Amendement sur la sensibilité animale: une escroquerie juridique de plus

Depuis plusieurs jours, les médias relatent de manière ininterrompue l’information selon laquelle il y aurait un changement juridique du statut des animaux. Cela serait un progrès, même si relatif, il y aurait quelque chose, on aurait pu faire mieux, etc. etc.

Et ce qui est marquant, c’est que cela tombe littéralement du ciel. A priori, rien ne laissait présager ce « changement » qui, en fait et on pouvait s’en douter, n’en est pas du tout un.

Voici donc ce qui s’est passé.

A la base, il y a dans le code civil l’article 528, qui dit la chose suivante :

« Sont meubles par leur nature les animaux et les corps qui peuvent se transporter d’un lieu à un autre, soit qu’ils se meuvent par eux-mêmes, soit qu’ils ne puissent changer de place que par l’effet d’une force étrangère. »

Or, cet article est en contradiction avec le code rural et le code pénal, qui présentent les animaux comme des êtres vivants et sensibles. Le député des Hautes-Pyrénées Jean Glavany a donc proposé une modification mardi dernier, après l’avoir rendue publique la veille seulement.

Voici comment l’amendement a été justifié par Glavany :

EXPOSÉ SOMMAIRE

Alors que le code rural et le code pénal reconnaissent, explicitement ou implicitement, les animaux comme des « êtres vivants et sensibles », ces derniers sont encore considérés par le code civil comme des « biens meubles » (art. 528) ou des « immeubles par destination » quand ils ont été placés par le propriétaire d’un fonds pour le service et l’exploitation de celui‑ci (art. 524).

Cet amendement a pour objet de consacrer l’animal, en tant que tel, dans le code civil afin de mieux concilier sa qualification juridique et sa valeur affective. Pour parvenir à un régime juridique de l’animal cohérent, dans un souci d’harmonisation de nos différents codes et de modernisation du droit, l’amendement donne une définition juridique de l’animal, être vivant et doué de sensibilité, et soumet expressément les animaux au régime juridique des biens corporels en mettant l’accent sur les lois spéciales qui les protègent.

On est donc dans un changement simplement cosmétique, une simple modernisation juridique. Il y en a eu et il y en aura d’autres, évidemment. Et c’est tellement flagrant que les personnes qui veulent changer les choses « de l’intérieur » sont absolument furieuses.

En effet, toute la vanité de leur discours saute aux yeux. Le système s’adapte, fait quelques modifications, mais rien ne change, même pas en apparence. Or, de gros investissements idéologiques et culturels ont été mis dans la fameuse pétition lancée par 30 millions d’amis, qui révèle ici tout son décalage avec la réalité. Cela ruine le prestige du réformisme.

Le communiqué de la Fondation Bardot est ici exemplaire. Il est parlé de… « l’exploitation animale », un concept extrêmement radical que cette association n’assume pas du tout, mais elle n’a pas le choix afin de sauver les apparences et ne pas se retrouver torpillée.

Cela ne l’empêche pas, en même temps, de critiquer l’élevage intensif et pas l’élevage en général, et même de saluer une harmonisation juridique qui, franchement, n’intéresse personne. Un tel niveau de contorsion révèle bien la terrible contradiction qui déchire les « réformistes » qui veulent changer les choses de l’intérieur du système de l’exploitation animale.

Que le statut de l’animal passe de « bien meuble » à « être vivant doué de sensibilité » est normal, ce qui est anormal en revanche c’est de ne pas l’avoir fait plus tôt. Attention toutefois, il s’agit simplement d’harmoniser les textes, mais en aucun cas de remettre en cause l’exploitation animale.

Dans le Code rural et le droit européen l’animal est déjà considéré comme un être sensible, cela n’empêche pourtant pas le gavage, l’élevage intensif, les longs transports, l’abattage, l’expérimentation animale ou encore la captivité des animaux sauvages.

Bien sûr, nous saluons cette volonté de rendre cohérents les différents textes, nationaux et européens, mais ne nous y trompons pas, nous sommes à la veille d’une simple évolution juridique, logique, mais en aucun cas d’une révolution pour les animaux !

Christophe Marie
Porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot

Quelque chose d’assez exceptionnel aussi est l’apparition d’un « groupe d’études sur la protection animale » de l’assemblée nationale. Là, on est dans la mythomanie, la député EELV Laurence Abeille prétendant que ce groupe avait une proposition de loi bien plus ambitieuse sur le statut de l’animal et que l’intervention de Glavany était en pratique un complot pour empêcher cela.

Pure magouille que cela, afin de prétendre se préoccuper des animaux, alors que jusqu’à présent EELV ne s’en est absolument jamais préoccupée. Il suffit de regarder les archives de nos articles sur EELV, les faits sont très clairs…

Par conséquent, la tentative d’ajouter des « sous-amendements » à l’amendement Glavany relève du simple cinéma, et bien évidemment ces demandes ont été refusées… Voici un exemple d’un tel sous-amendement.

SOUS-AMENDEMENT N°73
présenté par
Mme Abeille, M. Alauzet, Mme Allain, Mme Attard, Mme Auroi, M. Baupin, Mme Bonneton, M. Cavard, M. Coronado, M. de Rugy, M. François-Michel Lambert, M. Mamère, Mme Massonneau, M. Molac, Mme Pompili, M. Roumegas et Mme Sas
à l’amendement n° 59 de M. Glavany
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APRÈS L’ARTICLE PREMIER
Compléter l’alinéa 3 par la phrase suivante :

« Ils doivent bénéficier de conditions conformes aux impératifs biologiques de leur espèce et assurant leur bientraitance. »

EXPOSÉ SOMMAIRE

Ce sous-amendement vise à préciser le nouvel article du code civil relatif aux animaux.
La distinction entre biens meubles et animaux dans le code civil était une demande ancienne de nombreux citoyens engagés dans la protection animale.

L’évolution de la société, des connaissances scientifiques et de la réflexion sur les animaux rendent nécessaire ce changement dans notre droit. Selon l’article 515-14 que propose de créer l’amendement n°59 : « Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens corporels. »

Ce sous-amendement propose de préciser que les animaux « doivent bénéficier de conditions conformes aux impératifs biologiques de leur espèce et assurant leur bientraitance », afin de tirer toutes les conséquences de l’article 515-14 qui précise qu’ils sont doués de sensibilité.

« Bientraitance » : voilà encore un mot nouveau, un néologisme absurde, comme le récent « carnisme » que l’on a pu voir apparaître, ou comme le terme de « végéphobie » apparu il y a quelques années. Tout cela est terriblement confus, alors que la question est simplement celle du rapport à la Nature et du refus de l’exploitation animale.

D’ailleurs, Glavany a paradoxalement failli faire tout sauter. En effet, il est à l’origine d’un amendement qui a… été retiré vite fait avant discussion. En effet, cet amendement… formait une nouvelle catégorie juridique : les animaux !

Il y aurait les humains, les animaux et enfin les biens. Or, faire cela, c’est provoquer le chaos, car inévitablement la libération animale affirmerait qu’il faut faire pencher les animaux de notre côté, et non de celui des biens…

Alors que le Code rural et le Code pénal reconnaissent, explicitement ou implicitement, les animaux comme des « êtres vivants et sensibles », ces derniers sont encore considérés par le Code civil comme des « biens meubles » (art. 528) ou des « immeubles par destination » quand ils ont été placés par le propriétaire d’’un fonds pour le service et l’’exploitation de celui-ci (art. 524).

Cet amendement a pour objet de consacrer l’animal, en tant que tel, dans le code civil afin de mieux concilier sa qualification juridique et sa valeur affective.

Pour parvenir à un régime juridique de l’animal cohérent, dans un souci d’harmonisation de nos différents codes et de modernisation du droit, la proposition d’amendement proposée consiste à créer dans le code civil une catégorie sui generis, intermédiaire entre les personnes et les biens.
Il est ainsi proposé de donner une définition de l’animal et de soumettre expressément les animaux au régime juridique des biens corporels en mettant l’accent sur les lois spéciales qui les protègent.

Ainsi, il a fallu aux députés trouver une sorte de compromis juridique, ne faisant que moderniser la juridiction, afin de la renforcer. L’animal se voit reconnu une sensibilité… mais cela ne change rien. Et cela aide même l’exploitation animale qui peut ainsi désormais prétendre « reconnaître » les animaux.

Le président de la république s’est d’ailleurs empressé de rassurer les éleveurs, le syndicat FNSEA lui ayant écrit suite à l’amendement. Nous avons déjà parlé tant des mesures massives de soutien financier aux éleveurs que de la position de François Hollande contre un changement de la loi (voir Sommet de l’élevage : un milliard d’euros par an en soutien aux éleveurs et Interview de François Hollande par les industriels de l’exploitation animale).

Voici comment « La France agricole » a, suite à l’amendement, interrogé l’Elysée, avec la réponse si parlante…

L’amendement « 59 », adopté le 15 avril 2014, dans le cadre du projet de loi de modernisation et de simplification du droit, et qui reconnait aux animaux « la qualité d’êtres vivants doués de sensibilité », a suscité de nombreuses réactions.

Interrogé par nos soins, dans la mesure où François Hollande s’était exprimé sur le statut de l’animal dans les colonnes de La France Agricole (du 21 février 2014), l’Elysée précise que « la reconnaissance de cette qualité ne modifie pas le régime applicable aux animaux », conformément à ce qu’avait déclaré le président de la République.

« En revanche, cet amendement permet de faire figurer dans le code civil les dispositions relatives au statut de l’animal introduites dans le code rural en 2001 et dans le code pénal en 2006. 

Les devoirs des opérateurs économiques, ainsi que la fonction économique des animaux de rente ne sont pas remis en cause ; aucun droit nouveau n’est créé pour les animaux, qui demeurent protégés par les dispositions du code rural et du code pénal interdisant les mauvais traitements et assurant leur bien-être. »

Tout cela est donc très clair : cela fait beaucoup de bruit pour rien, et est destiné à contrer la cause animale, au moyen de la confusion, d’une amélioration de l’idéologie dominante. C’est la pratique de l’adage traditionnel: « pour que rien ne change, tout doit changer »: les apparences sont modifiées, pas la substance.

L’exploitation des moutons au service de « l’écologie » à Grenoble

L’écologie de notre époque utilise les animaux pour prétendre au « naturel », aux valeurs du terroir, au retour aux sources, cela n’a rien de nouveau, malheureusement. Que cela se traduise par l’industrie de l’alimentation biologique qui exploite la chaire des animaux, les produits laitiers, les œufs, le miel (etc!) bio, que ce soit les magazines écologistes qui vantent les bienfaits de la zoothérapie, que se soit des chevaux qui sont utilisés comme camions éboueurs, toutes les inventions sont bonnes pour s’inventer une bonne conscience écologiste !

Aux dernières élections municipales, la ville de Grenoble est passée du côté d’EELV et le nouveau maire, Eric Piolle, afin de justement poursuivre la démarche classique « écolo exploitation animale », a décidé de « tester » l’emploi de moutons comme « tondeuses ». Le terme employé est d’ailleurs de « moutondeuses à gazon »…

Selon le maire, ce serait une démarche avec un véritable fond « écolo »:

« C’est quelque chose qui a vocation à se développer à plus grande échelle. Tout ce qui contribue à ramener des animaux en ville est utile »

En ville ? Le terme est incorrect. En effet, la ville de Grenoble a la chance d’être dominé par une pointe du Massif de la Chartreuse.

Concrètement, cela veut dire qu’il y a une colline, avec le « Fort de la Bastille » et au-dessus encore le Mont Jalla, qui est zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique.

Cela signifie donc que Grenoble dispose d’une situation différente de la plupart des autres villes. Et que les moutons, s’ils sont considérés comme étant « en ville », c’est pour la simple raison que la ville empiète sur la colline avoisinante…

Le fort est en effet devenue la principale attraction touristique de la ville, et c’est là qu’on va y trouver quatre brebis, un bélier et cinq agneaux, sur les pentes qui sont autour, entre une une aire de promenade et un parcours d’accrobranche.

Ce n’est donc pas la « ville », mais c’est en train de le devenir: la ville avale son environnement proche. L’utilisation d’animaux dans la démarche de l’exploitation animale témoigne de cet engloutissement de la Nature.

D’ailleurs, si l’initiative est considérée comme « concluante », les autres parcs accueilleront pareillement des animaux « tondeuses », l’intérêt des moutons étant multiple car ils serviraient à « maintenir la biodiversité, de lutter contre les risques d’incendie et de sensibiliser les visiteurs à la préservation de la nature en ville » !

Cet esprit pragmatique, utilitariste, témoigne que ce n’est pas la Nature qui est reconnue et la ville qui se soumet, mais la ville qui s’impose et tente de modeler la Nature selon ses propres besoins.

C’est en quelque sorte une végétalisation du béton, un projet cher aux bobos, mais totalement hypocrite. Les faits parlent d’eux-mêmes… Les villes s’étalent de manière suffocante, elle empiètent sur les territoires « sauvages », réduisant de ce fait au strict minimum le lieu de vie des animaux sauvages.

Les villes s’agrandissent de plus en plus, détruisent tout autour de plus en plus, les villes chassent et détestent de plus en plus les animaux. Le cas des pigeons bisets est dramatiquement parlant ou bien la population de moineaux qui décline depuis plusieurs années!

La vie des animaux en ville est dangereuse, comme pourront en témoigner de tristes exemples comme le cas des chats errants, des pigeons blessés, des chiens perdus, des animaux « de compagnie » abandonnés dans des parcs ou des insectes qui se font écraser sous notre passage. La maltraitance est générale.

