement de travailleur à dépasser ce système !

Vivre vegan et aller dans la rue sont deux possibilités parmi beaucoup de faire cela. Venez par conséquent également dans le Black Block Total Liberation à la manifestation Francfort sans fourrure, la plus grande manifestation pour les droits des animaux dans les pays germanophones, afin de donner un signal, que la lutte pour la libération est nécessaire et ne s’arrête pas à l’humain !

Les rapports de domination sont liés les uns aux autres, ils sont interdépendants, ils sont structurellement ancrés dans le capitalisme, et c’est structurellement qu’il nous faut combattre ce système, et pas seulement en rester aux symptômes !

Avec le Black Block Total Liberation, il s’agit de construire un contre-pouvoir face aux organes de rpéression de l’Etat, et de nous séparer des partisans régressifs des droits des animaux, qui banalisent et relativisent l’holocauste, participent au culte des célébrités, et considèrent le sexisme comme un moyen de leur propagande – bref, ces gens dévalorisent l’humain, ce qui fait qu’ils peuvent se lier aux fascistes, et ils ne posent en rien une critique générale du système capitaliste, alors que c’est cela dont il doit s’agir en première ligne.

Dehors, dans la rue ! Contre le commerce de la fourrure, la domination et l’exploitation ! Cherchez un groupe affinitaire, venez en noir et informez-vous de comment se protéger de la répression !

Rendez-vous le 7 avril 2012 dans le Black Block Total Liberation, lors de la manifestation Francfort sans fourrure !

Antifasciste, anti-capitaliste, anti-sexiste ! De manière combative, radicale et décidée ! Pour la société libérée !

Antifa Vegan Sud & Collectif antifasciste de libération animale Antispe Aix-la-Chapelle

vegane antifa süd & antifaschistisches tierbefreiungskollektiv (atiko) antispe aachen

http://www.antispeaction.blogsport.de

Théorie sociale, critique de l’idéologie et lutte de classe

Voici un document allemand, qui vient d’être publié et qui a une valeur vraiment grande. C’est un texte qui cogne, qui est très dense, met en avant de nombreux principes et surtout une stratégie pour la libération animale.

Il s’agit du manifeste du « Groupe crépuscule », nouveau nom d’une organisation du nord de l’Allemagne active depuis 1987. 25 années pratiquement, au service de la libération animale, cela fait qu’il y a, comme on dit, « du level. »

Si nous le plaçons par commodité également dans la catégorie « action anti-spéciste », parce que historiquement il a été proche de ce courant, il faut bien noter que le « Groupe crépuscule » est comme LTD : il ne considère pas les humains comme des gens mauvais et spécistes, mais considèrent l’oppression des animaux comme ayant une nature sociale et historique.

Le « Groupe crépuscule » rejette donc (comme nous) l’anti-spécisme comme individualiste, idéaliste et anti-historique, et considère, fort justement, que l’exploitation animale a comme fondement l’exploitation tout court, c’est-à-dire évidemment le capitalisme.

Tout comme LTD, le « Groupe crépuscule » considère que le problème n’est pas la consommation, mais la production, car les gens consomment ce qu’on leur dit de consommer : c’est là toute l’importance de la culture qu’il nous faut mettre en avant, contre l’idéologie de domination qui justifie des types précis de consommation afin de justifier le système économique qui va avec.

Le « Groupe crépuscule » a une perspective par contre différente de LTD. Nous ne pensons en effet pas que les choses changeront parce que l’humanité va le vouloir – ou plutôt elle le voudra, mais parce qu’elle n’a pas le choix.

Et nous considérons que c’est inévitable : soit l’humanité se soumet à Gaïa, soit Gaïa se débarrasse des importuns.

Tel n’est pas le point de vue du « Groupe crépuscule » (qui est par contre pour une reconnaissance de la nature et un rapport positif). Il se revendique en effet de la « théorie critique » formulée par les penseurs de « l’école de Francfort » (Marcuse, Horkheimer, Adorno).

Luttant pour une insurrection des consciences face à une culture industrielle de masse s’imposant à tous les individus et précipitant le monde dans une nuit moyen-âgeuse (mais le jour n’est pas loin, d’où le nom de « crépuscule »), le « Groupe crépuscule » veut construire un mouvement de rupture « subjective. »

Mais voici le document, véritablement intéressant et qui montre la valeur d’une réflexion sérieuse, conséquente, sur la libération animale. Et ce n’est pas un jeu d’intellectuels : si ce texte a un haut niveau, le groupe qui l’a produit a 25 années d’activisme, depuis l’occupation d’abattoirs jusqu’aux sitins, en passant par le sabotage de la chasse ou le soutien à l’ALF.

Le document étant long, on trouvera également ici une version PDF.

Théorie sociale, critique de l’idéologie et lutte de classe

Dämmerung [Crépuscule], Allemagne, 2011

« Un monde doit être renversé, mais toute larme coulée, même si elle est essuyée, est une accusation ; et un être humain pressé de faire des choses importantes, mais qui écrase un ver de terre par pure inattention, commet un crime » (Rosa Luxembourg)

Notre groupe, Tierrechts-Aktion-Nord (TAN) [Action pour le droit des animaux – Nord] a changé. Tant notre travail théorique que pratique n’est plus ce qu’ils étaient il y a quelques années.

Par cela, nous avons fait un pas en dehors du mouvement pour la libération des animaux tel qu’il existe maintenant, sans rompre avec lui. Le nom « Tierrechts-Aktion-Nord » ne correspond plus à ce que nous sommes.

Nous continuons ainsi notre travail sous le nom d’association Dämmerung [crépuscule]. Pour nos amiEs, ce n’est aucunement une raison d’éprouver de la tristesse ; pour nos ennemiEs, ce n’est aucune raison d’éprouver de la joie : nous restons ancrés dans l’objectif de la libération humaine et animale, mais notre compréhension des conditions de l’activité pour cet objectif s’est élargie et la composition personnelle de notre groupe s’est modifiée.

25 années pour la libération humaine et animale

Un quart de siècle est passé depuis la fondation de TAN. L’histoire très mouvementée des premiers groupes de protection des animaux de gauche (autonome) en Allemagne, qui par la suite se définira comme pour le droit des animaux, puis maintenant au moment de notre transformation comme étant pour la libération animale, a commencé par un regroupement sans liens fixes.

En 1986, des personnes de la protection animale et des écologistes, dont des membres d’associations de citoyens contre la vivisection ainsi que des Verts, fatiguéEs de la marche dans les institutions, tout comme des anarchistes, se sont retrouvéEs.

Ce qui unissait ces gens, ce n’était pas tant les mêmes visions politiques du monde et des fondements théoriques communs que l’impulsion fondamentale de tout renversement social émancipateur et de tout progrès : une grande déception et une préoccupation sérieuse quant à la souffrance incommensurable qu’affrontent ceux et celles qui sont le plus sans défense, et la volonté d’à tout prix en cesser avec cette souffrance.

Le 24 avril 1987, ces gens ont mené pour la première fois une action de désobéissance civile sous le nom de Tierschutz-Aktiv-Nord (TAN) : des activistes se sont enchaînéEs à l’entrée d’une filiale de la [compagnie aérienne allemande] Lufthansa dans le centre-ville de Hambourg, afin de protester contre les transports « d’animaux de laboratoire. »

Par la suite, leur pratique s’est radicalisée et la résistance a été menée contre l’oppression, l’exploitation et le meurtre en masse des animaux. Fut formé un groupe de soutien au Front de Libération Animale (ALF) qui agissait clandestinement et alors encore sous le nom de « Autonomer Tierschutz (AT) » [Protection animale autonome] en Allemagne.

Les activistes de TAN participaient également aux luttes sociales, aux protestations contre la discrimination envers les personnes immigrées, contre le racisme, le militarisme et la guerre.

Depuis le début du processus de dégénérescence de larges parties de la gauche allemande, avec l’effondrement du socialisme réel existant [l’URSS et la RDA principalement] et la fondation de la république berlinoise [la RFA avec Berlin comme capitale], la TAN voyait et voit la nécessité d’une critique fondamentale de l’idéologie notamment par rapport aux pitoyables restes de cela, avant tout les ex-gauches devenus de manière opportuniste anti-communistes, qui se sont rattachés aux idéologies centrales du néo-conservatisme.

