Heidegger: une prétendue critique de la technique qui n’a rien d’écologiste

En France, les anti-écolos ont réussi à mettre au point un stratagème impitoyable. Ils présentent le philosophe allemand Martin Heidegger comme un grand critique de la « technique », afin d’en faire un « précurseur » de l’écologie.

Heidegger ayant fait partie des institutions de l’Allemagne nazie, ce stratagème permet de disqualifier l’écologie, selon l’équation : écolo = nazi. Il y a ici un véritable fonds de commerce, avec une énorme littérature, dont celle de son chef de file actuel : Luc Ferry, ancien ministre de l’éducation nationale (avec son ouvrage Le Nouvel Ordre écologique).

Ce thème est quasi systématiquement abordé en classe de terminale, en philosophie: on peut s’imaginer de l’impact anti-écologique et anti-vegan.

Non seulement Heidegger n’est pas du tout un précurseur de l’écologie, mais en fait il n’est même pas un critique de la technique…

Comme il le dit lui-même, lors d’une émission à la télévision allemande ZDF en 1969 : « Au préalable il faut dire que je ne suis pas contre la technique. Je ne me suis jamais prononcé contre la technique, et pas non plus comme le prétendu aspect démoniaque de la technique ; en fait, j’essaie de comprendre l’essence de la technique. »

D’où le fait que, que ce soit dans les cours de philosophie en terminale ou bien dans les articles « philos », la prétendue critique de la technique par Heidegger n’existe toujours qu’en seconde main. Son explication à lui n’est jamais mise en avant, et pour cause !

Le point de vue de Heidegger est en effet très différent de ce que les anti-écolos disent de lui. Les anti-écolos, mais également les mystiques délirants qui pour le coup sont favorables à la prétendue « critique » de Heidegger… Les deux courants se nourrissant l’un l’autre !

Les anti-écolos, et les mystiques, disent donc que selon Heidegger, la technique devient une fin en soi. Ce n’est plus l’être humain qui domine la technique, c’est la technique qui domine l’être humain. Tout est subordonné à la technique ; la technique est devenue indépendante.

En France, on présente ainsi Heidegger comme quelqu’un regrettant que la nature perde toute valeur en raison de la domination de la technique, et il serait par conséquent un précurseur de l’écologie.

Mais que dit vraiment Heidegger ? S’il s’est senti obligé de rappeler qu’il n’est pas contre la technique, ce n’est pas pour rien.

Car Heidegger considère que la philosophie est une sorte de poésie mystique capable de « transcender » le réel. Il n’est pas « contre la technique », en réalité il rejette toute science, au nom de la métaphysique.

Il dit ainsi : « La philosophie cherche un savoir qui est antérieur à toute science et pousse au-delà de toute science, elle cherche un savoir qui n’est pas nécessairement assujetti aux sciences » (La logique comme question en quête de la pleine essence du langage).

Si Heidegger se méfie de la « technique », il se méfie donc tout autant du langage, c’est-à-dire de tout ce qui n’est pas « l’être. » Voilà pourquoi il apprécie la poésie de type « mystique » ou délirante : pour lui elle va plus loin que la science.

Mais Heidegger ne s’intéresse pas à la nature : il s’intéresse seulement à l’être humain, l’être humain qui se transcende, comme dans les films pro-nazis de Leni Rifenstahl : « Le triomphe de la volonté » et « Les dieux du stade. »

Dans ce schéma, il n’y a pas de place pour les animaux et pour la Terre, qui n’ont certainement pas une valeur en soi.

Heidegger le dit de manière explicite :

« Quand un chien périt ou qu’une chatte met bas, ce n’est pas là de l ‘histoire ; à la rigueur ce qui peut arriver est qu’une vieille tante en fasse toute une histoire (…).

Nous avons restreint l’histoire à l’être de l’homme. Mais de l’étant non-humain, comme par exemple l’avion du Führer que nous avons mentionné, peut lui aussi devenir historique, en entrant dans l’histoire d’une manière spécifique et qui constitue une manière particulière d’advenir.

Avec cette restriction, nous déterminons l’histoire comme être de l’homme et rejetons les expressions d’ « histoire des animaux » et d’ « histoire de la Terre » comme ne disant rien. L’histoire est un caractère distinctif de l’être de l’homme » (La logique comme question en quête de la pleine essence du langage).

Il va de soi que ces propos sont à l’opposé total d’une vision de Gaïa comme lieu de l’histoire de la vie. Pour Heidegger, la Terre n’existe que de manière mécanique, et les animaux seulement de manière instinctive.

Seul l’être humain décide, et il est donc supérieur. Sa supériorité résidant dans le « choix », voilà pourquoi Heidegger a soutenu le nazisme, le culte de la volonté de dominer, le principe de « la force par la joie », etc.

Et voilà aussi pourquoi il se méfie de la technique : celle-ci risque de nuire à l’esprit de domination. Ce qui fait que Heidegger préfère les poètes et les artisans des époques passées, car le fait de « dominer » en faisant quelque chose de choisi était plus « clair » (et donc plus « facile » pour l’esprit conquérant).

Camp Action Climat Belgique 29 juillet – 4 Août

Cet été aura lieu un camp « action climat » en Belgique, à Liège, c’est-à-dire une réunion de gens dans « un camp qui soit neutre en matière d’émissions de CO2 et organisé de façon horizontale, orienté vers l’action directe et l’éducation. »

Le lieu exact est encore tenu secret, mais voici une présentation de cette action. On notera toutefois de manière critique que s’il est parlé de crise climatique, il n’est jamais parlé de crise de la situation des animaux sur cette planète.

La crise climatique n’est ici vue que sous l’angle des intérêts humains, ce qui à nos yeux ne donne qu’une vision partielle de la situation… et donc des tâches à mener!

Nous ne voulons pas de FAUSSES SOLUTIONS ni de « GREENWASHING* »

Copenhague aura au moins vu briller une étincelle, qui devrait nous encourager à la construction de notre mouvement à l’avenir: alors que le sommet « officiel » sur le climat fut un échec total, de nombreuses personnes ont montré qu’elles étaient déterminées à agir par elles-mêmes.

En dépit de toute la répression et du manque évident d’ambition dans les discussions à l’intérieur du Bella Center, des protestations à l’extérieur nous laissaient entendre l’appel au changement. C’est sur ce sol que nous pourrions impulser l’élan de notre mouvement pour la justice climatique. Cela ne cesse de se confirmer: nous ne devons pas attendre de vraies solutions de la part de nos dirigeants politiques, mais devenir actifs nous-mêmes!

Au quotidien, de nombreux politiciens, les médias et le monde des entreprises matraquent les citoyens de « vert », tout en continuant à fonctionner comme avant. Leurs solutions ne représentent qu’un lavage de leur produit habituel à la teinture « verte », dans la tentative de maintenir l’insoutenable système capitaliste actuel, par la proposition de mesures qui se conforment au marché libre. Cette approche est de toute évidence loin d’être efficace.

Les sociétés réalisent des bénéfices énormes grâce au commerce des émissions de carbone, alors que les problèmes réels sont dissimulés: un système économique inepte, basé sur le profit, une croissance illimitée et une augmentation constante des inégalités sociales. Les crises économique et climatique actuelles démontrent plus que jamais leurs conséquences désastreuses.