Les humains sont-ils eux même « heureux » dans les villes? Elles sont de toutes manières uniquement « idéales » pour la riche population des centre-villes, avec son mode de vie particulier et à l’écart…

Les villes telles qu’elles sont actuellement sont invivables, il faut tout détruire, tout réinventer, il faut produire cette culture végane où l’écologie ne voit pas les moutons comme des tondeuses. Où un oiseau en ville sera respecté, où un animal perdu ne sera pas violenté.

Il faut inventer cette culture végane écologiste, où les animaux vivent leur vie pour eux et ne sont pas utilisés ni utiles pour nous, pour notre confort, pour notre bien être psychologique A nous d’inventer cette nouvelle culture loin, très loin de toute idée utilitariste.

Luc Ferry conseille l’agriculture face aux inéluctables « mouvements hostiles »

Luc Ferry est « le » grand penseur français anti-animaux et anti-écologie. Dans Le Figaro, auquel il a accordé une interview, il dit une chose essentielle : il avertit les éleveurs qu’ils doivent prendre eux-mêmes en main la question animale, sans quoi… la société va finalement leur être hostile.

C’est intéressant, car déjà il montre que contrairement à ce qui a été fait tout récemment encore par certains (mais en général surtout par l’association L214), il ne faut certainement pas aider les éleveurs à comprendre le véganisme, à se « moderniser ».

Ensuite, il souligne le fait inéluctable (et lui-même le reconnaît en tant que tel) que va surgir une vague en faveur de la libération animale.

Au-delà des animaux domestiques, quid des animaux d’élevage, de leur alimentation et des conditions d’abattages (gavage d’oie, abattage rituel, élevage en batterie…)?

Qu’on le veuille ou non, le problème ne cessera de monter en puissance, car, pour des raisons de fond que je ne peux pas développer ici, la sensibilité à la souffrance animale ne cessera de s’accroitre dans les pays démocratiques.

J’ai eu l’occasion d’en parler à plusieurs reprises avec Xavier Beulin, le patron de la FNSEA, un homme que j’estime et respecte et qui comprend très bien les choses. Si vous comparez la France à des pays comme la Chine, le traitement des animaux d’élevage en France est remarquablement humain.

Allez sur les sites internet et vous verrez comment on écorche y vifs chiens et chats par millions sans le moindre scrupule. Il y a sur le net des vidéos qui tournent sur ces sujets et qui soulèvent le cœur: on y voit des chats qu’on ébouillante pour mieux arracher leur peau vivants, des chiens qu’on écorche vif et qui continuent à vivre et à saigner pendant des heures.

Donc, notre agriculture à bien des arguments à faire valoir par rapport à d’autres traditions.

Reste que son intérêt est de se saisir elle-même du problème pour faire des progrès, car faute d’en faire, je le dis avec la certitude de ne pas me tromper, elle sera rattrapée un jour ou l’autre par des mouvements hostiles de l’opinion publique. Du reste, un paysan qui respecte ses bêtes et qui se respecte lui-même, ne s’amuse pas à les faire souffrir.

Cela est tout à fait juste : il a raison de dire avec « certitude » que l’opinion publique va se lever de manière hostile contre l’exploitation animale.

Et il a raison de dire, également, que le meilleur moyen de l’exploitation animale en France pour se maintenir, c’est de se prétendre plus « humaine », plus « proche des animaux », plus « correcte », etc. En cela, elle est aidée de manière évidente par le « réformisme » en faveur du « bien-être » animal.

Mais tout cela ne tiendra pas ; le système de l’exploitation animale est partie pour inévitablement s’effondrer dans les prochaines décennies, et cela à l’échelle planétaire. L’humanité ne peut pas tenir « contre » Gaïa.

Et justement, il y a lieu de s’intéresser à une autre question à laquelle a répondu Luc Ferry.

Passons sur ses insultes perpétuelles visant à nier qu’il y ait une philosophie de la libération animale : lorsque Luc Ferry traite les amis et amies des animaux de « zoophiles », il ne fait que rappeler qu’il est un vil propagandiste cherchant à faire passer ses ennemis idéologiques pour des gens fondamentalement idiots, voire pervers.

Non, ce qui compte, c’est sa vision de la Nature. Luc Ferry nie la Nature, il nie la symbiose et l’entraide animale qui est pourtant un fait évident, et d’ailleurs l’importance des bactéries dans la vie complexe organisée en est une preuve évidente…

Et de manière subtile, il prétend que la pensée de Descartes sur les animaux est « aberrante », alors qu’elle est en réalité tout à fait logique et correspond absolument à l’anthropocentrisme, à sa conception « métaphysique » d’un Dieu ayant donné le « libre-arbitre » aux humains, et aux humains seulement…

Dans les traditions philosophiques, quel est le rang de l’animal entre l’être et la chose?

C’est toute la question, et elle est cruciale, d’une profondeur philosophique abyssale. Les animaux ne sont ni des choses, comme le prétendait Descartes de façon aberrante, ni non plus des humains, quoi qu’en disent les militants fondamentalistes qui discréditent leur propre cause par leurs délires «zoophiles».

La preuve? Les animaux n’ont pas de morale, d’éthique et ils n’enterrent pas non plus leurs morts, ce qui dénonte aussi une absence d’interrogation métaphysique. On a déjà vu des humains dépenser des trésors d’énergie pour sauver une baleine, on n’a jamais vu, sauf dans les contes de fées, une baleine en faire autant pour eux.

Ce sont en revanche, comme nous, des êtres sensibles, susceptibles d’éprouver du plaisir et de la peine et même, pour les mammifères supérieures, de développer une intelligence et une affectivité considérables.

C’est cela qu’il faut prendre en compte et respecter, sans pour autant les «humaniser».

Le problème, c’est que le cartésianisme a marqué profondément la tradition française avec sa fameuse théorie des «animaux machines». Descartes pensait sérieusmeent que les animaux n’étaient que des automates, des machines ultra sophistiquées, sans doute, mais quand même des machines sans affect. Par exemple, il déclare tranquillement que les hurlements que pousse un animal pendant une vivisection n’ont pas plus de signification que le «timbre d’une pendule».

C’est évidemment absurde, et aucun scientifique aujourd’hui ne défend plus cette thèse. Déjà Maupertuis objectait à Descartes que si les animaux étaient vraiment des automates, personne ne s’amuserait à être sadique avec eux. On n’a jamais vu personne, disait il, torturer une horloge alors qu’on a souvent vu des enfants ou même des adultes prendre plaisir à torturer une bête…

Luc Ferry tente de sauver les meubles de l’anthropocentrisme, de la religion, il tente de sauver le tout en faisant des animaux… ce qu’ils sont en fait pour le bouddhisme et l’hindouisme. Dans ces religions en fait, les animaux sont des âmes qui en raison de leur mauvais « karma », se sont réincarnés en animaux, être inférieurs.

L’idée de Jules Ferry, c’est de cesser de nier ouvertement les animaux comme dans les religions chrétiennes, musulmane et juive jusque-là, pour leur accorder une reconnaissance… mais comme « êtres inférieurs ». Voilà pourquoi Jules Ferry peut dire :

La protection des animaux ne mène-t-elle pas à l’anthropomorphisme?

C’est précisément un écueil à éviter et malheureusement, les militants de la cause animale tombent souvent dans le piège. L’animal est un intermédiaire entre la chose et l’homme, il n’est ni l’un ni l’autre, et qui confond les deux tombe dans un véritable délire qui nuit de toute façon à la cause animale. J’aime bien la formule de Michelet, comme j’aime le poème de Hugo sur le crapaud: tous deux parlaient joliment de nos «frères inférieurs», ou de nos «frères d’en bas». Je trouve que c’est bien vu et que cela suffit à tout faire pour éviter les souffrances inutiles aux animaux.

C’est très bien vu, et la modification de la loi en cours (nous en reparlerons lorsqu’elle sera votée, dans la semaine) a exactement le même sens.

Les animaux et l’incendie de la ville de Valparaiso

L’incendie ayant frappé Valparaiso, au Chili, amène indéniablement la réflexion: s’il est aussi dévastateur, obligeant des milliers de personnes à fuir, que deviennent les animaux qui vivaient avec eux? C’est une inquiétude, une hantise, qui existe forcément dès qu’on voit une catastrophe frapper des habitations.

Et justement, au sujet de Valparaiso, voici un article, publié par le Nouvel Observateur, qui parlera fondamentalement à toutes les personnes aimant les animaux. Les informations qu’on y trouve sont précieuses; les gens sont pauvres, ils font face à l’adversité, mais c’est la compassion qui s’exprime… Parce que c’est une culture assumée!


« Les animaux souffrent aussi après l’incendie à Valparaiso »

La ville chilienne de Valparaiso fait face depuis samedi 12 avril au « pire incendie de son histoire », selon les mots employés par la présidente du pays Michelle Bachelet, venue sur place pour prendre la mesure de la catastrophe.

Selon un dernier bilan communiqué par le ministre de l’Intérieur, Rodrigo Penailillo, 12 personnes sont mortes dans le sinistre, lequel a détruit 850 hectares, et 2.000 habitations.

Quid des animaux de compagnie ? La question peut paraître saugrenue à l’heure où des familles sont en deuil, et où 8.000 personnes sont sinistrées, et 10.000 autres ont dû être évacuées.

Pourtant, le sujet est bien abordé dans les médias chiliens. Il prend souvent la forme de récits où des chiens ou chats sont retrouvés miraculeusement par leurs maîtres, à l’instar de cet article en date de lundi dans le quotidien national « La Cuarta », qui relate l’épopée de Rocky, le chien qui « a combattu les flammes et vaincu« .

Voici l’histoire : samedi 12 avril, quand le feu se déclare, les habitants de la maison, située sur la colline de Las Cañas, n’ont qu’une idée en tête, fuir au plus vite. Mais Elizabeth, la mère de famille, se souvient des chiens. Il y en a 14 en tout ! Elle se saisit des deux plus petits, et ouvre la porte aux autres, espérant qu’ils arrivent à s’en sortir. Impossible en effet de se rendre avec la meute au centre de secours.

Le lendemain, une scène terrible attend la famille à l’emplacement de son habitation : tous les chiens sont morts calcinés. Sauf un, le petit Rocky, un chien laineux ressemblant à un caniche. « Il était tout sale, terrifié, et portait des marques sur son corps », déclare sa maîtresse.

« La Cuarta » fait également référence au recensement des animaux sinistrés effectué à l’Ecole Grecia, en plein centre de la ville portuaire. Une opération organisée en collaboration avec la municipalité, selon le journal.

Le site d’information argentin MinutoUno.com diffuse la vidéo des retrouvailles entre un garçon de dix ans et ses compagnons, un chien et un chat.

Le Canal 13, chaîne de télévision mixte appartenant à l’Université pontificale catholique du Chili, publie sur son site une galerie de « photos émouvantes de personnes sauvant leurs animaux de compagnie après l’incendie ».

Très active sur Facebook, la vétérinaire Paola Carmona Hein a de son côté proposé de soigner gratuitement les animaux de compagnie blessés dans l’incendie.

Dimanche, elle écrit :
On dirait un film !!! Je ne peux pas le croire… Depuis 9h30, ça ne s’est pas arrêté, mes collègues, techniciens, défenseurs de la cause animale, tous ont été sur le pont jusqu’à maintenant. Courage à tous, notre mission est de les sauver, leur donner la santé et une qualité de vie. Ils sentent la même chose que nous, ou même davantage… sauf qu’ils ne parlent pas et ne peuvent pas dire ´A l’aide s’il vous plaît !!!!!' »

Sur le réseau social Twitter, il est également fait allusion aux animaux domestiques parmi les messages se référant à l’incendie de Valparaiso. Il est notamment fait référence aux « mascotas », le terme les désignant en Amérique latine. [Ici la photo d’une collecte pour les animaux de « Valpo », surnom de Valparaiso.]

De fait, les animaux de compagnie de plus en plus chers aux Chiliens. En août 2010, l’AFP consacrait un long article au phénomène, évoquant les services s’étant développés autour des « mascotas », allant du salon de beauté au cimetière virtuel sur Internet.

Une enquête en 2009 du Centre d’études d’opinion publique (CESOP) de l’Université centrale du Chili relevait « la place centrale et croissante que les animaux domestiques commencent à prendre dans la population », mesurable aux obligations ressenties et assumées envers l’animal, jusque dans la mort, écrivait alors l’AFP.

Pour autant coexistent au Chili « deux attitudes très contrastées envers les animaux », tempérait le sociologue Vicente Espinoza : « Ceux qui les considèrent presque comme un membre de la famille, et ceux qui les traitent très mal ».

Sur ce dernier point, rappelons qu’environ 500.000 chiens errants déambulent dans les rues de la capitale Santiago, selon un recensement officiel dévoilé en juillet 2013. La majeure partie d’entre eux (398.611) ont ou ont eu un maître, mais celui-ci ne s’en occupe plus, précise ce rapport de la municipalité de Santiago, premier du genre jamais réalisé.


Le « zoo de Paris », un projet commercial sur toute la ligne

En 2008, le zoo de Vincennes a fermé ; il a rouvert il y a deux jours, 167 millions d’euros de travaux après, sous le nom de zoo de Paris.

On le devine, on est là dans le business. La nouvelle directrice, Sophie Ferreira Le Morvan, a fait une école de commerce et est une spécialiste du marketing international.

Elle est notamment passée par la direction du développement économique du Centre des monuments nationaux, en tant que responsable de la promotion touristique et de la stratégie commerciale.