Constatant la misère théorique du mouvement pour la protection animale et pour la libération animale, TAN a focalisé son engagement sur la mise en place de fondements pour une théorie critique pour la libération des animaux, sur la base des travaux de Marx et Engels et de la théorie critique de l’école de Francfort.

Un document important de ce développement est le livre rassemblant des documents sous le nom de «  Das steinerne Herz der Unendlichkeit erweichen: Beiträge zu einer kritischen Theorie für die

Befreiung der Tiere » [Ramollir le cœur de pierre de l’infini : contributions à une théorie critique pour la libération animale], qui contient les conférences d’une réunion organisée en 2006.

Comme par la juste compréhension de ces théories on peut reconnaître le rapport des humains aux animaux, à la nature intérieure et extérieure, comme lié historiquement à une société de classe produisant des marchandises, il y avait là la base pour penser non plus les luttes sociales pour l’humain, le travail et la nature comme se reliant en quelque sorte les unes aux autres et en partie, mais pour les amener à un dénominateur commun et de se fonder là dessus pour l’expliquer.

Sur les plans politique et théorique, il y a là la chance de passer d’un simple projet de vie subversif à un positionnement pratique dans la structure de la société, et d’aller d’une scène à un mouvement politique.

La théorie critique de la société

Une analyse et une critique du capitalisme et de ses ambitions impérialistes conformes à leur époque – c’est le résumé de notre travail théorique de ces dernières années – ne peut pas échapper à une confrontation avec la destruction des fondements naturels de la vie réalisée par lui.

Tout comme toute protestation contre ces destructions ne peut avoir d’impact sans contenir en elle une critique fondamentale des causes sociales.

La société capitaliste ne peut développer le processus de production qu’en enterrant en même temps toutes les sources de toute richesse : la Terre et la personne travaillant.

La croissance sans freins des forces productives et leur apologie, où certains communistes ne se distinguent quasiment pas ici de leurs ennemis de classe capitalistes – ont fait grandir la domination de la nature jusqu’à l’incommensurable – et malheureusement pas moins dans les Etats du socialisme réel [les pays de l’est et l’URSS avant 1989] que dans le capitalisme réel.

Le fétichisme aveugle pour la technique comme conséquence d’une philosophie mécanique de l’histoire et le mépris anthropocentrique de la nature doivent être écartés eu égard aux catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima, du changement climatique et du meurtre industrialisé des animaux.

Cependant, le mouvement écologiste n’a nullement stoppé l’avancée de la société globale par actions dans l’exploitation de la nature. Elle ne l’a, malheureusement, que modernisée.

Le « capitalisme vert » n’est pas un véritable contre-modèle au système aveugle de domination de la nature, et ne peut arriver dans le meilleur des cas qu’à déplacer son potentiel destructeur.

Il n’y a aucune alternative à un mode de production façonnée consciemment, c’est-à-dire un mode de production non capitaliste, qui respecte les humains et la nature dans leur dépendance réciproque.

Sur le plan théorique, cela signifie pour nous se relier de manière plus forte à l’instant [en tant qu’aspect] révolutionnaire, combattant de la théorie matérialiste historique, sans qui il n’y aurait jamais eu une théorie critique.

Nous nous opposons à toute tentative de faire jouer les idées de l’école de Francfort contre l’impulsion révolutionnaire de Marx et Engels.

La prise de position en faveur des damnéEs de cette Terre n’est en rien quelque chose s’opposant à la théorie critique d’Adorno, Horkheimer et Marcuse, et ce sont justement leurs luttes, qui sont à formuler et à faire passer dans et à cette théorie.

C’est ici qu’elle est intervenue pour l’expérience de la solidarité, où la conscience réifiée [transformée en chose] peut arracher ses chaînes.

Une « théorie critique » qui ne veut rien savoir d’une intervention politique réelle et qui manipule cette réflexion théorique comme argument contre la pratique de classe combattante, n’est rien.

Tant qu’il y a des rapports qui produisent des êtres asservis, il est nécessaire et possible de partir de cet asservissement pour attaquer ces rapports.

Notre critique vise la mise en place industrielle-culturelle des individus et leur atomisation quotidienne, que ce soit par la politique néo-libérale d’éducation ou le racisme anti-musulmans, tout comme leur utilisation comme chaire à canon dans les aventures armées impérialistes.

Que nos luttes soient nécessairement particulières ne signifie aucunement que cela va à l’encontre d’une critique fondamentale de la société – bien plus faut-il partir de cela pour y voir un impératif quant à l’art et la manière avec lesquels ces luttes sont à mener et à présenter. La critique matérialiste-historique doit prouver sa volonté de changement à ce qui est concrètement faux.

Nous rejetons pour cette raison une « théorie critique » qui n’a qu’un regard indifférent et non critique et pense pouvoir appeler cela « critique de l’idéologie. » La théorie critique de la société recherche les fondements pour la non réalisation de la révolution, et non pas les possibilités pour l’empêcher définitivement.

Politique révolutionnaire réelle

Comme gauche anticapitaliste, nous ne devons pas diviser nos structures et nous laisser finalement isoler sur le plan de l’organisation. Nous avons une chance réelle de réduire la chute des gauches et de leur capacité d’action sociale, si nous sommes capables de poser une réponse appropriée à l’attaque des dominants.

Cela ne se laisse cependant développer que si nous ne suivons pas de principes fixés une fois pour toutes en ce qui concerne les questions de l’organisation et de la tactique : un refus réflexe des partis et du parlementarisme, même si compréhensible en partie, est tout autant une déclaration de principe que des attitudes condescendantes de petits soldats de partis vis-à-vis d’une opposition extra-parlementaire indépendante et consciente d’elle-même.

Nous ne décidons pas a priori, et indépendamment des constellations politiques, si une pratique est correcte ou non. De la même manière, nous ne prostituons pas pour n’importe quel petit espoir d’une avancée pragmatique vers un but lointain, alors qu’à l’horizon celui-ci a presque disparu.

Une politique d’un seul objectif / un seul thème, comme l’ont pratiquée beaucoup de groupes autonomes classiques et d’autres groupes extra-parlementaires, s’est révélée théoriquement ainsi que pratiquement comme insuffisante, malgré certains résultats remarquables de luttes sociales.

Sur le plan théorique, insuffisante parce que socialement une exploitation et un rapport de domination comme entre les humains et les animaux ne peuvent être analysés et expliqués que dans le cadre d’une théorie critique de la société.

Sur le plan pratique, insuffisante parce que les différents points de vue, tels qu’ils existent dans la société, réapparaissent dans pratiquement tous les mouvements politiques et amènent le même fractionnement.

Les frontières sont entre les classes comme les marginaliséEs et leurs oppresseurs et oppresseuses dans la société capitaliste, et non pas entre les points centraux de l’activité individuelle ou la préférence de personnes individuelles dans la politique.

Ce qui est décisif, ce n’est pas à quel endroit [de la société], mais qu’on construit et mène ici et aujourd’hui la résistance contre la domination du capital.

La « scène de gauche » ou qui se veut ainsi, les groupes pour la libération animale, les groupes antifascistes et anti-racistes ou anti-sexistes, ne se posent pas automatiquement dans la lutte pour la mise en place d’une société libérée – en partie, c’est même le contraire qui est vrai.

Partant de là, ils ne forment plus forcément un point de référence positif pour nous. Le mouvement pour la protection animale ou plus exactement pour la libération animale se situe depuis le début de son existence dans les gauches non dogmatiques [c’est-à-dire les autonomes et les anarchistes].

Dans de rares cas où elle s’est positionnée politiquement quant au rapport être humain – animal, cela s’est passé sous la forme d’une démarcation avec les gauches traditionnelles – comme s’il n’y avait pas un problème essentiellement grave, un problème central : le capitalisme.

Le mouvement pour la protection animale ou plus exactement pour la libération animale ne doit plus prendre à la légère ce problème fondamental. Si il ne sort pas du joug de l’éthique bourgeoise et pas moins du discours bourgeois idéaliste – pop [référence à la culture « pop » mise en avant par la scène alternative « branchée »], alors cela pose un échec historique, pour lequel nous ne voulons pas (ou plus) avoir de responsabilité.

Il ne suffit pas de condamner le spécisme (moralement) comme une fausse pensée. Les causes de cette idéologie meurtrière doivent être combattues – sa base économique doit lui être enlevée.