Le changement climatique se produit… maintenant !

Pendant ce temps, le changement climatique s’accentue. Les conséquences pour l’écosystème et les êtres humains deviennent plus claires de jour en jour, particulièrement dans les pays du Sud, parmi les populations les plus pauvres et dans les écosystèmes les plus vulnérables.

Les engagements actuels des pays n’amèneront qu’à limiter l’augmentation de la température à 3 ou 4°C, ce qui correspond à un bouleversement climatique catastrophique.

IL EST TEMPS DE PASSER A L’ACTION

Il est temps de passer à l’action. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour une politique climatique socialement juste et efficace à Copenhague. Des milliers d’activistes ont essayé de pénétrer le lieu de conférence pendant l’action « Reclaim Power », afin de faire pression pour la mise à l’ordre du jour d’une justice climatique et sociale.

Certaines des grandes revendications

À la lumière de la situation politique, le mouvement mondial pour la justice climatique prend de l’allure, favorisant de véritables solutions alternatives. Nos idées et propositions rejoignent les réclamations de CJA (« Climate Justice Action »), un réseau international pour la justice climatique.

  • Nous devons laisser des combustibles fossiles dans le sol. Par contre, nous devons investir dans des énergies renouvelables qui soient contrôlées par la communauté, et réduire rigoureusement l’asservissement à l’énergie de la société actuelle.
  • Le capitalisme global est insoutenable par définition. Nous devons enrayer la surproduction destinée à la surconsommation. Une croissance illimitée n’est pas possible sur une planète aux ressources limitées.
  • Tout le monde devrait pouvoir accéder de manière égale aux biens communs par le contrôle et la souveraineté de la communauté concernant l’énergie, les forêts, la terre et l’eau.
  • Nous devons reconnaître la responsabilité historique de l’élite mondiale et des pays riches du Nord, d’avoir causé cette crise. L’équité entre le Nord et le Sud est essentielle.

Si nous plaçons l’humanité avant le profit et la solidarité au-dessus de la compétition, nous pouvons vivre des vies étonnantes sans détruire notre planète.

Sois actif, viens au Camp Climat!

C’est en ayant tout ça à l’esprit qu’un large groupe d’activistes de Belgique et de l’étranger se sont rassemblé.e.s pour créer cet été un Camp d’Action pour le Climat. Celui-ci aura lieu du 29 juillet au 3 août en région liégeoise. Inscris-toi à notre newsletter trilingue pour être tenu.e au courant des préparatifs (on ne surchargera pas vos boîtes mail!).

Alors que depuis quelques années, des camps régionaux préparaient le terrain pour des actions en faveur du climat, un premier « camp climat » national a eu lieu dans le port d’Anvers en août 2009. Plus de 400 personnes ont ainsi participé à une semaine riche de formations, actions directes, rencontres et échanges.

Des actions furent menées contre l’industrie de la viande, le projet du « Lange Wapper », l’énergie nucléaire, etc. Le temps d’une journée, nous avons également occupé l’entreprise de transbordement de charbon la plus importante du port.

Tout le monde est bienvenu

Nous voulons que le camp soit aussi inclusif que possible et qu’il touche tou.te.s celles/ux qui partagent notre vision. Le camp est un endroit pour les gens qui cherchent des solutions au-delà de la rhétorique creuse des gouvernements et des grosses entreprises ; pour chacun.e qui s’inquiète du fait que les petites mesures prises par ceux-ci ne soient pas assez efficaces pour couvrir l’étendue du problème ; pour tou.te.s celles/ux qui pensent que les politiques actuelles concernant le climat ne font qu’augmenter les inégalités et les injustices ; pour quiconque souhaite trouver des alternatives concrètes ici et maintenant ; pour quiconque s’inquiète de notre futur et souhaite réagir.

Ce n’est pas seulement un endroit pour les activistes expérimenté.e.s, mais également pour tou.te.s celles/ux qui sont intéressé.e.s par la démarche, qui veulent apprendre plus, et cherchent des manières de devenir actifs/ves. Et bien sûr, chacun.e est libre de participer aux actions directes, ou pas !

Nous essayons d’organiser le camp de manière écologique et sans émission de carbone. Permettre aux gens de se rassembler au camp est notre manière de construire un mouvement pour la justice climatique capable de s’atteler à la suspension des causes premières du changement climatique.

Implique-toi !

Viens au camp, ou encore mieux, associe-toi aux étapes de préparation! Nous sommes tous des volontaires et toute aide est la bienvenue. Quel que soit ton bagage, il y a de quoi faire.

Plus d’info et inscriptions à notre newsletter sur http://www.campactionclimat.be.

* « Greenwashing » : « Whitewashing » signifiant « blanchiment », les anglo-saxons ont inventé le terme « greenwashing » pour dénoncer l’action des garants du capitalisme qui vise à « verdir » les produits de façon à ce que ceux-ci « passent mieux » (maintenant que l’état de la planète inquiète), à la manière dont on « blanchit » l’argent sale. Terme difficile à traduire sans y perdre de sa pertinence…

L’Afrique et le véganisme: une question d’avenir

A LTD, nous comprenons le véganisme comme une question mondiale, à l’heure où l’humanité généralise un mode de vie destructeur.

Il y a donc tout lieu de s’intéresser au développement du véganisme dans les autres pays, et plus particulièrement aux pays qui ces vingt dernières années connaissent une industrialisation accélérée en raison de l’agro-business.

Cela est vrai en Amérique latine, d’où la vague en faveur de la libération animale et de la libération de la Terre. Mais cela est vrai aussi en Afrique. Voici une interview d’un afro-américain – on utilise le terme d’afrikan en anglais pour souligner la dimension politique et culturelle – qui se consacre justement à comprendre la situation du véganisme en Afrique.

Son blog s’appelle Afrikan Raw Talk, et l’interview, avec ses réponses à nos questions, peut être lue en anglais sur son site.

1.De quoi parle ton site?

« Afrikan Raw Vegan Talk »[Discussion vegan crudivore afrikaine] tente de montrer qu’il existe des vegans noirs, y compris et en particulier des vegans crudivores noirs, qu’ils deviennent visibles, et ont des expériences et des succès pertinents en tant que vegans dans le monde africain, tant sur le continent que dans la diaspora.

Le site cherche aussi à rendre concret et à documenter le fait qu’être africain et vegan est une composante critique et progressiste de notre lutte pour la libération et du désir d’humaniser notre existence tout en chérissant notre planète unique et délicate.

2.Comment en es-tu arrivé à faire ce site?

Je suis vegan depuis onze années désormais, et quand j’ai commencé à faire ce site au début de 2008, je voulais voir davantage de présence vegan noire, davantage de commentaires vegans noirs sur Internet, et plus particulièrement à partir de la perspective de vegans de couleurs expérimentés sur le long terme, sûr d’eux-mêmes et déterminés.

Pas seulement des journaux intimes sous forme de blog de vegans de 30 jours à l’essai, en train d’essayer de perdre du poids, même si cela peut être important aussi.