Sur le site « linkedin », une sorte de Facebook du CV pour cadres supérieurs, voici comment elle présente elle-même son activité actuelle…

Conduite du projet de rénovation totale du site (travaux évalués à 167 M€ TDC). Mise en exploitation : recrutements et formations (100 personnels en propre + 70 en sous-traitance), élaboration des procédures de travail, de logistique et d’organisation opérationnelle, gestion des achats et des marchés publics (investissements et fonctionnement), définition et mise en oeuvre de la stratégie de marketing, de promotion et de commercialisation de l’offre de visite, de restauration et de la librairie-boutique, pilotage de la sécurité du site…

Commerce, boutique, sous-traitance, que de mots si parlant !
D’ailleurs sur le plan financier, le zoo de Paris est une arnaque typique de notre époque. Le financement vient quasi totalement du secteur privé, de « Chrysalide », qui regroupe la Caisse des dépôts, la Caisse d’épargne, Icade, Bouygues bâtiment Ile-de-France et Exprimm…

Le zoo va devoir payer un loyer de 12,7 millions d’euros par an durant 25 ans… et donc les places sont désormais à 22 euros, car on l’aura compris, la rentabilité est le grand mot d’ordre… Par conséquent, les animaux vont devoir subir entre 1,5 et 2 millions de personnes par an…

On devine bien qu’il ne faut pas s’attendre à grand chose pour les animaux. D’ailleurs, Alexis Lecu, vétérinaire et directeur scientifique du Zoo de Paris, ne le cache pas. Lorsqu’on lui demande si les animaux sont heureux, il répond… que ce n’est pas vraiment le problème !

« On me demande souvent si ces animaux sont heureux, confie-t-il. Je ne sais trop quoi répondre car c’est un concept humain, très anthropomorphique. Notre mission est plus modeste et pourtant aussi essentielle : il s’agit de respecter leur animalité. En leur évitant, tant que possible, tout stress. »

Enlever tout stress avec deux millions d’humains, dont beaucoup d’enfants hurlant, tapant sur les vitres ? C’est complètement ridicule ! Même si bien entendu, le « zoo de Paris » utilise désormais une parade « moderne » des zoos, avec le coup des « biozones ».

Nous en reparlerons quand on en saura davantage sur l’organisation de ceux-ci, non terminée encore, mais pour comprendre l’idée, le parc est désormais divisé en cinq « biozones » : Savane–Sahel, Europe, Patagonie, Guyane, Madagascar, dont deux non encore réalisées.
Cela signifie que les humains se « baladent » dans des structures fermées, et « tombent par hasard » sur les animaux dans une sorte d’environnement « reconstitué » (en fait de manière totalement fictive).

Les réactions des premiers visiteurs dans les médias ont d’ailleurs été édifiantes, remplies de déception, voire d’amertume en raison de la non visibilité facile de certains animaux.

Il va de soi qu’en fait ces « biozones » ne sont qu’une démarche commerciale, où les humains se voient proposer une « immersion » avec à terme, c’est à craindre même si personne ne l’a vu encore, des « interactions » qui seront proposées.

On est là dans une perspective commerciale et dénaturée de très haute volée. Avec toute une idéologie bien précise, dont voici deux témoignages, consistant en deux commentaires signés de la même personne dans des articles du Monde au sujet de l’ouverture du zoo.

Vous êtes pathétique avec votre culte absurde de la Nature. La Nature est très dure, cruelle, on s’y entretue, on y meurt, de faim, de soif, de maladie, on y meurt sous les couprs des braconniers. Dans lez zoos modernes les animaux sont bichonnés, soignés, aimés (eh oui !) et sont proabablement plus « heureux » que dans leur terrible milieu naturel.

Il semble tout au contraire que dans les zoos actuells les animaux vivent bien mieux que dans cette « nature » terrible que vous semblez adorer sottement. Ils y sont nourris, soignés, vaccinés, protégés de tout dans un environnement soigneusement étudiés pour leur bien-être. Assez de fariboles sur les vertus de la vie « naturelle » svp.

De tels propos sont typiques de l’idéologie dominante qui règne en maître en France, pays de Descartes (où même les « antispécistes » défendent cette position).

Au lieu de voir la Nature comme un tout, ce qu’on fait bien sûr à l’inverse les philosophes des Lumières, on réduit tout à des individus et à la lutte pour la survie, sans voir l’entraide et la symbiose, bref sans voir que la vie avance, évolue, progresse, devient toujours plus complexe.

La Nature, ce serait la concurrence, la guerre de chacun contre chacun… Pas facile de voir que ces gens définissent la Nature comme une sorte de miroir de notre société humaine à nous, marquée par l’exploitation, l’individualisme, les guerres, les meurtres.

Et dans la logique dénaturée de ces gens, les zoos seraient le paradis pour les animaux… ce qu’ils sont obligés de dire, par anthropocentrisme, et aussi pour présenter notre société bétonnée comme un grand aboutissement…

Le zoo moderne devient, dans ce contexte, un « happening » sympathique, une immersion du même type que les jeux vidéos, un lieu de « divertissement »…

Le vin et les vignes, « patrimoine » d’une France qui aurait 2000 ans

Le sénat est un organe légal dont personne ne sait précisément à quoi il sert. En fait, il reprend les lois décidées à l’assemblée nationale et il a le droit de les modifier (elles sont alors renvoyées à l’assemblée, qui peut les accepter ou les renvoyer au sénat, et ainsi de suite).

Hier on a appris que le sénat avait pris une décision idéologique importante, de notre point de vue straight edge : reconnaître le vin comme un phénomène de « civilisation ». Un amendement a été en effet adopté, dans le cadre de la loi sur l’agriculture, qui dit que :

« le vin, produit de la vigne, et les terroirs viticoles font partie du patrimoine culturel, gastronomique et paysager de la France »

C’est quelque chose de très important, parce que le vin est présenté comme quelque chose qui serait incontournable et lié à la France, il aussi présenté comme incontournable. C’est là la négation de la planète Terre comme identité, ce sont là les vieilles thèses nationalistes, avec bien sûr l’utilisation du terme « paysage ».

Le vin relève ici du goût, de la culture, du « paysage », bref être français c’est boire du pinard ! La demande, faite pour que cet amendement passe, disait même pour justifier le tout :

« Le vin est mentionné comme partie intégrante du repas gastronomique des français lequel est désormais inscrit, après études et proposition des ministres français des affaires étrangères et de la culture, sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’Humanité, par l’UNESCO.

La culture du vin, partie du patrimoine bimillénaire, culturel, cultuel, paysager et économique français, transmise de génération en génération, a grandement contribué à la renommée de notre pays et tout spécialement de sa gastronomie aux yeux du monde.

Au-delà des arts de la table, nombreux sont les exemples qui pourraient être cités et démontreraient à quel point unique au monde, depuis l’Antiquité, le vin est évoqué dans la production artistique de notre pays, particulièrement dans les domaines de la littérature et de la poésie. »

Ici la France aurait 2000 ans, avec une littérature aussi vieille et permise par le vin… Hallucinant !
Dans cette optique fantasmée, digne d’Astérix le gaulois, et pour enfoncer le clou, malheur aux régions historiquement liées aux cultures allemande, flamande, belge, où la bière prédomine….

Le sénateur UMP du Bas-Rhin, André Reichardt, a ainsi lancé un « Et la bière », expliquant que « en Alsace, dans le Nord-Pas-de-Calais aussi, la bière fait partie du patrimoine ».

C’est tout à fait vrai, mais ce patrimoine là on s’en passe en général pour nous, et en particulier du côté de l’idéologie dominante qui, tout comme avec la religion au 17ème siècle, n’accepte qu’une seule version officielle : gloire au pinard !

Le sénateur socialiste Roland Courteau, à l’origine de l’amendement, a lancé un lyrique et applaudi :

« Le vin exprime un patrimoine vivant, il fait partie du patrimoine culturel, littéraire mais également gastronomique, paysager, architectural, matériel, économique et social, aussi bien sûr avec des centaines de milliers d’emplois. »

Le sénateur socialiste de la Drôme, Didier Guillaume, a précisé d’ailleurs, de manière très classique en France, que le vin, ce serait différent du reste des alcools :

« Le vin, à l’étranger, dans le monde entier, c’est la France. Il en va autrement de la bière… ou des spiritueux, qui posent des problèmes pour la santé. »

Preuve que ce n’est pas une anecdote, il y a d’ailleurs une proposition de loi intitulée… « Proposition de loi visant à distinguer le vin des autres boissons alcooliques », faite à la demande notamment du sénateur socialiste du Languedoc-Roussillon.

Voici un extrait de cette demande, qui ne manque pas d’air, et les « motifs » non plus par ailleurs. Il faut vraiment lire ce manifeste de la mauvaise foi, qui sans aucune gêne et de manière délirante assimile le vin à la civilisation elle-même !

On devrait donc « découvrir » le vin, symbole de culture, et ne pas interdire la publicité, cet appel à la culture !

EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
« Seule, dans le règne végétal, la vigne nous rend intelligible ce qu’est la véritable saveur de la terre » a écrit Colette. La vigne est considérée par les spécialistes comme une des plus anciennes plantes du monde actuel.

L’Homme inventa très tôt le vin : les plus anciennes civilisations, Égyptiens, Phéniciens, Grecs et Romains connaissaient cette boisson, dont l’origine se situe probablement en Perse et que la Bible ne cite pas moins de 521 fois. De cette aube de la civilisation à nos jours, le vin a accompagné les grands événements de toute existence humaine.

Le vin correspond à une culture, à des traditions, à l’histoire des hommes et des femmes de régions entières et il entre dans l’alimentation traditionnelle du consommateur depuis des siècles.

Plus qu’aucune autre boisson, le vin a besoin de communication pour faire valoir l’immense diversité de notre production, qui dépend des terroirs, des cépages, des climats et des méthodes d’élaboration.

La communication sur le vin se veut, avant tout, informative, éducative et personnalisée. Elle consiste à orienter le choix d’un consommateur responsable vers les produits les mieux adaptés à la gastronomie et aux circonstances et non pas à encourager une consommation excessive. Il ne s’agit donc pas, d’une incitation à plus de consommation, mais bien d’une initiation à la découverte.

1- Boisson traditionnelle, le vin a toujours été considéré comme une boisson saine. Nombreux sont les médecins qui, aujourd’hui, s’accordent à reconnaître qu’une consommation modérée et régulière de vin est bonne pour l’organisme ; les régions qui en consomment le plus, présentent d’ailleurs un taux de prévalence des maladies alcooliques inférieur à la moyenne nationale. (…)

D’après des enquêtes, près de la moitié des Français sont convaincus qu’une consommation régulière et modérée de vin est bénéfique à la santé. Force est donc de constater en effet que le vin présente des caractéristiques bien différentes des autres boissons alcooliques et que, consommé modérément, il peut constituer un atout en termes de santé publique.

2- Cependant, les autorités de santé publique persistent à faire l’amalgame entre le vin et les autres boissons alcooliques, en particulier les alcools « durs » (gin, vodka, whisky, etc.).

C’est ainsi que la loi n° 87-588 du 30 juillet 1987 portant diverses dispositions d’ordre social et la loi n° 91-32 du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, adoptées dans le but de lutter contre l’alcoolisme, ne ménagent aucune distinction entre le vin et les autres boissons alcooliques. De plus, en dépit des dispositions que nous avions fait adopter dans la loi, interdisant toute discrimination en la matière, les campagnes anti-alcooliques se transforment trop souvent en campagnes anti-vin.

Il y aurait lieu, pourtant, de se demander quelle est la part du vin dans « l’alcoolisme du samedi soir », dans les consommations excessives de boissons alcooliques de certains jeunes ou moins jeunes, dans l’alcoolisme « mondain » et dans le recours à « l’alcool tranquillisant ».

S’il est évident que des mesures de lutte contre l’alcoolisme s’imposent, force est de constater que les lois précitées de 1987 et 1991 n’ont pas démontré leur efficacité à cet égard ; en revanche, en refusant de distinguer entre vin et alcools « durs », ces dispositions emportent des conséquences économiques néfastes, dans la mesure où elles entravent le dynamisme de notre filière viti-vinicole. (…)

3- Enfin, de forts arguments économiques militent en faveur de la défense de notre viti-viniculture, fleuron de notre agriculture. La France est l’un des premiers producteurs de vin au monde. Nos exportations de vin représentent le premier poste de nos exportations agro-alimentaires. (…)

4- Des armes inégales avec la concurrence étrangère. De plus, l’article L. 3323-2 du code de la santé publique précise, dans son dernier alinéa, que toute opération de parrainage est interdite lorsqu’elle a pour objet ou pour effet, la propagande ou la publicité, directe ou indirecte, en faveur des boissons alcooliques.

Or, là également, l’absence de distinction entre le vin et les autres boissons alcooliques, tels que les alcools durs, condamne la filière viti-vinicole à subir la concurrence étrangère, dans un combat à armes inégales.

Ainsi, par le biais des retransmissions télévisées de manifestations sportives qui se tiennent à l’étranger, et du fait des différences de législations existantes, les marques étrangères d’alcool jouissent, en particulier chez nous, d’un moyen d’accès à la notoriété qui a été interdit à nos propres produits viticoles.

Par ces retransmissions télévisées, les boissons alcooliques dont la promotion est faite par voie d’affichage, dans les stades, ou par d’autres moyens, sont commercialisées ensuite, en France, et le paradoxe est là : le parrainage publicitaire véhiculé en France par la télévision ne sert pas à promouvoir les vins français de qualité, mais les boissons alcooliques étrangères et notamment les alcools durs.