En ce sens, nous voulons à l’avenir tenter d’influencer le discours social par des meetings, nos propres conférences et positions, là où nos forces le permettent.

D’autres thèmes importants de notre travail seront la liaison avec d’autres organisations et la construction de réseaux et de structures.

Notre partenaire potentiel pour l’unité, nous le voyons dans des initiatives citoyennes émancipatrices, les organisations marxistes, les groupes urbains locaux,le mouvement pour la protection animale et la libération animale, dans les syndicats, le mouvement anti-nucléaire, les organisations anti-impérialistes, les partis de gauche ou le mouvement pour la paix – tant qu’est conservée la tension entre l’objectif d’une transformation de la société et la politique concrète.

Nous valorisons les unions contre les manifestations nazies, mais pas avec les conservateurs nouveaux et anciens, et nous sommes pour des corrections au parlement, mais pas avec les camarades bellicistes des patrons et des continuateurs de Ebert, Noske et Schröder [figures de la social-démocratie, les deux premiers étant particulièrement sanglants].

Qui ne maintient pas cette tension de la politique révolutionnaire réelle, sombrera dans le sectarisme ou comme réformiste du système sans sens critique.

En avant vers la solidarité de la vie

En ce sens, nous continuons sur une nouvelle voie, en prolongeant notre point de de départ : le sentiment d’horreur devant la souffrance des humains et des animaux dans la société non libre.

La souffrance est l’incarnation de la négativité dont on a fait l’expérience, où rien n’est exigé intérieurement, à part le fait de vouloir faire cesser cela.

C’est l’objectivité qui pèse sur le sujet et le pousse à la connaissance et finalement au changement pratique des rapports sociaux.

Nous considérons la douleur et les souffrances des oppriméEs également comme le moteur de la pensée dialectique, avec laquelle nous nous opposons à l’idéologie, qui a essentiellement deux fonctions : tout d’abord, la justification de la domination et la légitimation de ceux qui l’exercent ; ensuite, le fait de voiler la souffrance qu’elle produit.

C’est pourquoi ce qui compte, c’est cela : « le besoin de faire s’exprimer la souffrance est condition de toute vérité » [il s’agit d’une citation d’Adorno].

L’association Crépuscule va continuer, à un niveau plus développé, l’impulsion originelle qui unit les membres de TAN depuis un quart de siècle. Avec notre politique, une expérience significative, pas du tout neuve mais sur laquelle a été trop peu réfléchie, doit trouver son expression prolongée, qui s’est sédimentée au fil des années dans notre conscience collective : la reconnaissance intuitive de la souffrance d’unE autre, si isolée, est un coup d’épée dans l’eau d’une société où le droit est le droit du plus fort.

Par là, notre agenda est aujourd’hui plus qu’hier fondé sur le fait de traduire la compassion en « Solidarité pour la vie en général », telle qu’exigée par Max Horkheimer, avec l’aide des connaissances de la science éclairantes [en quelque sorte, des Lumières] du matérialisme historique et de la construction d’un mouvement anticapitaliste véritablement capable d’action – le présupposé et le résultat de la réconciliation de l’humain avec sa nature intérieure et avec la nature extérieure.

Assoziation Dämmerung [Association Crépuscule]

Manif antispe à Aix-la-Chapelle le 1er octobre

Le 1er octobre se tiendra une manifestation contre une ferme de visons en Allemagne à Aix-la-Chapelle. Nous publions la version française de cet appel, que nous trouvons positif, très clair et constructif. L’état d’esprit peut avoir l’air négatif, mais uniquement pour des gens ne voulant pas assurer la cause de la libération animale sans compromis aucun.

Rejoignez le bloc pour la libération animale et critique de la domination, lors de la manifestation du 1er octobre!

Il est mobilisé par des activistes de la libération animale pour un bloc pour la libération animale, anticapitaliste et critique de la domination, lors de la manifestation contre l’industrie de la fourrure et la ferme de visons d’Orsbach, le 1er octobre.

Par cela, nous voulons nous distancer clairement et expressément des positions des gens pour la « protection animale » et les prétendus « gens aimant les animaux », dont l’intervention pour les animaux est une reconnaissance inconséquente faite du bout des lèvres, et n’améliore en rien la situation des animaux si l’on considère une perspective à long terme.

Car il est quelque chose que les gens de la « protection animale » cachent bien tendu : ce n’est pas seulement pour les produits de la fourrure que les animaux souffrent. Que ce soit pour le lait, les oeufs, la viande, le cuir ou le poisson : pour tous ces « produits » les animaux se voient enlevés leur liberté, enfermés dans des cages minuscules, torturés et finalement assassinés pour le profit et le goût.

S’engager pour que les animaux en restent là mais dans des conditions améliorées, c’est un soutien sans équivoque à la légitimation du meurtre des animaux par l’industrie de l’exploitation animale, car cela conserve un droit de tuer.

Les associations et regroupements comme par exemple « Die Tierfreunde » [les Amis des animaux], « Vier Pfoten » [quatre pattes] ou l’association en train d’être dissoute « Tierversuchsgegner Aachen » [association d’Aix-la-Chapelle contre les tests sur les animaux] s’engagent pour une amélioration des conditions de détention des animaux prétendument « utiles », mais nous partisanEs de la libération animale exigeons par contre une fin totale de l’enfermement d’individus vivants pour la consommation.

C’est pourquoi nous voulons aller dans les rues le 1er octobre 2011 non pas seulement contre l’industrie de la fourrure, mais contre toute exploitation animale!

Nous voulons nous distancer clairement et mettre en avant notre manière de voir!

Un bloc critique de la domination est possible, comme cela le montrent l’Antispe Action-Day à Francfort (sur le Main) en mars, ou encore il y a quelques jours lors de la manifestation Cologne sans fourrure, le 10 septembre.

Tant à Francfort qu’à Cologne il a été clair que la libération animale n’a rien à voir avec l’amélioration des conditions de détention et que n’ont pas particulièrement à voir ensemble les gens pour la « protection animale » et ceux et celles pour la libération animale !

Ce qui a d’ailleurs aussi été clair, c’est que la position des personnes participantes passage davantage lorsqu’il y a un bloc conséquent et énergique, comme à Francfort, plus que par exemple à Cologne.

Le bloc critique de la domination, qui a été dans les rues à Francfort, l’a montré : l’antispe exige de se positionner clairement comme antispéciste ! Antispe exige d’avoir une position antifasciste ! Et les antifspe ne se laissent pas impressionner des arbitraires harcèlements policiers de la BFE [police s’occupant des preuves et des arrestations] !

Il en a été autrement à Cologne : il n’y a pas eu de bloc, au lieu de cela un cortège avec des trous de plusieurs mètres entre les banderoles, qui auraient pu rendre les agressions policières aussi simple qu’un jeu d’enfant. Deux personnes ont eu des accusations en raison de prétendues blessures corporelles dangereuses pour avoir tenu « de manière non correcte » un mégaphone.

Cette mesure du harcèlement policier n’aurait pratiquement assurément quasiment pas pu avoir lieu s’il y avait à son encontre un bloc décidé et solidaire.

La position clairement antispéciste de la point de la manifestation a été bien organisée, mais il n’y avait aucun espace pour des actions spontanées et pas non plus pour une apparition plus offensive, et le bloc pour la libération animale s’est dissous dans le reste de la manifestation, ou une séparation stricte n’a malheureusement plus été possible.

Un affirmation antisexiste partie du bloc par des slogans n’a pas empêché que des affiches anti-fourrure en partie sexiste (de Peta entre autres) parviennent sans souci jusqu’à la tête de la manifestation.

A Aix-la-Chapelle, cela devra se passer différemment !

Nous n’appelons pas à un « Black Block », mais ne stopperont pas non plus la formation d’un bloc comme à Cologne ! Il doit y avoir dès le début un bloc décidé et organisé, rendant impossible aux gens de la « protection animale » de mélanger de manière masquée leurs positions avec les nôtres.

Nous voulons former un bloc ferme avec beaucoup de banderoles, tant devant que sur les côtés, afin de bloquer la répression et le harcèlement policier, et ce quel que soit la taille du bloc!

Le bloc critique de la domination doit se caractériser tant par une position explicite pour la libération animale que par un positionnement clairement antifasciste !