Ce blog représente une perspective anti-impérialiste, anti-capitaliste, anti-suprématie blanche, humaniste, activiste, radicalement pour l’environnement, pan-africaine, afro-centée et tiers-mondiste, qui est hardcore, straight edge et présent dans la scène depuis longtemps.

C’est un véganisme tiers-mondiste qui est très engagé dans la société selon la perspective comme quoi la révolution est nécessaire, et comme quoi le véganisme est une composante, libératrice et donnant de la force, de la transformation humaine nécessaire pour la survie et pour le progrès des espèces primates.


3.Comment vois-tu la culture qui s’est développée en Afrique noire comme étant liée au véganisme?

Je ne suis pas en pratique un archéologue ou un anthropologue spécialisé en ce domaine, mais beaucoup de preuves historiques et d’anecdotes présentent une partie des Kemet, également connus comme les anciens Egyptiens, comme végétariens.

En général, les diètes de l’époque pré-coloniale se fondaient sur les aliments complets, qu’il y ait ou non de la viande. Et les modes de vie pré-coloniaux de nombreuses zones de l’Afrique noire étaient considérées par les anthropologues occidentaux de l’époque (le milieu du 19ème siècle) comme parmi les meilleurs pour la santé de par le monde.

Maintenant, notre espérance de vie et notre qualité de vie sont les plus courtes et les plus misérables, largement en raison du néo-colonialisme, du néo-libéralisme et de la domination par des gouvernements criminels.

Nous sommes dépendants de l’aide, et le régime foncier en Afrique est dans un état de crise perpétuelle, alors que l’agro-business choisit en priorité le cacao, le café et les fleurs, au lieu de la nourriture.

Nous vendons même d’immenses hectares de terre à des pays étrangers, afin qu’ils produisent de la nourriture pour leurs propres populations !

Le pastoralisme animal est un autre problème, détruisant la végétation sur de vastes zones de terre, accélérant la désertification. Si sur toute cette terre poussaient des fruits et des légumes, beaucoup de nos problèmes de sécurité alimentaires et nutritionnels pourraient commencer à être résolus.

Et toutes ces tendances exacerbent grandement les inégalités de genre alors que les femmes luttent pour organiser des jardins pour la cuisine, afin de nourrir les familles, et tendent ainsi à en rester au travail crucial mais totalement impayé de reproduire la force de travail.

Alors que les hommes, eux, tendent à se focaliser sur les cultures servant le profit, et reçoivent pour aller en ce sens, de manière préférentielle, de l’outillage et des fonds des gouvernements, des multinationales et de certaines ONG.

Dans l’ensemble, la transition vers le véganisme en Afrique diminuera la malnutrition, augmentera les niveaux de production, élèvera le niveau d’auto-suffisance et, je pense, réduira les tendances au conflit et à l’agression inutile.

En termes de politique alimentaire, nous pouvons faire pousser tellement de nos propres fruits et légumes frais, de manière biologique et durable, si nous nous concentrons sur ce but aux niveaux continental et local.

En termes de revenus pour la société, je pense que le véganisme améliore la tolérance sociale, le bien-être physique, qu’il réduit le stress, fait que le cerveau fonctionne de manière plus efficace, améliore l’immunité et réduit les maladies, réduit les niveaux de cancer, etc.

Enfin, dans une société végane, les gens deviendront davantage coopératifs et conscients de l’intendance correcte de la terre, et de la responsabilité au niveau de la société, et de la cohésion.

Le véganisme en Afrique sera probablement encore bien plus révolutionnaire que cela.


4.En France, nous avons des gens d’origine africaine, et ils sont d’une manière ou d’une autre liés culturellement à l’Afrique.
Mais si les plus âgés ont souvent un point de vue très sage, un point de vue très critique, qui souligne que la justice prévaudra nécessairement même s’il faut du temps pour cela, les jeunes sont relativement éloignés du véganisme et d’un point de vue critique par rapport à ce qu’on peut appeler Babylone. Que penses-tu de cela?

J’ai foi en la jeunesse. J’ai 26 ans. Je suis encore considéré comme jeune. Je dirais presque que j’ai davantage foi dans la jeunesse que dans la vieille génération, qui sur beaucoup de points a échoué et nous a déçu, échouant à réaliser les promesses du panafricanisme ou les droits civiques.

Ce sont les jeunes qui deviennent végans, qui deviennent des penseurs critiques, qui remettent en question les anciennes conceptions, et disposent de manière correcte des traditions inutiles qui n’ont pas de valeurs ni de sens.

Je n’ai pas un respect inné pour la tradition, personnellement je dis qu’il faut choisir la raison plutôt que les conventions.

Babylone ce n’est pas que la société suprémaciste blanche et capitaliste, c’est aussi des traditions et des tendances anti-humaines, qui divisent, anti-intellectuelles, réactionnaires, autoritaires, homophobes, misogynes et stupides, en Afrique et dans le monde noir.

Beaucoup de jeunes noirs sont perdus, beaucoup de jeunes ont perdu l’espoir, en raison des échecs de la société qui les amènent à rechercher ce dont ils ont besoin sur le dos des autres. La haine de soi, l’ignorance et la pauvreté à la base des vies des jeunes amène à beaucoup de pauvres résultats, qui ne sont que trop visibles.

Moins visible est la jeunesse visionnaire, la jeunesse révolutionnaire, la jeunesse organisée qui construit l’art, qui construit des armées de sagesse et de changement.

Mais je pense que la jeunesse visionnaire tient les rênes du futur et se confrontera courageusement aux immenses défis du présent et du futur proche, qui sont surtout donnés à nous par nos parents et grand-parents souvent avides, obstinés et inconscients.

5.En France, lorsque nous pensons à la position afrikaine [afro-américaine] révolutionnaire en Amérique du Nord, nous pensons à Move ou Dead Prez. Néanmoins, nous avons une critique : il semble que la perspective d’une vie sans poison est l’aspect central, pas vraiment la nature, les animaux, la Terre. Que répondrais-tu à cela?

Pour les Africains, il y a peu de temps pour se focaliser sur la libération animale seulement. Cela n’a pas de sens, quand les humains sont dans une telle misère.

Quelqu’un comme moi ne pourrait jamais se placer dans la scène blanche pour la libération animale, parce qu’ils agissent comme si c’était le problème central de l’injustice dans le monde, ce qui est dans ma perspective à la fois absurde et ridicule.

Les gens opprimés commencent à partir de la perspective de leur propre oppression. Bien entendu, tout le reste est inclus lorsque nous considérons les épouvantables tendances humaines qui amènent à toutes sortes d’exploitation.

L’agression, l’avidité, l’ignorance, la violence, la domination… s’appliquent à créer des hiérarchies et l’exploitation parmi les humains et entre les humains et les animaux.

Mais quelqu’un comme moi et je pense Dead Prez ou l’organisation MOVE considère comme une urgence de se focaliser sur les problèmes humains, et ne peuvent pas, avec bonne conscience, se focaliser sur la libération animale seulement.

Seule une personne très privilégiée peut se permettre de se focaliser sur la libération animale seulement, et ainsi pour beaucoup de gens de la position africaine révolutionnaire en Amérique du Nord, ce genre de chose reste extérieur, et cela me semble juste.