En résumé, cette demande vise à rendre légal les « parrainages » et la publicité pour le vin, au titre du fait que cela ne serait pas un alcool comme un autre…

Le vin quotidien serait « par nature » différent du pétard hebdomadaire ou de la vodka des soirées ; en réalité, ce sont juste des modes de consommation différent, sur la même base de la fuite dans les paradis artificiels…

Que le vin ait un statut différent de par l’histoire de la France n’y change rien. Les drogues font partie effectivement de la vie quotidienne à certaines périodes historiques de l’humanité. Il n’y a aucune raison d’en faire un fétiche.

Faut-il discuter véganisme avec les éleveurs?

L’article suivant est extrêmement problématique. Il est tiré de La France agricole, média professionnel destiné aux éleveurs.

Or, il y parle du véganisme. Est-ce une bonne chose? Pas à nos yeux. Il ne faut pas informer l’ennemi de nos conceptions. Sinon cela aide l’ennemi. C’est ainsi qu’il prend des initiatives, comme tout récemment boeuf lovers, « Le premier site de rencontre pour les amoureux du boeuf ».

Cette campagne vise à organiser des « rencontres » justement autour de la viande, à mobiliser des gens en faveur de l’exploitation animale:

Vous aimez croquer la vie à pleines dents ? Les Bœuf Dates sont pour vous. Ce sont des sessions de rencontres et de dégustations que vous avez la possibilité d’organiser dans votre région par l’intermédiaire du site. Dans votre salon ou au restaurant, comme il vous plaira. C’est l’occasion de faire véritablement connaissance avec vos contacts et partager un délicieux moment de convivialité autour de la viande de bœuf. Bref, joindre l’agréable… à l’agréable !

L’exploitation animale, c’est une économie et une idéologie, capable d’initiatives. Il n’est donc pas juste de l’aider à comprendre nos propres positions, par définition révolutionnaires. On ne peut pas s’attendre ni à ce que ces gens comprennent, ni à ce qu’ils acceptent (voilà pourquoi LTD a refusé d’innombrables demandes d’interview, tant de médias que d’étudiants dans diverses branches).

Il y a deux camps, et les frontières doivent être les plus nettes, l’ennemi affaibli, en rien aidé!

Manger de la viande devient une question philosophique (débat de l’Afja)

L’Afja (Association française des journalistes agricoles) a organisé jeudi un débat entre les deux auteurs du livre controverse « Faut-il arrêter de manger de la viande ». Une controverse qui pourrait sembler vaine si elle ne reflétait pas un débat qui se développe aujourd’hui dans la société sous l’influence des associations de défense animale et des tenants du « véganisme ».

« 3 % des Français seraient végétariens », selon Elodie Vieille Blanchard présidente de l’association végétarienne de France. Végétarienne (1) de longue date, elle a franchi le pas vers le véganisme (2), c’est-à-dire l’absence de consommation de tout produit d’origine animale.

Face à René Laporte, ingénieur agronome, elle a doctement expliqué comment son choix personnel est vite devenu un choix éthique. Sa démarche est basée sur « le refus de la souffrance animale, la découverte des abattoirs mais aussi les conséquences de l’élevage sur l’environnement ». « Il est plus facile de remettre en cause les transports en voiture que l’élevage », souligne-t-elle, déçue que les écologistes français et la Confédération paysanne n’aillent pas plus loin dans la dénonciation de l’élevage, en particulier de l’élevage dit « industriel ».

« Notre objectif est de lever les obstacles que rencontrent les végétariens dans la vie de tous les jours », a-t-elle souligné au début du débat. « Le carnisme est une philosophie tout comme le végétarisme. »

Taxé de « carniste » (3) car il mange de la viande, René Laporte a rappelé qu’il n’avait rien contre ceux qui voulaient devenir végétariens. « Je ne milite pas non plus pour que tout le monde mange de la viande. Mais faut-il au nom de votre philosophie que l’on arrête de tuer des animaux ? », s’est-il s’interrogé. « Le carnisme est un état de fait, pas une philosophie. Quant aux gaz à effet de serre, ils y en a aussi dans les productions végétales. »

Elodie Vieille Blanchard a poursuivi : « Nous n’avons pas de position sur le bien-être animal. Modifier le statut actuel de l’animal ne nous semble pas non plus la bonne voie. » Mais cette position n’est pas une position de conciliation envers les éleveurs « de moins en moins nombreux ». « Nous voulons mobiliser les consciences. Il y a de plus en plus de “végans” qui s’appuient sur les nouveaux moyens de communication pour échanger. Ils ne supportent pas la séparation de la vache et de son veau, l’élevage des veaux, le sexage des poussins. Nous savons que l’abolition de l’élevage n’est pas pour tout de suite. Mais c’est un cap philosophique », a-t-elle indiqué.

Etienne Gangneron, éleveur bio et vice-président de la FNSEA, a souligné le mépris contenu dans ces propos pour les éleveurs qui ont fait l’effort de passer en bio. « La moitié des agriculteurs bio sont des éleveurs. Sans élevage, le bio passe moins bien. Même les fermes de céréales bio achètent des effluents aux fermes bio. »

« D’autres modes expérimentaux se mettent en place avec des engrais verts », a conclu Elodie Vieille Blanchard, jamais à court d’arguments. La controverse est loin d’être épuisée.

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(1) Un vegétarien ne consomme aucune viande. Un végétalien ne consomme ni viande, ni sous-produits d’animaux terrestres ou marins, ni œufs, ni lait, ni miel.

(2) Vegan : terme anglo-saxon. Un vegan, en plus d’être végétalien, n’utilise aucun produit d’origine animale dans toutes les facettes de sa vie. Il n’utilise donc ni cuir, ni laine, ni fourrure, ni cire d’abeille, ni produits testés sur les animaux, etc. Il n’accepte d’utiliser dans sa vie, que des produits non-issus de la souffrance d’un animal.

(3) Carniste : désigne chez les végétariens l’idéologie de la consommation de viande.

« Les Anges de la téléréalité 6 : des séquelles irréversibles pour le kangourou »

Ignominie, crime, honte: que dire? L’information vient du TVmag du Figaro.

Les Anges de la téléréalité 6 : des séquelles irréversibles pour le kangourou

En confiant un bébé kangourou aux candidats des Anges de la téléréalité durant le tournage en Australie, la production s’est mise dans l’illégalité. En l’espace de deux semaines, l’animal n’a pas reçu une alimentation adaptée et a été récupéré par les services vétérinaires dans un état critique.

On n’élève pas un bébé kangourou comme on élève un chiot. Après s’être occupés d’un petit Saint-Bernard lors de la cinquième édition des Anges de la téléréalité , les candidats se sont retrouvés avec un marsupial de trois mois à gérer en Australie.

À la différence d’un chien, le kangourou n’est pas un animal domestique. «Un kangourou reste un animal sauvage et il est important de tenir compte des conséquences», témoignait Roland Bulliard, directeur du zoo de Servion en Suisse, à 20 Minutes. Pour lui, l’animal n’aurait plus les mêmes réflexes une fois remis en liberté et devrait toujours rester au contact des humains. «Faire cohabiter un animal sauvage avec des humains est un peu inconscient», avait-il ajouté.

Selon nos informations, les candidats des Anges de la téléréalité 6 n’ont pas reçu de consignes particulières pour s’occuper du kangourou si ce n’est de le nourrir avec des biberons de lait pour nourrisson et de lui donner un espace de repos dans la maison et à l’extérieur. L’animal a été chouchouté par les Anges comme par les membres de la production.

Malheureusement, malgré toutes ces bonnes intentions, personne n’était en mesure de réaliser que l’alimentation était inadaptée. Après deux semaines de tournage, le bébé kangourou est retrouvé un dimanche – jour de repos où la majorité des candidats et des membres de la production sont absents de la villa – sans force, dans son enclos, incapable de se dresser sur ses pattes.

La production scénarise une fugue

Le marsupial est emmené en urgence chez le vétérinaire et ne reviendra plus dans la villa. Pour scénariser le départ du kangourou, la production va demander aux candidats de mettre en scène une fugue.

Dans le 18e épisode, Dania et Shanna découvrent que l’enclos est ouvert, Linda et Sofiane font mine de le chercher dans le jardin, Julien et Christie partent faire le tour du voisinage… Seule Nelly ne joue pas le jeu. «Je ne cherche pas un animal quand je sais pertinemment où il est», commente-t-elle sur Twitter le jour de la diffusion de la séquence.

Tandis que le magazine Entrevue annonce que le kangourou est mort de malnutrition, nous avons enquêté et retrouvé la trace de l’animal auprès d’un des zoos de Sydney.

«Nous avons bien été informés du sort de cet animal en janvier dernier, nous y a-t-on expliqué. Il a été soigné par un vétérinaire. Il était très amaigri et souffrait de malnutrition. Il ne pouvait même plus tenir debout.» Contacté, Thibaut Vales, le patron de La grosse équipe qui produit Les Anges de la téléréalité, a choisi de démentir en bloc cette version.

Thibaut Vales: «Il n’y a pas eu de problème de malnutrition»

«Vous interprétez les choses comme vous le souhaitez. Il s’est passé ce qui s’est passé, nous a-t-il déclaré. Vous voyez dans les épisodes que le kangourou saute et que tout va bien.

Il n’y a pas eu de problème de malnutrition ni quoi que ce soit d’autre. Les candidats n’ont peut-être pas fait attention parce que l’animal se baladait avec eux en liberté et il s’est échappé. Des gens l’ont retrouvé et l’ont donné à un vétérinaire. Le kangourou a été ensuite confié à une association et il est dans une réserve.»

La version des candidats? «Sydney n’est pas mort, a précisé Shanna sur Twitter. Il est dans une association, Le lait n’était pas celui de sa mère donc il avait des manques.» Anaïs Camizuli reconnaît, dans un entretien accordé à Public.fr que «mettre un kangourou avec des humains n’est pas correct».

Elle ajoute: «On nous a demandé de donner du lait à Sydney, c’est ce qu’on a fait. On l’a nourri comme on a pu, on s’en est occupé comme on a pu. Shanna s’en occupait beaucoup et, malheureusement, ça ne suffisait pas donc Sydney est retourné avec les autres kangourous.»

«Le kangourou était tout près de mourir»

Du côté du zoo qui a recueilli le bébé kangourou, pas de place pour les mises en scène et les soucis d’audience, seule l’intérêt de l’animal compte.

«Quelle que soit la manière dont l’animal a été trouvé, la production a agi illégalement en laissant le kangourou dans cette maison, nous a confirmé un membre du zoo de Sydney. Il faut avoir une licence spéciale, en Australie, pour avoir le droit de garder chez soi un animal sauvage. C’est une espèce de kangourou qu’on ne trouve pas dans cette région.

Il a été traité de façon inapproprié et cela s’apparente, pour nous, à de la cruauté. Personne ne semblait savoir comment s’occuper d’un tel animal. Quand le vétérinaire l’a récupéré, il était émacié, en manque de calcium et de vitamine C, et ne pouvait même pas tenir debout. En fait, il était tout près de mourir.»

Il aura fallu des soins importants et une assistance «24 heures sur 24» des bénévoles du zoo pour sauver le bébé kangourou.

«Il a repris du poids et évolue favorablement, nous a-t-on confié. Mais il aura probablement des séquelles irréversibles au cerveau à cause de ces semaines passées dans la villa. Nous le découvrirons au cours de sa croissance.»

Expo « chienne de guerre » à Clermont-Ferrand

A la veille de la Première Guerre mondiale les animaux occupent une place importante dans la société civile, en grande partie rurale. Un grand nombre d’entre eux (chevaux, ânes, chiens, pigeons…) sont mobilisés dès le début des hostilités. Leur présence dans l’armée implique des métiers spécialisés : vétérinaires, maréchaux-ferrants, selliers…

Les animaux exercent de multiples fonctions : monture pour la cavalerie, traction de pièces d’artillerie, surveillance, transmission de messages, portage de charges diverses, recherche des blessés sur le champ de bataille.

Ils sont également de fidèles compagnons pour les soldats, au point que certains deviennent la mascotte d’un régiment ou d’un bataillon. L’animal est également essentiel pour assurer la subsistance des soldats, tant alimentaire que vestimentaire. Certains animaux nuisibles, tels que les rats, les poux ou les puces, doivent au contraire être combattus. L’absence des animaux réquisitionnés se fait cruellement sentir dans la vie civile, notamment dans le domaine de l’agriculture.

L’animal occupe aussi une place importante dans les représentations artistiques et symboliques. On le retrouve fréquemment sur les objets fabriqués par les soldats, mais aussi dans les œuvres de propagande. Ainsi, sur les affiches, les différents belligérants sont souvent symbolisés par un animal (coq français, aigle allemand par exemple).

La BCU Sciences et Techniques vous propose de partir à la rencontre de ces compagnons d’infortune à travers une exposition conçue par le Conseil Général de la Marne.

Date : du 17 mars au 19 avril 2014
Lieu : Bibliothèque des Sciences et techniques – Campus des Cézeaux à Aubière

Action de l’ALF à Rodilhan

Voici le communiqué d’une action revendiquée par l’ALF; (selon le Midi libre) elle s’est déroulée à la mi-mars 2014 et aurait visé la société de nettoyage appartenant au maire de Rodilhan, qui se situe dans le Gard.

« Notre cellule a incendié 1 camionnette et 1 voiture du Maire de la ville de Rodilhan (France) : Serge Reder est un grand défenseur de la barbarie tauromachique.

Vous pouvez casser toutes les associations pour les droits des animaux que vous voulez, mais vous ne détruirez jamais une idée.