Le tout est une première tentative, qui aurait dû être faite depuis longtemps, d’amener une critique de la domination dans les manifestations contre la ferme à visons d’Orsbach et d’établir cette critique, petit à petit.

Radical et militant – Antispe cela signifie résistance !
Pour la libération de l’humain et des animaux !

Manifestation le 1er octobre 2011,
11h30, Place Willy Brandt (Kugelbrunnen), Aix-la-Chapelle

Critique de la «International Animal Rights Conference» 2011

Nous avons parlé d’une conférence sur les droits des animaux qui se tiendra au Luxembourg, à la fin mai 2011. Voici une critique de cette conférence par un groupe antispéciste du Luxembourg.

Droits des animaux = apolitique?

Critique de la «International Animal Rights Conference» 2011 !

Contre les expulsions, l’exploitation animale et toute autre oppression

Cette année aura lieu au Luxembourg du 19.05 au 22.05.2011 la «International Animal Rights

Conference», qui se déroulera dans l’hôtel Novotel au Kirchberg. (6, rue Fort Niedergrünewald

Quartier Européen Nord Plateau de Kirchberg L-2226).

Le but d’une telle conférence est d’avoir une possibilité de se lier et d’échanger avec des individu-e-s et des groupes venant de différentes régions. Mais cette conférence ne correspond pas du tout à notre compréhension d’une pratique antispéciste. Nous avons plusieurs critiques à y dénoncer.

Commençons par la localité :

1. Novotel appartient à Accor S.A., qui est aujourd’hui une des plus grandes entreprises hôtelières.

D’autres hôtels/motels qui font partie de Accor S.A. :

•Sofitel (hôtel de luxe, 182 hôtels)

•Pullman (hôtel de luxe, 40 hôtels)

•MGallery Mercure (750 hôtels)

•Suite Novotel (28 hôtels dans 7 pays)

•Adagio (21 hôtels dans 4 pays)

•All Seasons (31 hôtels)

•Orbis (27 hôtels)

•Ibis (761 hôtels)

•Etap (379 hôtels en Europe)

•Hotel Formule 1 (373 hôtels dans 14 pays)

•Motel 6 (884 motels aux États-Unis)

(http://de.wikipedia.org/wiki/Accor)

Accor utilise des migrant-e-s soi-disant «illégaux» comme main d’œuvre de lavage bon marché, participe aux systèmes de carte à puce et de coupons qui sont imposés aux réfugié-e-s, mène des «hôtels d’expulsion» respectivement des centres de rétentions et propose aussi des expulsions « all inclusive », par exemple avec l’agence de voyage Wagon-Lits-Travel – appartenant également a Accor S.A. –, qui réserve des places pour les expulsions dans les trains et les avions.

(http://www.vsp-vernetzt.de/soz/9912082.htm)

C’est ici que nous remarquons avec frayeur que certaines personnes ne voient leur antispécisme pas comme un complément d’une critique anticapitaliste dans un contexte plus large, mais qu’elles essayent de pratiquer leur antispécisme de manière exclusive et en ignorant des faits importants concernant l’exploitation et l’oppression dans d’autres contextes.

2. La conférence est destinée à une classe moyenne élevée.

(http://de.wikipedia.org/wiki/Novotel 3ième ligne)

Avec de tels prix il y aura certainement une partie de groupes antispécistes qui seront privés d’y faire une table de presse (80 euros, http://www.ar-conference.com/exhibits.php), étant donné qu’ils ne disposent pas de telles ressources financières pour pouvoir distribuer leurs tracts et prendre part à cette rencontre sociale.

Les organisateurs supposent, évidemment, que toutes les personnes qui voudraient y participer, disposent de ces moyens financiers pour pouvoir payer ce séjour. Ceci ne correspond en aucun cas à la réalité et est clairement marginalisant.

Le groupe d’organisation légitime ces prix avec le fait que des personnes ne possédant pas ces moyens financiers pourront aider en organisant eux-mêmes des ateliers et auront ainsi un prix d’entrée réduit.

Nous condamnons cette procédure car elle correspond au travail salarié et compromet les gens concernés.

Tout le concept de la conférence est basée sur la consommation.

Le motif du groupe d’organisation à propos de la localité est son usage bon marché. Il existe pourtant des lieux beaucoup moins chers et beaucoup plus défendables dans un contexte politique.

Tout ceci sont des arguments si forts que nous, en tant que groupe anticapitaliste/antispéciste, exprimons ouvertement notre désaccord avec l’organisation de cette conférence et n’allons très consciemment pas y participer, parce que nous ne pouvons pas accepter cette exclusion de faits.

Nous ne voulons ici pas critiquer l’échange entre les différents groupes et individu-e-s, parce qu’il constitue aussi pour nous un point important.

L’antispécisme est pour nous une critique envers la domination et ceci ne s’applique pas à la «International Animal Rights Conference» de cette année.

Les expulsions et le capitalisme doivent être abolis de la même façon que l’exploitation animale.

Démolir la forteresse Europe, fermer les abattoirs.

Pour la libération des animaux humain-e-s et non-humain-e-s

Animal Justice

www.vegan.lu

Slogans de manifestation en Allemagne et Action Antispéciste

Les activités menées en Allemagne par les groupes se revendiquant de « l’action antispéciste » ont éveillé un intérêt certain. Il y a eu cette fois avec le groupe « Vegane Antifa Süd » et l’appel à la manifestation à Francfort début 2010, mais il y a eu d’autres exemples comme justement les précédentes manifestations à Francfort, ou encore l’interview du groupe berlinois BerTA.

Un intérêt parfois critique, d’ailleurs nous-mêmes n’utilisons jamais le terme de « antispéciste » et considérons que la libération de la Terre va de pair avec le véganisme (chose d’ailleurs parfois partagée en Allemagne également).

Mais il est évident que tout cela est fortement intéressant, vu depuis notre pays où dans la scène pour les animaux prédominent Bardot et l’obsession du Halal…

Toutes les activités de ces groupes en Allemagne montrent que la libération animale peut être un mouvement avec plusieurs centaines de personnes, avec des groupes très nombreux dans tout le pays, avec une base à la fois claire et radicale : aucun compromis dans la lutte pour la libération animale.

Dans ce court article, nous avions compté 61 groupes activistes vegans en Allemagne… A Berlin, il y a chaque jour plusieurs cantines populaires veganes, en plus des restaurants…

Il y a donc de l’idée et certainement quelque chose qui peut nous aider à construire quelque chose. Nous ouvrons donc une catégorie « action antispéciste » et afin de souligner que dans l’idée il s’agit de construire, cette catégorie est directement accessible à l’adresse actionantispeciste.fr.

Est-ce que cela se construira, sous quelle forme, nous n’en savons rien, mais cela ne peut que faire avancer le débat… et surtout la prise de positions permettant de se couper véritablement de ceux pour qui l’actualité animale, c’est le « halal » …

Comme autre contribution à cela, voici une petite liste des slogans qui sont utilisés lors des manifestations, lors des initiatives pour la libération animale en Allemagne.

La plupart riment bien évidemment en allemand, et le rythme avec lequel ils sont prononcés en dépend bien entendu.

Commençons par ceux en anglais:

Animal liberation, human right – one struggle, one fight!

No Border! No Nation! – Animal Liberation !

Soit : libération animale, droit des êtres humains – une seule lutte, un seul combat !

Pas de frontière ! Pas de nation ! – Libération animale !

Il s’agit de deux slogans parmi les plus utilisés ; le premier est notamment connu pour son utilisation lors des campagnes contre HLS (et existe dans une variante en allemand : « Tierbefreiung, Menschenrecht – ein Kampf, ein Gefecht! »).

Le combat contre l’exploitation animale présuppose des slogans… contre l’exploitation. Cela n’a l’air de rien dit comme cela, mais en France le terme d’exploitation est parfois utilisée, sans aucun travail de critique du profit derrière. Ce n’est pas le cas en Allemagne, bien sûr. Voici donc des slogans qui vont avec :

Alles für Alle – und zwar Vegan !

Tout pour tous – et cela de manière végane !

Menschen und Tiere – sind kein Kapital !

Les êtres humains et les animaux – ne sont pas du capital!

Schluss mit dem Profit – auf Kosten der Tiere !

Finissons en avec le profit – avec les animaux comme prix!