Nous n’avons pas le luxe de pouvoir nous focaliser sur une seule question, en particulier une qui est tangente pour notre propre souffrance et notre propre oppression en tant qu’êtres vivants noirs. Tout doit être inclus – libération humaine, libération de la Terre, libération non-humaine.

6.Tu soulignes l’importance de la nourriture crue. Peux-tu nous en parler?

L’alimentation végane crue est pour moi ce qu’il faut pour la santé. Dans une large mesure, cela libère une personne d’avoir à faire face aux maladies, à l’inquiétude concernant sa santé. Je n’ai pas été ne serait-ce que légèrement malade en de nombreuses années.

Aux USA, en particulier parmi les gens africains, la maladie est pratiquement un thème central dans la vie, que ce soit l’obésité, le cancer, le diabète, la congestion cérébrale, les infarctus, l’impotence, le stress, etc.

Le véganisme crudivore, en particulier le véganisme crudivore faible en gras qui consiste surtout en des fruits frais et en des légumes verts, est pratiquable, aisé sur le plan matériel en termes financier, et créatif.

Et il exige de la discipline et de la cohérence, des tendances dont nous avons besoin en tant que personnes se considérant comme révolutionnaires.

Le véganisme crudivore est à la fois extrêmement bon pour la santé, et amène également les gens à devenir plus hardcore et plus sérieux quant à la vie et le travail. Le véganisme crudivore c’est une santé vigoureuse et une mentalité sans compromis.

7.L’Afrique est un continent en attente de la révolution. Penses-tu que le véganisme est la clef pour cela?

Oui. Le véganisme est partout potentiellement une composante importante de la révolution, et nous avons besoin de la révolution partout dans le monde.

Nous avons besoin d’esprits guerriers vegans qui ont une vue globale au sujet de comment les humains coexistent dans le monde avec les autres êtres vivants, tout en corrigeant les contradictions sociales dans la société humaine.

Une société plus humaine émergera avec le véganisme en arrière-plan, dans et après la révolution. Et également une société avec une santé meilleure, plus juste, et durable.

Deux exemples de contradiction de la « protection animale »

Le terme de « bien–être » animal commence à se répandre et à faire parler de lui. Est-ce une bonne chose ou une mauvaise chose?

Malheureusement cela peut être une chose très mauvaise… Si la perspective à long terme n’est pas claire. En voici deux nouveaux exemples, relativement parlant.

Voilà déjà en effet un article de l’Est républicain, qui montre que nourrir des chats peut être considéré comme un crime par cette société! Il y a là un véritable enjeu, une question de fond: le rapport aux animaux.

Mais comme on peut le lire, les associations de « protection animale » ne le voient pas du tout, cet enjeu…

« À Raze, les chats sont repartis jouer avec les souris. Ils pouvaient pourtant, en juin encore, profiter d’une bonne table chez l’habitant. Les chefs, Serge et René Vuillaume, se sont vu interdire de nourrir les gourmets à quatre pattes. Poursuivis par un voisin, ils ont été déclarés coupables par le tribunal de proximité de Vesoul pour non-respect des règles sanitaire départementales.

« Cela faisait vingt ans que je les nourrissais », explique Serge Vuillaume le baume au cœur.

Les deux frères ont cessé de nourrir les félins depuis le 15 juin. Mais rue Haute, le voisinage ne voit pas la fin de ce rendez-vous inscrit au Gault et Vuillaume félin d’un bon œil. « Aujourd’hui ils sont tout maigres, ils crèvent de faim », s’exclame une voisine qui craint que ces riverains à quatre pattes finissent par devenir agressifs, guidés par la famine. Un autre s’étonne : « C’est maintenant que nous allons avoir des problèmes sanitaires. Ils vont finir par véhiculer des maladies. »

« J’ai également écrit à 30 millions d’amis et à la fondation Brigitte Bardot. Ils m’ont simplement répondu de ne pas les nourrir. »

Certes, le rendez-vous de 16 h 30 dans la cour des frères Vuillaume ne rassemble plus une soixantaine de chats comme cela a été le cas auparavant. Mais les bêtes sont toujours dans le village et viennent désormais réclamer à la boulangerie, ou encore au centre périscolaire.

Face à cette situation, la commune espère qu’une convention avec la société protectrice des animaux (SPA) de Dampvalley ou de Gray permettra de solutionner le problème. Mais pour l’instant, le maire a reçu une fin de non-recevoir. Il est notamment reproché d’avoir attendu que la situation devienne ingérable pour faire appel à l’association.

Serge Vuillaume précise également que jusqu’ici, « la SPA n’a jamais répondu aux courriers » qu’il a envoyés. Et de conclure : « J’ai également écrit à 30 millions d’amis et à la fondation Brigitte Bardot. Ils m’ont simplement répondu de ne pas les nourrir. »

L’avenir n’est donc pas rose pour les matous de Raze. Car la fin des rendez-vous croquettes dans la cour des Vuillaume est à mettre aussi en parallèle avec le départ d’une autre voisine généreuse l’an dernier.

La balle est aujourd’hui dans le camp des SPA de Gray et Dampvalley. Mais celles-ci ne souhaitent pas se charger de tous ces matous. « Ce n’est pas à nous de rattraper ces erreurs », expliquait le président de la SPA de Dampvalley.

À l’origine du recours devant le tribunal de proximité, Jean-Pierre Istre constate que la situation est redevenue acceptable mais « n’exclut pas de saisir le tribunal administratif » afin de mettre la mairie et la SPA devant leurs responsabilités.

« Je vais d’abord rendre compte de la situation aux habitants ayant signé la pétition. mais il faut que les SPA fassent leur boulot, s’il y a toujours des animaux errants », poursuit le gendarme retraité.

Face à cette agitation, nos matous conservent un flegme bien félin. Ils sont certes moins gras, mais ils sont toujours là. »

Nourrir des chats est un crime, dans une société complètement sclérosée qui attend de la SPA qu’elle « fasse son boulot »… Avec des lois qui font qu’un animal sans maître est forcément considéré  comme « errant », sans droit…

Triste panorama! Triste, mais logique: le seul droit qu’a l’animal, c’est d’appartenir, d’être une propriété. C’est pour cette raison justement que les associations de « protection animale » sont dépassées dans ce genre de situation.

Leur vision du monde est administrative. Leur démarche vise simplement à amoindrir les crimes – pas à les abolir. Les associations de « protection animale » pourraient promouvoir le véganisme; si elles ne le font pas, c’est que leur démarche va à l’opposé du véganisme. Brigitte Bardot n’est pas seulement pas végan: elle est contre le véganisme, sinon elle l’assumerait…

Les associations ne savent ainsi raisonner qu’en terme de « bien-être » qui est un grand fourre-tout bon finalement à seulement donner bonne conscience aux consommateurs et consommatrices de chaire animale. Elles sont le moyen pour l’exploitation animale de se donner un visage humain.