A tous les fanatiques pro corrida : nous continuerons jusqu’à l’abolition pure et simple des corridas sur tout le territoire.

Le sang arrêtera de couler !

ALF France »

Chasse au canard en plein Strasbourg

C’est une information du type « fait-divers » qui a été diffusé sur de nombreux médias, comme par exemple RTL.

Strasbourg : un SDF condamné pour avoir tiré sur un canard

Un jeune SDF de 23 ans a été condamné à 400 euros d’amende pour avoir braconné un canard avec sa carabine à plombs en plein centre de Strasbourg.

Un sans-domicile fixe de 23 ans a été condamné lundi 7 avril à payer 400 euros d’amende pour avoir braconné un canard avec une carabine à plombs à Strasbourg. Dimanche vers 22H00, le prévenu a été interpellé par des policiers dans le quartier touristique de la Petite-France, alors qu’il tentait de repêcher dans l’eau le volatile qu’il venait d’abattre.

Après avoir passé la nuit en garde à vue, le prévenu a été présenté lundi au parquet afin d’être jugé en comparution immédiate pour avoir « chassé de nuit sur le terrain d’autrui avec un moyen prohibé ». A la barre, l’homme a reconnu les faits, expliquant au juge qu’il avait voulu tuer l’animal afin « de le manger ».

Ce sont en fait Les dernières nouvelles d’Alsace qui ont diffusé l’information ; sur le site du journal, on peut lire un commentaire ô combien révélateur de la mentalité social-darwiniste qui prévaut…

Braconnage…
Oui, c’est interdit…
Quid de la surpopulation des cygnes ? Un couple de cygnes, c’est joli; 200 à 300 cygnes à Rivetoile, nourris par des « amis » des animaux, sacs de pain jetés dans l’eau, cela va poser un problème que nos édiles devront résoudre rapidement; D’un point de vue sanitaire, ce ne sont que des rats avec de jolies plumes…. Grippes aviaire et autres parasitoses en route ?

La haine envers les oiseaux, telle qu’elle prédomine dans les villes, est terrifiante. Son ampleur est gigantesque. Et le compte-rendu du procès est significatif.

Il ne s’agit pas ici de traiter la question du SDF, dont la situation de précarité amène à des moments terribles. Mais il faut voir ce que l’Etat lui a reproché, car là c’est stupéfiant d’anthropocentrisme.

Il n’a pas été reproché le meurtre d’un oiseau, absolument pas ! Il a été reproché l’utilisation illégale d’une arme, ainsi que l’utilisation à un endroit inapproprié.

Le juge l’a donc condamné pour braconnage, tout simplement. Le pauvre canard a littéralement disparu, il n’existe pas aux yeux du juge, aux yeux de la ville de Strasbourg. Seule l’action humaine a compté, le reste de la réalité a été niée.

Le SDF a été jugé non pas pour son rapport au canard, un rapport criminel indéniablement à nos yeux, non : il a été jugé en raison de son rapport avec le reste de la société humaine.

Comme si la dite société était coupée de la Nature, séparée comme par une muraille de Chine. En fait, ce qui est reproché au SDF, c’est aussi d’avoir franchi la frontière, de « mélanger » la société humaine avec la Nature en révélant la présence de la Nature dans la ville.

On ne chasse pas en ville, car ce serait « inapproprié », au nom d’un certain niveau de la civilisation. Seulement comme la barbarie revient en force, le cadre explose, et ce SDF a porté quelque chose qui le dépasse : il s’est cru permis individuellement ce que la société pratique à grande échelle, mais dans une dimension industrielle…

En fait, toutes les maltraitances à l’encontre des animaux reflète l’idéologie dominante. Ce sont des « ratés » inévitables, car l’exploitation animale n’est pas conforme au principe de civilisation. C’est un principe barbare, et forcément dans des situations « particulières », le visage de la barbarie réapparaît ouvertement.

Shiva et Nandi

Les religions nées en Inde sont marquées par un rapport particulier aux animaux, avec d’un côté un certain pacifisme, de l’autre des mysticismes liés aux traditions locales et ancestrales. Comme toutes les religions, il s’agit de cultes inventés par les humains, dans leur tentative de comprendre leur rapport avec la Nature.

Voici un exemple intéressant avec le dieu Shiva (ou Siva, si l’on compte que le « s » se prononce « ch »). Il est le fruit de différents mélanges de différents cultes. Et il est présenté comme ayant un rapport avec tous les animaux.

L’univers de Siva est par excellence celui du monde animal. Ce dieu terrible habite les espaces sauvages ; ses parures, ses attributs, son entourage rappellent cet univers qui lui est familier, celui de la forêt peuplée d’animaux dangereux.

Siva se pare de serpents, se vêt d’une peau de tigre et erre en compagnie de troupes malfaisantes. Siva est aussi appelé le « maître du bétail », Pasupati, mais derrière ce nom se dissimule le maître des êtres vivants, le berger guidant son troupeau sur la voie du salut. (…)

Les spéculations les plus anciennes sur pasu et Pasupati semblent se trouvent dans le Satapathabrahmana. Il y a tout d’abord un lien entre cinq animaux (homme, cheval, taureau, bélier et bouc) qui sont appelés Pasu car Prajapati voit (« pas ») Agni qui s’est dissimulé en eux.

Dans un autre passage, Pasupati est identifié aux herbes médicinales (osadhi) pour des raisons qui ne sont pas claires, mais l’explication du nom est que le bétail (pasu) devient puissant (patiy-) lorsqu’il mange des herbes. (…)

L’un des rappels les plus frappants du lien que Siva entretient avec le monde de la forêt se trouve dans la chasse (mrgayatra, vanayatra), une des cérémonies de la grande fête du temple.

Cette chasse simulée se déroule dans la forêt avec hommes en armes, animaux de combat (éléphants ou chevaux) et une image de Sica (Tripurantaka, ou Kiratarjuna). Le Rauravagama précise que : « Cherchant la mort des bêtes sauvages, la forme terrible apporte la terreur. Lors de cette chasse, toute créature, – bête ou homme – si elle est tuée, atteindra l’union avec Siva. »

Ce Siva, à la fois terrifiant et magnanime, rappelle que le Pasupati auquel on sacrifiait une victime pour le bien de la communauté mais également celui à qui s’offrent ses dévots pour s’assurer individuellement leur salut. (…)

Siva porte, s’il est vêtu, une peau de bête qui est bien souvent une peau de tigre, mais qui peut aussi être une peau d’éléphant, d’antilope, voire de lion. (…)

Le taureau, Vrsa ou Vrsabha, souvent appelé Nandin (« Réjouissant »), est l’animal le plus présent auprès de Siva : littéralement couché à ses pieds on le voit dans tous les temples de Siva devant la porte de la cella [la partie fermée]. (…) Si le Taureau est le seul animal de l’entourage de Siva à être toujours présent dans un temple sivaïte, c’est aussi le seul à être l’objet d’un culte.

Ce dernier ne se limite pas aux hommages rendus à la statue installée en face de la porte de la cella de Siva. Le Taureau est aussi figuré sur l’étendard du dieu levé lors de la grande fête annuelle du temple de Siva : ce lever de drapeau (dhvajarohana) constitue une fête à part entière qui marque le début de celle consacrée à Siva.

Que l’achèvement de la fête du dieu soit marqué par l’affalement de ce drapeau identifié par Vrsa souligne bien le caractère indispensable de la présence de ce dernier. (…)

Siva est devenu le Maître et le Sauveur d’un troupeau d’âmes liées par la souillure. Cette mutation ne l’a pas éloigné de son entourage animal initial : Vrsa, le taureau est pour lui beaucoup plus qu’une simple monture, des gazelles écoutent son enseignement, des serpents ou une peau de tigre accentuent son aspect terrible.

Lui-même prend la forme de l’oiseau-lion Sarabha, quand il s’agit d’affirmer la suprématie de sa doctrine sur celle de Visnu. (Le bestiaire de Siva : de Pasupati à Sarabha, article de l’ouvrage « Penser, dire et représenter l’animal dans le monde indien », paru en 2009)

Les termes « nuisible » et « dérégulateur »

Juste avant le changement de gouvernement, il y a eu la présentation à l’Assemblée nationale d’un projet de loi « relatif à la biodiversité ». C’est un document qui sera en débat dans quelques mois, et vraisemblablement accepté tel quel, car il consiste en fait en une « modernisation » de l’anthropocentrisme.

La crise écologique étant ce qu’elle est, il faut bien « faire semblant », et également modifier les approches juridiques afin d’être en mesure de prendre des mesures de protection de la « biodiversité », terme désignant les intérêts économiques que peut apporter la Nature au capitalisme.

C’est en quelque sorte l’application de l’adage « pour que rien ne change, tout doit changer ». Parmi les modifications, on trouve comme expliqué ici l’abandon du terme de « nuisible », au profit de celui de « dérégulateur », c’est-à-dire d’animal posant problème à la « gestion » humaine de la « biodiversité ».

Le projet de loi entend substituer « la notion d’espèce déprédatrice à celle d’espèce nuisible et malfaisante ».

En pratique bien entendu, rien ne change dans le statut juridique de ces « nuisibles », qui sont toujours considérées comme devant être génocidés, ni plus ni moins…

Bref, l’approche dominante reste anthropocentrée, mais la différence est que, désormais, elle prétend ne plus l’être…

L’article 1er a pour objectif de renouveler les concepts et le vocabulaire présents au début du code de l’environnement pour en conforter la portée au regard des nouvelles connaissances et des évolutions sociétales. Il s’agit ici de donner une vision complète de la biodiversité, intégrant l’ensemble des êtres vivants, et d’en donner une vision moins figée et mettant en avant son caractère dynamique.

L’article conforte l’importance de cette dynamique, dans un contexte de changement global, où la disparition des services rendus par la biodiversité (alimentation, énergie, atténuation de phénomènes naturels ,…) est susceptible de porter atteinte aux activités humaines et où la capacité d’évolution des écosystèmes et essentielle à leur fonctionnement. (…)

L’article 60 propose de modifier par voie d’ordonnance les codes de l’environnement et du code général des collectivités territoriales pour mieux clarifier la notion de « nuisibles » et la remplacer par des termes plus adaptés.

Le terme « nuisible », hérité de l’ancien code rural et employé dans le code de l’environnement est effectivement une version très anthropocentrée autour de certaines formes de la biodiversité et nie la place dans les dynamiques écologiques de toutes les espèces.

Elle tend à faire ainsi de l’élimination de certaines espèces un but absolu au mépris de leur participation à certains cycles biologiques ou au principe général de conservation d’une réelle biodiversité. Au contraire, les pratiques actuelles visent à procéder à des régulations de populations sur la base des dégâts réellement occasionnés et des dynamiques propres des espèces concernées.

Il est donc proposé de modifier le terme de « nuisibles et malfaisants » en le remplaçant par le terme de « déprédateurs », terme posant la question de leurs dégâts et non de leur simple existence dans l’écosystème.

En outre le terme « nuisible » est employé dans deux acceptions différentes dans deux dispositifs distincts (éventuellement complémentaires) portés respectivement par l’article L. 427-6 qui concerne les opérations de destruction (ou « régulation » administratives) ordonnées par le préfet, réalisées sous la supervision des lieutenants de louveterie, et ce quel que soit le statut de l’espèce (y compris espèce protégées au titre des articles L. 411-1 et L. 411-2 du code de l’environnement), pour des spécimens provoquant des nuisances ou des dégâts, et par l’article L. 427-8 qui pose les bases d’un système de destruction d’espèces classées juridiquement comme nuisibles (et qui ne sont donc pas des espèces protégées), qu’elles soient exotiques envahissantes, ou indigènes. L’ordonnance procèdera à cette distinction.
(…)
Article 60
Dans les conditions prévues par l’article 38 de la Constitution, le Gouvernement est autorisé à modifier par ordonnance le code de l’environnement afin de substituer, au chapitre II du titre II du livre Ier de la deuxième partie du code général des collectivités territoriales et au titre II du livre IV du code de l’environnement, la notion d’espèce déprédatrice à celle d’espèce nuisible et malfaisante et préciser les dispositions relatives à la destruction des spécimens de ces espèces.
L’ordonnance doit être prise dans un délai de six mois suivant la publication de la présente loi.

Un projet de loi de ratification est déposé devant le Parlement dans un délai de trois mois à compter de la publication de l’ordonnance.

Kurt Cobain, le gâchis

Les médias ont tous parlé de la mort dramatique de Kurt Cobain, afin de le récupérer toujours davantage, lui qui paradoxalement a été la victime de sa propre capitulation devant le succès. On ne peut en effet pas rester authentique et participer de plein pied à une société capitaliste qui célèbre l’individualisme et l’esprit d’arnaque.

Il faut crucifier sa dignité pour faire carrière, il faut faire des compromis qui deviennent des trahisons. C’est cela qui amène la drogue chez nombre d’artistes, et non pas le contraire : ce n’est pas la drogue qui permet aux artistes d’être inspiré !

Malheureusement, cette idéologie de la drogue qui « inspire », qui permet de « créer », etc. a largement conquis la jeunesse, et cela depuis longtemps. Chaque génération reprend le flambeau et assume l’ivresse et les drogues comme « paradis artificiels ».

Kurt Cobain était quelqu’un de progressiste, qui refusait la société dominante. Son grand ami était par exemple Michael Stipe, le chanteur du groupe REM, et leur culture ouverte et « étudiante » était à l’opposé de la démarche populaire mais « beauf » rock’n roll des Gun’s roses.