Certains slogans sont plus marqués par un esprit militant. On a par exemple:

Wir sind laut und wir sind hier – für die Befreiung von Mensch und Tier !

Nous sommes bruyantEs et nous sommes ici – pour la libération des humains et des animaux!

Gegen Herrschaft und Repression – für die vegane Revolution !

Contre la domination et la répression – pour la révolution vegane!

Wir sind viele, wir sind krass – Antispe, da geht noch was !

Nous sommes beaucoup, nous sommes extrêmes – Antispe, il se passe quelque chose !

Vegan Resistance, der Widerstand sind wir – für die Befreiung von Erde, Mensch und Tier !

Résistance végane, la résistance c’est nous – pour la libération de la Terre, de l’humain et de l’animal!

Gegen jede Herrschaftsform – Speziesismus ist ein Teil davon!!

Contre toute forme de domination – le spécisme en fait partie !

Les campagnes contre la fourrure sont quelque chose de connues, mais quels sont les slogans utilisés en Allemagne ? On a droit justement à un mélange critique du profit / revendications militantes.

Für den Profit umgebracht – fühlende Wesen zu Pelz gemacht!

Pour le profit ils sont tués – des êtres sensibles transformés en fourrure!

Feuer und Flamme der Pelzindustrie – Friede mit ihr, nie, nie, nie !

Feu et flamme pour l’industrie de la fourrure – paix avec elle, jamais jamais jamais!

Pelze raus! – raus aus den Regalen !

Dehors la fourrure ! – hors hors des rayons!

Wir sind hier und wir sind laut – solange MaxMara/xxx Pelz verkauft !

Nous sommes ici et nous sommes bruyants – tant que [le magasin] MaxMara/xxx vend de la fourrure !

Wir – machen – Euch/xxx – pelzfrei !

Nous – faisons – de vous [le magasin]/de XXX – sans fourrure !

Tiere haben Rechte – Pelz ist Mord !

Les animaux ont des droits – la fourrure c’est le meurtre!

Ob Pelz oder Leder: Mord bleibt Mord!

Fourrue comme cuir : le meurtre reste le meurtre!

Dans certains cas, une personne lance un slogan, les autres répondent. Le modèle est ici né en Suède, dans les manifestations antifascistes. Ici la partie prononcée par ceux et celles qui répondent est en majuscule.

Der Pelzhandel gehört – ABGESCHAFFT!

Le commerce de fourrure doit être – ABOLI!

What do you want? – ANIMAL LIBERATION! | When do you want it? – NOW! | Are you willing to fight for it? – YES! | Are you willing to life for it? YES !

Que voulez-vous ? LA LIBERATION ANIMALE ! Quand le voulez-vous ? MAINTENANT ? Etes-vous prêtEs à lutter pour cela ? OUI ! Etes-vous prêtEs à vivre pour cela ? OUI!

Wer stoppt den Pelzhandel? WIR! | Wer stoppt den Pelzhandel? WIR! | Wer stoppt den Pelzhandel? WIR WIR WIR !

Qui arrête le commerce de fourrure ? NOUS ! Qui arrête le commerce de fourrure ? NOUS ! Qui arrête le commerce de fourrure ? NOUS ! NOUS ! NOUS!

Appel au Black Block Antispe à Francfort début 2011

Dans l’interview d’hier, il est parlé de l’appel à un « Black Block Antispe » lors d’une manifestation en Allemagne, à Francfort, début 2011. Voici l’appel à ce cortège.

Rappelons juste pour la forme que si nous trouvons tout cela très intéressant, et souvent juste, cela pêche selon nous de perspective constructive. Il faut mettre en avant une vie harmonieuse avec Gaïa, une ouverture aux animaux (et pas seulement leur reconnaissance, juridique notamment).

Les conséquences de cette différence de perspective sont innombrables: les antispécistes refusent ce que nous refusons (c’est le point commun), mais ils ne vont pas dans le sens d’une ouverture à Gaïa: l’écologie n’est pas prise en considération à sa juste mesure, l’adoption n’est pas mise en valeur, les végétaux ne se voient attribués strictement aucune reconnaissance…

Nous pensons ainsi que les antispécistes n’ont pas du tout compris le besoin d’harmonie et d’ouverture à la nature qu’éprouvent les êtres humains, et que les animaux sont surtout les objets de leur politique « contre toutes les dominations », aussi progressiste soit-elle.

On dira que ce n’est déjà pas si mal. C’est certainement vrai, et c’est pour cela que nous en parlons. Mais, question d’honnêteté intellectuelle, et histoire de poser les choses comme il se doit, préciser cela est toujours bien. De notre côté, notre mot d’ordre c’est: la planète doit redevenir bleue et verte!

Nous vivons dans un système de domination – un système où la plus grande partie des êtres vivants est opprimée et exploitée.

Au lieu de pouvoir définir leur vie eux-mêmes, les gens sont obligés dans le capitalisme de participer à des rapports de travail salarié et de formation aliénants, afin de terminer comme un rouage d’un système qui doit toujours produire plus afin de pouvoir continuer d’exister, et ce peu importent les conséquences catastrophiques pour la Terre, l’être humain et l’animal.

Que ce soit par le travail salarié, l’esclavage animal, la police ou la surveillance – en chaque endroit dans le capitalisme, la domination règne. C’est ce système que nous voulons attaquer – dans le bloc de critique de la domination lors de la manifestation « Francfort – Aucune fourrure! »

Avec une manifestation démonstrative, nous voulons porter la résistance dans le centre-ville et nous opposer à l’opinion dominante passive. Que ce soit dans les têtes des gens ou bien institutionnalisé dans le capitalisme, que ce soit le nationalisme, le racisme, le sexisme, le spécisme, que ce soit le culte du look ou le rejet des personnes handicapées – nous nous opposons à toute discrimination, contre les rapports de domination, que subissent les animaux humains et non-humains.

Antispécisme… Hein ?

Le spécisme c’est l’ensemble du système de préjugés contre les animaux, et cela peut être compris, de manière analogue au racisme et au sexisme, comme un ensemble de stéréotypes, un assemblage de préjugés. L’antispécisme critique le fait de mésestimer ou la surévaluation d’individus en raison de leur appartenance à une espèce.

Dans les questions éthiques, les êtres vivants doivent être considérés avec les mêmes facultés – mais si une personne sévèrement handicapée sur le plan mental a des droits à la vie et à l’intégrité corporelle, les animaux eux, qui n’ont pas moins de facultés, se voient refuser ces droits, avec comme justification qu’ils appartiendraient à une autre espèce.

Ce chauvinisme humain – le spécisme – ne se distingue pas dans ses structures du sexisme, par exemple, où l’autre sexe se voit refuser des droits en raison de différences non essentielles. Cela ne peut pas être une raison de discrimination que la moins grande compréhension des animaux non-humains, leur manque de conscience, étant donné qu’ils peuvent tout aussi bien ressentir et souffrir comme les animaux humains, car sinon on devrait alors également discriminer les gens avec des handicaps qui ne pourraient pas montrer avoir de telles facultés. L’antispécisme, à l’opposé, reconnaît justement que les animaux ont également des droits, au lieu de refuser les droits aux êtres humains avec des handicaps.

Rejoins le Black Block AntiSpe !

Un système qui doit dégager de la voie même les enfants et les personnes âgées qui manifestent pacifiquement contre un projet comme « Stuttgart 21 » , avec des matraques, des canons à eau et des gaz au poivre, un système qui doit mener des perquisitions contre les activistes des droits des animaux, de manière armée et avec des commandos spéciaux… exige une résistance qui peut s’organiser et se défendre efficacement.

C’est pourquoi nous voulons réussir à monter un Black Block AntiSpe à la manifestation « Francfort – Aucune fourrure! », afin de permettre nos actions et en même temps d’assurer la sécurité la plus grande qui soit pour chaque personne participante à la manifestation.

Venez par conséquent habillé en noir et recherchez un groupe affinitaire !

Informez vous de comment vous protéger de la répression !

Il faut réussir à avoir ensemble une résistance réelle !

Contre la reprise des symboles de gauche – l’antispécisme reste opposé à toute domination!

La tentative des nazis de reprendre des symboles de gauche, comme le logo AntiSpe, ne se limitent plus à la seule forme ; les nazis tentent maintenant également d’apparaître comme « autonome », Straight Edge et antispéciste.