Voici justement un second exemple. Nous avions déjà critiqué la PMAF – Protection Mondiale des Animaux de Ferme – pour son soutien à Pfizer et un vaccin permettant d’éviter la castration à vif. On tombe ici de Charybde en Scylla: on pense aider les animaux, et finalement on soutient un grand labo à moderniser l’industrie de l’exploitation animale!

Voici donc un équivalent belge:

Chez Colruyt, les porcs ont des couilles !

Colruyt et Okay seront les premiers magasins du pays à ne plus vendre de viande d’animaux castrés

HAL D’ici à fin 2010, finie la souffrance des porcs au sein du groupe de distribution belge ! Colruyt vient de faire savoir que ses magasins (et ceux de sa filiale Okay) seront les premiers du pays à se soucier du bien-être de ces animaux malodorants. On se souvient qu’une grande campagne de Gaia avait en son temps dénoncé le calvaire des porcelets castrés à vif. Tout simplement parce que la production d’hormones chez le porc va de pair avec une horrible odeur de verrat lors de la cuisson de la viande…

Mais si les porcs ne sont plus castrés, alors, ça va puer ? Que nenni, assure Colruyt, puisque désormais les animaux seront vaccinés à l’Improvac. Le médicament, comme la castration, arrête la production d’hormones. De plus, la vaccination est un processus simple et réversible. Elle n’entraîne pas de souffrances inutiles chez l’animal et diminue les risques d’infection.

Et, le plus important pour nous consommateurs, on ne retrouve pas de traces de vaccin dans la viande, ce qui permet de conserver une qualité et un goût intacts.

Le vaccin Improvac, de la firme pharmaceutique Pfizer, a été approuvé en juin 2009 par les autorités européennes. Après une série de tests positifs menés sur 2.600 animaux, le groupe Colruyt et ses fournisseurs ont décidé d’un commun accord de laisser les testicules aux porcs. Les éleveurs commenceront à utiliser systématiquement l’Improvac à partir de septembre : de cette façon, les magasins proposeront uniquement de la viande de porcs vaccinés d’ici à la fin 2010.

Cette « nouvelle » dénuée de tout bon sens et de toute sensibilité montre bien comment les animaux dits « de boucherie » n’ont aucune valeur et n’ont droit à aucune compassion. La souffrance des animaux « de boucherie » est constamment présente, qu’elle soit physique ou psychologique. Ce n’est pas l’arrêt des castrations qui va empêcher les cochons de souffrir et les rendre heureux!

Seulement voilà, c’est là qu’interviennent les associations et leurs discours sur le « bien-être » des animaux. Ainsi, dans une logique de consommation constante et accrue de chair, au lieu de ficher la paix aux animaux, on « abrège » des souffrances (ici la castration) en imposant comme recours un vaccin toxique, pour les espèces animales, végétales et humaines…

C’est-à-dire qu’on modernise l’exploitation…. On aide l’industrie à se moderniser, à aller plus vite, à accélérer les cadences!

Alors que le bien-être des animaux passe bien sûr par une non exploitation et une vie dans un environnement naturel loin de toute domination humaine.

Mais les associations disent que ce n’est pas possible pour l’instant… Alors il faudrait des réformes. Des réformes, comme celle de l’interdiction de la castration des porcelets mise en avant par l’association belge Gaia, qui n’amènent finalement rien de positif pour nos amis. Car leur statut ne change pas, ni même vraiment leur réalité matérielle.

Pourtant l’association « GAIA félicite la première enseigne belge à prendre le bien-être des porcs au sérieux »… Donnant ainsi des gages à l’exploitation animale.

Une belle preuve que la culture associative de la « protection animale » est bien éloignée de la culture de la libération animale!

Être humain dénaturé, environnement dénaturé…

Il faut bien comprendre que si le véganisme se développe, c’est en partie également une conséquence de la destruction forcenée de la nature qui est en cours ces dernières années.

Les êtres humains se dénaturent, ils bétonnent le monde, vivant dans un rapport de force avec la nature.

Dernier symbole de cette culture : la semaine dernière, un pique-nique annuel de fin d’année de la cantine scolaire de Venansault a consisté en une démonstration de force du cuisinier.

Des écoliers de 8 à 11 ans ont été confronté à un discours on ne peut plus typique de la domination : « comme vous avez traité le personnel comme des chiens, on va vous traiter comme des chiens. »

Et ils ont été obligés de ramper pour obtenir de la nourriture…

C’est une belle démonstration de comment la domination des animaux fait partie du principe de domination en général, tout comme l’exploitation animale fait partie de l’exploitation en général ! Pour refuser la domination, il faut refuser toute domination, qu’elle soit symbolique (les jeux sado-maso par exemple) ou pratique même si elle concerne des êtres vivants non humains!

Et qui dit être humain dénaturé dit monde dénaturé. La semaine dernière, à Dammartin-en-Goële en Seine-et-Marne, dix vaches se sont échappés d’un enclos.

Or, la nature est tronçonnée par le béton. Résultat, de nombreuses routes ont été concernées par ces vaches : la N2 a été fermée, mais ont aussi été concernés l’A1, l’A104, la N3 et la N330 !

C’est dire le maillage du bétonnage ! Et à quel point l’organisation des habitations est mal faite : soit il y a des villes surpeuplées, soit des zones où l’on vit de manière isolée et où la voiture est nécessaire…

Des zones organisées tout aussi de manière chaotique que les villes : il a fallu une semaine pour récupérer les vaches, alors qu’un veau a été abattu. C’est dire comment c’est le sens de la propriété et de l’exploitation qui façonne la nature, la rendant incompréhensible pour les humains, qui ne la voient que comme une simple ressource, alors qu’eux-mêmes sont une composant de la nature!

Et c’est dire également l’hypocrisie des éleveurs. Parmi les méthodes pour les capturer, on a le fait de mettre de l’eau et une vache calme dans un endroit, ou encore de parler à la vache en fuite pendant une heure – ce qui montre que les êtres humains cherchant à capturer les vaches ont dû reconnaître, bien malgré eux, le caractère vivant des vaches, leur sensibilité.

Subitement on se rappelle qu’il s’agit d’êtres sensibles… C’est le premier aspect.

Le second aspect est la dimension totalement dénaturée : voici les propos de l’éleveur, qui reconnaît qu’il n’a en fait aucun rapport avec les vaches :

«Il faut réinstaurer la confiance. Il faut du temps. Avant, ce n’était pas possible avant car elles étaient traquées. On parle à l’oreille des vaches, sourit-il, enfin soulagé. Et il ne faut pas oublier qu’elles pèsent 600 kilos et sont élevées pour la viande. Elles n’ont pas l’habitude d’être manipulées. Si elles résistent alors qu’on essaye de les attacher, c’est dangereux. »

Entre le cuisinier qui a pratique l’humiliation sur des enfants et l’éleveur pour qui « ses » vaches sont des sortes d’abstractions, on a tout un résumé de la culture dominante…

Nuclear Baltic Sea Info Tour 2010

Si certainEs partent dans le Nord de l’Europe cet été, il est donc possible de rendre visite aux occupantEs du terrain prévu pour l’abattoir à Wietze. Mais il y a également une autre initiative qui a lieu cet été dans le Nord.