Seulement voilà, les progressistes ont alors « oublié » le plus souvent l’importance de la culture vegan straight edge. Au lieu de reconnaître la Nature et les animaux, ils ont tenté de compenser dans les drogues et dans une attitude de rocker urbain et décadent.

Kurt Cobain a malheureusement été un exemple de cette fuite en avant, qu’on trouve bien sûr chez d’autres artistes sincères, comme le chanteur des Doors Jim Morrisson. A l’opposé de ce dernier qui valorisait la drogue comme moyen « poétique » dans un esprit français décadent du 19ème siècle, Kurt Cobain a quant à lui basculé dans les drogues d’une manière terrible.

Voici ce qu’il a par exemple dit au sujet de l’héroïne :

« C’était une connerie et je ne le referai jamais et je plains vraiment quiconque croit pouvoir utiliser l’héroïne comme médicament, parce que, hum, eh ben, ça ne marche pas. L’état de manque ressemble en tout point à ce que vous avez entendu dire, on vomit, on sue, on chie au lit exactement comme dans le film « Moi, Christiane F ». C’est atroce, laissez tomber. »

La référence au film « Moi, Christiane F » est malheureusement très parlante (voir notre article L’image d’Epinal de Berlin et l’héroïne).

Kurt Cobain aurait pu partir dans une autre direction, comme par exemple le chanteur de Pearl Jam, Eddie Vedder, qui a largement assumé de se positionner en faveur des causes progressistes, comme les animaux ou Earth first !

Bien sûr, cela reste un engagement relativement limité, rien de révolutionnaire, mais en tout cas c’est une perspective bien plus intéressante que se suicider (si l’on considère que Kurt Cobain s’est vraiment suicidé et n’a pas été tué).

Dans la lettre qu’il a ou aurait laissé, Kurt Cobain tient même des propos qui relèvent du social-darwinisme : il se considère comme un « faible » qui par conséquent devrait s’auto-supprimer :

« Je vous remercie tous, depuis le gouffre brûlant de mon estomac nauséeux, pour vos lettres et l’intérêt que vous m’avez accordé ces dernières années. Je suis un gosse, trop erratique et trop instable! Je n’ai plus de passion, alors rappelez-vous: il vaut mieux brûler franchement que s’éteindre à petit feu. »

C’est un vraiment très grand gâchis, car Kurt Cobain aurait eu des choses à dire, mais pour cela il faut sortir de l’esprit du rebelle des classe moyennes issues des pavillons. Et le grand paradoxe c’est que depuis quelques années, tant aux États-Unis qu’en France, il existe une sorte de variante « vegan » de postures dépressives et plus ou moins misanthropes, tendant soit vers les nazis soit vers le « queer ».
Au nom de la tristesse qui marque notre monde, « tout serait permis » et tout comportement « transgressif » serait en soi un grand acte de rébellion.

On est là bien sûr aux antipodes de la culture vegan straight edge, qui présuppose une discipline certaine et une volonté très nette de socialiser dans un esprit positif.

Le grunge a été ainsi un gigantesque gâchis, avec de nombreuses figures artistiques qui sont mortes, comme par exemple également le chanteur d’Alice in chains. Toute une expression authentique a été pulvérisée et tout cela pour quoi ? Par fascination pour le glauque, par refus de reconnaître la Nature, et cela au nom d’une vision égocentrique.

Jocelyne Porcher et l’apologie de l’exploitation animale

Décidément, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) ne fait pas que travailler sur le plan technique pour renforcer l’exploitation animale. Elle produit également des intellectuels visant à mettre en avant l’idéologie du « bien-être animal ».

On connaissait Florence Burgat, mais il y a en fait Jocelyne Porcher. La perspective est la même : c’est la défense du « bien-être » animal au nom de la petite exploitation qui serait soi-disant si humaine et sympathique !

Mais attention, le texte publié ici est d’une extrême importance. Publié sur le Huffington post, il a comme titre ironique « Guerre aux éleveurs, guerre aux animaux d’élevage! », car l’auteur accuse le grand capitalisme de tuer le petit. Cela n’a rien de nouveau, c’est quelque chose de tout à fait traditionnel.

C’est la seconde partie de l’article qui est capitale. En effet, Jocelyne Porcher constate que  c’est historiquement en même temps  que la grande industrie et les végans dénoncent l’exploitation animale traditionnelle. Et que donc les deux au final veulent la même chose, en quelque sorte: dépasser la situation présente.

C’est, en fait, tout à fait juste. Bien sûr pour cela, les vegans devront prendre le contrôle de la grande industrie… Car contrairement à ce que dit Jocelyne Porcher, le grand capitalisme ne compte nullement abandonner l’exploitation animale, qui rapporte tant.

Par contre, elle a raison : le véganisme peut s’approprier les grandes entreprises, pour faire en sorte que le véganisme devienne un mode de vie praticable partout, facilement…

Après dix millénaires de vie commune avec les animaux, nous arrivons à un point de rupture anthropologique et politique majeur dont l’enjeu est de rompre avec les animaux domestiques, en tout premier lieu avec les animaux d’élevage, et d’achever le processus d’industrialisation de la production alimentaire, c’est-à-dire de la soustraire définitivement des mains des éleveurs et des paysans pour la confier aux multinationales et aux investisseurs.

La guerre de l’industrie contre les paysans a commencé au 18e siècle en Europe avec le développement de la société industrielle et l’établissement d’un rapport à la nature médié par la science et la technique, fondé sur le profit, et uniquement sur lui.

L’élevage a été transformé en  » productions animales » et les animaux sont devenus des machines ou des produits. Les paysans, tout comme les luddites, ont résisté à la machinisation de leur relation à la nature et aux animaux. Ils ont résisté au 18e siècle, au 19e siècle, au 20e siècle, et ils résistent encore au 21e siècle. Ils résistent en France, mais plus largement dans la majorité des pays industrialisés.

Fight for food freedom (combat pour la liberté alimentaire)

L’agro-industrie, qui concentre pourtant déjà l’essentiel de la production et de la distribution, tient absolument à réduire à néant les paysans qui persistent à élever leurs vaches ou leurs cochons à l’herbe et aux champs, à les respecter, à les aimer et à leur donner une vie aussi bonne que possible.

Et qui tiennent également à offrir aux consommateurs des produits sains, bons, porteurs de sens et de vie. Et qui s’obstinent à revendiquer une dignité et un sens moral dans le travail. Guerre contre ces éleveurs! Ils doivent lutter pied à pied contre l’agro-industrie et les pouvoirs publics pour élever leurs animaux en accord avec leur sensibilité, maîtriser la sélection de leur troupeau, identifier leurs animaux plutôt que de les « électroniser », les nourrir sans OGM, contrôler leur abattage en leur évitant l’abattoir industriel, transformer leurs produits à la ferme, produire et vendre du lait cru (aux US), …

« Tout ce que je veux faire est illégal », écrit Joël Salatin , et effectivement, on ne peut que le constater, tout ce que les éleveurs veulent faire de bien est illégal. Tout ce qu’ils veulent faire de bien les conduit devant un tribunal. Et aux Etats-Unis, comme le souligne l’auteure du film Farmageddon, l’état, la police, mènent une guerre invisible mais très dure contre les petits paysans.

Voici la seconde partie de l’article, très intéressante malgré son opposition lamentable à l’exploitation animale, au nom des animaux eux-mêmes (ridicule!), elle a compris les potentialités de l’époque qui s’ouvre.

Une agriculture sans élevage

Mais ce n’est pas tout. Outre l’agro-industrie, les éleveurs doivent aussi lutter contre les auto-proclamés défenseurs des animaux, qui revendiquent une agriculture sans élevage. Pourquoi ? Parce que ces derniers considèrent que les éleveurs exploitent leurs animaux -et cela depuis les débuts de la domestication- et que, par souci de justice et de morale, il faudrait les libérer sans plus tarder (et sans rembourser la dette que nous avons à leur égard d’ailleurs). Haro sur le baudet est aussi la clameur que poussent certains environnementalistes au nom de la planète et, confondant élevage et productions animales, accusent l’élevage d’être responsable de l’effet de serre, de la pollution des eaux, de la réduction de la biodiversité. N’en jetez plus!

Par un opportun concours de circonstances, cette revendication d’agriculture sans élevage coïncide avec le développement de produits industriels bio-tech alternatifs aux produits animaux. Multinationales et fonds d’investissement se sont avisés -tout comme leurs prédécesseurs au 18e et 19e siècle- que la production agricole était plus rentable entre leurs mains qu’entre celles des paysans.

Ainsi que l’affirme Joshua Tetrick, directeur de Hampton Creek Food, start-up soutenue par la fondation Bill Gates: « Le monde de l’alimentation ne fonctionne plus. Il n’est pas durable, il est malsain et dangereux. (…) Nous voulons créer un nouveau modèle qui rendrait le précédent obsolète . »

Rendre l’élevage obsolète. Voilà à quoi s’affairent les start-up alimentaires et les prétendus défenseurs des animaux, prosélytes de l’alimentation vegan. Plutôt que des poulets élevés en libre parcours par un éleveur passionné par ses volatiles, achetez du chicken-free chicken à Hampton Creek food; plutôt que du fromage au lait cru acheté sur le marché à un paysan de votre région, achetez du Lygomme ACD Optimum, breveté par Cargill; plutôt que du cochon gascon élevé par un éleveur admiratif de ses cochons et qui tient absolument à vous les faire rencontrer, achetez bientôt du muscle de cochon in vitro -presque bio.

La charge destructrice des multinationales, alliée à la puissance publique et à la consternante naïveté des « défenseurs » des animaux, sonne comme un hallali. Les éleveurs et leurs animaux ne peuvent résister seuls. La relation aux animaux domestiques qu’ils défendent, c’est notre vie tout entière avec les animaux. Après l’exclusion de la vache, viendra celle de votre chien, remplacé par un robot supposé tout aussi capable d’exprimer des émotions et de ressentir les vôtres. Après l’exclusion de la vache et du chien, viendra la nôtre. Et cette exclusion-là est également déjà bien avancée.

Formidable, que ce bricolage en conclusion : l’exploitation animale permettrait aux humains de rester naturels! Quel n’importe quoi!

Un n’importe quoi au service de l’élevage, bien sûr. Et pourtant… Les éleveurs sont condamnés, car leur démarche est incompatible tant avec la morale qu’avec la réalité naturelle de notre planète : trop de pollution, trop de consommation d’eau, trop de déforestation nécessaire, trop de territoires agricoles confisqués pour l’exploitation animale !

Les gens comme Jocelyne Porcher tentent de sauver les éleveurs, coûte que coûte… mais ils sont condamnés d’avance !

Walter Bond et Earth first !

Il y a quelques semaines, Walter Bond a accordé une interview aux Etats-Unis, depuis sa prison, sur son expérience personnelle de la scène straight edge, de l’activisme pour les animaux, etc.

Il constate bien entendu que la scène straight edge et de la musique hardcore a été marquée par le virilisme, une certaine violence interne (même si n’ayant rien à voir avec la violence des milieux où prédominent l’alcool et les drogues), bref il a un regard lucide.

De manière intéressante, voici son point de vue concernant Earth first ! Rappelons en effet que Walter Bond associe, de manière fort logique à notre sens, libération animale et libération de la Terre. Voici son point de vue, qu’on peut accepter ou refuser, mais qui est en tout cas toujours intéressant, comme d’habitude avec Walter Bond.

J’ai remarqué que tu as deux tatouages identiques sur chaque partie de ton cou, avec des clefs croisées. Ce qui est un symbole typiquement associé à l’organisation Earth first ! As-tu déjà été associé avec EF ?!

Les clefs sur mon cou sont similaires à l’emblème d’Earth First ! mais pas tout à fait le même. Ils utilisent une clef à mollette se croisant avec un tomahawk. Mes clefs à mollettes sont celles de l’emblème d’Earth first !, qui est devenu synonyme de Vegan Straight Edge.

Pour moi, c’est un symbole de la résistance Vegan Straight Edge. Cela dit, j’aime le roman « Le gang à la clef à mollette » d’Abbey et je pense que groupe Earth First ! d’origine était spectaculaire. Ces vieux activistes comme David Foreman et Howie Wolke ont été des véritables pionniers et des activistes super efficaces.

Malheureusement, la version actuelle d’Earth First ! n’a rien à voir avec le groupe d’origine. Je n’ai jamais été affilié à Earth First ! autrement que par une décalaration de solidarité que j’ai écrit à leur demande. Je dirais que la dernière fois que j’ai été emprisonné en Iowa en 1997, j’ai eu le livre de Foreman « Confessions d’un éco-guerrier » et cela a été vraiment inspirant et influent !

Quand Foreman est parti et que Judi Bari est devenu plus intéressé à l’établissement d’une cohérence idéologique communiste / socialiste au sein du groupe, beaucoup de gens sont partis. Il semble que tu fais davantage le lien avec l’EF ! d’origine, avec sa multitude de perspectives idéologiques. Foreman, on m’a dit, était disposé à travailler avec tout le monde : anarchistes, républicains, vegans, mangeurs de chair, tant qu’ils étaient biocentriques et orientés vers l’action directe.

Tu dis vrai, je me réfère bien plus à l’EF ! de Foreman, principalement parce que c’était bien plus efficace que le nouveau anarcho-EF ! Quelques fois lors de mon activisme je me suis considéré comme relevant de l’anarchisme, ou en tout cas verbalement je m’y référais, étant donné que c’était si prévalent dans ce qui est considéré comme le radicalisme et la militance dans la communauté pour la libération animale.