Théoriquement, il est possible de vraiment arriver à tout copier et inverser. Mais la conséquence de cela n’est pas de reculer ou de commencer à considérer comme ayant un sens les constructions imaginaires des nazis.

L’antispécisme rester opposé à toute domination et se distancie de toute comparaison bourgeoise à l’holocauste et de l’euthanasie ; l’antispécisme ne propose rien qui ait un sens pour les nazis, car avec l’antispécisme, la domination et la discrimination sont remis en cause de la manière la plus radicale, et ainsi combattus.

Au lieu de se distancer de ses propres symboles et de les laisser aux nazis, il y a lieu de défendre ceux-ci. Même si au fond ce qui compte c’est le contenu, et que la forme choisie par un tel ou un tel. Nous ne laisserons pas voler par les nazis notre esprit de confrontation !

C’est pourquoi : allons dans la rue !

Le XX.XX.2011, à Francfort !

S’opposer au système de domination!

Interview: Vegane Antifa Süd (Allemagne)

Voici des questions posées au sujet d’un collectif d’Allemagne: la Vegane Antifa Süd. Il s’agit de gens de différents endroits d’Allemagne, plutôt du sud, qui mettent en avant un projet très construit et, bien entendu très radical.

Nous pensons qu’il s’agit là d’une démarche intéressante, méritant d’être connue, même si bien entendu nous préférons un projet « positif » (s’ouvrir à Gaïa) plutôt que se définissant principalement « contre » (contre le spécisme, contre le fascisme, contre toutes les formes de domination).

Les photos (à part la première) ne concernent pas la Vegane Antifa Süd, mais d’autres groupes à l’identité (bien évidemment) très proche.

1. Pouvez-vous présenter votre groupe ?

Nous sommes l’antifa vegan sud, c’est-à-dire un groupe antifa, qui ne compose en effet que de personnes veganes et qui, en même temps, critique et combat d’autres formes de domination en plus du fascisme.

Nous nous considérons nous-mêmes comme des personnes partisanes de la libération animale. La libération animale, cela signifie pour nous la libération en général d’individus autonomes des rapports de domination, tant des animaux humains que non-humains.

2. Quels sont vos objectifs ?

L’objectif que nous poursuivons est de critiquer, de combattre et enfin de renverser le système de domination, où nous vivons tous et toutes, et qui se maintient par la liaison des formes de domination particulières, comme le capitalisme, le racisme, le sexisme, le spécisme, etc.

Ce que nous voulons, c’est relier et associer les positions critiques particulières, que l’on retrouve dans d’autres groupes, afin que la protestation qui a lieu se dirige contre le système de domination dans son ensemble, et pas seulement contre certaines formes particulières de domination.

Est particulièrement important pour nous de mener ensemble l’activisme pour la libération animale et antifa, car il y a dans ces deux courants des positionnements très positifs, comme la critique de la domination d’un côté, la pratique radicale de l’autre.

3. Pourquoi pensez-vous que l’antifascisme est si important ? Que pensez-vous des gens qui pensent que la libération animale n’a rien avoir avec la « politique », et que l’on peut être ainsi vegan et « nationaliste » ?

En Allemagne, il y a eu de par le passé des tentatives de néo-nazis de se relier à la scène pour les droits des animaux. Les nazis se pointaient avec des banderoles à des manifestations antispe et ensuite mettaient des vidéos avec cela sur internet. Cela a nui à la réputation de la scène pour les droits des animaux dans la scène d’extrême-gauche.

Avec notre groupe, nous voulons faire une déclaration claire contre de telles tentatives de connexion, et montrer que les droits des animaux sont pour nous une partie du combat contre le système de domination, un système où le nationalisme est tout autant à combattre que l’exploitation animale, parce que le nationalisme exclut toujours les autres. Pour nous, au lieu de cela, c’est : « No Border, No Nation – Animal Liberation! » [Pas de frontière, pas de nation – libération animale!]

4. Que signifie exactement « antispe » pour vous ? Qu’est « l’action antispéciste » : une organisation, un concept?

AntiSpe, cela signifie pour nous la lutte contre le spécisme, spécisme qui discrimine ou survalorise un être vivant seulement et uniquement en raison de son appartenance à une espèce – c’est-à-dire reconnaître que les autres animaux peuvent souffrir et ressentir, qu’ils ont des droits et ne ne sont pas là pour être opprimés, tourmentés et tués par les êtres humains.

« L’action antispéciste » est un concept tout comme « l’action antifasciste », où ces formes respectives de domination doivent être critiquées et le cas échéant attaquées. Pour nous, les deux vont clairement ensemble, et les deux sont une partie de la même lutte pour la libération.

5. Quels rapports avez-vous avec la gauche en général ? Vous dites par exemple : « Comme antifa vegan nous voulons d’un côté nous distancer de la « gauche viandarde », de l’autre également des groupes se limitant au concept de droit des animaux. »

Que diriez-vous aux gens qui pensent que c’est trop radical, ou bien non constructif, c’est-à-dire sectaire ?

Dans un outro [chanson de fin d’album] du groupe « xDestroy Babylonx » il est dit :

„We have the power of starting a very wild dominoeffect. We have to be the living examples that compassion and justice can still have a strong voice against Mother Culture. I don’t care if you see violence. I don’t care if you see radical visions. Every other try has failed. As warriors before us stated: get free or die trying.”

[Nous avons le pouvoir de commencer un véritable et sauvage effet de domino. Nous devons être les exemples vivants que la compassion et la justice peuvent toujours avoir une voix forte contre la culture mère. Je me fous de si tu vois de la violence. Je me fous si tu vois des considérations radicales. Toute autre tentative a échoué. Comme des guerriers l’ont dit avant nous: deviens libre ou meurs en essayant.]

Pour nous, la révolution est quelque chose qui commence d’abord par soi-même. Nous voulons montrer qu’autre chose est possible, que les êtres humains peuvent vivre différemment. A nos yeux, il s’agit de mauvaises excuses de penser que ce que nous faisons serait trop radical et que le mainstream [« courant principal » = les gens en général] ne nous comprendraient pas.

Nous ne voulons pas convaincre le mainstream de pratiquer un peu moins de domination, et peut-être de ne pas manger de viande une fois par semaine, car rien ne serait gagné de cela, le système dans son ensemble resterait en place ; à l’opposé, nous nous plaçons contre ce système, qui est soutenu et maintenu par ce mainstream.

Nous voulons bien plutôt atteindre les gens qui ont déjà compris qu’ils vivent dans le faux système, nous voulons leur montrer tout ce qui va avec et comment ils peuvent vivre leur protestation.

6. Que pensez-vous de la libération de la Terre ? Nous pensons qu’il n’est pas possible de penser la libération animale sans comprendre comment les villes fonctionnent et ruinent notre planète. Ce thème est souvent récupéré par les nazis afin de mettre en avant le mysticisme et la « pensée nationale. » Que pensez-vous de tout cela?

Il est évident que la pratique actuelle des êtres humains détruit cette planète et son équilibre originel. Nous devons nous opposer de manière décidée contre ça, car ici il n’y a pas que la diversité de la vie qui est détériorée, mais également les conditions de la vie des êtres humains et des animaux.

Si la vie sur la planète n’est plus possible de manière convenable, alors l’émancipation des mauvais rapports ne sera, elle non plus, plus possible. C’est pourquoi nous considérons que la libération de la Terre comme une partie de notre lutte pour l’émancipation.

Toutefois, il est également nécessaire d’être prudent et prudente quant aux conséquences qu’il faut en tirer, comme le fait que la libération de la Terre soit considérée comme un objectif.

Nous ne considérons pas le primitivisme comme une perspective faisable, on doit être très prudent et prudente dans les affirmations comme quoi le nombre d’êtres humains devrait être fortement réduit, car cela ne se laisse la plupart du temps concrétiser que par des moyens misanthropes, fascistoïdes, et ici il y a évidemment des points de connexion pour les nazis.

Nous voulons que les êtres humains vivent en harmonie avec la nature, cela ne signifie pas cependant que nous dévaluons les êtres humains, seulement que l’être humain doit comprendre que rien de bon ne peut sortir de la destruction de la Terre, tout comme que les raisons de cela est la logique de profit et de l’avidité, et que donc la destruction de la Terre doit être refusée.