Elle concerne cette fois la mer Baltique, qui est, de toutes les mers du monde, la plus radioactive en raison de l’activité humaine.

La mer Baltique échange en effet peu avec les autres océans : seulement 1% par an; les activités humaines sont donc immédiatement lourdes de conséquences…

Or, il y a vingt installations nucléaires qui sont actives dans la région, et qui polluent la Baltique… Et il ne faut pas penser à la Russie seulement : les réacteurs suédois polluent 100.000 fois plus que la centrale de Saint- Petersbourg…

Est notamment en cause la centrale suédoise de Forsmark, tristement connue pour son accident de 2006, où on a risqué la fusion du coeur dans les sept minutes ou les huits heures, selon les analyses… L’année d’avant, en 2005, on s’était déjà aperçu que les containers devant tenir de 50 à 100 ans présentaient déjà des problèmes au bout de dix ans…

Mais également la catastrophe de Tchernobyl, ainsi que les nombreux tests atomiques…

A quoi s’ajoute l’installation nucléaire de Sellafield, au Royaume-Uni.

Installation qui s’appelle Sellafield et non plus Windscale pour une raison simple : il y a eu un accident dans un réacteur en 1957, avec un nuage radioactif parcourant le pays, alors pour donner le change à l’opinion publique à moyen et long terme…

Sellafield a évidemment eu d’autres soucis, de très nombreux autres soucis, durant toutes les années 1970, 1980…

Et ce jusqu’à aujourd’hui, notamment en 2005 où une zone a été fermée pendant deux années, où dans une pièce en béton armé conçue afin de recueillir les fuites, on a retrouvé… 83 000 litres de matière radioactive, contenant 200 kilos d’uranium, seuil d’une réaction nucléaire en chaîne !

Pour terminer le panorama, des déchets nucléaires sont censés être enfouis… sous la Baltique, à Forsmark, ainsi qu’à Olkiluoto en Finlande…

Un mouvement anti-nucléaire se reconstruit donc au Danemark, en Suède et en Finlande, pays où le mouvement nucléaire s’est effondré à la suite des années 1970, alors qu’en France il s’est maintenu, en Allemagne il est resté puissant, et en Autriche il a réussi à faire interdire en 1978 toute utilisation de centrale nucléaire dans le pays.

Une campagne est donc menée, sur un parcours de 6.000 kilomètres, afin d’alerter quant à la situation de la mer Baltique. Si vous passez dans la région cet été, n’hésitez pas à passer les voir (Saint-Pétersbourg, Riga, Vilnius, Jezioro Żarnowieckie, Greifswald, Copenhague, Malmö, Stockholm, Olkiluoto/Rauma et Oulu).

Interview au sujet de l’occupation du terrain destiné au plus grand abattoir d’Europe, prévu à Wietze en Allemagne

En Allemagne a lieu une occupation de terrain: celui devant servir au plus grand abattoir d’Europe. Voici nos questions aux activistes menant l’action…

1. Pouvez-vous nous parler de votre occupation ?

Dans la nuit du 23 au 24 mai 2010, nous avons, à une trentaine de personnes, commencé l’occupation d’un terrain, dans le but d’empêcher la construction prévue d’un abattoir.

Dans la première nuit, nous avons construit un tripode [voir les deux photos], à peine deux semaines après il y avait les premières huttes.

L’élargissement du campement continue de manière ininterrompue, la connexion avec d’autres personnes en résistance est en cours, et une programmation régulière a lieu sur le terrain occupé.

2. A quoi devrait ressembler le plus grand abattoir de poulets d’Europe?

L’entreprise Rothkötter entend construire le plus grand abattoir de poulets d’Europe, ici à Wietze.

Il est censé y avoir deux lignes d’abattoirs, avec 27.000 poulets abattus par heure, soit l’équivalent de 7,5 par seconde.

Pour cela seront construits et utilisés dans la région au moins 420 installations de gavage, avec chacune 39.999 poulets.

A côté de l’abattage, c’est également à Wietze que les poulets seront découpés, empaquetés et envoyés. Le travail et la livraison seront également menés la nuit.

Afin de réaliser ce travail à la chaîne seront employés quotidiennement 600 poids lourds, dont 200 transports d’êtres vivants qui iront à l’abattoir prévu.

L’abattoir prévu gâchera également 3,3 millions de litres d’eau chaque jour. Les eaux usées, seront contaminées par des restes de médicament et des antibiotiques, malgré la station dépuration, iront dans la rivière voisine, l’Aller, qui se déverse dans la Mer du Nord, la polluant ainsi que la mer des Wadden [zone côtière de 9.000 km² dont une très grande partie est un parc national].

3. Qu’est-ce qui vous a amené à lancer ce mouvement?

Cette occupation a été et est menée par de nombreux individus, qui tous et toutes sont une composante de l’action, pour différentes raisons. Pour beaucoup effectivement, il y a au premier plan la libération animale.

Ainsi, presque toutes les personnes qui mènent l’occupation sont véganes, et se revendiquent contre toute forme d’exploitation animale.

Un autre point consiste en les conséquences environnementales de l’abattoir prévu, et la situation de l’animal en général, dans ce lieu, dans la région et globalement.

Localement, il y a le danger de la salinisation des terres par le pompage des nappes phréatiques et la pollution des eaux par l’arrivée des eaux usées.

De plus, on peut présumer qu’il y aura une acidification des terres, des forêts et des eaux dans toute la région, puisque le purin accumulé des installations de gavage, dans un périmètre de 100 kilomètres autour de Wietze, va fournir à l’environnement une énorme teneur en ammoniac.

A côté de l’ammoniac, il y aura de plus un impact sur le climat avec un rejet plus grand de particules fines, par la circulation plus grande de poids lourds.

La menace grandissante des incendies des zones des forêts humides afin d’avoir davantage d’alimentation amène des problèmes sociaux en plus des problèmes écologiques.

Ainsi, la population indigène est de plus en plus repoussée dans la forêt, les gens se voient enlevés la base matérielle de leur vie, et forcés à des rapports de dépendance.

Toutes ces raisons nous ont amené à être une partie de ce mouvement, et à participer activement à une occupation.

Le poulet dit: « Alors, moi, si on me demande mon avis… »

4. Voulez-vous en revenir à la campagne des petits paysans?

La restructuration de la campagne par l’industrialisation et la monoculture a en de nombreux endroits comme conséquence la perte d’une certaine autonomie pour les gens qui sont actifs dans l’agriculture.

Les petits paysans deviennent les employés des grandes entreprises, perdant toute forme d’auto-détermination. Dans les pays du sud, des économies de subsistance entières sont détruites.

Une agriculture autogérée n’est pour nous viable qu’en dehors des structures et obligations capitalistes. Nous soutenons une agriculture locale au possible, répondant aux besoins concrets des gens, une agriculture qui produit autant que possible de manière écologique, et sans exploitation animale.

5. Vous parlez d’élevage de masse comme terrain pour la maximisation du profit. Que voulez-vous dire par là?

Nous voyons les élevages de masse comme une conséquence logique de l’élevage dans le capitalisme.