J’en suis venu à regretter cela, et j’en suis vraiment arrivé à comprendre que l’anarchie / l’anarchisme est préjudiciable, contribuant à diviser et distraire le mouvement.

Le point sur lequel se concentrent la libération animale et de la Terre devrait évidemment être les animaux et la Terre. Non pas des théories ou des programmes politiques ridicules et schizophrènes.

C’est le cas avec le nouveau EF ! et la plupart des anarchistes en général. Il semble que pour ces gens la libération animale et de la Terre ne sont importants que dans la mesure où c’est placé à la queue de leur liste initiale des questions politiques. Dans ce processus, un grand nombre de gens se sentent étrangers au mouvement.

J’ai toujours admiré l’EF ! de Foreman, en partie parce que c’était tellement politiquement synthétique. Tout comme le mouvement Vegan Hardline et le mouvement Vegan Straight Edge à ses débuts, certains points de vue étaient très conservateurs et d’autres très progressistes. J’admire aussi le fait que quand EF ! a commencé cela a vraiment été lancé par un groupe comme noyau dur d’activistes à la base, et non pas de politiques. Il n’y avait pas de motivation ultérieur ou de programme de questions reliées en dominos. Seulement la défense de la Terre et de la nature sauvage.

Il est facile de voir le grand intérêt de la réflexion de Walter Bond. Ces derniers mois, on a ainsi pu voir débarquer des gens se définissant comme plus radicaux que radicaux, se définissant comme anarcho-queer et allant jusqu’à célébrer le porno, qui n’ont amené qu’une réaction de défiance générale, contribuant à renforcer au maximum l’extrême-droite qu’ils prétendaient combattre.

Il est vrai que leur démarche relève de l’esprit du moment, qui privilégie le spectaculaire, le grotesque, le glauque, comme avec les catastrophiques actions à la « 269 ».

Rien de cela ne parle aux gens « normaux », aux acteurs et actrices du quotidien, qui font face aux questions concrètes de la condition animale. On est libre après de ne pas opposer la théorie et la pratique ; Walter Bond est ici pessimiste plus qu’autre chose.

Ségolène Royal à la tête d’un « grand ministère de l’écologie »

L’écologie n’existe pas en France en tant culture, par conséquent, même si les dominants reconnaissent qu’il faut tout de même « faire semblant », au final il ne se passe rien. D’ailleurs il suffit de voir le site d’Europe Ecologie – les Verts de manière régulière et on peut voir que l’écologie est très loin d’être le thème dominant.

C’est à ce titre justement qu’EELV a refusé quelque chose qui aurait pu être historique : la formation d’un « grand » ministère de l’écologie, avec une personne d’EELV qui en soit responsable.

On imagine l’impact culturel que cela aurait pu avoir. Mais justement les gens d’EELV savent bien qu’ils n’ont rien à proposer sur ce plan. Ils ont donc refusé… trop risqué pour eux !

C’est donc une catastrophe de plus, après toute une série ; rappelons ici quelques articles : Nicole Bricq, débarquée du ministère de l’écologie par les industrielsDelphine Batho, une politicienne qui utilise l’écologieLe ministère de l’écologie s’installera dans… une tour de la Défense!.

Il faut en effet se souvenir que depuis l’élection de François Hollande, les ministres de l’écologie défilent… Nicole Bricq n’a été ministre qu’un mois, virée sous la pression des industriels comme l’explique notre article. Puis il y a eu Delphine Batho, de juin 2012 à juillet 2013, qui a été amenée à partir en raison de la question du budget.

Puis, enfin, il y a eu Philippe Martin, de juillet 2013 à mars 2014, qui exprime dans la presse sa déception de s’être fait débarquer.

Pour finir, on peut toujours courir pour une existence de l’écologie en France, car le nouveau ministre est… Ségolène Royal.

Tout le monde savait depuis longtemps qu’elle bataillait ferme pour être ministre. Elle considérait même devoir être premier ministre, ce qui serait selon elle impossible en raison du fait qu’elle a été la compagne de François Hollande.

Elle reçoit donc l’écologie, sans que cela soit son domaine de prédilection, même si elle a été brièvement ministre de l’Environnement du 3 avril 1992 au 29 mars 1993. D’ailleurs, elle ne compte pas s’y impliquer à fond puisqu’elle compte rester à la présidence de la région Poitou-Charentes.

L’écologie est un moyen d’être « présente », en tant que numéro trois du gouvernement, au titre d’ailleurs d’un ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Voilà pourquoi elle a expliqué suite à sa nomination :

« J’en suis très honorée et en même temps je connais l’exigence que cela appelle dans un ministère majeur pour le redressement du pays et les créations d’emplois qui vont avec. »

Il y a quelques semaines, elle disait également :

« Les Français ne demandent qu’à être écologistes. Pourquoi ? Parce que ça coûte moins cher. Mais il faut d’abord la mutation économique : réaliser les travaux d’isolation, faire monter en puissance les énergies renouvelables, faire baisser le prix des voitures électriques : à ce moment-là, on pourra verdir la fiscalité. »

Ici, l’écologie, c’est la modernisation du capitalisme, c’est tout. La Nature n’existe même pas. C’est à comparer avec ce que Ségolène Royal avait pu dire par le passé. Ainsi, en 1992, alors qu’elle était ministre de l’écologie, on avait eu un lyrique :

« Le réchauffement climatique est un vrai problème de civilisation. Il faut revoir nos modes de civilisation, nos modes de vie, remettre en cause cette fuite en avant du toujours plus de consommation, du toujours plus d’air à polluer. »

On ne peut pas dire que Ségolène Royal ait fait quoi que ce soit en ce sens… Ce qui n’empêche pas le lyrisme. Voici ce qu’elle osait dire en 2010 :

« Je conteste l’efficacité écologique de la taxe carbone face à l’enjeu du réchauffement climatique. Qu’est-ce qui est en jeu ? Ni plus ni moins que la survie de l’espèce. Nous sommes à la croisée des chemins. Soit nous poursuivons sur la voie d’un mode de vie insoutenable, dont nous savons tous qu’il provoquera à brève échéance un véritable « écocide ». Soit nous changeons radicalement de comportement. »

Voilà des mots forts… Mais Ségolène Royal n’a pas rejoint pour autant la cause de la Libération de la Terre…

De la même manière, elle expliquait également qu’en Poitou-Charente, sa présidence était exemplaire, avec des phrases comme :

« La région Poitou-Charentes est devenue la première région écologique d’Europe avec un plan sur l’énergie solaire et les énergies renouvelables unique dans son ampleur. »

En 2011, le quotidien Libération était allé vérifier, et non seulement il n’y a pas de classement de ce type, mais même s’il y en avait un la région serait derrière d’autres régions d’Allemagne et d’Autriche, et même de France d’ailleurs !

Tout cela est ô combien révélateur : l’écologie sert de faire-valoir, d’exigences pour la modernisation. Mais la Nature ? Elle n’existe même pas pour ces gens.

Des poules comme programme électoral?!

Gilbert Meyer (UMP) a été réélu maire de Colmar. Il avait entre autres eu une étrange promesse électorale, comme en témoigne cet article du Nouvel Observateur…

Les dernières lignes de l’article font frémir. On est dans un utilitarisme des plus sordides.

Elles témoignent aussi, nous en parlons régulièrement, de l’engouement pour la petite production, pour le petit capitalisme où l’exploitation animale joue un rôle essentiel et même incontournable (au sujet des poules, on peut consulter les articles « Elever des poules en ville, c’est écolo et de plus en plus cool », ainsi que  Prendre les oeufs des poules relève de l’exploitation animale).

Ce que propose d’ailleurs ici Gilbert Meyer membre de l’UMP, c’est en fait exactement ce que veulent de leur côté les « décroissants » (eux aussi veulent des poules, comme le montre l’image résumant leur conception). C’est le refus de l’universalisme, le refus d’une humanité mondiale unifiée, et assumant le véganisme en profitant d’une économie organisée à grande échelle pour justement éviter l’exploitation animale.

Avec la crise, malheureusement, l’idéologie du repli est puissant, nombreux sont les gens qui veulent leur maison – leur lopin de terre – leur autonomie alimentaire. On peut comprendre le désir de protection face à la crise, mais il serait absurde de ne pas voir ici qu’une telle orientation relève du retour en arrière, de l’individualisme.

D’ailleurs, et c’est le paradoxe : c’est Truffaut, et là on est dans le grand capitalisme, qui fournit les moyens à la petite exploitation animale d’exister !

C’est dire, si c’était encore nécessaire, que le « réformisme » en faveur des animaux a tort. Il n’y a pas d’améliorations, il y a au contraire une toujours plus grande modernisation et diffusion de l’exploitation animale, à l’échelle locale comme à l’échelle mondiale.

Microbes producteurs de méthane

Cette information, diffusée par le journal Le Figaro, est typiquement la perspective scientifique qui va s’imposer au 21e siècle. Les bactéries, les microbes, sont au centre de la vie et de son évolution. Leur rôle est central dans la vie de la planète.
Ainsi, on aura toujours plus de découvertes dans ce domaine. Peut-être même que la lutte contre le réchauffement climatique dépend des avancées sur ce plan – ce qui ne va pas sans la remise en cause fondamentale de l’anthropocentrisme.

Des microbes responsables de la plus grande extinction terrestre?

Des microbes producteurs de méthane, puissant gaz à effet de serre, pourraient avoir provoqué la plus grande extinction de l’histoire terrestre il y a 252 millions d’années avec la disparition brutale de 90% des espèces, selon des chercheurs américains.

Ce nouveau scénario, qui s’appuie sur l’analyse d’une abondance de fossiles, indique que des micro-organismes appelés méthanosarcina se sont soudainement multipliés de façon explosive dans les océans, produisant de gigantesques quantités de méthane. Ce gaz, qui s’est retrouvé dans l’atmosphère, a modifié le climat et la chimie des océans, soulignent ces experts dont la théorie va venir alimenter la controverse sur le sujet.

Si des éruptions volcaniques ne sont pas totalement exclues pour expliquer cette extinction, l’une des cinq connues dans le passé de la Terre, elles jouent dans ce scénario un rôle accessoire, précisent ces chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology), dont les travaux sont publiés lundi dans la dernière livraison des Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS). 

Les nouveaux indices suggèrent, selon ces scientifiques, que l’explosion de la population de ces microbes s’expliquerait par une nouvelle aptitude à utiliser une source riche en carbone organique grâce à l’influx d’un nutriment, le nickel, provenant de ces éruptions volcaniques.

Ces scientifiques étayent leur scénario sur trois séries d’indices séparées. Tout d’abord, des preuves géochimiques témoignent d’un accroissement exponentiel du dioxyde de carbone (CO2) dans les océans à cette même période de l’extinction de la fin de l’ère Permienne. 

Ensuite, ils se réfèrent à des indices génétiques montrant un changement biologique de ces microbes, les méthanosarcina, à cette même époque, leur permettant de devenir des producteurs majeurs de méthane à partir de l’accumulation de CO2 dans les océans. 

Enfin, une analyse des couches sédimentaires montre un accroissement soudain du nickel exactement à la même période. Les dépôts de carbone montrent que quelque chose a produit une augmentation importante et soudaine de gaz contenant du carbone –du dioxyde de carbone et du méthane– produits au moment de la grande extinction.

Certains chercheurs ont suggéré que ces gaz carboniques provenaient de volcans ayant formé les trapps de Sibérie, une vaste formation de lave basaltique produite par les plus grandes éruptions volcaniques dans les annales géologiques de la Terre. Mais les chercheurs du MIT ont démontré que ces éruptions n’étaient pas suffisantes pour produire tout le carbone mesuré dans les sédiments.

De plus, « une injection rapide de CO2 provenant de volcans aurait été suivie d’une diminution graduelle », explique l’un des chercheurs, Gregory Fournier. « Or ce fut l’inverse, avec un accroissement rapide et continu qui laisse penser à une explosion de microbes producteurs de méthane ».

« Pourquoi les animaux ne parlent pas »

L’un des arguments les plus mis en avant pour dévaloriser les animaux (non humains) est leur réduction à des sortes de machines réagissant simplement avec des pulsions. C’est ce qu’explique ici Descartes, dans une Lettre à Newcastle.

Les animaux ne réagiraient que de manière mécanique, ils ne disposeraient pas du libre-arbitre et la preuve de cela serait leur absence de langage. Descartes en veut pour preuve que, si ce n’était pas le cas, ils tenteraient de s’adresser à nous, d’une manière ou d’une autre. Et s’ils le font, alors Descartes réduit cela à des « pulsions », des automatismes.

Il y a alors deux solutions: soit accorder aux animaux le statut d’individu, ce que veut l’idéologie des « droits des animaux ». L’individu se voit reconnu des « droits » relevant de la constitution formée par les humains. C’est ce qu’on appelle le droit « positif ». L’objectif est alors une sorte de 1789 pour les animaux.

Soit au contraire réfuter que l’être humain dispose du libre-arbitre, ce qui est alors la position de l’athéisme. Cela revient à considérer que tous les êtres vivants ont des droits en tant que tel, parce que la Nature cherche à développer la vie, elle évolue et cherche à devenir plus complexe, plus développée, plus épanouie, etc. C’est ce qu’on appelle le droit « naturel ». Les individus sont alors compris comme un élément du tout.

La question du langage montre que c’est l’athéisme qui a raison. C’est la Nature qui existe sur notre planète, c’est elle qui se transforme, il n’y a pas eu de « Dieu » pour parler et ainsi créer comme le prétend la genèse avec la formule « Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut ».