7. Au début 2011, il y aura à Francfort une manifestation sous le mot d’ordre « aucune fourrure. » Il est appelé à une « Black Block AntiSpe. » Qu’est-ce que c’est, et quel est le contexte de cette manifestation par rapport au développement de la libération animale en RFA?

La manifestation « aucune fourrure » à Francfort est une des plus grandes et des plus radicales manifestation AntiSpe en Allemagne. Nous appelons de manière séparée à participer à un Black Block AntiSpe à cette manifestation, afin d’exprimer notre refus clair du système de domination et ainsi notre position progressiste et d’extrême-gauche.

Il ne s’agit pas de démolir le centre-ville de Francfort ou bien de blesser physiquement des personnes portant de la fourrure ; le concept de Black Block se dirige contre la répression policière et est approprié pour lutter contre les restrictions de la liberté de manifester.

Avec ce Black Block AntiSpe nous voulons renforcer la détermination à l’intérieur de notre propre scène, et également interpeller les gens en-dehors de la scène AntiSpe qui sont critiques par rapport à la domination, et ainsi agir à l’intérieur d’autres spectres de l’extrême-gauche.

Par notre positionnement clair, nous voulons nous distancer du reproche souvent fait par des antifas comme quoi nous serions proches de regroupements de droite. Comme nous refusons en effet complètement le système de domination, il n’y a avec les nazis aucun point de contenu qui soit proche ou de points de connexion.

Nous pensons que « Francfort – aucune fourrure 2011 » sera la plus importante manifestation AntiSpe de l’année 2011, et montrera dans quelle direction se développera la scène AntiSpe – dans la direction de la critique radicale de la domination ou bien en direction de la protection animale bigarrée et bourgeoise.

Nous comptons que nous aurons un Black Block Antispe grand, bien organisé, radical et déterminé et que le plus de gens possibles suivront notre appel à se confronter au système de domination.

Si la manifestation est un succès, nous pensons alors qu’il sera possible de davantage articuler la scène d’extrême-gauche et ainsi de la renforcer. Alors, venez tous et toutes à Francfort au début de l’année 2011 ! Se confronter au système de domination !

Manifestation et grande opération de libération de visons en Allemagne

Chaque année a lieu à Francfort en Allemagne une manifestation au sujet de la fourrure et de la mode, organisée par des activistes pour la libération animale. La manifestation rentre dans le cadre de la campagne contre Escada et Max Mara dont nous avons déjà parlé.

Cette année, 650 personnes ont participé à cette manifestation qui a eu lieu le 13 mars, et on peut désormais voir une vidéo de la manif ici. Avant la manifestation, il y avait également des stands, des vidéos et des discours; après avait lieu une fête.

Durant la manifestation, les slogans ne visaient pas que la fourrure, mais toute l’exploitation animale : « Ob Pelz oder Fleisch – Mord bleibt Mord » (Fourrure ou viande – un meurtre est un meurtre), « Wir sind laut und wir sind hier – Für die Befreiung von Mensch und Tiere » (Nous faisons du bruit nous sommes ici – Pour la libération de l’humain et de l’animal).

La solidarité avec les activistes passant en ce moment en Autriche a été soulignée avec un point de vue très clair:

« Ce qui est à honteux, ce ne sont pas les revendications comme quoi il faut mettre fin à la violence contre les animaux, mais la délégitimation des protestations par la police, le droit et la justice. Ce qui est insupportable, ce ne sont pas les protestations, les campagnes et chaque action illégale, mais la prétention à pouvoir disposer comme bon nous semble des animaux, qui amène en dernière conséquence à l’emprisonnement et la mise à mort d’innombrables individus non humains. »

L’ancrage dans les valeurs progressistes a été rappelé:

« Nous sommes tous et toutes ici afin de montrer à l’industrie de la fourrure ce que nous pensons des ses cruelles affaires. Nous nous sommes rassembléEs afin d’exprimer par des mots et des actes ce que nous ressentons lorsque nous pensons aux tortures que doivent endurer chaque jour les animaux dans les fermes à fourrure.

Afin de parler concrètement: aujourd’hui nous amenons notre haine dans la rue. Notre haine à l’encontre d’une machinerie de mort, qui méprise la vie, une machinerie de mort qui se moque de la souffrance des êtres vivants, qui ont la capacité de ressentir, une machinerie de mort qui place le profit au-dessus du droit à la vie.

Cette pensée ne visant qu’au profit est une conséquence nécessaire de la logique de chosification capitaliste et ne peut être vaincue que par le dépassement des relations de domination existantes. »

Il a également été rappelé dans un discours à ce sujet devant le magasin Max Mara qu’il n’y avait pas de place pour les fascistes dans le mouvement pour la libération animale. Les fascistes lorsqu’ils abordent la question animale le font au nom de la santé, d’une volonté de vivre « sainement », de manière « pure. » Chez les fascistes il n’y a pas de critique de l’exploitation animale, mais seulement la volonté d’avoir « un peuple sain. »

A également été cité un document « pro-animaux » des fascistes; en voici l’extrait complet afin de comprendre pourquoi l’extrême-droite fait semblant de s’intéresser aux animaux: afin de justifier un pseudo « ordre naturel »:

[Attention: citation d’un groupe d’extrême-droite!] « Les fascistes rouges / anti-allemands justement, qui s’investissent également pour les droits des animaux, n’ont eux-même pas compris l’idée de l’antispécisme.

Pour eux, il ne s’agit qu’un concept en plus leur servant de prétexte à la violence contre ceux qui pensent différemment. Et c’est une contradiction, parce que cette idéologie affirme qu’elle est pour la liberté de chaque vie.

Tout cela est bien beau, mais n’est absolument pas réalisable, tout comme le marxisme / communisme.
Il y aura toujours des gens pour gouverner et d’autres pour être gouverné. Les affirmations comme  quoi il y aurait une contradiction entre les nazis et la protection animale sont absurdes et ridicules. »

Exactement comme lors de la colonisation avec les théories sur les esclaves qui auraient « naturellement » besoin des maîtres (évidemment européens), les fascistes utilisent la question animale pour justifier l’esprit de domination (c’est souvent le loup qui est « valorisé » d’ailleurs, comme symbole des « inégalités » naturelles)

Une démarche totalement opposée aux valeurs de la libération totale!

On notera également que deux jours après cette manifestation, dans la nuit du 15 au 16 mars, a eu lieu une grande opération de libération de visons, à Frankenförde.

Un groupe d’intervention a libéré à peu près 2.500 visons et procédé à la destruction des tuyauteries alimentant la ferme en eau, de plusieurs voitures et de différentes machines (voir ici une vidéo de l’action). La presse parle de 180.000 euros de dégâts et de 4.000 visons libérés.

Toujours à propos de la libération de visons, le site américain Voice of the Voiceless (récemment frappé par la répression du FBI comme nous le disions il y a quelques jours) a mis la semaine dernière en ligne un rapport scientifique montrant que les visons libérés survivent et s’adaptent en un mois – un mois et demi à leur nouveau environnement.

Veganisme en Allemagne

Au détour du net, on trouve un petit article sur une vegane berlinoise. On y apprend qu’il y a à peu près 20.000 personnes veganes à Berlin (voir ici l’association vegan de Berlin), ville où il y a d’ailleurs beaucoup de restaurants vegans (voir la carte ici).

Il y en aurait entre 250.000 et 460.000 en Allemagne; récemment d’ailleurs nous expliquions qu’il y a en Allemagne 61 groupes activistes, et que justement à Berlin il y avait plusieurs cuisines populaires vegans, en plus des restaurants donc; il s’agit de cuisine collective à prix libre (voir à ce sujet l’interview du groupe activiste berlinois BerTA).

Pendant ce temps-là, en France on a la Fondation Brigitte Bardot et « Droit Des Animaux »… Bref, pour aller de l’avant, il y a du boulot!

Interview de BerTA

Voici une interview de BerTA – Berliner-Tierrechts-Aktion – l’Action pour les droits des animaux de Berlin. Elle est également en ligne à la section Culture vegane.

Le site de la Berliner-Tierrechts-Aktion (BerTA): berta-online.org.

1. Pouvez-vous présenter votre groupe?

En 1997, des gens ont fondé la Berliner-Tierrechts-Aktion (BerTA) (Action pour les droits des animaux de Berlin), afin de s’engager pour la libération des animaux des rapports de domination.