La conception largement diffusée dans la société, comme quoi les animaux seraient seulement des objets pour la satisfaction de « besoins » humains, est poussée jusqu’au bout dans le capitalisme.

Une production la plus haute possible de viande, avec une utilisation petite au possible de ressources, peut être obtenue en élevant les animaux sur des terrains toujours plus petits.

De plus, les animaux ne peuvent quasiment pas bouger, et donc la plupart des calories est orientée vers la production de viande, qui est utilisable pour le profit.

A partir de là, dans la production de produits d’origine animale, la division du travail est tendanciellement plus grande, ce qui augmente les possibilités d’une plus grande exploitation et d’une plus grande maximisation du profit.

6. Comment est-il possible de vous aider?

– Passer nous voir, vivez la résistance et connectez-vous à nous

– Diffusez l’information concernant l’occupation

– Menez vous-même l’action directe contre la destruction et l’oppression de l’être humain, de l’animal et de l’environnement

– Si vous le pouvez, aidez-nous matériellement et financièrement. Vous trouverez plus de détail sur notre site web www.antiindustryfarm.blogsport.de

– Nous sommes toujours contentEs d’avoir du courrier : A. Adam c/o Besetzer_innen Reihernweg 2 29323 Wietze Deutschland

Victoire de la campagne contre ESCADA !

Nous avons déjà sur LTD parlé de la campagne contre ESCADA, campagne qui a commencé en octobre 2007.

Eh bien l’entreprise ESCADA, qui fait dans le luxe féminin dans 60 pays, a décidé d’abandonner la fourrure, cédant donc devant la campagne, qui a eu lieu dans 14 pays.

ESCADA avait été choisie car elle avait ses propres usines, et ses produits étaient vendus exclusivement dans ses propres magasins ou dans des franchisés.

La campagne consistait en une grande propagande contre ESCADA, des actions devant les magasins, etc. On peut trouver la liste des très nombreuses initiatives sur cette page.

A noter par contre que pour des raisons juridiques, cette page ne contient pas les communiqués des actions illégales. L’ALF s’est en effet, selon ses propres termes, « mis dans la partie », et avait notamment dévasté les bureaux du siège social d’ESCADA en Allemagne. En France le magasin parisien dans la luxueuse avenue Montaigne a par exemple eu ses serrures bloquées avec de la colle.

Non mais quelle chimie!

Voici un poème de Walt Whitman (1819-1892), une grande figure de la littérature américaine. Il s’agit d’une très belle vision de comment la vie l’emporte, à travers ses propres transformations. Un grand merci au lecteur de LTD qui nous a fait découvrir ce texte, tiré du classique « Feuilles d’herbe » qui a eu une influence importante sur les symbolistes français (dont fait partie Rimbaud, dont nous avons publié récemment le poème « Aube » et « Le dormeur du val »).

Regardez, regardez bien notre fumure!

Imaginez un peu que le moindre de ses atomes provienne d’un corps humain qui fut malade – mais regardez plutôt!

L’herbe printemps tapisse les prairies,

La pousse du haricot crève sans bruit le terreau de la couche jardinière,

Le vert de l’oignon pointe délicatement vers le haut,

Les pommes bourgeons font grappe sur les branches du pommier,

La résurrection du blé visage cadavérique quitte la nuit du sépulcre

Les teintes rougissent aux verges du saule aux rameaux du mûrier

L’oiseau mâle carole ses chants matin et soir cependant que la femelle couve,

La jeune volaille casse la coquille de son oeuf,

Les jeunes animaux naissent, le veau glisse du ventre de sa mère, le poulain de la jument,

Sur la butée en terre ponctuellement paraissent les feuilles vert sobre de la pomme de terre,

Sur la sienne grimpe la tige jaune du maïs, cependant que dans la cour fleurissent les lilas,

L’innocence du feuillage de l’été n’a que mépris pour toutes ces strates de cadavres acides.

Non mais quelle chimie!

Penser que les vents ne sont pas porteur d’infection,

Penser qu’il n’y a pas de tromperie au ressac couleur jade translucide de l’océan qui me caresse de sa poursuite amoureuse,

Penser que je peux sans crainte lui laisser me lécher le corps par toutes ses langues,

Penser qu’il ne menacera pas ma santé de toutes ces fièvres qui ont fait dépôt en lui,

Penser que son hygiène est indéfiniment assurée,

Penser que la gorgée d’eau prise au puits a vraiment bon goût,

Penser que les mûres ont un parfum juteusement sucré,

Penser que les pommes des vergers, les oranges des orangeraies, les melons, le raisin, les pêches, les prunes ne m’empoisonneront pas,

Penser que quand je me couche dans l’herbe je n’attraperai pas de maladie,

Même s’il y a de fortes chances pour que le plus petit brin d’herbe provienne de ce qui fut naguère contagion microbienne.

Puis voici que la Terre me terrorise par son calme sa patience

Tant elle fait naître de choses douces de matières corrompues,

Tant elle tourne innocemment sur son axe immaculé dans le défilé inexorable de ses cadavres infectieux,

Tant elle distille de vents exquis à partir d’infusions de puanteur fétide,

Tant elle renouvelle dans une totale indifférence la somptuaire prodigalité de ses moissons annuelles,

Tant elle offre de matières divines aux humains en échange de tant de déchets qu’elle reçoit d’eux en retour.

Parole sordide: « Des animaux ne pouvaient même pas faire de la pâtée pour chiens »

L’exploitation animale est synonyme de schizophrénie.

Bien souvent, les gens fuient les vegans non pas en raison de critiques, mais justement en raison de l’absence de critique. La simple idée de fréquenter une personne végane atteint parfois chez ces gens une dimension insupportable.

Submergés de culpabilité, ils prennent un prétexte et fuient! Toute personne végane connaît ce processus, où l’hypocrisie se mêle souvent à la mauvaise foi. Et paradoxalement, il n’est pas rare que plus une personne est culturellement proche du véganisme, plus l’idée de faire « un saut » la paralyse.

Comme quoi il faut toujours se souvenir que ce qui compte ce n’est pas son « choix », mais les animaux. Si on a cela en tête, on est prêt à s’améliorer.

Evidemment, pas quand on est une présidente de tribunal. Là on est dans une schizophrénie totale: on met les pauvres en prison car ils ne respectent pas la loi, mais inversement on voit bien que la loi est faite pour les riches…

Pareil pour les animaux. Voici un article de Ouest-France très parlant. Très parlant de la réalité de l’exploitation animale.

Car il ne s’agit pas de quelques personnes ayant mal agi, en l’occurence dans une petite entreprise en Bretagne, à Saint-Gonnery: dans les structures géantes de l’agro-business la mort est tout aussi horrible, et l’exploitation animale existe à tous les niveaux, jusqu’à « l’animal de compagnie » où les besoins et les droits de l’animal restent incompris, ou méprisés.

Très parlant donc sur cette réalité, mais aussi sur la schizophrénie. La présidente du tribunal arrive en même temps à dire:

« Nous avons été très éprouvées par ces photos »

ainsi que:

« Des animaux ne pouvaient même pas faire de la pâtée pour chiens »

Cette dernière phrase est particulièrement révélatrice de l’ordre qui règne… Un ordre fondé sur l’exploitation des animaux et la destruction de la planète!