Montaigne a ainsi raison quand il se moque de la prétention humaine:

« La présomption est notre maladie naturelle et originelle. La plus calamiteuse et frêle de toutes les créatures, c’est l’homme, et quant et quant la plus orgueilleuse.

Elle se sent et se voit logée ici, parmi la bourbe et le fient du monde, attachée et clouée à la pire, plus morte et croupie partie de l’univers, au dernier étage du logis et le plus éloigné de la voûte céleste, avec les animaux de la pire condition des trois ; et se va plantant par imagination au-dessus du cercle de la lune et ramenant le ciel sous ses pieds.

C’est par la vanité de cette même imagination qu’il s’égale à Dieu, qu’il s’attribue les conditions divines, qu’il se trie soi-même et sépare de la presse des autres créatures, taille les parts aux animaux ses confrères et compagnons, et leur distribue telle portion de facultés et de forces que bon lui semble. Comment connaît-il, par l’effort de son intelligence, les branles internes et secrets des animaux ? Par quelle comparaison d’eux à nous conclut-il la bêtise qu’il leur attribue ? »

Voici donc ce que dit inversement Descartes:

Enfin, il n’y a aucune de nos actions extérieures, qui puissent assurer ceux qui les examinent, que notre corps n’est pas seulement une machine qui se remue de soi-même, mais qu’il y a aussi en lui une âme qui a des pensées, exceptées les paroles, ou autres signes, faits à propos de ce qui se présente, sans se rapporter à aucune passion.

Je dis les paroles ou autres signes, parce que les muets se servent de signes en même façon que nous de la voix ; et que ces signes soient à propos, pour exclure le parler des perroquets sans exclure celui des fous, qui ne laisse pas d’être à propos des sujets qui se présentent, bien qu’il ne suive pas la raison ;

et j’ajoute que ces paroles ou signes ne se doivent rapporter à aucune passion, pour exclure non seulement les cris de joie ou de tristesse, et semblables, mais aussi tout ce qui peut être enseigné par artifice aux animaux ; car si on apprend à une pie à dire bonjour à sa maîtresse, lorsqu’elle la voit arriver, ce ne peut être qu’en faisant que la prolation de cette parole devienne le mouvement de quelqu’une de ses passions ;

à savoir, ce sera un mouvement de l’espérance qu’elle a de manger, si l’on a toujours accoutumé de lui donner quelque friandise, lorsqu’elle l’a dit ; et ainsi toutes les choses qu’on fait faire aux chiens, chevaux et aux singes ne sont que des mouvements de leur crainte, de leur espérance, ou de leur joie, en sorte qu’ils les peuvent faire sans pensée.

Or, il est, ce me semble, fort remarquable que la parole étant ainsi définie, ne convient qu’à l’homme seul.

Car bien que Montaigne et Charron aient dit qu’il y a plus de différence d’homme à homme, que d’homme à bête, il ne s’est toutefois jamais trouvé aucune bête si parfaite qu’elle ait usé de quelque signe, pour faire entendre à d’autres animaux quelque chose qui n’eût point de rapport à ses passions, et il n’y a point d’homme si imparfait qu’il n’en use ; en sorte que ceux qui sont sourds et muets, inventent des signes particuliers, par lesquels ils expriment leurs pensées.

Ce qui me semble un très fort argument, pour prouver que ce qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous, est qu’elles n’ont pas de pensées, et non point que les organes leur manquent.

Et on ne peut pas dire qu’elles parlent entre elles, mais que nous ne les entendons pas ; car, comme les chiens et quelques autres animaux nous expriment leurs passions, ils nous exprimeraient aussi bien leurs pensées, s’ils en avaient.

« Febrero, el miedo de los galgos »

La situation des lévriers galgos en Espagne est l’un des plus grands crimes généralisés relevant de la « tradition » (voir par exemple notre article Les lévriers Galgos, torturés et massacrés à grande échelle en Espagne). La dimension de ces massacres, leur haut niveau de brutalité et de torture, tout cela fait que le scandale devrait être général et international.

Il existe d’ailleurs de nombreuses personnes organisant le soutien aux galgos, notamment en France (Galgos France, Association Galgos…).

De fait, le processus est lent, mais on devrait y arriver. Aussi peut-on apprécier à sa juste valeur cet article très documenté que vient de publier le quotidien Le Monde.

D’une certaine manière, il a une dimension historique. Il parle d’une actualité – un film en défense des galgos, intitulé Febrero, el miedo de los galgos (« Février, la hantise des galgos »), et il présente la situation des animaux.

A l’avenir, innombrables seront de tels article d’informations – la question animale est incontournable au 21e siècle. Et elle ira forcément dans le sens de la libération animale!

En Espagne, le « calvaire » des lévriers

Ces images de chiens attachés à un véhicule, forcés à le suivre sur une vingtaine de kilomètres pour les entraîner à courir, seuls trois députés espagnols ont pu les voir. Mercredi 12 mars, pas un de plus n’est venu à la présentation organisée spécialement pour les 350 membres du Congrès. C’est peu, très peu même, surtout quand l’on sait le surprenant succès rencontré à travers le pays avant ce rendez-vous avec ses représentants : 70 demandes de projection en deux mois, organisées spontanément par des salles de cinéma de Barcelone, Madrid, Séville, ou Valence, et des dizaines d’interviews pour Irene Blanquez, à l’initiative du projet.

D’ordinaire monteuse de films publicitaires, celle qui avec Febrero, el miedo de los galgos (« Février, la hantise des galgos ») signe son premier documentaire est pourtant ravie d’avoir pu accéder aux décideurs politiques, accompagnée de militants associatifs et de propositions pour enfin briser « le calvaire des lévriers espagnols », les galgos.

L’Espagne est l’un des seuls pays européens à autoriser, encore aujourd’hui, la chasse sans fusil. En 2004, l’Angleterre a finalement décidé de bannir la chasse à courre de son territoire, pourtant vieille de quatre siècles. En France, si la vénerie attire encore quelques milliers d’amateurs, une proposition de loi a été déposée en mai dernier pour la faire arrêter, et l’utilisation de lévriers est interdite depuis 1844.

L’Espagne se singularise par les modalités de sa pratique : dans les larges plaines caillouteuses de la moitié sud du pays, au cœur des communautés autonomes de Madrid, de Castille-La Manche ou d’Andalousie, la chasse au lièvre prend la forme d’une course entre chiens, lâchés dès qu’une proie apparaît à l’horizon. Selon Irene Blanquez, 190 000 chasseurs s’adonneraient encore aujourd’hui à un exercice populaire toujours très ancré dans les zones rurales, où ceux qui élèvent et entraînent des chiens se souviennent l’avoir fait « toute leur vie ».

DES MILLIERS DE CHIENS CONCERNÉS CHAQUE ANNÉE

Plus que la chasse elle-même, ce sont surtout ses conséquences sur les chiens qui alertent les défenseurs des animaux. Elevés en nombre par leurs propriétaires « galgueros », surentraînés, ils seraient tués, trop souvent torturés, et au mieux abandonnés dès lors que leur charge prendrait le pas sur leur utilité. L’échéance est rapide : un lévrier voit ses performances fondre dès ses trois ou quatre ans. Elle peut être plus courte encore, car la tradition se mêle aussi de l’« honneur » du chasseur et refuse une victoire à un chien « sale », qui aurait rusé, empruntant virages et raccourcis pour faciliter sa tâche, ce qui ne tarde pas à arriver lorsque celui-ci gagne en expérience. Pour laver cet « affront », les propriétaires sont accusés de déployer, sur les chiens coupables, de barbares techniques de mise à mort. Sur les images filmées par ceux qui s’en émeuvent, des animaux démembrés, lacérés, squelettiques.

« Miroir grossissant de comportements déviants », accusent les galgueros. « Je suis pourtant tombée dessus avec évidence durant mes tournages, et mes interlocuteurs ne voyaient pas en quoi cela pouvait être problématique », se souvient Irene Blanquez. Chaque année, des milliers de chiens seraient ainsi concernés. Pas moins de 50 000, avancent certaines associations. « Le phénomène est difficile à quantifier », avoue la réalisatrice, « mais on sait par exemple que cette année, pour le seul mois de février, durant lequel se termine la saison de chasse, plus de 3 000 chiens ont été sauvés », beaucoup dans un triste état de santé.

Oscar Hernandez Zarzuelo, président de la fédération de galgos de Castille-La Manche, récuse avec fermeté ces chiffres « mensongers » et avance une autre théorie : « La grande majorité des chiens qui semblent abandonnés en Espagne sont le résultat de vols », au détriment des galgueros, et destinés à alimenter un marché noir. M. Zarzuelo, qui dit représenter les pratiquants d’un « sport qui réunit le plus de personnes après le football » dans sa région, et une activité « ancestrale » aujourd’hui très réglementée, contre-attaque en mettant en cause l’intégrité des défenseurs des animaux : « Derrière les associations de protection des animaux, il y a un important commerce d’adoption de galgos en Europe. » Brigitte Auloy, chargée de mission à l’international au sein de la Fondation Brigitte-Bardot, qui intervient aujourd’hui dans une soixantaine de pays, conteste cette version des faits : « En fait, la majorité des galgos abandonnés finissent en fourrière et sont euthanasiés. Ils ne font le négoce de personne. »

MINCE SOUTIEN POLITIQUE

Selon Mme Auloy, certaines campagnes espagnoles se caractériseraient par la prégnance d’une culture peu soucieuse du bien-être animal, dont seraient victimes les lévriers. « A l’instar de la corrida, entre autres traditions locales, l’animal est encore trop souvent considéré comme un divertissement, ou dans le cas des galgos, comme un outil de travail dont on se débarrasse facilement. Il faudrait faire évoluer les mentalités », explique-t-elle. Irene Blanquez a les mêmes mots : une campagne nationale de sensibilisation serait nécessaire. Or, aujourd’hui, si de nombreux bénévoles se mobilisent, « face à l’ampleur de la situation et avec le temps et l’argent dont ils disposent, ils ne peuvent que répondre à l’urgence, c’est-à-dire soigner les animaux blessés et tenter de les faire adopter ».

Les soutiens politiques sont minces, dans un pays où même le roi s’affiche aisément en tenue de chasse, arme à la main et gibier aux pieds, et où « la moitié des députés » partageraient cette passion, si l’on en croit Mme Blanquez. Et si le code pénal espagnol prévoit bien jusqu’à un an d’emprisonnement en cas de maltraitance d’un animal domestique, dans une question à la Commission européenne posée en 2011, des députés européens s’inquiétaient de constater que cela n’était « pas du tout mis en application en Espagne, en tout cas pas lorsqu’il s’agit des galgos ». « Le bien-être des chiens n’est pas du ressort de l’UE, ce problème reste sous la seule compétence des Etats membres », bottait alors en touche la Commission.

Michèle Striffler, députée européenne (UDI), confirme cette inertie des structures politiques espagnoles et européennes : « Les chasseurs en Espagne sont très puissants et leur lobby a un poids qu’on n’imagine pas forcément. » En avril 2013, la député tente d’interpeller de nouveau la Commission au sujet des « tortures infligées aux lévriers » en rédigeant une déclaration dénonçant le non-respect par l’Espagne des textes européens relatifs à la protection animale. Las, malgré une mobilisation de militants derrière elle pour presser ses collègues de la soutenir, celle-ci ne convaincra que 221 signataires sur les 766 possibles, une majorité étant nécessaire pour transmettre l’initiative. « C’est affligeant. Les députés n’ont pas osé », se désole Mme Striffler, qui a décidé de se rendre directement en Espagne en avril prochain pour essayer de faire entendre sa cause auprès des autorités locales.

PREMIÈRE CONDAMNATION EN 2013

En attendant plus vaste soutien, la défense des chiens de chasse espagnols est donc principalement le fait du monde associatif. Espagnol, mais aussi, de façon surprenante, issu des pays voisins. Chaque année, la Fondation Brigitte-Bardot déclare dépenser plusieurs milliers d’euros en frais vétérinaires pour soigner les animaux blessés, des sommes « encore bien insuffisantes ». Surtout, plusieurs associations françaises, belges, ou allemandes, aident à l’adoption des rescapés. « Les Espagnols ouvrent des yeux comme des soucoupes quand ils voient les galgos sur nos canapés. Pour eux, c’est une aberration de les avoir comme chiens de compagnie. Et il est donc très difficile de les faire adopter sur place », explique Nelly Moullec, présidente de l’association Galgos France, qui chaque année parvient à faire recueillir environ 250 chiens par des familles françaises.

Malgré la difficulté de la situation, les militants croient pourtant voir poindre quelques signes d’encouragement. A la fin de 2013, pour la première fois, un chasseur a été condamné à sept mois de prison pour avoir pendu l’un de ses chiens. Plus encore, en Espagne, c’est le travail de prise de conscience qui semble enfin démarrer. En février, le très célèbre présentateur de télévision Jorge Javier Vazquez s’est joint au mouvement de protestation, dénonçant au milieu de son émission de divertissement le sort des galgos. « Il semble que dans les cercles people avoir un lévrier devienne à la mode, note Irene Blanquez avec espoir. Les médias commencent à s’intéresser un peu au sujet, et, en voyant le succès de mon documentaire, je crois que la société est surtout prête à changer cette situation. »

On est libre de ne pas attendre quelque chose des « cercle people », ni même d’une société subissant une terrible crise économique et qui par conséquent risque de se tourner toujours plus vers le social-darwinisme et le nationalisme. Il est facile de voir que sans révolution des mentalités, sans révolution tout court, on ne se débarrassera pas des ces « traditions » et de ces mentalités barbares, tout à fait par ailleurs dans l’esprit « franquiste ».