BerTA se comprend comme un groupe ouvert. Toutes les personnes qui veulent être actives contre la domination et l’exploitation animale sont la bienvenue chez nous. Nous voulons attirer l’attention de la société, par différentes formes d’action, sur ce que l’industrie de l’exploitation cache derrière ses portes, et contribuer à un changement de l’ordre social dominant.

Les intérêts et besoins des individus non-humains ne se voient rien accorder ou presque dans les rapports sociaux actuels. Que ce soit dans l’industrie alimentaire, dans la recherche scientifique, à la chasse, dans les zoos ou dans la branche du textile: les animaux sont gardés enfermés, sont exploités et tués.

Le fondement de leur oppression est la conception selon laquelle les animaux, en raison de leur appartenance à une espèce ou plus exactement en raison de leur non-appartenance à l’espèce humaine, sont considérés comme ayant moins de valeur et relevant de la domination.

Ce rapport de domination, le spécisme, doit, selon notre point de vue, se terminer. Voilà pourquoi nous organisons des manifestations, des réunions d’informations, des discussions avec contenus, des concerts de solidarités et des actions de désobéissance civile.

Bien que nous ne fassions pas nous-mêmes d’actions autonomes de droits des animaux (par exemple des libérations d’animaux), nous nous affirmons solidaires de celles-ci.

2. Qu’est-ce que cela signifie qu’être vegan en RFA?

L’acceptation sociale vis-à-vis des gens mangeant vegan a fortement grandi ces dernières années. Contrairement à il y a ne serait-ce que quelques années, on trouve dans chaque supermarché des produits comme du lait de soja, des pâtés végétaux ou des soi-disant produits de remplacement de la viande.

On prend en compte les personnes veganes également dans les universités et dans les restaurants, et avant tout ce n’est pas rare de trouver des personnes veganes dans les milieux de gauche et alternatifs.

Les personnes veganes n’ont par contre une certaine acceptation que dans la mesure où il s’agit de leur décision personnelle. En cas de critique de l’exploitation des animaux dans la société, tout est différent. Elles font alors face aux vieux arguments bien connus, comme quoi les êtres humains mangent de la viande de manière naturelle, qu’il en a toujours été ainsi, qu’il ne s’agit « que » d’animaux ou que le veganisme est une question de luxe.

Les revendications en faveur de la libération des animaux sont considérées par la grande majorité des gens comme allant trop loin et utopiques.

3. La situation est-elle différente à Berlin? Il y a là-bas apparemment chaque jour plusieurs cuisines populaires veganes !

La situation à Berlin, et en général dans les grandes villes, est certainement différente des régions moins urbaines où les personnes veganes sont souvent considérées comme des « bizarres ». Il y a entretemps à Berlin plusieurs restaurants totalement vegan, un ou deux magasins ne proposant que des produits vegans et également beaucoup de gens vivant dans des colocations veganes.

C’est également valable pour les cuisines populaires, surnommées Vökus (=Volksküchen). Elles sont le plus souvent organisées par des groupes et des projets liés à des maisons, et s’adressent avant tout aux gens de la scène autonome et de gauche.

Les racines reposent dans l’autodéfense socialiste du mouvement ouvrier, et ne sont pas à confondre avec les dons pour les pauvres de la part de l’Eglise, ou bien avec les structures sociales publiques.

Même si la plupart des cuisines populaires sont veganes, cela ne signifie pas que la majorité des gens dans les mouvements de gauche soient vegans, c’est le contraire qui est vrai.

Mais nous saluons qu’il soit fait attention aux personnes veganes et aux revendications des personnes partisanes de la libération animale. Notre groupe organise également des cuisines populaires et des brunchs veganEs. Pour nous il s’agit de proposer des rendez-vous pour les activistes, de soutenir un quotidien culturel non commercial et enfin, chose tout aussi essentiel, de montrer que le veganisme ce n’est pas se nourrir exclusivement de céréales et de racines.

4. Dans un communiqué, vous dites:

« Nous n’agissons pas avec le mot d’ordre « Le principal, c’est pour les animaux. » Nous luttons pour une société libérée et nous dirigeons contre les rapports sociaux de domination. Nous ne travaillerons pas avec des groupes ou des gens qui mettent en avant des positions racistes, antisémites ou sexistes. De telles formes de pensée sont tout autant à combattre que le spécisme ancré dans la société. »

Pouvez-vous en dire plus à ce sujet?

Dans ce communiqué, nous nous sommes distancés de nazis qui entendaient participer à l’une de nos manifestations. Même si nous nous engageons de manière principale contre l’exploitation animale, cela ne veut pas dire que nous travaillons avec tout un chacun afin d’en arriver à nos objectifs. Les néo-nazis sont ici un exemple assez affreux.

Mais nous ne ferions pas non plus d’actions du type de la campagne de PeTA « plutôt à poil qu’en fourrure », parce qu’elle attire l’attention sur le thème de l’exploitation animale par l’intermédiaire de présentations sexistes.

Ici il en va seulement du principe « Le sexe fait vendre »; le problème est que les femmes ne sont montrées que comme objet, et cela n’a rien à voir avec nos conceptions d’une société raisonnable.

Comme nous l’avons dit, le but est pour nous d’en arriver à la fin des rapports d’oppression. Ceux-ci ne concernent pas seulement le rapport être humain – animal, mais le capitalisme, le racisme ou le sexisme sont également une partie du problème.

Ici notre tolérance à un travail en commun a des limites. Cela ne veut pas dire que nous excluons de prime abord toutes les autres personnes qui ne pensent pas comme nous, ou que nous les méprisions.

Nous voulons justement par nos réunions amener les gens à ces positions. Mais nous voyons comme une nécessité de nous confronter, et cela non pas de manière secondaire, aux pensées et aux actes discriminatoires, afin d’être cohérent avec nos affirmations.

5. Pouvez-vous nous-donner un exemple de comment vous tenter de réaliser vos objectifs?

Nous participons par exemple à la campagne internationale contre la grande entreprise de mode de luxe allemande ESCADA (www.antifur-campaign.org). Nous menons régulièrement des actions et participons à des manifestations reliant différentes régions.

Cette campagne sera menée jusqu’à ce que toutes les formes de fourrures travaillées soient enlevées des rayons d’ESCADA. Elle est reliée à des protestations réussies contre de nombreuses autres entreprises de l’habillement. Ces protestations sont organisées depuis 1999 et entretemps il n’y a en Allemagne quasiment plus de grands magasins vendant de la fourrure.

Les débouchés se réduisent avec chaque campagne réussie et l’industrie de la fourrure en Allemagne est proche de l’effondrement, ce qui signifie également, comme une conséquence, que toujours moins d’animaux sont tués pour la « fourrure ».

Il faut bien remarquer que ce sont des tout petits groupes comme la Berliner-Tierrechts-Aktion qui organisent ces campagnes, et non pas de grandes organisations ou de grands partis.

Avec ces actions, il ne s’agit pas pour nous d’exiger seulement des gens que ne soit plus achetée de la fourrure, et d’imposer de meilleures conditions carcérales.

Nous voulons au contraire apporter une contribution avec nos actions, pour qu’il en soit fini avec les rapports de domination. Les chances d’abolir l’industrie de la fourrure ne sont pas mauvaises.

Il en va pour l’instant autrement pour des thèmes comme la viande, la vivisection, la chasse ou les zoos.

Mais nous sommes confiant dans le fait que nous réussirons dans le futur à faire bouger les choses.

61 groupes activistes vegans en Allemagne

La Terre d’abord a réorganisé ses liens! Si vous en avez à rajouter, faites-nous signe, tout comme s’il y a des sites dont vous considérez qu’il faut parler!

A noter parmi les liens, celui des groupes vegans en Allemagne: www.vegane-gruppen.de. On dénombre en Allemagne 61 groupes vegans activistes, dans 46 villes!

De quoi évidemment être optimiste quand on voit la France, où l’on est évidemment plus que très loin du compte. Mais la France est peut-être le dernier pays où le veganisme est arrivé, et où d’ailleurs il affronte des résistances plus qu’importantes sur le plan culturel.

Quand le veganisme aura trouvé sa voie – qui passe forcément par l’opposition frontale avec la culture « beauf » – la progression n’en saura que plus grande!