Comment peut-on parler d’êtres vivant de cette manière? Et c’est de ces gens-là que les partisans des « droits » des animaux attendent des lois, des interdictions?

Non, il n’y a rien à attendre de ces gens-là et de la « loi »: c’est sur la culture végane que nous devons compter, c’est la culture végane qui doit prédominer, avec ses exigences!

Pour la seconde fois, deux éleveurs de Saint-Gonnery ont été jugés lundi au tribunal correctionnel de Lorient pour sévices graves sur leur cheptel. Sur les 195 animaux de l’exploitation, 117 avaient dû être euthanasiées, ou abattues.

Tout commence en 2005 quand la direction des services vétérinaires (DSV) émet des conseils, puis des avertissements à deux éleveurs, le père, 61 ans et le fils, 34 ans, associés dans un Gaec.

Des mises en demeure, puis des procès-verbaux suivront. Au final, les éleveurs sont convoqués devant le tribunal correctionnel en février 2009 où ils sont condamnés à trois mois de prison avec sursis.

Lundi, les deux éleveurs étaient à nouveau convoqués devant la justice, pour répondre encore une fois de mauvais traitements à animaux.

« Situation extrême »

Le 16 mars dernier, les services vétérinaires inspectent une nouvelle fois cet élevage de 195 bovins. Ils découvrent, comme le témoigne à la barre du tribunal une vétérinaire du service, « une situation extrême ».

Les animaux vivent dans l’obscurité, pataugeant dans le fumier. Trois cadavres seront répertoriés. « Ils sont morts durant la nuit » affirme l’éleveur. Les animaux sont peu ou pas nourris, et ne peuvent se désaltérer, en raison de l’état des installations. Le préfet prend un arrêté et le 26 mars, l’ensemble du cheptel est évacué.

117 animaux euthanasiés

Sur le cheptel emporté, vingt animaux sont vendus, 58 sont confiés à des éleveurs finistériens, par l’oeuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir, les 117 autres seront euthanasiées ou menées à l’abattoir. « Des animaux ne pouvaient même pas faire de la pâtée pour chiens », déclare Katherine Le Port, la présidente du tribunal, avant d’ajouter : « Nous avons été très éprouvées par ces photos ».

Le jeune cultivateur reconnaît que l’élevage était trop important, même si le père, retraité, lui donnait la main.

Philippe Coindeau, le vice-procureur de la République, se déchaîne dans ses réquisitions : « On a atteint un degré d’irresponsabilité qui m’effraie », annonce-t-il, très en colère. « En 2008, j’ai eu de la peine pour vous, une certaine compréhension. Vous avez affiché un mépris total envers les animaux, votre profession et les services de l’État »

Il requiert à l’encontre des deux prévenus 90 jours amendes à 100 €, et l’interdiction de détenir des animaux pendant trois ans. Dans son plaidoyer, Me Degiovanni, l’avocat angevin des éleveurs, tente de minimiser leur responsabilité avant de reconnaître « l’état assez pitoyable du cheptel ».

L’affaire est mise en délibéré au 5 juillet prochain.

Animal Rights Gathering 2010 en Italie

Cette année, l’Animal Rights Gathering qui est une rencontre internationale entre activistes, se tiendra en Italie, près de Turin.

Elle se déroulera du jeudi 8 juillet – date d’une manifestation dans le centre de Turin – au matin du lundi 12 juillet 2010.

Jusqu’à présent sont entre autres au programme : les sauvetages publics, les enquêtes sur la maltraitance, l’organisation des campagnes, la répression et la sécurité, les stratégies de la libération animale, la désobéissance civile, les liens entre libération animale et libération de la Terre…

Star Trek IV: The Voyage Home

La série de science-fiction Star Trek est une anticipation du futur, et elle est connue pour de nombreuses critiques de la société nord-américaine de l’époque du tournage.

Dans un des films produits, Star Trek IV: The Voyage Home, le scénario fait directement référence à l’extermination des baleines. Si le film a pris un certain coup de vieux, comme de nombreux films du genre, aborder un thème comme celui-là en 1986 a été un parti-pris courageux.

L’idée de base est d’ailleurs intéressante : une sonde extraterrestre semble menacer la planète Terre, et on s’aperçoit qu’elle émet des signaux semblant être ceux d’une baleine.

Mais rien que comprendre cela a été difficile : les baleines ont été exterminé à la fin du XXème siècle… C’est Spock, le Vulcain aux oreilles pointues, qui doit l’expliquer : « Docteur, il y a d’autres formes d’intelligence sur la Terre. Il n’y a que l’arrogance humaine pour présumer que le message doit être destiné à l’homme. »

L’équipage du vaisseau Enterprise va donc dans le passé, afin de ramener des baleines. Ce qui est une manière poétique d’en appeler à préserver les baleines et de remettre en place l’humanité…

Lors de leur périple dans le passé, l’équipage constate « une culture très primitive et paranoïaque », qui se comporte de manière destructrice : « C’est un miracle que ces gens soient arrivés à sortir du 20ème siècle! »

Toutefois, il y a alors la rencontre avec une femme, docteur en biologie marine, spécialiste de l’étude et la sauvegarde des baleines, qui raconte : « Il y avait jadis des centaines de milliers de baleines à bosse. Il y en a aujourd’hui moins de 10 000. »

Si elle aime les baleines, Spock arrive à communiquer avec elles et fait passer leur message à cette scientifique : « Ils vous aiment beaucoup, mais ils ne sont pas vos baleines, nom de dieu! » (« They like you very much, but they are not the hell your whales »).

Les baleines sont en effet étudiées dans un bassin à San Francisco, en l’occurence au Monterey Bay Aquarium. Il s’agit d’un édifice, qui a succédé à une usine de boîtes de sardines…, où sont regroupées 623 espèces, soit 35.000 plantes et animaux, dans 200 bassins.

Le docteur aide l’équipage à récupérer deux baleines au préalable libérées, et qui échappent à un baleinier prêt à les harponner. La présence des baleines dans la mer dans le futur, répondant à la sonde extra-terrestre, permet de sauver la Terre.

Une belle manière de souligner que l’être humain n’est ni seul sur Terre, ni l’espèce « dominante. » Que la Terre appartient également aux autres espèces!

Puis, le film se termine sur une citation d’une partie d’un poème du britannique David Herbert Richards Lawrence : « Les baleines ne pleurent pas » (« Whales Weep Not »), une sorte d’ode aux baleines… (« Ils disent que la mer est froide, mais elle contient le sang le plus chaud de tous »).

Le film a eu un succès important aux USA, se plaçant dans la liste des films les plus vus cette année-là. C’est le Star Trek qui a eu le plus succès, après celui de 2009.

Ce fut également le premier film de la série Star Trek vu en URSS, en 1987, montré par le WWF lors d’une conférence pour abolir la chasse à la baleine.

Une nouvelle tirée du film, écrite par Vonda N. McIntyre, a aussi un succès aux USA ; culturellement, ce film a eu un grand impact, non pas par sa réalisation assez classique pour de la science-fiction, mais bien sûr pour le thème, et son approche.